Dimanche 24 mars : 3° dimanche de Carême

.L’évangile de ce jour comporte deux histoires : D’abord la libération du démon muet, qui provoque le scepticisme des ennemis de Jésus. Et si tous ces prodiges venaient du mauvais ? Jésus regarde ses opposants, voit leur cœur fermé, et les prévient du danger qui les guette : Vous prétendez chercher Dieu, en cela vous avez chassé de votre âme le démon de l’impiété, mais par votre endurcissement, vous risquez une troupe de sept démons bien pire ! L’autre histoire, plus brève, est la louange de cette femme : Quelle chance d’être la mère d’un tel homme ! Jésus, là encore, voit le fond du cœur et répond : La vraie grandeur de l’homme, sa vraie fierté, est d’être disponible à la parole de Dieu…

Ces deux histoires nous montrent que le Seigneur veut surtout voir en nous de la bonne volonté pour son royaume… bon message pour le carême, pas vrai ? Et plutôt qu’un long discours à ce sujet, je vous offre une parabole écrite par le Père Bro : « Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse qu’il venait d’épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d’un pendu. Mais quand la reine vit le condamné les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle poussa un cri et cacha sa tête dans ses mains. Prends pitié, Seigneur… Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la Reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. Les consuls répondirent : Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie, la loi veut qu’il soit pendu. Un conseiller du roi intervint et dit que suivant la coutume de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de 1000 ducats. Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces 1000 ducats ?
Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit 800 ducats. La reine chercha dans son aumônière, elle était pauvre : elle n’y trouva que 50 ducats. N’est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, pour sauver la vie de cet homme que 850 ducats ? La loi exige 1000 ducats, répondirent les consuls. Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats. 997 ducats ! annoncèrent les consuls. Il manque encore 3 ducats. Pour 3 ducats cet homme sera-t-il pendu ? s’écria la reine. Cet homme sera pendu, répondirent les consuls, et ils firent signe au bourreau. Arrêtez ! s’écria la reine. Qu’on fouille ce malheureux. Il a peut-être sur lui trois ducats. Le bourreau fouilla la culotte du pendu, il en retira trois ducats. Les consuls saluèrent la reine : Madame, cet homme est libre. Chrétiens, l’homme qu’en ce conte vous avez vu en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité. Au jour du jugement rien ne nous sauvera, ni les 800 ducats de la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté. »        Bernard Bro

Pratique : Reprenons nos résolutions de carême… avec courage !

Samedi 23 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (5) ? POUR OBTENIR DES GRACES

Au chapitre 17 de son Evangile, saint Matthieu rapporte qu’un jour on amena aux disciples de Jésus un jeune possédé, mais ils ne purent le guérir. Jésus chassa le diable en un instant, et les disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu le chasser eux-mêmes… Jésus répondit : Ce genre de démon ne peut se chasser que par le jeûne et la prière !C’était bien le sacrifice qui manquait aux disciples pour obtenir la grâce de Dieu ! De tous temps les saints ont su qu’il fallait faire des sacrifices si l’on tenait vraiment à une grâce importante. Le saint curé d’ars multiplia les sacrifices pour convertir sa paroisse, et à un prêtre qui venait le trouver pour lui parler du peu de fruit de son apostolat, il répondait : Avez-vous jeûné, prié, fait pénitence ? Évidemment, tout dépend de la puissance de notre désir…

Pratique : Un sacrifice pour nos prêtres, ou une personne affligée.

Vendredi 22 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (4) ? POUR REPARER LES PECHES DU MONDE

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ?Telle fut la demande de la très sainte vierge Marie aux enfants de Fatima lors de sa première apparition, le 13 mai 1917. C’était un appel – à des enfants ! – à une générosité particulière… La réparation n’a pas bonne presse à notre époque. On soupçonnerait volontiers le chrétien qui s’y adonne, de se mêler de la liberté des autres, et de se croire meilleur qu’eux… Reste que la sainte Vierge, qui  ne s’occupe pas beaucoup de l’avis du monde médiatique ni des opinions dominantes, nous le demande… Nous devrions donc regretter profondément le mal tel qu’il règne dans le monde et, autant qu’il dépend de nous, essayer de réparer, de faire triompher l’amour sur le mal. Mais ne sommes nous pas un peu trop habitué à ce mal ? Une dame a raconté qu’un jour où elle se confessait au saint curé d’ars, celui-ci redoublait de larmes. Un peu étonnée, elle s’arrêta dans son accusation, et dit : Mon Père, pourquoi pleurez-vous ? Ce ne sont pas vos péchés, ce sont les miens !Et le saint curé répondit : Je pleure parce que vous ne pleurez pas assez !Demandons au Seigneur la grâce d’une grande tristesse des péchés de ce monde.

Pratique : Faire dire une Messe, ou au moins dire une prière, en réparation des fautes les plus graves de notre époque, tels l’avortement et la révolte contre Dieu.

Jeudi 21 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (3) ?

3. POUR EXPIER SES PECHES

La Bible raconte l’histoire de Judas Macchabée : Celui-ci, après un rude combat, ayant trouvé des idoles sur les corps des combattants juifs morts au combat, fit offrir des sacrifices à Jérusalem pour que ces soldats soient purifiés de leurs péchés. Dés l’Ancien Testament, on savait donc qu’il fallait expier pour les péchés commis. Beaucoup de fidèles ignorent la doctrine catholique sur ce point : Un péché est une offense à Dieu, cela nous le savons. Mais il est aussi une déviation plus ou moins grande, qui nous charge d’une certaine responsabilité devant Dieu ! Si nous nous confessons, l’offense à Dieu est pleinement pardonnée. La responsabilité, elle, est plus ou moins remise en fonction de notre regret, de nos bonnes œuvres. Et le purgatoire est là pour purifier les fautes qui ne l’ont pas été suffisamment sur terre.

L’image la plus saisissante de cette vérité dans l’art chrétien, était la représentation de saint Michel en train de peser les âmes : le bien l’emportait-il ou le mal ? Nous-mêmes, avons-nous pensé à expier les fautes de notre vie ? Sommes-nous prêts à paraître devant Dieu ? Le saint curé d’Ars demandait à son évêque un peu de temps pour pleurer sa pauvre vie, comme il disait… Heureux est-il d’avoir veillé au triomphe du bien dans son âme ! Heureux celui qui purifie son âme par le sacrifice !

Pratique : Un examen de conscience s’impose

Mercredi 27 mars : de la férie

2. LES CONTRADICTIONS

Dans le prologue de son l’Evangile, saint Jean fait un douloureux constat au sujet de Jésus : Les siens ne l’ont pas reçu…C’est ainsi… Bien d’autres lectures de ce temps de carême nous montrent la dérision et l’hostilité violente d’une partie du peuple juif devant Jésus. Et pourtant, Jésus n’avait-Il pas multiplié les miracles ? N’était-il pas d’une bonté parfaite ? Si, certainement…, mais les cœurs humains sont souvent des barrières plus dures que les roches des montagnes… Jésus affronte tout, cela nous encourage. Et surtout nous manifeste son incroyable amour, plus fort que tout.

Nous connaitrons aussi ces contradictions, si du moins, nous nous soucions activement du Royaume de Dieu ! Elles ne sont pas de vrais obstacles, mais des occasions pour nous de manifester au monde l’amour fort et merveilleux de Dieu. A notre époque qui refuse toute contrainte dans la maternité, l’éducation, la vie sexuelle, et surconsomme les anxiolytiques… proclamons l’amour jusqu’au sacrifice.

Pratique : Dans son examen de conscience quotidien, ne pas oublier les lâchetés et les paresses devant le bien à notre portée.

Mercredi 20 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (2) ?

2. POUR CORRIGER SES DEFAUTS

En parlant de défauts, une histoire de la Bible me fait toujours sourire : celle d’Ananie le peureux. Vous en souvenez-vous ? C’est celui que le Seigneur appelle pour venir baptiser saint Paul ! Saul (le futur saint Paul) est d’abord un violent persécuteur des chrétiens et le Seigneur le renverse de son cheval pour le convertir, et le rend aveugle. Conduit  par la main jusqu’à Damas, Saul attend ce que le Seigneur veut pour lui. Le Seigneur apparaît alors à Ananie dans une vision et lui dit d’aller imposer les mains à Saul pour qu’il recouvre la vue. Réponse d’Ananie : Seigneur, j’ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu’il a fait à tes saints à Jérusalem Et il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom…En un mot, il est mort de trouille ! Le Seigneur lui dit alors : Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites !En terme clair : Accepte le sacrifice que je te demande… Ananie s’y rend et entrant devant saint Paul, il dit : Saoul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint…Toujours pas rassuré, le gaillard… Mais il guérira bien saint Paul !

Le Seigneur a bien mené Ananie à lutter contre son défaut… Retenons ceci : Que ce soit par la manière douce pour Ananie, ou la manière forte pour saint Paul, le Seigneur veut aussi voir disparaître les défauts de nos âmes ! Ceux-ci nous empêchent de monter vers Lui et de devenir des enfants de lumière. Alors un sacrifice de temps en temps, là où il y a besoin, et le fil qui nous retenait à terre se brisera et nous volerons auprès du Seigneur…

Pratique : Ciblons un bon défaut et prenons une résolution pour tout le carême !

PS : pour ceux qui n’auraient pas d’idée et vivraient en famille (ou en communauté), les autres peuvent vous renseigner sur l’effort à faire…

Mardi 19 mars : Saint Joseph

Saint Joseph est un des rares cas où je suis un peu fâché avec l’art chrétien… On représente en effet la plupart du temps saint Joseph comme un homme déjà âgé et « rangé », souvent mis en annexe et dans un coin. Alors que la Bible raconte exactement le contraire ! D’abord saint Joseph, chef de la sainte famille, la fit courageusement vivre. Ensuite l’ange ne craint pas de lui demander de prendre Jésus et Marie de nuit pour les emmener en Egypte… Joseph était un homme sur qui on pouvait (et on peut toujours) compter.

Ayant la chance d’avoir dans le Var, à 45 minutes de chez moi, un des très rares lieux d’apparition de saint Joseph dans le monde, permettez-moi de vous en parler un peu… Elle est très simple… Le 7 juin 1660, Gaspard Ricard, un berger, se trouve assoiffé. Il se trouve au lieu dit « Bessillon », non loin de Cotignac. D’un coup, il voit près de lui, sur un rocher, un homme qui lui dit : Je suis Joseph, enlève le rocher et tu boiras.Gaspard bougea le rocher et but, alors que 10 hommes auraient eu peine à bouger un tel rocher… Puis saint Joseph partit… Saint Joseph, mystérieux et silencieux comme a son habitude, a aidé un simple berger à se désaltérer. Nous pouvons alors bien, nous aussi, invoquer Joseph, ce compagnon attentif et bienfaisant, pour toutes les nécessités de notre vie, causes de bien des soucis. Mais surtout pour trouver Dieu, seul capable d’étancher notre soif d’idéal et d’infini. Et si le secret de Joseph était là ? Faire courageusement le bien et se taire, pour que tous les cœurs se tournent vers le Seigneur…

Pratique : une dévotion particulière à saint Joseph en ce jour !

Lundi 18 mars : De la férie

Nous avons expliqué ce qu’est un sacrifice ; voyons cette semaine toutes les raisons que nous avons de faire un sacrifice… Pourquoi faire des sacrifice (1) ?

1. FAIRE LE CHOIX DE DIEU

La bible rapporte qu’Abraham était le père d’Isaac : l’enfant de la promesse de Dieu. Mais Dieu dit un jour à Abraham : Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai. Abraham obéit au Seigneur et s’apprête à le faire quand l’ange du Seigneur l’en empêche et lui dit : N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.Dieu ne voulait évidemment pas la mort de l’enfant, mais qu’Abraham choisisse Dieu au dessus de tout…

Nous sommes des êtres profondément divisés : mélange de bons désirs et de faiblesses, d’espérance et de découragement, souvent menés par nos habitudes…

Alors, notre amour de Dieu est-il vrai ? Le sacrifice nous donne la réponse… Si je sais sacrifier une habitude chère, si je suis capable de rentrer avec enthousiasme dans ce carême et de viser haut, si je reste fidèle dans la difficulté, alors oui, Dieu est vraiment premier servi dans ma vie… Dans ce carême, par nos sacrifices, faisons le choix du Seigneur cette année encore…

Pratique : Au travail avec de vraies résolutions de carême !

Dimanche 17 mars : 2° dimanche de Carême

Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui…

L’Evangile d’aujourd’hui, le récit de la transfiguration, est d’une grande profondeur : Jésus se rend sur une montagne, et est transfiguré devant ses apôtres. Moïse et Elie sont avec Lui, une nuée recouvre tout le monde, et la voix du Père se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le !Pour comprendre l’évangile d’aujourd’hui, on doit revenir sur le thème de l’Alliance. L’Exode raconte comment Moïse était monté, lui aussi, sur une montagne, le mont Sinaï, pour conclure entre Dieu et le peuple juif une authentique Alliance. Le Ciel s’était manifesté, une nuée avait couvert la montagne, et le peuple juif était devenu le Peuple de Dieu. Plus tard les juifs seront souvent infidèles à cette Alliance promise, comme au temps des Rois, où vivait le prophète Elie. Le Seigneur demanda alors à Elie de marcher jusqu’à la montagne de l’Horeb. Là-bas, Dieu se manifesta puissamment, et rappela qu’Il était miséricordieux et toujours fidèle – Lui – à l’alliance qu’Il avait conclu. Lors de la Transfiguration, la présence de Moïse et Elie, ainsi que la voix du Père, indiquent que Jésus est celui qui vient proposer l’alliance parfaite et définitive avec les hommes, l’alliance nouvelle et éternelle, comme dira Jésus. Sommes-nous prêts à conclure une alliance d’amour et de fidélité avec Notre-Seigneur ? Pour être son peuple et qu’Il soit notre Dieu ? Même si nous avons été infidèles tout au long de l’année, en ce temps de carême, l’amour miséricordieux du Seigneur nous invite à reprendre notre alliance avec Lui…

Pratique : Penser à se confesser pour être fervent tout au long de ce carême

Samedi 16 mars : De la férie

COMMENCER PAR PRIER

Avant de pratiquer le sacrifice, prenons du temps pour la prière. Si l’on faisait un sondage parmi les hommes, ils donnent quatre grandes raisons qui les empêcheraient de prier. Y reconnaitrez-vous les vôtres ?

Je n’ai pas le temps de prier !Cela me rappelle une petite bande dessinée montrant d’abord un enfant, avec la légende : trop petit pour prier ! Puis on voyait un jeune homme occupé à travailler : il étudie trop pour prier ! Puis on le voyait plus âgé avec femme et enfant : trop occupé par sa famille pour prier ! On le voyait vieilli : trop fatigué pour prier ! Puis on voyait sa tombe au cimetière, et il était indiqué : trop tard pour prier ! No comment…

Je ne sais pas prier !Demandez alors au premier prêtre venu (il en reste encore quelques-uns quand même !!), il vous expliquera comment faire…

Cela ne m’intéresse pas beaucoup de prier !Et en un mot, cela s’appelle la tiédeur… Il y en a de multiples traitements : Pèlerinage, retraite, entretien avec un prêtre, un temps d’adoration, ou simplement une bonne confession. A vous de choisir ! Remarquez aussi que la tiédeur se nourrit de réfléchir sérieusement, d’éviter de penser à sa mort et son éternité,  et de l’envie de se divertir… étonnant, non ?

Je ne suis pas très porté à la prière !Beaucoup mettent du temps à comprendre qu’ils ont une âme et qu’elle est faite pour aimer Dieu. Demandons cette grâce au Seigneur qui n’a jamais repoussé ses enfants. Comprenons aussi, selon le joli mot de saint Bernard, que celui qui ne se guide que par ses envies et ses courtes idées est vraiment mené par un âne…Ne vous étonnez pas, mes bien chers frères si on vous traite de bigots. C’est toujours parmi ces gens là que le bon Dieu prendra ses saints ! Saint curé d’Ars.

Pratique : Se faire un solide programme de prière pour ce carême