Samedi 30 mars : De la férie

5. LA PIETE DE NOTRE SEIGNEUR

Elle devait être magnifique la piété de Jésus ! D’ailleurs saint Luc (ch. 11) rapporte qu’un jour où les disciples cherchaient Jésus, ils le trouvèrent à l’écart en prière. Et c’était tellement beau, tellement profond comme spectacle qu’ils n’osèrent pas le déranger. Une fois sa prière achevée, Jésus se leva, et les disciples alors lui demandèrent : Maître, apprends-nous à prier !Autant le dire tout de suite, pour Jésus, la prière n’est pas vraiment un sacrifice, c’était sa respiration… Je ne devrais donc pas en parler, en soi, dans cette mini-retraite sur le thême du sacrifice ! Mais j’en parle parce qu’elle est souvent pour nous un sacrifice… Quand je vois mes enfants du catéchisme les yeux fermés en train de prier de tout leur cœur, je me demande bien quel diable peut quelque fois rendre mes prières d’adultes si distraites ou difficiles ! Mais il est consolant de voir que sainte Thérèse d’Avila, carmélite, faisait souvent, elle aussi, ce qu’elle appelle elle-même l’oraison de la pendule… (C’est-à-dire qu’elle n’arrêtait pas de regarder la pendule pendant l’heure réglementaire de prière !). Donc pas de découragement en la matière ! Juste un peu de foi pour se souvenir que ce sont les moments les plus précieux de la journée, les plus riches. N’attendons pas le ciel pour le comprendre !

Pratique : Ne pas oublier de prendre un court instant devant Dieu avant chacune de nos prières

Vendredi 29 mars : De la férie

4. LA PAUVRETE DE JESUS

Il nous paraît assez évident que Jésus a vécu ce sacrifice de la pauvreté. Le fils de Dieu venu sur terre avait bien autre chose à faire que d’accumuler les deniers ! Mais l’insistance de Notre Seigneur sur la pauvreté est franchement troublante : Il répète qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, que bienheureux sont les pauvres en esprit, qu’il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux… Et ne va-t-il pas jusqu’à dire simplement aux orgueilleux pharisiens : Donnez et tout est pur pour vous ! L’aumône comme remède universel pour retrouver la pureté du cœur ! Il y a là un mystère spirituel. Je ne prétends pas vous l’expliquer complètement (après tout, il est bon de vous laisser chercher à ce sujet… vous verrez, c’est plus passionnant que les mots croisés et les sudoku !), mais il me semble que celui qui pratique le don et vit la pauvreté commence une vraie conversion. On peut jeûner pour des raisons de santé ou de poids ; on peut lutter contre la paresse pour être plus performant, on peut éviter la colère pour ne pas se faire des ennemis, mais donner aux pauvres ne peut être intéressé. C’est un signe du royaume de Dieu ! Et il est à notre portée!

Pratique : la générosité

Jeudi 28 mars : De la férie

3. LA GENEROSITE DU SEIGNEUR

Au quatrième chapitre de son Evangile, saint Luc raconte que l’apostolat de Jésus en Galilée était couronné de succès. Ces gens auraient voulu Le retenir chez eux, mais Jésus leur répondit :  » Il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j’ai été envoyé pour cela.  » Luc 4, 43. On devine dans l’Evangile la conduite habituelle de Jésus : Il passait de village en village, guérissant les malades, écoutant les affligés, enseignant la parole de vérité pendant de longues heures. On imagine sans peine les sacrifices de générosité nécessaires pour vivre ainsi ! Mais on peut se demander pourquoi, dans le passage que je viens de citer, Jésus ne reste-t-il pas un peu plus, si sa parole est bien accueillie ? Moi-même si, dans une paroisse, je voyais des fruits admirables, je chercherais certainement à rester et à approfondir le boulot… La réponse me semble simple : Notre Seigneur voulait agrandir notre cœur au souci de toute l’Eglise et du monde entier ! Le saint curé d’Ars, ainsi, était tout heureux des foules qui venaient à son confessionnal, bien au-delà de sa modeste paroisse. Ne mettons pas, nous-mêmes de limite à notre générosité, contentons nous, selon le conseil de Jésus Lui-même, de rester en tenue de service…

Pratique : Se proposer au Seigneur pour l’œuvre qu’Il voudra…

Mercredi 27 mars : De la férie

2. LES CONTRADICTIONS

Dans le prologue de son l’Evangile, saint Jean fait un douloureux constat au sujet de Jésus : Les siens ne l’ont pas reçu…C’est ainsi…

Bien d’autres lectures de ce temps de carême nous montrent la dérision et l’hostilité violente d’une partie du peuple juif devant Jésus. Et pourtant, Jésus n’avait-Il pas multiplié les miracles ? N’était-il pas d’une bonté parfaite ? Si, certainement…, mais les cœurs humains sont souvent des barrières plus dures que les roches des montagnes…Jésus affronte tout, cela nous encourage. Et surtout nous manifeste son incroyable amour, plus fort que tout. Nous connaitrons aussi ces contradictions, si du moins, nous nous soucions activement du Royaume de Dieu ! Elles ne sont pas de vrais obstacles, mais des occasions pour nous de manifester au monde l’amour fort et merveilleux de Dieu. A notre époque qui refuse toute contrainte dans la maternité, l’éducation, la vie sexuelle, et surconsomme les anxiolytiques… proclamons l’amour jusqu’au sacrifice.

Pratique : Dans son examen de conscience quotidien, ne pas oublier les lâchetés et les paresses devant le bien à notre portée.

Mardi 26 mars : De la férie

Après avoir décrit le sacrifice, et expliqué nos raisons de le pratiquer, nous allons étudier cette semaine le sacrifice à travers l’exemple de la vie de Jésus-Christ. On ne pourra pas tout dire, mais on donnera quelques flashes sur les dispositions intérieures de notre Maître.

1. LA SOLITUDE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Il est très étonnant de remarquer, dans l’Evangile, le décalage qui existait entre Jésus et les hommes qui l’entourent ; et le sacrifice et la solitude que cela créait pour notre Maître… Saint Luc, au chapitre 9, raconte qu’on amena aux apôtres un enfant possédé. Ils essaient leur pouvoir de guérison, peine perdue, rien ne se passe ! Du coup on amène le cas au Seigneur qui s’exclame : Engeance incrédule et perverse, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je ? Et le Seigneur délivrera l’enfant…C’est vrai qu’ils étaient insupportables ces apôtres avec leur lourdeur, leur gloriole et leurs jalousies ! Au chapitre 12 de saint Matthieu, on remarquera un décalage semblable : On vient dire à Jésus que sa mère et ses frères veulent le voir. Et Jésus répond que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté du Père…

Chrétiens du 21° siècle, nous connaissons aussi cette solitude, ce décalage pénible entre notre foi en Dieu, et nos contemporains indifférents. Occasion de découragement ? Non ! Occasion de sacrifice et d’héroïsme pour les chrétiens à la suite de notre Seigneur.Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler !  (saint François d’Assise)

Pratique : Pratiquons la douceur avec tous

Lundi 25 mars : Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie

L’Ange entra chez elle et lui dit : « Je vous salue, pleine de grâces » Tiré de l’Evangile du jour.

Le récit tout simple de l’Annonciation a plu à toutes les générations de chrétiens.  Parmi eux, saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’Ave Maria, remarque cette chose extraordinaire : Jamais dans la Bible, on ne voit un ange saluer avec une telle déférence une créature humaine ! En effet, explique-t-il : l’ange est plus proche de Dieu que les hommes, lui qui est saint dans le Ciel. Il est aussi plus parfait et plus beau tant par sa nature que par sa grâce… Alors il n’a pas à s’incliner devant une créature mortelle. Et pourtant l’Evangile est formel, ici c’est l’archange Gabriel qui s’incline devant Marie ! C’est que Marie est plus proche de Dieu que lui. Elle est aussi plus parfaite et plus belle. L’ange sait tout cela puisqu’il précise que Marie est remplie de la grâce de Dieu, que le Seigneur est particulièrement avec Elle, et qu’Il la bénit plus que toutes les femmes.

Comprenons-nous l’extraordinaire cadeau que Jésus nous fait, avec Marie ? Cultivons-nous une très grande dévotion, prière et amitié avec Marie ? Si vous ne vouliez pas croire la théologie, les enseignements du Magistère et les paroles des saints, suivez au moins l’exemple de l’ange et priez beaucoup celle qui a pour nous un cœur de Mère dans le ciel !

Pratique : Offrons toute notre vie à Marie en ce jour…

Dimanche 24 mars : 3° dimanche de Carême

.L’évangile de ce jour comporte deux histoires : D’abord la libération du démon muet, qui provoque le scepticisme des ennemis de Jésus. Et si tous ces prodiges venaient du mauvais ? Jésus regarde ses opposants, voit leur cœur fermé, et les prévient du danger qui les guette : Vous prétendez chercher Dieu, en cela vous avez chassé de votre âme le démon de l’impiété, mais par votre endurcissement, vous risquez une troupe de sept démons bien pire ! L’autre histoire, plus brève, est la louange de cette femme : Quelle chance d’être la mère d’un tel homme ! Jésus, là encore, voit le fond du cœur et répond : La vraie grandeur de l’homme, sa vraie fierté, est d’être disponible à la parole de Dieu…

Ces deux histoires nous montrent que le Seigneur veut surtout voir en nous de la bonne volonté pour son royaume… bon message pour le carême, pas vrai ? Et plutôt qu’un long discours à ce sujet, je vous offre une parabole écrite par le Père Bro : « Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse qu’il venait d’épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d’un pendu. Mais quand la reine vit le condamné les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle poussa un cri et cacha sa tête dans ses mains. Prends pitié, Seigneur… Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la Reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. Les consuls répondirent : Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie, la loi veut qu’il soit pendu. Un conseiller du roi intervint et dit que suivant la coutume de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de 1000 ducats. Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces 1000 ducats ?
Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit 800 ducats. La reine chercha dans son aumônière, elle était pauvre : elle n’y trouva que 50 ducats. N’est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, pour sauver la vie de cet homme que 850 ducats ? La loi exige 1000 ducats, répondirent les consuls. Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats. 997 ducats ! annoncèrent les consuls. Il manque encore 3 ducats. Pour 3 ducats cet homme sera-t-il pendu ? s’écria la reine. Cet homme sera pendu, répondirent les consuls, et ils firent signe au bourreau. Arrêtez ! s’écria la reine. Qu’on fouille ce malheureux. Il a peut-être sur lui trois ducats. Le bourreau fouilla la culotte du pendu, il en retira trois ducats. Les consuls saluèrent la reine : Madame, cet homme est libre. Chrétiens, l’homme qu’en ce conte vous avez vu en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité. Au jour du jugement rien ne nous sauvera, ni les 800 ducats de la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté. »        Bernard Bro

Pratique : Reprenons nos résolutions de carême… avec courage !

Samedi 23 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (5) ? POUR OBTENIR DES GRACES

Au chapitre 17 de son Evangile, saint Matthieu rapporte qu’un jour on amena aux disciples de Jésus un jeune possédé, mais ils ne purent le guérir. Jésus chassa le diable en un instant, et les disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu le chasser eux-mêmes… Jésus répondit : Ce genre de démon ne peut se chasser que par le jeûne et la prière !C’était bien le sacrifice qui manquait aux disciples pour obtenir la grâce de Dieu ! De tous temps les saints ont su qu’il fallait faire des sacrifices si l’on tenait vraiment à une grâce importante. Le saint curé d’ars multiplia les sacrifices pour convertir sa paroisse, et à un prêtre qui venait le trouver pour lui parler du peu de fruit de son apostolat, il répondait : Avez-vous jeûné, prié, fait pénitence ? Évidemment, tout dépend de la puissance de notre désir…

Pratique : Un sacrifice pour nos prêtres, ou une personne affligée.

Vendredi 22 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (4) ? POUR REPARER LES PECHES DU MONDE

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ?Telle fut la demande de la très sainte vierge Marie aux enfants de Fatima lors de sa première apparition, le 13 mai 1917. C’était un appel – à des enfants ! – à une générosité particulière… La réparation n’a pas bonne presse à notre époque. On soupçonnerait volontiers le chrétien qui s’y adonne, de se mêler de la liberté des autres, et de se croire meilleur qu’eux… Reste que la sainte Vierge, qui  ne s’occupe pas beaucoup de l’avis du monde médiatique ni des opinions dominantes, nous le demande… Nous devrions donc regretter profondément le mal tel qu’il règne dans le monde et, autant qu’il dépend de nous, essayer de réparer, de faire triompher l’amour sur le mal. Mais ne sommes nous pas un peu trop habitué à ce mal ? Une dame a raconté qu’un jour où elle se confessait au saint curé d’ars, celui-ci redoublait de larmes. Un peu étonnée, elle s’arrêta dans son accusation, et dit : Mon Père, pourquoi pleurez-vous ? Ce ne sont pas vos péchés, ce sont les miens !Et le saint curé répondit : Je pleure parce que vous ne pleurez pas assez !Demandons au Seigneur la grâce d’une grande tristesse des péchés de ce monde.

Pratique : Faire dire une Messe, ou au moins dire une prière, en réparation des fautes les plus graves de notre époque, tels l’avortement et la révolte contre Dieu.

Jeudi 21 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (3) ?

3. POUR EXPIER SES PECHES

La Bible raconte l’histoire de Judas Macchabée : Celui-ci, après un rude combat, ayant trouvé des idoles sur les corps des combattants juifs morts au combat, fit offrir des sacrifices à Jérusalem pour que ces soldats soient purifiés de leurs péchés. Dés l’Ancien Testament, on savait donc qu’il fallait expier pour les péchés commis. Beaucoup de fidèles ignorent la doctrine catholique sur ce point : Un péché est une offense à Dieu, cela nous le savons. Mais il est aussi une déviation plus ou moins grande, qui nous charge d’une certaine responsabilité devant Dieu ! Si nous nous confessons, l’offense à Dieu est pleinement pardonnée. La responsabilité, elle, est plus ou moins remise en fonction de notre regret, de nos bonnes œuvres. Et le purgatoire est là pour purifier les fautes qui ne l’ont pas été suffisamment sur terre.

L’image la plus saisissante de cette vérité dans l’art chrétien, était la représentation de saint Michel en train de peser les âmes : le bien l’emportait-il ou le mal ? Nous-mêmes, avons-nous pensé à expier les fautes de notre vie ? Sommes-nous prêts à paraître devant Dieu ? Le saint curé d’Ars demandait à son évêque un peu de temps pour pleurer sa pauvre vie, comme il disait… Heureux est-il d’avoir veillé au triomphe du bien dans son âme ! Heureux celui qui purifie son âme par le sacrifice !

Pratique : Un examen de conscience s’impose