Lundi 11 mars : Lundi de la première semaine de Carême

UN THEME DE RETRAITE POUR LE CAREME

Pour vous faire bien vivre ce carême, je me suis demandé ce qu’il fallait vous apporter ? Avec plus de 20 ans de sacerdoce, il me semble avoir une petite idée de ce que les fidèles attendent d’un prêtre : de l’enthousiasme dans la foi, ou pour parler un langage plus religieux, de l’espérance ! Pour transmettre cette espérance, nous allons approfondir un thème spirituel, faire comme une petite retraite. Tous ceux dont la dernière retraite remonte à, quelques années… pourront ainsi trouver matière à rattrapage ! Le sujet choisi est : le sacrifice. Et savez-vous pourquoi j’ai choisi ce thème ?

Il y a trois raisons : 1°) D’abord, parce que nous serons ainsi préparés à la semaine sainte et la méditation du sacrifice de notre Maître. 2°) Ensuite, parce qu’il y a une carence d’esprit de sacrifice dans le monde et jusqu’au cœur de l’Eglise (Combien croient que la Messe n’est qu’un repas !). 3°) Enfin, car je me souviens de ce que disait la petite Anne de guigné, si courageuse pour faire des sacrifices : On a bien des joies sur la terre, mais elles ne durent pas. Celle qui dure, c’est d’avoir fait un sacrifice.Alors, à nous cette joie qui provient du sacrifice !!

Pratique : Une prière à l’Esprit-Saint pour l’écouter au cours de ce carême.

Dimanche 10 mars : 1° dimanche de Carême

Retire-toi, Satan ; car il est écrit : « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul ! « 
L’Evangile de ce jour est d’une puissance étonnante. Il nous montre d’abord le diable à l’œuvre, comme l’auteur des tentations de cette terre. Saint Paul dira que nous avons ici-bas à lutter surtout contre les esprits mauvais répandus dans les airs… Avis à ceux qui entrent en Carême : ils défient le démon, qu’ils soient sur leurs gardes ! Mais le point le plus frappant, c’est la violence de ce récit. Le diable s’approche de manière doucereuse, avec des raisonnements parfaitement ciblés. Et le Seigneur répond la vérité avec des phrases courtes, lapidaires, incisives :Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ! Arrière, Satan ! Nous ne sommes pas dans la faiblesse de la Passion mais dans la puissance du Seigneur. Si un réalisateur s’avisait de mettre en scène ce passage, qu’il ne se trompe pas en montrant un Christ doucereux et calme, nous sommes en face d’un combattant…

A travers cet épisode, le Seigneur nous apprend à savoir DIRE LA VERITE. Bien sur qu’on doit parfois, par prudence, ne pas tout dire à celui qui se trouve devant nous, mais combien de fois aussi sommes-nous lâches et nous n’osons pas dire la vérité ?
Le monde en crève de ce qu’on ne dise pas la vérité : vérité sur le salut ou la perte que nous risquons, vérité sur l’obligation d’adhérer au catholicisme clairement connu, vérité sur notre devoir de respecter toute la morale et de confesser nos péchés ! Dans l’histoire de Benoîte Rencurel, la voyante du Laus, on lit qu’elle eut un jour la visite de protestants qui lui demandèrent : est-il nécessaire d’être catholique pour être sauvé ?A ces hommes qui, visiblement avaient été touchés par la grâce des apparitions du Laus, mais manquaient de courage pour devenir catholiques, Benoîte, un peu gênée, répondit : J’en laisse le jugement à Dieu !La sainte Vierge lui reprocha par la suite cette parole en lui disant : Si tu avais dit la vérité, ils se seraient convertis…

Pratique : éviter tout respect humain (la honte d’être chrétien).

Samedi 9 mars : Samedi après les Cendres

…Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux ; si tu donnes la nourriture à l’affamé, et si tu rassasies l’âme affligée ; ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi.

Avant de s’embarquer pour un retraite de Carême, que je vous proposerai dès lundi prochain, il me restait à faire un rappel de la liturgie de Carême, et de sa beauté extraordinaire. En Carême, toutes les Messes sont propres, c’est-à-dire que les textes sont nouveaux chaque jour et, bien souvent, merveilleux. N’est-ce pas le cas du texte d’Isaïe cité en tête de ce mot ? Alors n’hésitons pas à lire et méditer chaque jour ces textes si profonds. Les symboles dans la liturgie sont ceux de l’affliction et de la pénitence : plus d’Alléluia ni de Gloria, plus de fleurs ni d’orgue, et la couleur est violette. On ajoute aussi à la fin une oraison « super populum » qui nous encourage à l’effort. L’Alléluia est remplacé par le trait ; celui-ci revient plusieurs fois par semaine :Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes. Seigneur, ne te souviens pas de nos fautes passées ; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous sommes devenus pauvres à l’extrême. (ici on fléchit le genou) Aide-nous, Dieu notre sauveur, et pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos péchés pour la cause de ton nom. Ps 102, 10 – 78, 8-9. Qui pense que le Carême est triste ? Ne parle-t-on pas tout le temps de la bonté et de la miséricorde de Dieu ? Elle sera répandue sur ceux qui la chercheront…

Pratique : Relisons lentement le trait particulier au Carême.

Vendredi 8 mars : Vendredi après les Cendres

Arrivés au Carême, beaucoup de chrétiens se demandent quels efforts ils pourraient bien faire… Voici quelques pistes pour les hommes de bonne volonté que vous êtes tous…

En Carême, l’Eglise nous demande trois résolutions : – Une de prière : nous devons prier plus. Si la sainte Vierge Marie, à Fatima, a dit au petit François : Oui, tu iras (au Paradis) mais tu devras dire beaucoup de chapelets ! qui oserait omettre un effort en ce sens pendant le Carême ? – Une de charité : je lisais récemment sœur Emmanuelle qui racontait la pauvreté des chrétiens coptes au Caire, vivant parmi les ordures. Une profonde charité régnait entre eux. Un jour un des chiffonniers tomba malade. Pas de sécurité sociale là-bas, donc lui et sa famille n’avaient rien à manger. Alors dix autres chiffonniers de l’entourage se sont réunis et ont décidé de donner chacun 10% de leur salaire pour que leur frère puisse vivre et guérir… Qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas pour nous aussi le moment ? Ne voyons-nous aucun proche à aider, personne avec qui se réconcilier ? On peut donner de l’argent, du temps, de l’attention, des prières, un pardon, ce que l’on veut, mais donnons ! Retrouvons notre cœur chrétien ! – Une de pénitence : inutile de rêver aux terribles austérités racontées par les anciens, nous n’en sommes pas capables ! En revanche, à l’heure où les sportifs et les élégantes rivalisent d’efforts, il serait bien honteux que les chrétiens soient incapables de pratiquer un peu de jeûne… N’oublions pas aussi le silence ! Restreindre la consultation d’Internet, du téléphone portable, et de la télévision ! Après un court moment d’angoisse… on redécouvrira la paix, la joie des discussions en famille, et la facilité à penser à Dieu. Enfin n’oublions pas les initiales magiques : NPSP ! C’est-à-dire : Ne pas se plaindre ! La France est, paraît-il, championne du monde pour râler et critiquer… Sur ce coup là, faisons mentir les mauvaises langues !

Pratique : fixer nos résolutions de carême sur un bout de papier…

Jeudi 7 mars : Jeudi après les Cendres

Nous voici donc au carême, temps d’effort et de renouvellement. Mais savez-vous pourquoi l’Eglise nous demande ces quarante jours de pénitence ? Et bien ouvrez un peu votre Bible et regardez le nombre de quarantaines qui y sont racontées : – les quarante jours du déluge (Livre de la Genèse, ch 6 à 9). – les quarante années passées par le peuple hébreu dans le désert (Livre de l’Exode). – les quarante jours de Moïse sur le mont Sinaï (Livre de l’Exode). – les quarante jours d’Elie avant d’arriver à l’Horeb (1er Livre des rois, ch. 19). – les quarante jours avant que Ninive ne soit détruite (Livre de Jonas). – les quarante jours de jeûne de Notre Seigneur (Par exemple Matthieu, ch. 4). Dans toutes ces quarantaines nous sommes confrontés à une situation dramatique où le péché a abondé sur la terre. Mais après une pénitence de quarante jours, le Seigneur accorde un pardon général et renoue l’alliance avec le pécheur…

L’Eglise a écouté et compris cette indication de son Maître ! Elle nous invite donc à la grande purification. Au bout d’une année où le péché a alourdi notre vie, et avant de célébrer la grande fête de Pâques, tachons de nous livrer courageusement à la pénitence pour obtenir ce pardon général et la reprise d’une alliance parfaite et vraie avec Notre Seigneur !

Pratique : relire ces différents épisodes de la Bible…

Mercredi 6 mars : Mercredi des Cendres

Voici ce que dit le Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes avec des larmes et des lamentations. Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements…

Nous y voici ! Le carême commence aujourd’hui, en ce jour du mercredi des Cendres. Et il commence fort, par un jour de jeûne obligatoire pour tous de 18 à 60 ans… Jeûner – faut-il le rappeler ? – consiste à prendre un repas par jour, sans viande. On peut prendre un liquide le matin avec un peu de pain, et une légère collation au moment de l’autre repas (au séminaire nous prenions une soupe avec un peu de pain…).

Ce qui nous marque tous en ce jour, c’est le rite d’imposition des cendres. Détail pratique : on n’est absolument pas obligé de garder la marque des cendres sur le front après la Messe ! Encore enfant, je n’osais pas toucher aux traces de cendres sur mon front, j’aurais eu l’impression de renier le Christ… Il y a plus de mille ans que ce geste d’imposition des cendres se pratique dans l’Eglise. Depuis le 4° siècle, on les imposait aux pécheurs publics qui devaient faire pénitence pendant quarante jours, et être réconciliés le jeudi-saint. Bientôt de pieux fidèles – qui se reconnaissaient aussi pécheurs – se mêlèrent par humilité aux pécheurs publics, et la cérémonie s’étendit à tous. Le sens de ces cendres est simple, comme l’indique l’une des oraisons de bénédiction : Daignez, selon votre miséricorde, bénir ces cendres que nous avons résolu de déposer sur nos têtes comme une marque d’humiliation et pour obtenir le pardon (oraison de bénédiction des cendres). Recevoir les Cendres, c’est reconnaître que nous ne sommes que de pauvres mortels, et de pauvres pécheurs. C’est aussi un geste rempli d’espérance, car le chrétien sait bien que quand il s’humilie devant Dieu, le Seigneur lui ouvre grand les bras… En recevant les cendres, nous entrons donc pour de bon dans le combat du carême !

Pratique : Recevoir les cendres et (re)lire les oraisons de bénédiction.

Mardi 5 mars : De la férie

Changeons de vêtement contre la cendre et le cilice ; jeûnons et pleurons devant le Seigneur car notre Dieu est plein de miséricorde pour pardonner nos péchés.  Antienne du mercredi des Cendres

Après les baptisés la liturgie du carême parle aussi aux pécheurs, et plus spécialement aux pécheurs publics… Qui étaient ils ? Des baptisés qui avaient gravement et publiquement désobéi à la loi de Dieu : Les apostats, hérétiques, meurtriers ou d’adultères… Ces pécheurs qui voulaient réintégrer la communauté des fidèles devaient alors recevoir les cendres au début du carême, mettre des vêtements grossiers, rester à la porte de l’église pendant les offices, et jeûner en une longue pénitence avant d’être pardonné le jeudi saint par l’évêque en personne. Les Messes des jeudis de Carême s’adressent particulièrement à eux, savez-vous pourquoi ? Tout simplement le jeudi était un jour de fête pour les païens, et longtemps l’Eglise ne célébrait pas la Messe ce jour là pour se différentier des païens et de leurs fêtes idolâtriques voire licencieuses… Mais avec la disparition progressive du paganisme on s’est mit à dire la Messe aussi les jeudis de carême à une époque ou il y avait nettement moins de catéchumènes et d’avantage de pécheurs publics repentants…

Les récit des Pères du désert racontent qu’un jour abba Bessarion vit un frère qui avait commis un péché chassé de l’église par le prêtre. Alors abba Bessarion se leva et sortit avec lui en disant : Moi aussi, je suis un pécheur. Tout comme abba Bessarion, les chrétiens fidèles, devant l’exemple des pénitents, se mirent à les imiter par humilité et charité, et la pénitence devint générale chez tous les chrétiens pendant le carême. Qu’il en soit de même pour nous !

Pratique : N’oublions pas de pratiquer la bonté en ce Carême.

Lundi 4 mars : Saint Casimir

O Dieu, qui, au milieu des délices royales et des attraits du monde, avez doué saint Casimir de la vertu de force et de constance, nous vous demandons que, grâce à son intercession, vos fidèles méprisent les biens de la terre et aspirent toujours à ceux du ciel.  Oraison de la Messe

Saint Casimir, prince de Pologne et roi élu de Hongrie, naquit en 1458 au sein d’une famille privilégiée. Son Père était roi de Pologne et sa mère de la famille royale d’Autriche. Mais dés son enfance, bien loin de profiter des avantages de sa position familiale, il pratiquait une sévère pénitence et une prière intense, n’hésitant pas à se priver de sommeil pour implorer la miséricorde de Dieu en pleine nuit. Assister à la sainte Messe était aussi pour lui un moment particulièrement précieux, tout comme veiller sur les pauvres et les indigents. Plus âgé, il seconda son père dans la défense et la propagation de la foi catholique en combattant notamment le schisme des Ruthènes. Il mourut encore jeune (à 25 ans) le 4 mars 1484. Dés sa mort des miracles entourèrent son tombeau, et quand, en 1604, on l’ouvrit, on retrouva son corps intact !

De nombreux saints rois ont été entourés de ferveur populaire. D’abord parce qu’ils avaient montré un magnifique exemple en préférant l’amour du Christ aux avantages de la terre. Et aussi parce que ces peuples chrétiens espéraient que ces saints rois continueraient du haut du Ciel les bienfaits qu’ils avaient pratiqués sur la terre. Au début de ce carême, demandons un peu de leur courage pour suivre le Christ par dessus tout…

Pratique : Une prière au Seigneur pour nous donner du courage !

Dimanche 3 mars : Dimanche de la quinquagésime

c’était pour eux un langage caché et ils ne comprenaient pas ce qui leur était dit…

J’ai beau relire l’Evangile d’aujourd’hui en long, en large, et en travers, quelque chose ne tient pas… En effet, Jésus dit très clairement qu’Il va monter à Jérusalem, et accomplir les prophéties en étant battu, flagellé et tué… Et pourtant, nous dit l’Evangile, les apôtres ne comprirent pas ce qui leur était dit… Comment est-ce possible de ne pas comprendre ?

Il me semble plutôt que les apôtres n’ont pas envie d’entendre parler d’un Messie souffrant ! C’est un peu comme nous quand on est devant une obligation qui nous ennuie. Faites l’expérience ! Le carême arrive bientôt, avec son lot de pénitences à accomplir, alors quelle est notre réaction ? Nous commençons alors à être embêté, puis nous évacuons, enfin nous pensons à autre chose… Ce piège vous sera certainement tendu ! Pour le déjouer, écoutez cette histoire : Un vieux conte de nos chaumières rapporte l’histoire d’un enfant qui fut introduit en rêve au pays du diable : Il voit l’armée de ces mauvais esprits méditant les mauvais coups qu’ils veulent faire aux hommes et leurs regards effrayants de méchanceté. Il voit Satan lui-même, tout rouge et furieux (comme il devait être quand Notre-Seigneur Lui-même triompha de ses tentations dans le désert). Il voit enfin dans une pièce, les armes employées par les démons pour tenter les hommes et arriver à les faire chuter : Une longue corde, symbole des tentations contre la pureté qui enlacent et finissent par immobiliser ceux qui s’y livrent. Un serpentin, image des efforts faits par le diable pour distraire les hommes de leur messe du dimanche et de leurs prières de tous les jours. Une barre de fer pour toutes les colères mises en nous et les manquements à la charité qui durcissent notre cœur. Il remarque enfin une petite pierre dans un coin qui à l’air toute usée. Bien hardiment il ose demander au diable : « A quoi donc sert cette pierre ? » Le diable répond avec un éclat de rire : « c’est le découragement, qui pèse dans le cœur des hommes comme une pierre ! ». « Et pourquoi est-elle si usée ? » « Parce que j’emploie ce moyen avec tout le monde ! Avec tout le monde ! »

Bonne méditation ! Bonnes résolutions !

Pratique : Demander au Seigneur le courage pour le carême à venir

Samedi 2 mars : De la sainte Vierge au samedi

L’histoire liturgique nous apprend que le carême à été institué en premier lieu pour préparer les catéchumènes au baptême. Imaginez un peu cela : Dans les premiers temps de l’Eglise, on voyait arriver chaque année de nombreux païens qui voulaient devenir chrétiens. Quelle ambiance spirituelle ! Alors pendant tout le carême on les réunissait presque quotidiennement pour les préparer à cette nuit de Pâques où ils seraient baptisés. Nos missels, de liturgie romaine, nous indiquent souvent quelle était l’église à Rome (qu’on appelait la station) où se faisait chaque jour de carême ce rassemblement de tous les chrétiens… On priait pour eux, on les enseignait, on faisait des exorcismes aussi.. Et tout le monde était concerné, l’évêque en tête, le clergé et les fidèles aussi…

Comme elle est touchante cette sollicitude maternelle de l’Eglise ! Comme nous devrions prier pour les non-baptisés, pour qu’ils reçoivent la lumière et l’appel de Dieu… Aujourd’hui où on approcha les 50% d’enfants non baptisés dans notre France, quelle grande intention missionnaire !

Pratique : Une prière pour que les enfants non baptisés reçoivent cette grâce