Mardi 13 mars : De la férie

St François d’Assise est le prototype même du converti. Il profita bien de la première partie de sa vie, comme on dirait maintenant ! Fêtes, alcool, vie argentée et facile, pourquoi se priver ? Mais voilà que le Seigneur l’attendait à travers une suite de sacrifices… Un jour qu’il allait à cheval il croisa un lépreux. Plutôt que de se boucher le nez, comme il en avait l’habitude, il embrassa le lépreux et lui fit l’aumône. Le Seigneur récompensa son sacrifice en lui montrant la vanité de sa vie et l’attirant vers une vie plus sainte. Un jour qu’il entendait l’Évangile : Proclamez le Royaume de Dieu, …ne prenez ni or, ni argent… Il choisit alors de suivre le Christ dans l’imitation parfaite de sa pauvreté. Ayant pris le choix radical du sacrifice de la pauvreté, il eût un amour extraordinaire du Seigneur, un rayonnement incroyable, et une joie profonde. Dieu imprima en sa chair, les marques de la Passion du Christ, pour celui qui avait voulu l’imiter parfaitement ici-bas.

Retenons ceci : Le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité ! Un simple sacrifice que nous faisons ici-bas, et c’est une récompense incroyable qui vient du Ciel. Si seulement nous savions ouvrir nos cœurs plus souvent !!

Pratique : Pensons à faire quelque chose quelqu’un de pauvre ou affligé dans notre entourage.

Lundi 12 mars : De la férie

Une image vaut mieux que cent mille mots ! dit un proverbe chinois bien connu… Ainsi, après l’exemple de Notre Seigneur, nous allons voir concrètement cette semaine la pratique du sacrifice chez ses meilleurs disciples : les saints !

Et commençons par la plus grande de tous : la très sainte Vierge Marie. Son enfance – autant qu’on peut la deviner dans l’évangile – ne fut pas facile : Elle dut tout d’abord connaître une vie pauvre et laborieuse dans la bourgade de Nazareth. Mais cela se corsa singulièrement avec la visite de l’ange Gabriel, porteur de la plus incroyable des missions : devenir la Mère de celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Marie répond : Je suis la servante du Seigneur ! Vu la vie et le travail d’une servante à l’époque, on pèsera facilement le dévouement total et actif de Marie au Seigneur !

La mission, reçue et acceptée par la Vierge Marie, comportera un volet profondément douloureux : le Glaive qui transpercera son cœur, c’est-à-dire être associée à la mort de son Fils pour le salut du monde. Et après la mort de son Fils, Marie restera de longues années sur la terre pour aider l’Église primitive…

Une vie vraiment donnée, tel un beau sacrifice… c’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voyait la vie de Marie : Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui. Aimer c’est tout donner et se donner soi-même. Tu voulus le prouver en restant notre appui. Le Sauveur connaissait ton immense tendresse. Il savait les secrets de ton cœur maternel, Refuge des pêcheurs, c’est à toi qu’il nous laisse Quand il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

Pratique : Garder, comme mot d’ordre au long de la journée : Je suis la servante du Seigneur !

Dimanche 11 mars : quatrième dimanche de carême

Avez-vous remarqué ce qu’indique saint Jean dans l’Évangile d’aujourd’hui ? – Jésus était suivi d’une grande foule. – La Pâque était proche –  Jésus gravit une montagne – Tout un peuple n’avait pas de quoi manger, et la nourriture est multipliée.  Tout cela ne vous rappelle rien ? Si vous étiez juif, ou bon connaisseur de l’Ancien Testament, vous auriez immédiatement compris l’enthousiasme de la foule…

A l’époque de Jésus-Christ, tout le monde s’attendait à voir le Messie. Et l’approche de Pâques faisait revivre à tous le souvenir de l’exode du peuple juif dans le désert jusqu’à la montagne de l’Horeb. Or pendant la pérégrination dans le désert, les hébreux avait manqué de nourriture, et le Seigneur avait fait descendre du ciel une nourriture merveilleuse : la Manne. Imaginez alors la foule des juifs en voyant la nourriture se multiplier, non pas en venant du ciel, mais des mains de Jésus-Christ ! Ils exultent devant ce signe : le Messie est là !!

Se pourrait-il qu’après deux mille ans de catholicisme nous soyons moins enthousiastes que ces juifs ? Où en est notre soif de Jésus dans l’Eucharistie ? Pourquoi le petit Hermann Wijns se rendait-il tous les jours à la Messe même par -20° ? Pourquoi sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus bien malade descendait en tremblant l’escalier de son couvent ? Ce n’est pas trop souffrir pour gagner une communion ! disait-elle… En ce dimanche de laetare, l’Église nous rappelle notre grande joie de la terre : la grâce immense de pouvoir communier et recevoir notre Seigneur. Pensons alors à bien préparer notre communion pascale.

Pratique : Essayons de communier le plus possible durant ce carême.

Samedi 10 mars : De la férie

  1. LES BEATITUDES

Pour finir cette semaine, parlons du discours-programme de Jésus : Les béatitudes. Bienheureux les pauvres, les affligés, les doux, les affamés, les miséricordieux, les cœurs purs, les pacifiques, les persécutés… Vous m’accorderez que cela ne ressemble pas beaucoup aux promesses des hommes politiques… Vraiment seul le Seigneur pouvait se permettre de parler ainsi…

Mais alors, quel est le sens exact de ces béatitudes ? Il m’a toujours semblé qu’elles décrivaient l’itinéraire de celui qui monte vers la maison du Père. Si nous montons vers Dieu, alors : – comment s’attacher aux choses de la terre ? Nous entrons dans une démarche de pauvreté. – comment échapper à la persécution des ennemis du Seigneur ? Nous serons persécutés. – comment se laisser prendre par la violence et la haine ? Ce serait s’égarer… – comment ne pas souhaiter ardemment la sainteté ? C’est notre but ! – comment ne pas être large avec les fautes de nos frères ? Elles sont nôtres si souvent… – comment partir dans l’impureté ? Ce n’est pas ce plaisir que nous cherchons. – comment ne pas goûter la paix ? Elle annonce notre maison. – comment ne pas se battre ?  Pour gagner la perle d’un grand prix !

Le sacrifice est le compagnon obligé de notre chemin d’enfants de Dieu. Rien de négatif en cela : ce sacrifice, disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, rend le chant de notre vie plus beau et mélodieux… Si du moins nous marchons vraiment vers le Seigneur !

Pratique : ne pas se plaindre

Vendredi 9 mars : De la férie

  1. LA PIETE DE NOTRE SEIGNEUR

Elle devait être magnifique la piété de Jésus ! D’ailleurs saint Luc (ch. 11) rapporte qu’un jour où les disciples cherchaient Jésus, ils le trouvèrent à l’écart en prière. Et c’était tellement beau, tellement profond comme spectacle qu’ils n’osèrent pas le déranger. Une fois sa prière achevée, Jésus se leva, et les disciples alors lui demandèrent : Maître, apprends-nous à prier !

Autant le dire tout de suite, pour Jésus, la prière n’est pas vraiment un sacrifice, c’était sa respiration… Je ne devrais donc pas en parler, en soi, dans cette mini-retraite sur le thème du sacrifice ! Mais j’en parle parce qu’elle est souvent pour nous un sacrifice…

Quand je vois mes enfants du catéchisme les yeux fermés en train de prier de tout leur cœur, je me demande bien quel diable peut quelque fois rendre mes prières d’adultes si distraites ou difficiles ! Mais il est consolant de voir que sainte Thérèse d’Avila, carmélite, faisait souvent, elle aussi, ce qu’elle appelle elle-même l’oraison de la pendule… (C’est-à-dire qu’elle n’arrêtait pas de regarder la pendule pendant l’heure réglementaire de prière !). Donc pas de découragement en la matière ! Juste un peu de foi pour se souvenir que ce sont les moments les plus précieux de la journée, les plus riches. N’attendons pas le ciel pour le comprendre !

Pratique : Ne pas oublier de prendre un court instant devant Dieu avant chacune de nos prières

Jeudi 8 mars : De la férie

  1. LA PAUVRETE DE JESUS

Il nous paraît assez évident que Jésus a vécu ce sacrifice de la pauvreté. Le fils de Dieu venu sur terre avait bien autre chose à faire que d’accumuler les deniers !

Mais l’insistance de Notre Seigneur sur la pauvreté est franchement troublante : Il répète qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, que bienheureux sont les pauvres en esprit, qu’il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux… Et ne va-t-il pas jusqu’à dire simplement aux orgueilleux pharisiens : Donnez et tout est pur pour vous ! L’aumône comme remède universel pour retrouver la pureté du cœur ! Il y a là un mystère spirituel. Je ne prétends pas vous l’expliquer complètement (après tout, il est bon de vous laisser chercher à ce sujet… vous verrez, c’est plus passionnant que les mots croisés et les sudoku !), mais il me semble que celui qui pratique le don et vit la pauvreté commence une vraie conversion.

On peut jeûner pour des raisons de santé ou de poids ; on peut lutter contre la paresse pour être plus performant, on peut éviter la colère pour ne pas se faire des ennemis, mais donner aux pauvres ne peut être intéressé. C’est un signe du royaume de Dieu ! Et il est à notre portée!

Pratique : la générosité

Mercredi 7 mars : De la férie

  1. LA GENEROSITE DU SEIGNEUR

Au quatrième chapitre de son Évangile, saint Luc raconte que l’apostolat de Jésus en Galilée était couronné de succès. Ces gens auraient voulu Le retenir chez eux, mais Jésus leur répondit :  » Il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j’ai été envoyé pour cela.  » Luc 4, 43.

On devine dans l’Évangile la conduite habituelle de Jésus : Il passait de village en village, guérissant les malades, écoutant les affligés, enseignant la parole de vérité pendant de longues heures. On imagine sans peine les sacrifices de générosité nécessaires pour vivre ainsi ! Mais on peut se demander pourquoi, dans le passage que je viens de citer, Jésus ne reste-t-il pas un peu plus, si sa parole est bien accueillie ? Moi-même si, dans une paroisse, je voyais des fruits admirables, je chercherais certainement à rester et à approfondir le boulot…

La réponse me semble simple : Notre Seigneur voulait agrandir notre cœur au souci de toute l’Église et du monde entier ! Le saint curé d’Ars, ainsi, était tout heureux des foules qui venaient à son confessionnal, bien au-delà de sa modeste paroisse. Ne mettons pas, nous-mêmes de limite à notre générosité, contentons nous, selon le conseil de Jésus Lui-même, de rester en tenue de service…

Pratique : Se proposer au Seigneur pour l’œuvre qu’Il voudra…

Mardi 6 mars : De la férie

Continuons de méditer les sacrifices vécus par Notre Seigneur Jésus-Christ.

  1. LES CONTRADICTIONS

Dans le prologue de son Evangile, saint Jean fait un douloureux constat au sujet de Jésus : Les siens ne l’ont pas reçu… C’est ainsi… Bien d’autres lectures de ce temps de carême nous montrent la dérision et l’hostilité violente d’une partie du peuple juif devant Jésus. Et pourtant, Jésus n’avait-Il pas multiplié les miracles ? N’était-il pas d’une bonté parfaite ? Si, certainement…, mais les cœurs humains sont souvent des barrières plus dures que les roches des montagnes… Jésus affronte tout, cela nous encourage. Et surtout nous manifeste son incroyable amour, plus fort que tout.

Nous connaitrons aussi ces contradictions, si du moins, nous nous soucions activement du Royaume de Dieu ! Elles ne sont pas de vrais obstacles, mais des occasions pour nous de manifester au monde l’amour fort et merveilleux de Dieu. A notre époque qui a promu le refus de toute douleur, l’éducation sans contrainte, la liberté sexuelle sus toutes ses formes, et finalement les anxiolytiques… proclamons l’amour jusqu’au sacrifice.

Pratique : Dans son examen de conscience quotidien, ne pas oublier les lâchetés et les paresses devant le bien à notre portée.

Lundi 5 mars : De la férie

Après avoir décrit le sacrifice, et expliqué nos raisons de le pratiquer, nous allons étudier cette semaine le sacrifice à travers l’exemple de la vie de Jésus-Christ. On ne pourra pas tout dire, mais on donnera quelques flashes sur les dispositions intérieures de notre Maître.

  1. LA SOLITUDE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Il est très étonnant de remarquer, dans l’Evangile, le décalage qui existait entre Jésus et les hommes qui l’entourent ; et le sacrifice et la solitude que cela créait pour notre Maître…

Saint Luc, au chapitre 9, raconte qu’on amena aux apôtres un enfant possédé. Ils essaient leur pouvoir de guérison, peine perdue, rien ne se passe ! Du coup on amène le cas au Seigneur qui s’exclame : Engeance incrédule et perverse, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je ? Et le Seigneur délivrera l’enfant… C’est vrai qu’ils étaient insupportables ces apôtres avec leur lourdeur, leur gloriole et leurs jalousies ! Au chapitre 12 de saint Matthieu, on remarquera un décalage semblable : On vient dire à Jésus que sa mère et ses frères veulent le voir. Et Jésus répond que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté du Père…

Chrétiens du 21° siècle, nous connaissons aussi cette solitude, ce décalage pénible entre notre foi en Dieu, et nos contemporains indifférents. Occasion de découragement ? Non ! Occasion de sacrifice et d’héroïsme pour les chrétiens à la suite de notre Seigneur. Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler !  (saint François d’Assise)

Pratique : Pratiquons la douceur avec tous

Dimanche 4 mars : 3° dimanche de Carême

L’évangile de ce jour comporte deux histoires : D’abord la libération du démon muet, qui provoque le scepticisme des ennemis de Jésus. Et si tous ces prodiges venaient du mauvais ? Jésus regarde ses opposants, voit leur cœur fermé, et les prévient du danger qui les guette : Vous prétendez chercher Dieu, en cela vous avez chassé de votre âme le démon de l’impiété, mais par votre endurcissement, vous risquez une troupe de sept démons bien pire ! L’autre histoire, plus brève, est la louange de cette femme : Quelle chance d’être la mère d’un tel homme ! Jésus, là encore, voit le fond du cœur et répond : La vraie grandeur de l’homme, sa vraie fierté, est d’être disponible à la parole de Dieu…

Ces deux histoires nous montrent que le Seigneur veut surtout voir en nous de la bonne volonté pour son royaume… bon message pour le carême, pas vrai ? Et plutôt qu’un long discours à ce sujet, je vous offre une parabole écrite par le Père Bro : « Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse qu’il venait d’épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d’un pendu. Mais quand la reine vit le condamné les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle poussa un cri et cacha sa tête dans ses mains. Prends pitié, Seigneur…
Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la Reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. Les consuls répondirent : Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie, la loi veut qu’il soit pendu. Un conseiller du roi intervint et dit que suivant la coutume de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de 1000 ducats. Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces 1000 ducats ?
Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit 800 ducats. La reine chercha dans son aumônière, elle était pauvre : elle n’y trouva que 50 ducats.
N’est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, pour sauver la vie de cet homme que 850 ducats ?
– La loi exige 1000 ducats, répondirent les consuls.
Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats.
997 ducats ! annoncèrent les consuls. Il manque encore 3 ducats.
– Pour 3 ducats cet homme sera-t-il pendu ? s’écria la reine.
– Cet homme sera pendu, répondirent les consuls, et ils firent signe au bourreau.
– Arrêtez ! s’écria la reine. Qu’on fouille ce malheureux. Il a peut-être sur lui trois ducats.
Le bourreau fouilla la culotte du pendu, il en retira trois ducats. Les consuls saluèrent la reine : Madame, cet homme est libre.
Chrétiens, l’homme qu’en ce conte vous avez vu en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité. Au jour du jugement rien ne nous sauvera, ni les 800 ducats de la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté. »        Bernard Bro

Pratique : Reprenons nos résolutions de carême… avec courage !