Samedi 4 mars : de la férie

…Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux ; si tu donnes la nourriture à l’affamé, et si tu rassasies l’âme affligée ; ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi.    tiré de l’épître du jour.

Avant de s’embarquer pour un retraite de Carême, que je vous proposerai dès lundi prochain, il me restait à faire un rappel de la liturgie de Carême, et de sa beauté extraordinaire. En Carême, toutes les Messes sont propres, c’est-à-dire que les textes sont nouveaux chaque jour et, bien souvent, merveilleux. N’est-ce pas le cas du texte d’Isaïe cité en tête de ce mot ? Alors n’hésitons pas à lire et méditer chaque jour ces textes si profonds.

Les symboles dans la liturgie sont ceux de l’affliction et de la pénitence : plus d’Alléluia ni de Gloria, plus de fleurs ni d’orgue, et la couleur est violette. On ajoute aussi à la fin une oraison « super populum » qui nous encourage à l’effort. Le graduel est remplacé par le trait ; celui-ci revient plusieurs fois par semaine : Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes. Seigneur, ne te souviens pas de nos fautes passées ; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous sommes devenus pauvres à l’extrême. (ici on fléchit le genou) Aide-nous, Dieu notre sauveur, et pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos péchés pour la cause de ton nom. Trait Ps 102, 10 – 78, 8-9

Qui pense que le Carême est triste ? Ne parle-t-on pas tout le temps de la bonté et de la miséricorde de Dieu ? Elle sera répandue sur ceux qui la chercheront…

Pratique : Relisons lentement le trait particulier au Carême.

Vendredi 3 mars : de la férie

UN THÈME DE RETRAITE POUR LE CARÊME

Pour vous faire bien vivre ce Carême, je me suis demandé ce qu’il fallait vous apporter. Avec 20 ans de sacerdoce, il me semble avoir une petite idée de ce que les fidèles attendent  d’un prêtre : de l’enthousiasme dans la foi, ou pour parler un langage plus religieux, de l’espérance  ! Pour transmettre cette espérance, nous allons approfondir un thème spirituel, faire – à partir de lundi prochain – comme une petite retraite. Tous ceux dont la dernière retraite remonte à… quelques années… pourront ainsi trouver matière à rattrapage  !

Le sujet choisi est  :  le sacrifice. Et savez-vous pourquoi j’ai choisi ce thème  ? Il y a trois raisons : 1°) d’abord, parce que nous serons ainsi préparés à la Semaine Sainte et la méditation du sacrifice de notre Maître. 2°) Ensuite, parce qu’il y a une carence d’esprit de sacrifice dans le monde et jusqu’au cœur de l’Église (on a souvent souligné qu’un des problèmes posé par la réforme liturgique était de ne pas manifester clairement que la Messe est d’abord et avant tout un sacrifice). 3°) Enfin, car je me souviens de ce que disait la petite Anne de Guigné, si courageuse pour faire des sacrifices  :  On a bien des joies sur la terre, mais elles ne durent pas. Celle qui dure, c’est d’avoir fait un sacrifice. Alors, à nous cette joie qui provient du sacrifice !

Pratique  : Une prière à l’Esprit-Saint pour l’écouter au cours de ce Carême.

Jeudi 2 mars : de la férie

Arrivés au Carême, beaucoup de chrétiens se demandent quels efforts ils pourraient bien faire… Voici quelques pistes pour les hommes de bonne volonté que vous êtes tous…

En Carême, l’Eglise nous demande trois résolutions : – Une de prière : nous devons prier plus. Si la sainte Vierge Marie, à Fatima, a dit au petit François :  Oui, tu iras (au Paradis) mais tu devras dire beaucoup de chapelets !  qui oserait omettre un effort en ce sens pendant le Carême ? – Une de charité : je lisais récemment sœur Emmanuelle  qui racontait la pauvreté des chrétiens coptes au Caire, vivant parmi les ordures. Une profonde charité régnait entre eux. Un jour un des chiffonniers tomba malade. Pas de sécurité sociale là-bas, donc lui et sa famille n’avaient rien à manger. Alors dix autres chiffonniers de l’entourage se sont réunis et ont décidé de donner chacun 10% de leur salaire pour que leur frère puisse vivre et guérir… Qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas pour nous aussi le moment ? Ne voyons-nous aucun proche à aider, personne avec qui se réconcilier ? On peut donner de l’argent, du temps, de l’attention, des prières, un pardon, ce que l’on veut, mais donnons  ! Retrouvons notre cœur chrétien ! – Une de pénitence : inutile de rêver aux terribles austérités racontées par les anciens, nous n’en sommes pas capables ! En revanche, à l’heure où les sportifs et les élégantes rivalisent d’efforts, il serait bien honteux que les chrétiens soient incapables de pratiquer un peu de jeûne… N’oublions pas aussi le silence ! Restreindre la consultation d’Internet, du téléphone portable, et de la télévision  ! Après un court moment d’angoisse… on redécouvrira la paix, la joie des discussions en famille, et la facilité à penser à Dieu. Enfin n’oublions pas les initiales magiques  : NPSP  ! C’est-à-dire : Ne pas se plaindre  ! La France est, paraît-il, championne du monde pour râler et critiquer… Sur ce coup là, faisons mentir les mauvaises langues !

Pratique : fixer nos résolutions de Carême sur un bout de papier…

Mercredi 1er Mars : Mercredi des Cendres

Voici ce que dit le Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes, avec des larmes et des lamentations. Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements… tiré de l’épître du mercredi des Cendres.

Nous y voici ! Le Carême commence aujourd’hui, en ce jour du mercredi des Cendres. Et il commence fort, par un jour de jeûne obligatoire pour tous de 18 à 60 ans… Jeûner – faut-il le rappeler ? – consiste à prendre un repas par jour, sans viande. On peut prendre un liquide le matin avec un peu de pain, et une légère collation au moment de l’autre repas (au séminaire nous prenions une soupe avec un peu de pain…).

Ce qui nous marque tous en ce jour, c’est le rite d’imposition des cendres. Détail pratique : on n’est absolument pas obligé de garder la marque des cendres sur le front après la Messe ! Encore enfant, je n’osais pas toucher aux traces de cendres sur mon front, j’aurais eu l’impression de renier le Christ… Il y a plus de mille ans que ce geste d’imposition des cendres se pratique dans l’Église. Depuis le 4° siècle, on les imposait aux pécheurs publics qui devaient faire pénitence pendant quarante jours, et être réconciliés le jeudi-saint. Bientôt de pieux fidèles – qui se reconnaissaient aussi pécheurs – se mêlèrent par humilité aux pécheurs publics, et la cérémonie s’étendit à tous. Le sens de ces cendres est simple, comme l’indique l’une des oraisons de bénédiction : daignez, selon votre miséricorde, bénir ces cendres que nous avons résolu de déposer sur nos têtes comme une marque d’humiliation et pour obtenir le pardon (oraison de bénédiction des cendres). Recevoir les Cendres, c’est reconnaître que nous ne sommes que de pauvres mortels, et de pauvres pécheurs. C’est aussi un geste rempli d’espérance, car le chrétien sait bien que quand il s’humilie devant Dieu, le Seigneur lui ouvre grand les bras… En recevant les cendres, nous entrons donc pour de bon dans le combat du Carême !

Pratique : Recevoir les cendres et (re)lire les oraisons de bénédiction.

Mardi 28 février : de la férie

Nous arrivons bientôt au Carême, temps d’effort et de renouvellement. Mais savez-vous pourquoi l’Église nous demande ces quarante jours de pénitence ? Eh bien ouvrez un peu votre Bible et regardez le nombre de quarantaines qui y sont racontées : les quarante jours du déluge (Livre de la Genèse, ch 6 à 9) ; les quarante années passées par le peuple hébreu dans le désert (Livre de l’Exode) ; les quarante jours de Moïse sur le mont Sinaï (Livre de l’Exode) ; les quarante jours d’Elie avant d’arriver à l’Horeb (1er Livre des rois, ch. 19) ; les quarante jours avant que Ninive ne soit détruite (Livre de Jonas) ; les quarante jours de jeûne de Notre Seigneur (par exemple Matthieu, ch. 4).

Dans toutes ces quarantaines nous sommes confrontés à une situation dramatique où le péché a abondé sur la terre. Mais après une pénitence de quarante jours, le Seigneur accorde un pardon général et renoue l’alliance avec le pécheur… L’Église a écouté et compris cette indication de son Maître ! Elle nous invite donc à la grande purification. Au bout d’une année où le péché a alourdi notre vie, et avant de célébrer la grande fête de Pâques, tâchons de nous livrer courageusement à la pénitence pour obtenir ce pardon général et la reprise d’une alliance parfaite et vraie avec Notre Seigneur !

Pratique : relire ces différents épisodes de la Bible…

Lundi 27 février : saint Gabriel de l’Addolorata

le monde passe, et sa concupiscence avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Tiré de l’épitre de la fête de saint Gabriel de l’Addolorata

François Possenti naquit à Assise, le 1er mars 1838, il était le 11ème de 13 enfants ! Sa famille est aisée, mais est bientôt frappée par la tristesse du décès de la mère à 43 ans. Sa mère a éduqué François dans la piété et un grand amour de la sainte Vierge, cependant la première partie de sa vie, sans être gravement mauvaise, conciliait l’amour du monde et du paraître, avec le service de Dieu… Mais bien tôt l’heure de Dieu arrive et s’impose à ce fringuant garçon : Le 22 août 1856, François participe à une procession de la sainte Vierge quand il voit la Madonne de l’image portée en procession le regarder avec tendresse et lui dire : Petit François, le monde n’est plus pour toi, il te faut entrer en religion ! François obéit et rentre dans l’ordre des Passionistes, dévoué à la méditation et la prédication des souffrances du Seigneur. Comme il aime particulièrement la sainte Vierge, son nouveau nom de religieux sera Gabriel de l’Addolorata (de la Vierge des douleurs). En six ans de vie religieuse, son ascension spirituelle sera impressionnante, et il émerveillera tout le monde par la profondeur de sa dévotion à la Vierge des douleurs. Il mourra de la tuberculose, en restant paisible, le 27 février 1862, à l’âge de 24 ans… Il est appelé « le saint du sourire ».

L’amour de la sainte Vierge en aura sauvé des chrétiens ! Pour saint Gabriel ce fut l’ascenseur qui le fit arriver à la sainteté… Croyons-nous vraiment en sa tendresse pour nous ?

Pratique : Penser un moment aux souffrances de la sainte Vierge… pour nous !

Dimanche 26 février : De la quinquagésime

C’était pour eux un langage caché et ils ne comprenaient pas ce qui leur était dit…

J’ai beau relire l’Evangile d’aujourd’hui en long, en large, et en travers, quelque chose ne tient pas… En effet, Jésus dit très clairement qu’Il va monter à Jérusalem, et accomplir les prophéties en étant battu, flagellé et tué… Et pourtant, nous dit l’Evangile, les apôtres ne comprirent pas ce qui leur était dit… Comment est-ce possible de ne pas comprendre ? Il me semble plutôt que les apôtres n’ont pas envie d’entendre parler d’un Messie souffrant ! C’est un peu comme nous quand on est devant une obligation qui nous ennuie.

Faites l’expérience ! Le carême arrive bientôt, avec son lot de pénitences à accomplir, alors quelle est notre réaction ? Nous commençons à être embêtés, puis nous évacuons, enfin nous pensons à autre chose… Ce piège vous sera certainement tendu ! Pour le déjouer, écoutez cette histoire : Un vieux conte de nos chaumières rapporte l’histoire d’un enfant qui fut introduit en rêve au pays du diable : il voit l’armée de ces mauvais esprits méditant les mauvais coups qu’ils veulent faire aux hommes et leurs regards effrayants de méchanceté. Il voit Satan lui-même, tout rouge et furieux (comme il devait être quand Notre-Seigneur Lui-même triompha de ses tentations dans le désert). Il voit enfin dans une pièce les armes employées par les démons pour tenter les hommes et arriver à les faire chuter : une longue corde, symbole des tentations contre la pureté qui enlacent et finissent par immobiliser ceux qui s’y livrent. Un serpentin, image des efforts faits par le diable pour distraire les hommes de leur Messe du dimanche et de leurs prières de tous les jours. Une barre de fer pour toutes les colères mises en nous et les manquements à la charité qui durcissent notre cœur. Il remarque enfin une petite pierre dans un coin qui a l’air tout usée. Bien hardiment il demande au diable : « A quoi donc sert cette pierre ? » Le diable répond avec un éclat de rire : « c’est le découragement, qui pèse dans le cœur des hommes comme une pierre ! ». « Et pourquoi est-elle si usée ? » « Parce que j’emploie ce moyen avec tout le monde ! Avec tout le monde ! »

Bonne méditation ! Bonnes résolutions !

Pratique : Demander au Seigneur le courage pour le carême à venir.

Samedi 25 février : de la sainte Vierge au samedi

Au cours de la Septuagésime, délicatement, à la manière de ce Dieu qui laisse l’homme libre pour de vrai, l’Eglise nous a menés en face d’une décision. Nous avons constaté l’existence du péché originel dans ce monde et en nous-mêmes. Nous avons vu les terribles ravages causés par ce fléau, toujours actuel. Nous avons enfin saisi que Dieu avait un dessein de miséricorde et de bonté à nous proposer…

Alors, quelle est notre réponse ? J’espère : la disponibilité !

C’était l’attitude qu’a prise Adam après sa faute, l’attitude de Noé, d’Abraham, de tous les justes de l’Ancien Testament, de la Vierge Marie, tout particulièrement. Ce sera aussi la bonne disposition des apôtres en face de l’appel de Dieu, et celle des saints du Nouveau Testament. Quand Bernadette entendra Marie lui demander Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant 15 jours ? elle répondra par un oui franc, auquel elle restera fidèle malgré toutes les épreuves.

Dans quelques jours, le carême va commencer et nous entendrons l’appel de l’Église à la pénitence des chrétiens. Pour y répondre généreusement, commençons, dés maintenant, à pratiquer la disponibilité. Disponibilité à son conjoint, à ses enfants, à ses parents, à sa paroisse, les occasions ne manquent pas d’assouplir notre volonté et préparer notre offrande au Seigneur !

Pratique : la disponibilité.

Vendredi 24 février : saint Mathias

Le sort tomba sur Mathias, et il fut associé aux onze Apôtres. tiré de l’épître de la Messe.

On ne connaît presque rien de la vie de saint Mathias, à l’exception du récit de son élection au chapitre 1 des Actes des apôtres (c’est l’épître de la Messe d’aujourd’hui). Mais celui-ci est bien riche ! Nous sommes juste après l’Ascension, et avant que se produise la Pentecôte… Saint Pierre fait un discours à plus de cent frères, leur demandant de choisir un successeur au malheureux apôtre Judas, pour être témoin de la résurrection de Jésus… On en trouve deux qui pourraient remplir la charge, le premier s’appelle Joseph et est surnommé le juste, le second est notre Mathias. On se met en prière et on tire au sort l’élu du Seigneur et c’est Mathias qui est désigné pour remplacer Judas.

Que faut-il admirer le plus ? La foi des apôtres qui est certain que le Seigneur habite et dirige son Église ? L’attirance du Seigneur pour les humbles ? (Mathias est le second sur la liste…) L’apôtre nouveau qui nous est donné (le nom « Mathias » signifie : don de Dieu) ? Sachons accueillir ceux que le Seigneur nous envoie : conjoint, famille, curé, évêque ou Pape… Mystérieusement, c’est à travers eux que l’amour du Seigneur nous touche sur les chemins de la vie ! Et aussi commençons à nous préparer au carême à venir avec la belle parole que saint Clément d’Alexandrie nous a rapportée de saint Mathias : il faut épuiser le corps par la mortification l’assujettissant à l’esprit de Jésus Crucifié !

Pratique : Aujourd’hui nous serons particulièrement disponibles à ceux que nous rencontrerons.

Jeudi 23 février : Saint Pierre Damien

Le troisième tableau de notre temps de la Septuagésime est celui d’Abraham le croyant, et tout spécialement l’épisode du sacrifice de son fils Isaac. Cette page étonnante de la Bible nous révèle les intentions de Dieu sur l’homme pécheur.

Dieu dit (à Abraham) : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai… Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! ». L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

A cette époque où se pratiquaient les sacrifices humains rituels, Dieu marque une franche rupture : Lui ne veut pas la destruction des hommes ni le sang versé ! Lui est un Dieu de vie et de bonté ! Puisqu’il faut un sacrifice pour effacer le péché des hommes, un autre sera désigné, un nouvel agneau, qui viendra aussi portant le bois sur son dos et consentira à mourir pour que nous vivions. Voici donc les enseignements décisifs de ce temps de la Septuagésime : au delà du péché des hommes, la bonté de Dieu brille toujours, le croyons-nous ? Sommes-nous prêts à aller chercher ce salut que le Seigneur nous a préparé ?

Pratique : Offrons au Seigneur nos peines de la journée en réparation de nos fautes.