Mardi 8 avril : Mardi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe II : l’agonie

Le récit de la Passion commence par l’agonie de Jésus au jardin des oliviers. Le mot agonie vient d’un mot grec qui veut dire combat. En méditant l’agonie de Jésus, avec son accablement, l’envie de partir qui L’étreint, et la sueur de sang, on comprend que notre Seigneur livre un formidable combat, qu’il porte un poids infini : celui du péché du monde entier… On comprend aussi qu’Il n’est pas ici comme une victime des évènements politiques : Aucun soldat ne le contraint à ce moment… Il est l’acteur et le combattant de ce qui va suivre. On comprend alors que le supplice qui s’approche n’est pas une fatalité, mais un choix libre du Seigneur : c’est un sacrifice qui va s’accomplir ! Le Seigneur le veut ! Nous admirons le courage et l’offrande de notre Sauveur. Nous voudrions l’imiter, mais nous sommes si faibles…. sauf si nous savons puiser au courage même du Seigneur, à la Messe où nous est transmis sa force et son Esprit ! La consigne de Notre Seigneur en cet instant, à ses apôtres et à nous-mêmes est : Veillez et priez !

Pratique : Tâchons d’assister à la sainte Messe le plus possible au cours de cette semaine et la suivante !

Lundi 7 avril : Lundi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe I.

Dans ce temps de la Passion, et puisque notre mini-retraite est consacrée au sacrifice, nous allons maintenant parler du grand sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix. Nous parlerons aussi de la Messe qui est ce même sacrifice « continué et répandu » jusqu’à nous. Remarquons d’abord aujourd’hui que tout au long de son chemin parmi nous, Jésus était tendu vers ce moment de son Sacrifice : – Plusieurs fois dans l’Evangile, Jésus annonce à ses disciples qu’il va être mis à mort. – Plusieurs fois Jésus parle de son heure qui arrive, cette heure exceptionnelle entre toutes, où il va donner un puissant témoignage au monde. – Plusieurs fois Jésus dira qu’à partir de ce moment là tout changera merveilleusement… La sagesse énorme du christianisme n’est pas toujours bien reçue, encore moins la morale. Mais celui qui comprend que Jésus a donné sa vie pour lui, que peut-il dire faire, sinon se taire, réfléchir, et peut-être s’ouvrir à la grâce ? … N’oublions pas, ces prochains jours, de penser souvent aux souffrances de Jésus pour nous, n’oublions pas que, pour nous aussi, nos actes, surtout de charité, ont tellement plus de poids que nos paroles…

Pratique :Ne pas oublier de lire les textes des Messes du jour pendant le temps de la Passion.

Dimanche 6 avril : Dimanche de la Passion

Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps de la Passion, temps où nous méditons particulièrement les souffrances du Seigneur. Et l’Eglise parle, elle s’exprime à travers les magnifiques symboles de la liturgie : Ainsi, selon une ancienne coutume, on voile de violet les statues des saints et les Croix, mais on laisse apparentes les stations du chemin de la Croix. On retire aussi dans les offices les gloria Patri, manifestation explicite de la gloire de Dieu, voilée en ces jours. Selon la belle expression de Dom Pius Parsch, l’Eglise prend le voile des veuves… Mais pourquoi voiler les Croix me direz-vous ? Ces Croix voilées viennent d’un temps où les Croix étaient souvent d’or, sans Christ, garnies de pierres précieuses. Ces Croix glorieuses évoquaient le triomphe du Seigneur, d’où la nécessité de les voiler en ce temps dramatique… L’Evangile de la Messe de ce jour (et aussi de toutes les Messes de la semaine que je vous invite à parcourir) montre l’hostilité terrible qui monte entre Jésus et les principaux du peuple juif : Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? … vous n’écoutez point, parce que vous n’êtes pas de Dieu ! dit Jésus. Réponse : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé du démon ? Jésus reprend : …J’honore mon Père ; et vous, vous me déshonorez… Réponse effroyable : Ils prirent donc des pierres, pour les jeter sur lui… A travers ce récit brutal, l’Evangile nous invite – tout comme le fait le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ – à méditer jusqu’où peut aller la violence humaine, notre violence : vouloir tuer le Fils de Dieu ! Et, comme le souligne l’Introït de la Messe, supplions le Seigneur de nous séparer de l’homme de péché, méchant et trompeur…

Pratique : Lire, chaque jour de la semaine, le texte de la Messe.

Samedi 5 avril : De la férie

Nous terminerons l’évocation des sacrifices dans la vie des saints, par saint Maximilien Kolbe, le martyr de la charité : Maximilien, encore enfant, avait eu une vision de Marie lui tendant deux couronnes, une blanche (symbole de la virginité) et une rouge (symbole du martyr), et lui demandant de choisir. L’enfant répondit : Je choisis toutes les deux ! C’est ce qui arrivera en 1941… Le Père Kolbe est arrêté par la Gestapo et emmené à Auschwitz. Là-bas un prisonnier s’est échappé. En représailles douze détenus sont choisis parmi les prisonniers pour mourir dans un bunker sans aucune nourriture ni boisson. Un de ceux qui sont choisis, le sergent François Gajowniczek, s’écroule en pensant à sa femme et ses enfants. Alors un homme sort des rangs, c’est le Père Kolbe. Il se propose pour le remplacer ! Le Père Kolbe mourra dans ce bunker, ayant offert sa vie pour son frère, immense icône de la charité et de la valeur profonde du sacrifice de soi-même. Sans forcément avoir le destin de saint Maximilien Kolbe, n’oublions pas qu’un jour aussi nous aurons à remettre notre vie au Seigneur. Que notre esprit de sacrifice quotidien nous y prépare !

Pratique : Prions pour la grâce d’une bonne mort.

Vendredi 4 avril : De la férie

– Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? – Oui, nous voulons. – Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

Vous aurez reconnu l’incroyable dialogue entre Marie, la Reine du Ciel, et trois petits enfants du Portugal à Fatima en 1917…. Notez bien que Jacinthe, la plus jeune, n’avait que 7 ans à l’époque des apparitions ! Inutile d’expliquer les apparitions de Fatima avec la sagesse et la mesure humaine, tout est plein de surnaturel et d’un idéal énorme… Les enfants – c’est sans doute la grâce des enfants – prendront cela très au sérieux. Lucie nous racontera les sacrifices étonnants des petits voyants : Se priver de boire lors d’une chaleur torride, dormir avec une corde, prier pendant des heures (Le petit François disait habituellement neuf chapelets par jour…). Ils obtinrent ainsi des grâces extraordinaires. Méditons bien ce que ces enfants nous enseignent, ils disent la vérité ! Nous avons tous, à notre place, cette capacité de travailler à la conversion des hommes par nos efforts et sacrifices, qu’en avons-nous fait ?

Pratique : recommander à la sainte Vierge une personne en grande nécessité spirituelle.

Jeudi 3 avril : De la férie

Après un religieux et un prêtre, parlons d’un saint laïc. Et j’ai choisi monsieur Martin, le père de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Louis Martin fut béatifié, en compagnie de son épouse, le 19 octobre 2008 à Lisieux, non pas parce qu’il était le père de sainte Thérèse (ce qui n’est pas rien…) mais parce qu’il a vraiment mené une vie sainte. Louis était horloger de profession, Il se maria et fut père de neuf enfants (quatre mourront en bas âge). Avec sa femme Zélie, il se rendait à la Messe de 5h30 tous les matins, et accueillait et aidait largement les pauvres de l’endroit. Il refusait d’ouvrir sa boutique le dimanche, renonçant ainsi à des profits certains. Sa femme mourut jeune encore, lui laissant la charge de tous les enfants, dont il s’occupera totalement. Il donnera au bon Dieu toutes ses filles… Quand Thérèse, sa préférée, demandera à rentrer au Carmel à 15 ans, il l’accepta aussitôt. Mgr Hugonin, à qui il fallait demander une dispense pour entrer aussi jeune en religion, fit remarquer devant lui que Thérèse pourrait patienter quelques années et s’occuper de son père âgé. A ces mots, monsieur Martin se leva et dit à Monseigneur Hugonin, avec une immense foi, que le bon Dieu lui faisait un immense honneur de lui prendre ses filles, ce qui impressionna beaucoup l’évêque. Il fut atteint sur la fin de sa vie par une maladie mentale qui le conduisit à l’hospice. Dans ses moments de lucidité, il disait qu’il fallait bien qu’il ait une humiliation à porter dans sa vie… Retenons cette image magnifique d’un chrétien dans le monde qui avait mis le sacrifice au cœur de sa vie ! Le Bon Dieu m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre, écrivit sainte Thérèse. Cette phrase, qui vaut bien une canonisation, montre bien que la sainteté est possible à tous et partout !

Pratique : Prier pour que des vocations naissent dans nos familles

Mercredi 2 avril : De la férie

Le saint curé d’Ars est bien justement le patron des curés du monde entier, car il été exceptionnel dans le souci de sa paroisse. Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans ce village, vous en mettrez ! avait dit le vicaire général, monsieur Courbon, à Lyon. Jean-Marie Vianney prit cette demande au pied de la lettre et multiplia les sacrifices pour y arriver… Dans l’église de son minuscule village, il passait de longues heures à prier dés quatre heures du matin : Seigneur, convertissez ma paroisse ! ne cessait-il de répéter. Les paysans qui voyaient leur curé si donné à sa mission, étaient impressionnés… Mais cela prendra du temps et des larmes ! Il y aura des plaintes contre ce prêtre trop strict, trop exigeant, interdisant tout travail du dimanche ; des critiques des autres curés contre ce prêtre que tout le monde suivait parce qu’il était ignorant, bien entendu.. ; et les attaques du diable, furieux de ce prêtre trop zélé. Et puis, au fur et à mesure des années, les paroissiens reprennent le chemin de l’église, sont subjugués par ce prêtre qui pleure en chaire en parlant de l’amour de Dieu, présent dans l’Hostie au milieu d’eux. Et c’est un véritable pèlerinage qui se mettra en place pour venir se confesser et se convertir auprès de ce bon pasteur… Pour nous, retenons que le sacrifice convertit vraiment les âmes et, avec la prière  obtient infailliblement les grâces de Dieu.

Pratique : quelques sacrifices pour un intention qui nous est chère.

Mardi 1er Avril : De la férie

St François d’Assise est le prototype même du converti. Il profita bien de la première partie de sa vie, comme on dirait maintenant ! Fêtes, alcool, vie argentée et facile, pourquoi se priver ? Mais voilà que le Seigneur l’attendait à travers une suite de sacrifices… Un jour qu’il allait à cheval il croisa un lépreux. Plutôt que de se boucher le nez, comme il en avait l’habitude, il embrassa le lépreux et lui fit l’aumône. Le Seigneur récompensa son sacrifice en lui montrant la vanité de sa vie et l’attirant vers une vie plus sainte. Un jour qu’il entendait l’Evangile : Proclamez le Royaume de Dieu, …ne prenez ni or, ni argent… Il choisit alors de suivre le Christ dans l’imitation parfaite de sa pauvreté. Ayant pris le choix radical du sacrifice de la pauvreté, il eût un amour extraordinaire du Seigneur, un rayonnement incroyable, et une joie profonde. Dieu imprima en sa chair, les marques de la Passion du Christ, pour celui qui avait voulu l’imiter parfaitement ici-bas. Retenons ceci : Le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité ! Un simple sacrifice que nous faisons ici-bas, et c’est une récompense incroyable qui vient du Ciel. Si seulement nous savions ouvrir nos cœurs plus souvent !!

Pratique : Pensons à faire quelque chose quelqu’un de pauvre ou affligé dans notre entourage.

Lundi 31 mars : De la férie

Une image vaut mieux que cent mille mots ! dit un proverbe chinois bien connu… Ainsi, après l’exemple de Notre Seigneur, nous allons voir concrètement cette semaine la pratique du sacrifice chez ses meilleurs disciples : les saints ! Et commençons par la plus grande de tous : la très sainte Vierge Marie. Son enfance – autant qu’on peut la deviner dans l’évangile – ne fut pas facile : Elle dut tout d’abord connaître une vie pauvre et laborieuse dans la bourgade de Nazareth. Mais cela se corsa singulièrement avec la visite de l’ange Gabriel, porteur de la plus incroyable des missions : devenir la Mère de celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Marie répond : Je suis la servante du Seigneur ! Vu la vie et le travail d’une servante à l’époque, on pèsera facilement le dévouement total et actif de Marie au Seigneur ! La mission, reçue et acceptée par la Vierge Marie, comportera un volet profondément douloureux : le Glaive qui transpercera son cœur, c’est-à-dire être associée à la mort de son Fils pour le salut du monde. Et après la mort de son Fils, Marie restera de longues années sur la terre pour aider l’Eglise primitive… Une vie vraiment donnée, tel un beau sacrifice… c’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voyait la vie de Marie :

Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui. Aimer c’est tout donner et se donner soi-même Tu voulus le prouver en restant notre appui. Le Sauveur connaissait ton immense tendresse Il savait les secrets de ton cœur maternel, Refuge des pêcheurs, c’est à toi qu’il nous laisse Quand il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

Pratique : Garder, comme mot d’ordre au long de la journée : Je suis la servante du Seigneur !

Dimanche 30 mars : 4° dimanche de Carême

Où achèterons-nous des pains pour leur donner à manger ? Tiré de l’Evangile

La Bible nous rapporte que 500 ans avant la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple hébreux était retenu captif à Babylone. Là-bas les païens leur demandaient de chanter des cantiques de leur pays. En pleurant, ils répondaient : Comment donc pourrions nous chanter les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère ? Ne ressentons pas aujourd’hui la même chose avec ce dimanche de laetare qui voudrait nous pousser à la joie ? Comment nous réjouir aujourd’hui avec l’Eglise quand beaucoup souffrent, quand la guerre fait des victimes quotidiennes ? Quand aussi on entend parler de tant de peines ?

Sans prétendre répondre au grand mystère des misères de cette terre, je remarque tout de même que, dans la vie, les épreuves peuvent être l’occasion d’une générosité exceptionnelle ! N’est-ce pas devant l’horreur de la bataille de Solférino qu’Henri Dunant fonda la Croix-Rouge ? N’est-ce pas devant un homme qui n’avait jamais osé confesser ses péchés à un prêtre que saint Vincent de Paul se résolut à devenir un saint ? N’est-ce pas en constatant de conduites légères chez les prêtres de son pèlerinage de Rome, que sainte Thérèse comprit combien il était important de prier et de s’offrir pour la sanctification des prêtres ? Et si le Seigneur nous attendait là ? Où achèterons-nous des pains pour leur donner à manger ?

Pratique : Prions pour que des générosités nouvelles se lèvent