Mardi 5 mars : De la férie

Changeons de vêtement contre la cendre et le cilice ; jeûnons et pleurons devant le Seigneur car notre Dieu est plein de miséricorde pour pardonner nos péchés.  Antienne du mercredi des Cendres

Après les baptisés la liturgie du carême parle aussi aux pécheurs, et plus spécialement aux pécheurs publics… Qui étaient ils ? Des baptisés qui avaient gravement et publiquement désobéi à la loi de Dieu : Les apostats, hérétiques, meurtriers ou d’adultères… Ces pécheurs qui voulaient réintégrer la communauté des fidèles devaient alors recevoir les cendres au début du carême, mettre des vêtements grossiers, rester à la porte de l’église pendant les offices, et jeûner en une longue pénitence avant d’être pardonné le jeudi saint par l’évêque en personne. Les Messes des jeudis de Carême s’adressent particulièrement à eux, savez-vous pourquoi ? Tout simplement le jeudi était un jour de fête pour les païens, et longtemps l’Eglise ne célébrait pas la Messe ce jour là pour se différentier des païens et de leurs fêtes idolâtriques voire licencieuses… Mais avec la disparition progressive du paganisme on s’est mit à dire la Messe aussi les jeudis de carême à une époque ou il y avait nettement moins de catéchumènes et d’avantage de pécheurs publics repentants…

Les récit des Pères du désert racontent qu’un jour abba Bessarion vit un frère qui avait commis un péché chassé de l’église par le prêtre. Alors abba Bessarion se leva et sortit avec lui en disant : Moi aussi, je suis un pécheur. Tout comme abba Bessarion, les chrétiens fidèles, devant l’exemple des pénitents, se mirent à les imiter par humilité et charité, et la pénitence devint générale chez tous les chrétiens pendant le carême. Qu’il en soit de même pour nous !

Pratique : N’oublions pas de pratiquer la bonté en ce Carême.

Lundi 4 mars : Saint Casimir

O Dieu, qui, au milieu des délices royales et des attraits du monde, avez doué saint Casimir de la vertu de force et de constance, nous vous demandons que, grâce à son intercession, vos fidèles méprisent les biens de la terre et aspirent toujours à ceux du ciel.  Oraison de la Messe

Saint Casimir, prince de Pologne et roi élu de Hongrie, naquit en 1458 au sein d’une famille privilégiée. Son Père était roi de Pologne et sa mère de la famille royale d’Autriche. Mais dés son enfance, bien loin de profiter des avantages de sa position familiale, il pratiquait une sévère pénitence et une prière intense, n’hésitant pas à se priver de sommeil pour implorer la miséricorde de Dieu en pleine nuit. Assister à la sainte Messe était aussi pour lui un moment particulièrement précieux, tout comme veiller sur les pauvres et les indigents. Plus âgé, il seconda son père dans la défense et la propagation de la foi catholique en combattant notamment le schisme des Ruthènes. Il mourut encore jeune (à 25 ans) le 4 mars 1484. Dés sa mort des miracles entourèrent son tombeau, et quand, en 1604, on l’ouvrit, on retrouva son corps intact !

De nombreux saints rois ont été entourés de ferveur populaire. D’abord parce qu’ils avaient montré un magnifique exemple en préférant l’amour du Christ aux avantages de la terre. Et aussi parce que ces peuples chrétiens espéraient que ces saints rois continueraient du haut du Ciel les bienfaits qu’ils avaient pratiqués sur la terre. Au début de ce carême, demandons un peu de leur courage pour suivre le Christ par dessus tout…

Pratique : Une prière au Seigneur pour nous donner du courage !

Dimanche 3 mars : Dimanche de la quinquagésime

c’était pour eux un langage caché et ils ne comprenaient pas ce qui leur était dit…

J’ai beau relire l’Evangile d’aujourd’hui en long, en large, et en travers, quelque chose ne tient pas… En effet, Jésus dit très clairement qu’Il va monter à Jérusalem, et accomplir les prophéties en étant battu, flagellé et tué… Et pourtant, nous dit l’Evangile, les apôtres ne comprirent pas ce qui leur était dit… Comment est-ce possible de ne pas comprendre ?

Il me semble plutôt que les apôtres n’ont pas envie d’entendre parler d’un Messie souffrant ! C’est un peu comme nous quand on est devant une obligation qui nous ennuie. Faites l’expérience ! Le carême arrive bientôt, avec son lot de pénitences à accomplir, alors quelle est notre réaction ? Nous commençons alors à être embêté, puis nous évacuons, enfin nous pensons à autre chose… Ce piège vous sera certainement tendu ! Pour le déjouer, écoutez cette histoire : Un vieux conte de nos chaumières rapporte l’histoire d’un enfant qui fut introduit en rêve au pays du diable : Il voit l’armée de ces mauvais esprits méditant les mauvais coups qu’ils veulent faire aux hommes et leurs regards effrayants de méchanceté. Il voit Satan lui-même, tout rouge et furieux (comme il devait être quand Notre-Seigneur Lui-même triompha de ses tentations dans le désert). Il voit enfin dans une pièce, les armes employées par les démons pour tenter les hommes et arriver à les faire chuter : Une longue corde, symbole des tentations contre la pureté qui enlacent et finissent par immobiliser ceux qui s’y livrent. Un serpentin, image des efforts faits par le diable pour distraire les hommes de leur messe du dimanche et de leurs prières de tous les jours. Une barre de fer pour toutes les colères mises en nous et les manquements à la charité qui durcissent notre cœur. Il remarque enfin une petite pierre dans un coin qui à l’air toute usée. Bien hardiment il ose demander au diable : « A quoi donc sert cette pierre ? » Le diable répond avec un éclat de rire : « c’est le découragement, qui pèse dans le cœur des hommes comme une pierre ! ». « Et pourquoi est-elle si usée ? » « Parce que j’emploie ce moyen avec tout le monde ! Avec tout le monde ! »

Bonne méditation ! Bonnes résolutions !

Pratique : Demander au Seigneur le courage pour le carême à venir

Samedi 2 mars : De la sainte Vierge au samedi

L’histoire liturgique nous apprend que le carême à été institué en premier lieu pour préparer les catéchumènes au baptême. Imaginez un peu cela : Dans les premiers temps de l’Eglise, on voyait arriver chaque année de nombreux païens qui voulaient devenir chrétiens. Quelle ambiance spirituelle ! Alors pendant tout le carême on les réunissait presque quotidiennement pour les préparer à cette nuit de Pâques où ils seraient baptisés. Nos missels, de liturgie romaine, nous indiquent souvent quelle était l’église à Rome (qu’on appelait la station) où se faisait chaque jour de carême ce rassemblement de tous les chrétiens… On priait pour eux, on les enseignait, on faisait des exorcismes aussi.. Et tout le monde était concerné, l’évêque en tête, le clergé et les fidèles aussi…

Comme elle est touchante cette sollicitude maternelle de l’Eglise ! Comme nous devrions prier pour les non-baptisés, pour qu’ils reçoivent la lumière et l’appel de Dieu… Aujourd’hui où on approcha les 50% d’enfants non baptisés dans notre France, quelle grande intention missionnaire !

Pratique : Une prière pour que les enfants non baptisés reçoivent cette grâce

Vendredi 1er mars : De la férie

Profitons des jours de férie prochains pour parler de l’esprit du carême qui approche !

A observer la liturgie du carême on voit que l’Eglise  indique clairement qu’il est un temps de combat spirituel ! Dés la matines du premier dimanche de carême, saint Léon le grand, pape de 440 à 461 nous encourage à ce combat : La Providence divine nous a ménagé une institution salutaire afin qu’un entraînement de quarante jours nous procure un remède pour restaurer la pureté de nos âmes. Pendant ces jours, les fautes des autres temps sont rachetées par les œuvres de miséricorde et consumées par des jeûnes rigoureux.

Mais pourquoi se battre ? Aurions nous des ennemis ? Bien entendu que nous en avons, et ils sont nombreux ! D’abord nos défauts et nos addictions qui nous tirent vers le bas et cela s’aggrave si on ne s’y oppose pas. Ensuite l’esprit mondain de la société dans lequel nous baignons qui ne cesse de nous répéter : Fais toujours ce qu’il te plait… Enfin le diable, le plus redoutable de tous qui, comme le dit saint Pierre comme un lion rugissant, tourne autour de nous cherchant qui dévorer… Si l’on refuse d’affronter ces ennemis puissants, c’est qu’on a déjà capitulé et qu’ils ont vaincu.

Le Père Lorenzo scupoli écrivit en 1589 un magnifique petit livre intitulé « le combat spirituel ». Je vous le recommande, spécialement en carême ! Il explique que la base du combat spirituel c’est de se méfier de soi et d’avoir toujours confiance en Dieu. Ainsi équipé, à nous de passer à l’attaque !

Pratique : Prenons l’habitude, chaque soir, de vérifier où en est notre combat…

Jeudi 28 février : De la férie

Pendant que nous parlons, le temps jaloux s’enfuit.    Horace, Odes.

Pour finir février, mois de 28 jours, parlons de la valeur du temps !- Dans mon église de Carnoules, se trouve un autel des défunts en marbre noir portant un médaillon avec un sablier. Le message est clair : ce que sont les morts nous le seront bientôt, question de temps… Quoi de plus certain que le fin de nos vies ? Première leçon sur le temps : Il s’enfuit, salutaire méditation.

Memento mori (souvient toi que tu vas mourir) aimaient à dire les chrétiens des temps anciens, reprenant la phrase qu’on disait, parait-il, aux généreux romains victorieux. Deuxième leçon : ce temps qui passe nous emmène vers notre mort et fixera notre éternité, sachons nous y préparer !

Carpe Diem (Profites du jour présent), une fois n’est pas coutume, je cite encore ici Horace, poète latin païen qui vécut avant la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais fut beaucoup lu chez les chrétiens. On trouve souvent cette phrase ambigüe sur des cadrans solaires. Que voulait dire Horace ? Bien loin d’une incitation à la débauche, il souhaitait que l’on vive bien, à fond, le moment présent, le seul à notre portée. Et comme cette pensée est chrétienne ! Si le seigneur me donne un jour de plus c’est pour quoi ? Sinon pour me laisser le temps de me convertir…

Pratique : Ne pas perdre de temps

Mercredi 27 février : saint Gabriel de l’Addolorata

le monde passe, et sa concupiscence avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Tiré de l’épitre de la fête de saint Gabriel de l’Addolorata

François Possenti naquit à Assise, le 1er mars 1838, il était le 11ème de 13 enfants ! Sa famille est aisée, mais est bientôt frappée par la tristesse du décès de la mère à 43 ans. Sa mère a éduqué François dans la piété et un grand amour de la sainte Vierge, cependant la première partie de sa vie, sans être gravement mauvaise, conciliait l’amour du monde et du paraître, avec le service de Dieu… Mais bien tôt l’heure de Dieu arrive et s’impose à ce fringuant garçon : Le 22 août 1856, François participe à une procession de la sainte Vierge quand il voit la Madonne de l’image portée en procession le regarder avec tendresse et lui dire : Petit François, le monde n’est plus pour toi, il te faut entrer en religion ! François obéit et rentre dans l’ordre des Passionistes, dévoué à la méditation et la prédication des souffrances du Seigneur. Comme il aime particulièrement la sainte Vierge, son nouveau nom de religieux sera Gabriel de l’Addolorata (de la Vierge des douleurs). En six ans de vie religieuse, son ascension spirituelle sera impressionnante, et il émerveillera tout le monde par la profondeur de sa dévotion à la Vierge des douleurs. Il mourra de la tuberculose, en restant paisible, le 27 février 1862, à l’âge de 24 ans… Il est appelé « le saint du sourire ».

L’amour de la sainte Vierge en aura sauvé des chrétiens ! Pour saint Gabriel ce fut l’ascenseur qui le fit arriver à la sainteté… Croyons-nous vraiment en sa tendresse pour nous ?

Pratique : Penser un moment aux souffrances de la sainte Vierge… pour nous !

Mardi 26 février : De la férie

Au cours de la septuagésime, délicatement, à la manière de ce Dieu qui laisse l’homme libre pour de vrai, l’Eglise nous a mené en face d’une décision. Nous avons constaté l’existence du péché originel dans ce monde et en nous-mêmes. Nous avons vu les terribles ravages causés par ce fléau, toujours actuel. Nous avons enfin saisi que Dieu avait un dessein de miséricorde et de bonté à nous proposer… Alors, quelle est notre réponse ? J’espère : la disponibilité !

C’était l’attitude qu’a prise Adam après sa faute, l’attitude de Noé, d’Abraham, de tous les justes de l’Ancien Testament, de la Vierge Marie, tout particulièrement. Ce sera aussi la bonne disposition des apôtres en face de l’appel de Dieu, et celle des saints du Nouveau Testament. Quand Bernadette entendra Marie lui demander Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant 15 jours ? elle répondra par un oui franc, auquel elle restera fidèle malgré toutes les épreuves.

Dans quelques jours, le carême va commencer et nous entendrons l’appel de l’Eglise à la pénitence des chrétiens. Pour y répondre généreusement, commençons, dés maintenant, à pratiquer la disponibilité. Disponibilité à son conjoint, à ses enfants, à ses parents, à sa paroisse, les occasions ne manquent pas d’assouplir notre volonté et préparer notre offrande au Seigneur !

Pratique : la disponibilité

Lundi 25 février : De la férie

Le troisième tableau de notre temps de la Septuagésime est celui d’Abraham le croyant, et tout spécialement l’épisode du sacrifice de son fils Isaac. Cette page étonnante de la Bible nous révèle les intentions de Dieu sur l’homme pécheur. Dieu dit (à Abraham) : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai… Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! ». L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

A cette époque où se pratiquaient les sacrifices humains rituels, Dieu marque une franche rupture : Lui ne veut pas la destruction des hommes ni le sang versé ! Lui est un Dieu de vie et de bonté ! Puisqu’il faut un sacrifice pour effacer le péché des hommes, un autre sera désigné, un nouvel agneau, qui viendra aussi portant le bois sur son dos et consentira à mourir pour que nous vivions. Voici donc les enseignements décisifs de ce temps de la Septuagésime : Au delà du péché des hommes, la bonté de Dieu brille toujours, le croyons-nous ? Sommes-nous prêts à aller chercher ce salut que le Seigneur nous a préparé ?

Pratique : Offrons au Seigneur nos peines de la journée en réparation de nos fautes.

Dimanche 24 février : dimanche de la Sexagésime

Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, après avoir entendu la parole avec un cœur noble et bon, la gardent et portent du fruit grâce à la constance   Tiré de l’Evangile du dimanche.

En ce dimanche de la sexagésime, la liturgie nous donne à méditer sur la parabole du semeur. Et c’est relâche pour les prédicateurs puisque Jésus explique Lui-même cette parabole ! Ainsi la semence est la parole de Dieu et le terrain représente les cœurs des hommes, plus ou moins bien disposés à recevoir le Seigneur, et qui donnent du fruit en conséquence…

Cette parabole de Notre Seigneur nous permet de comprendre l’histoire du monde, où plutôt les deux histoires du monde : La première histoire est la vie du champ. Elle nous est bien connue, car elle remplit nos journaux et nos livres d’histoire : Les guerres, les renversements de pouvoir, les puissances d’asservissement, de jouissance et de violence. Cette histoire semble d’ailleurs aujourd’hui dominer le monde et y apporte régulièrement son lot de misères… Et puis il y a la deuxième histoire, l’histoire fabuleuse de la graine. Un semeur est venu voici 2000 ans, il était Dieu venu sur terre. La graine qu’Il semé toute simple, discrète, portée par quelques apôtres, a rendu la terre merveilleusement féconde. On verra des hommes changer, abandonner l’appétit de jouissance, de possession, de violence pour se mettre à la suite du divin modèle apparu sur la terre. Les saint Paul, saint Antoine, saint François d’Assise, et tant d’autres, laisseront à ceux qui veulent bien voir, un exemple d’une vie lumineuse et joyeuse. Il n’y a pas que le monde qui soit un champ de bataille, c’est aussi le cas de nos cœurs. Nous qui avons reçu cette graine, qu’allons nous en faire ?

Pratique : Relire l’Evangile de ce dimanche