Mercredi 20 décembre : Mercredi des quatre-temps de l’Avent

Encore la crèche…

L’idée géniale de saint François d’Assise va faire école dans toute la chrétienté ! Bientôt on dressera la crèche dans toutes les églises avec, pour des raisons évidentes de simplicité, des personnages qui remplaceront les êtres vivants et les animaux. Plus tard, des églises, la crèche va migrer dans les familles. En France, il semble que cette évolution soit due à la Révolution dite Française ! En effet, comme en ce temps-là les crèches, comme toutes les cérémonies catholiques publiques, étaient interdites, les fidèles dressèrent alors chez eux la crèche, et depuis elle y est restée…

Un exemple très typique de notre culture est la crèche provençale qui met auprès de l’Enfant-Jésus les santons (« petits saints », en opposition aux grandes statues d’églises…) : les personnes du village, toutes concernées par Noël… Ainsi le Maire tout comme le Curé, le tambourinaire et le Boumian, sans oublier lou ravi, le simple tout émerveillé de ce qu’il voit, viennent offrir leurs hommages à l’Enfant-Dieu.

Il est touchant de voir que la famille, ce premier et dernier sanctuaire de notre vie, et notre soutien dans les difficultés, a tout naturellement accueilli la crèche. Que Jésus qui voulut naître dans une famille, nous donne de savoir remercier pour nos familles, et travailler à leur bonheur.

Pratique : Faire quelque chose pour notre famille.

Mardi 19 décembre : De la férie

La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonitide, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; au temps des grands prêtres Anne et Caïphe… Luc, chapitre 3.

Avec ce passage de l’Évangile du quatrième dimanche de l’Avent, évoquons le troisième avènement du Seigneur : sa venue sur la terre la nuit de Noël. Cela faisait des millénaires qu’on l’attendait… Depuis Adam, le premier péché et la promesse, en passant par les patriarches, les juges, les prophètes, et toute la longue histoire d’Israël. Au jour choisi par le Père, à un moment de notre histoire et en un lieu précis, l’envoyé de Dieu, le Messie, va venir parmi nous, nous allons pouvoir le découvrir. Et ce sera l’émerveillement de Noël !

Nous avons gardé la marque de cet émerveillement à travers la tradition des crèches. C’est à l’exceptionnelle sensibilité de saint François d’Assise que nous devons ces crèches. Il avait bien lu l’Évangile qui disait que le soir de Noël, l’enfant Jésus qui venait de naître fut couché dans une crèche parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Luc 2. Une pauvre mangeoire pour accueillir le Seigneur venu sur la terre ! D’après Celano, son biographe, il disait : Je veux évoquer le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dés son enfance. Je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin entre un bœuf et un âne. Il réalisa donc la première crèche vivante le 24 décembre 1223 à Greccio en Italie. C’est François qui prêcha à la Messe ce soir là, parlant avec tendresse du Bambino de Bethléem, et émerveillant tout le monde. Un assistant crût alors voir un enfant endormi dans la crèche se réveiller à l’approche de François. Et Celano de remarquer : L’Enfant Jésus était, de fait endormi dans l’oubli au fond de bien des cœurs…

François avait l’intelligence des saints. Il savait que nous avions besoin de voir… Il savait aussi qu’en faisant cette crèche, nous comprendrions de suite que le Seigneur était venu dans la réalité de notre monde, et pour chacun de nous. Et qu’alors, sans doute, les cœurs s’ouvriraient à la tendresse de Dieu…

Pratique : Lire le chapitre 2 de saint Luc (jusqu’au verset 20), devant une crèche.

Lundi 18 décembre : De la férie

Voici notre deuxième conte…

Elles s’en vont, Ninon, Ninette, Nina, jupette rouge et bonnet pareil, six petits sabots claquant sur la terre gelée. – Vite, vite, les sœurettes, car le jour baisse, dit Ninette, la plus sage. – Vite, vite, répond Ninon, la plus ardente, car un grand travail nous attend. – Vite, vite, murmure Nina, la plus douce, car Mère a dit qu’on ne s’attarde pas. » Et les six petits sabots martèlent en chœur : « Vite, vite, vite, vite, les petites sœurs. » Mais que c’est donc lourd, tout ce qu’elles portent, les sœurettes !… Et encombrant, donc !… Elles en ont plein les poches, et plein le giron, dans les mains, dans les bras et jusque sous le menton… Il y a du gui, de la mousse, du houx, du lierre, de la paille, du foin et du sapin… À peine voit-​on, dans toute cette verdure, trois frimousses rondes et rouges comme des pommes d’api, éclairées de blanches quenottes et de petits yeux de souris… « Elle sera belle, notre crèche… – Et grande, donc… avec un toit de paille craquante… et des nids de mousse dans le rocher ; un grand sapin derrière, une touffe de houx sur le côté, du lierre qui grimpe jusqu’au toit… – Et puis un râtelier de carton pour l’âne de saint Joseph et le gros bœuf rouge et blanc… – Ce sera beau    – Ce sera grand !…  – Jésus sera bien !… » Sur les lèvres mouillées, trois sourires s’accentuent ; et les petits yeux noirs arrêtent un instant leur danse scintillante pour fixer leur rêve… « Hâtons-​nous, voyons, petites sœurs !… » Or, les petits sabots, las de tout ce chemin – clac… clac… clac… – les petits sabots traînent un peu : les sœurettes sont fatiguées… Elles se sont donné tant de mal pour trouver toutes ces choses l’une après l’autre… Mais quel triomphe et quelle joie de les rapporter ce soir… Clac, clac, clac, les petits sabots en reprennent de l’ardeur, et les menottes avides serrent un peu plus ces trésors sur les cœurs. * * * « S’il vous plaît, mes petites filles, le chemin de la chapelle Saint-​Loup ? » Une femme est devant elles, un peu courbée sous la grande cape noire qu’elle tient bien close. « La chapelle Saint-​Loup ?… Par là !… » lance Ninon distraitement, avec un geste de la tête pour montrer le grand chêne et tout ce coin-​là… Elle est déjà passée. Elle n’a même pas regardé la femme : elle ne songe qu’à la crèche qu’elle veut faire « plus belle que celle des autres ». Comment donc entendrait-​elle l’humble requête de la dame : « Ne sauriez-​vous, enfants, me conduire jusque là ? » Ninette aussi est passée ; mais elle entend encore et se retourne à demi : « C’est impossible, ma pauvre dame : il nous faut rentrer avant la nuit ; et puis nous sommes chargées… et lasses donc… Nous avons couru bien loin pour chercher de quoi faire notre crèche, voyez-​vous… et ce soir, il nous faut l’arranger, car cette nuit, c’est Noël, vous savez. – Je sais… murmure l’inconnue, je sais… Mais je suis si lasse, moi aussi… et je ne connais pas le chemin. » Ninette veut bien être polie, mais elle songe à sa crèche et s’impatiente : cette femme, après tout, elle est embêtante… « Si j’avais le temps, je ne demanderais pas mieux, Madame ; mais ce soir, je vous le dis, c’est impossible. » Là-​dessus, tournant les talons, sans même la regarder, Ninette l’abandonne et court pour rattraper Ninon : il faut bien qu’elles fassent leur crèche, voyons… Nina, elle, a levé ses beaux yeux pour chercher ceux de la dame ; et elle a vu qu’ils étaient clos… « Oh, pauvre dame, vous n’y voyez plus ! murmure-​t-​elle avec compassion, je vais vous conduire. » Le visage de l’inconnue se détend. « Merci ! » dit-​elle doucement. Et elle allonge la main pour chercher à tâtons celle de l’enfant. Alors, Nina-​la-​plus-​douce abandonne sur le chemin tous les trésors qu’elle serrait farouchement sur son cœur et conduit l’aveugle à pas précautionneux, veillant à lui signaler ornières et cailloux. « Tes sœurs vont faire la crèche sans toi !… N’as-tu nul regret, mignonne ? » Une ombre éteint le regard de Nina : elle s’était promis tant de bonheur à faire cette crèche !… Elle voyait déjà où on mettrait la mousse et le houx, et ce petit creux de rocher où glisserait un brin de lierre… Elle voyait si bien !… Elle se promettait tant de plaisir !… Et puis, voilà !… cette femme était passée… Mais avant de répondre elle secoue sa petite tête pour la déli­vrer de cette amertume : « Chut !… dit-​elle en souriant, je ne me le suis pas encore demandé, car Maman dit qu’il faut d’abord faire son devoir, et chercher seulement après si cela vous accommode… » Un radieux sourire éclaire le visage de l’aveugle. Cependant, elle se tait et Nina peut lui dire en confidence :  « Je garde précieusement deux pervenches trouvées à l’abri d’une haie : j’apporterai tout de même quelque chose à la crèche… » Mais elle n’achève point ; elle ne dit pas que ces deux fleurs, écloses malgré l’hiver, sont précieuses à ses yeux d’enfant comme une terre nouvelle aux yeux de qui la découvre. Elle n’a point le temps de dire ces choses-​là, car elle a vu, soudain, l’inconnue ployer sous le poids mystérieux du fardeau qu’elle tient caché sous sa mante… « Donnez, Madame ; confiez-​moi votre charge… » La Dame s’est arrêtée : « Saurais-​tu le porter, mignonne ? – Ah ! je suis petite, mais mes bras sont solides. Et puis, ajoute-​t-​elle avec un léger soupir, s’il le faut, je laisserai bien aussi mes deux pervenches afin d’avoir mes deux mains libres pour vous aider… » Déjà la délicieuse petite fille tend ses deux mains vides, et l’inconnue, doucement, écarte son vêtement… Ses yeux s’ouvrent… son regard tendrement posé sur l’enfant diffuse une lumière caressante… « Noël !… Noël !… » chantent en sourdine les anges, mystérieusement venus des quatre coins de l’horizon. Et, des mains de la Vierge, Nina reçoit l’Enfant-Jésus dans ses bras… … Le doux Petit Jésus qui sourit et tient dans ses doigts les deux pervenches de Nina.

Rose Dar­dennes.

Pratique : lire le conte…

Dimanche 17 décembre : 3° dimanche de l’Avent

Et vous, comment faites-vous ?

Moi, à chaque fois que je vais me confesser, je dis la phrase rituelle : Bénissez moi mon Père, parce que j’ai péché ! Sans voir – jusqu’à peu de temps – combien elle est incongrue… Pécher n’est déjà pas terrible, mais demander une bénédiction pour cela, c’est un vrai scandale ! Je crois qu’il n’y a qu’en Jésus-Christ, et dans l’Esprit Saint, qu’on peut dire cette phrase en vérité…

Gaudete ! Gaudete ! nous dit la liturgie de ce dimanche, réjouissez-vous en tous temps, chrétiens ! Pourquoi ? Parce que Jésus est venu sur cette terre, et qu’il nous a sauvés. Un océan d’amour et de pardon est maintenant au-dessus de nos têtes, à disposition. Et comme de paisibles rentiers aux comptes bien remplis, nous savons que l’amour du Seigneur est inépuisable et que son pardon est déjà acquis à celui qui veut se donner la peine de le chercher… Si je sais cela, alors je peux confesser l’amour de Dieu avant de confesser mes péchés, et dire en vérité : bénissez-moi, mon Père parce que j’ai péché ! Apportez-moi l’amour et le pardon que le Seigneur m’a gagné !

Le monde païen était celui de la crainte : les mythes anciens s’interrogent fiévreusement sur la destinée humaine… L’ancien monde juif était dans l’espérance : un Sauveur doit venir, mais cela restait futur… Le monde chrétien est celui du salut et de la joie. Ne l’avons-nous pas oublié par habitude ?

 Pratique : Penser à sourire aujourd’hui…

Samedi 16 décembre : Saint Eusèbe

Ô Orient, splendeur de la Lumière éternelle et Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort!        Antienne O du 21 décembre

La liturgie de demain nous amènera une nouveauté : les grandes antiennes  » O !  » Chaque jour à Vêpres, depuis aujourd’hui jusqu’au 24 décembre, ceux qui récitent le bréviaire disent une courte phrase (une antienne) qui redit l’émerveillement de l’Église devant la venue de l’Enfant-Dieu. O Emmanuel… ! O Sagesse… ! O Adonaï… ! Il y a une antienne différente chaque jour mais commençant toujours pas le « O » de l’admiration…

Avons nous bien conservés notre admiration devant le Seigneur ? Voilà quelques années, j’enseignais la foi à un jeune issu d’une famille athée et d’un quartier difficile, et qui se préparait pourtant au baptême. Un jour qu’il était éprouvé, il me dit que depuis qu’il se préparait au baptême, tout allait mal dans sa vie ! Avant il vivait comme il voulait, maintenant il devait faire des efforts contre ses défauts. Son « amie », n’acceptant pas son chemin de foi, l’avait quitté. Il devait encore subir l’incompréhension voire l’hostilité de son milieu professionnel, et les catholiques n’étaient pas toujours fraternels à son égard ! « la totale » comme disent les jeunes aujourd’hui… Je lui demandait alors s’il avait envie de renoncer à son baptême. Immédiatement, il me dit avec conviction : non! et ses yeux exprimaient qu’il n’aurait voulu pour rien au monde abandonner la vérité qu’il avait entrevue, ni renoncer à l’émerveillement qui était le sien devant l’amour du Seigneur pour lui…

A l’approche de Noël, l’esprit d’émerveillement nous gagne. Ce n’est pas tant les cadeaux et les décorations qui sont importants, c’est plutôt la famille, les amis, le sentiment qu’une vraie douceur peut exister dans nos vies. Accueillir cet émerveillement, c’est accueillir le sourire de l’Enfant-Jésus qui se pose sur l’humanité !

Pratique : Prions aujourd’hui pour tous les membres de la famille, surtout les plus isolés et les plus éprouvés.

Vendredi 15 décembre : De la Férie

Et voilà notre premier conte de Noël !

C’était à Bethléem à la pointe du jour. L’étoile venait de disparaître, le dernier pèlerin avait quitté l’étable, la Vierge avait bordé la paille, l’enfant allait dormir enfin. Mais dort-on la nuit de Noël?… Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eut-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, Si vieille et Si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus. En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait! L’âne et le bœuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles. La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël?… Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance. La vieille alors se pencha sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver. Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant. Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le bœuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas. Cela encore dura bien longtemps. Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent. Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !). Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui.

Jérome et Jean Tharaud

Jeudi 14 décembre : De la férie

En cette deuxième semaine de l’Avent, parlons de la venue de Jésus-Christ dans nos âmes.

C’est un sujet bien mystérieux pour la majorité des chrétiens… Tout le monde comprend facilement le bien et le mal, le jugement après la mort… Mais que le Seigneur habite en nos cœurs, que nous puissions être intime avec lui… cela est bien mystérieux, et fait même peur… Beaucoup pensent aussi que c’est là une chose réservée aux mystiques, et qui ne correspond pas à nos conditions de vie quotidienne. Cependant le Seigneur disait à tous dans l’Évangile : Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte derrière toi, et prie ton Père dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra ! N’attend-il pas cette intimité avec nous ?

Si vous voulez vivre cette intimité avec Dieu, pas d’autre solution que d’apprendre à prier personnellement ! Comme le saint curé d’Ars l’enseignait… à ses paysans : Vous avez un petit cœur, mais la prière l’élargit et le rend capable d’aimer Dieu…
Ce ne sont ni les longues, ni les belles prières que le bon Dieu regarde, mais celles qui se font du fond du cœur, avec un grand respect et un véritable désir de plaire à Dieu…
Combien un petit quart d’heure que nous dérobons à nos occupations, à quelques inutilités, pour prier, lui est agréable…    Osez honnêtement me dire que vous n’en êtes pas capables !

A la prière, jointe à la pratique des sacrements, ajoutez aussi un peu de retrait du monde par le silence et la lecture de bons livres (la vie des saints, par exemple), et vous aurez tous les ingrédients d’une vraie vie spirituelle. Vous vivrez alors un vrai Avent : l’ouverture de votre âme au Seigneur si souvent délaissé sur cette terre… Ah, une dernière chose : c’est le premier pas qui coûte !

Pratique : un temps de prière personnelle

Mercredi 13 décembre : Sainte Lucie

Sainte Lucie est une vierge sicilienne de la ville de Syracuse, morte martyre au 3ème siècle, sans doute lors de la persécution de Dioclétien. Le bréviaire nous rapporte qu’après avoir obtenu la guérison de sa mère, elle distribua ses grands biens aux pauvres. Apprenant cela, celui à qui on l’avait fiancée contre son gré la dénonça comme chrétienne. On la persécuta alors longuement pour qu’elle renonce à sa foi, mais elle resta fidèle et mourut d’un coup d’épée…

Cependant, il faut remarquer que les enseignements du bréviaire reposent sur les Actes de sainte Lucie, lesquels semblent de peu de valeur historique… En revanche, son culte est attesté très anciennement : nous la prions au Canon romain dans une suite de vierges martyres : Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile et Anastasie… ce qui indique l’immense popularité de ces vierges martyres auprès des premiers chrétiens.

Et connaissez-vous la raison de cette dévotion ? C’est que les premiers chrétiens étaient émerveillés de voir des femmes, réputées fragiles et soumises, tenir tête aux plus durs traitements pour rester fidèles à la foi en Jésus-Christ ! Ils voyaient à travers elles le signe de la naissance d’un monde nouveau, caractérisé par la force de l’Esprit-saint et la liberté intérieure des enfants de Dieu. Las ! Aujourd’hui, il nous est trop souvent donné de voir des baptisés vivant exactement comme des païens, et rejeter toute obligation morale prêchée par l’Église… Lucie, reviens ! Reviens expliquer aux chrétiens d’aujourd’hui le triste esclavage qu’ils risquent, et la fierté d’être des baptisés !

Pratique : Aujourd’hui faisons notre devoir quotidien avec courage.

Mardi 12 décembre : De la férie

Puisqu’aujourd’hui c’est le jour de sa fête, nous parlerons de Notre Dame de Guadalupe.

Nous sommes au Mexique, un samedi 9 décembre 1531. Un indien pauvre de 57 ans, Juan Diego, baptisé quelques année auparavant, se rendait de Tolpetlac, où il logeait, à Mexico pour y fréquenter l’église et suivre son cours de catéchisme. Il arrive près de la colline de Tepeyac, au nord-ouest de Mexico quand il entendit une musique ravissante venant de la colline. Il se dirige vers le sommet de la colline et voit une dame resplendissante de lumière qui lui dit : Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines… Juan Diego doit aller porter ce message à l’évêque… lequel ne se presse pas d’obéir ! La sainte Vierge renverra Juan Diego à l’évêque trois fois encore, et pour la dernière apparition, le 12 décembre, elle lui demandera, comme preuve, de prendre dans son Tilma (habit pauvre) des magnifiques roses qui fleurissaient là miraculeusement en plein hiver. Quand Juan Diego ouvrit son Tilma devant l’évêque, les fleurs tombèrent à terre et on vit apparaitre l’image de la dame du Ciel sur le pauvre vêtement…

Après les apparitions il y eut un formidable mouvement de conversion : 10 ans plus tard, 9 millions d’indiens sur 12 étaient devenus catholiques ! La chapelle demandée fut bâtie, et accueille encore chaque année quelque 10 millions de pèlerins, ce qui en fait le premier sanctuaire marial au monde. Elle conserve le Tilma de Juan Diego, miraculeusement conservé 481 ans après les faits, et arborant toujours l’image de la Vierge dont l’impression sur le tissu défie toute explication scientifique…

En ce temps de l’Avent, prions beaucoup la sainte Vierge. Qu’Elle nous conduise à Jésus !

Pratique : Aujourd’hui nous veillerons à prier Notre-Dame de Guadalupe

Lundi 11 décembre : Saint Damase

Celui qui met un frein à la fureur des flots, Dont la force donne la vie à la graine qui sommeille, Qui délivra Lazare des chaînes de la mort, Et rendit son frère à Marthe au bout de quatre jours. Le Christ, c’est là ma foi sincère, me ressuscitera des morts, moi Damase. Épitaphe composée pour lui-même par le pape saint Damase

Damase naquit à Rome au début du 4ème siècle. Après avoir longtemps servi la papauté, il fut lui-même élu pape en 366 et il règnera jusqu’en 384. L’époque de Damase est celle de la paix pour l’Église après trois siècles de persécution. Damase se révèlera un grand travailleur au service du rayonnement de l’Église ! Il luttera tout d’abord contre l’hérésie arienne, puissante à son époque. Ensuite il voudra établir un texte sûr pour les saintes Écritures, et il chargera saint Jérôme de ce travail qui aboutira à la célèbre Vulgate latine toujours utilisée de nos jours. La liturgie de l’Église devait être aussi particulièrement soignée ! Damase fixera qu’on dise le Gloria Patri à la fin de chaque psaume, qu’on chante ces mêmes psaumes en deux chœurs alternés, et il introduira l’Alléluia à la Messe. Enfin il entoura de soin les dépouilles des martyrs, recherchant leurs dépouilles, les faisant ensevelir dans dignes tombeaux, et ornant de vers leurs sépultures. Il mourut presque octogénaire et fut enseveli dans l’église saint Laurent in Damaso, construite par ses soins.

Le culte des martyrs est aussi ancien que l’Église, et un saint Damase a profondément vénéré ces chrétiens impressionnants qui donnaient leur vie plutôt que de renier leur Seigneur… J’ai eu la chance de croiser récemment la route de chrétiens de ce calibre : des catholiques chinois qui me racontaient simplement qu’ils allaient bientôt rentrer chez eux et qu’ils risquaient la prison car ils appartenaient à l’Église clandestine… Ils s’étonnaient de voir en France des catholiques peu solidaires les uns des autres, et qu’il fallait presque forcer pour assister à la Messe, alors que chez eux on demandaient aux catholiques de n’assister qu’à une Messe pour laisser la place aux autres… Si de tels exemples pouvaient nous convertir !

Pratique : Soyons particulièrement fidèles à nos résolutions de prières de ce temps de l’Avent.