Jeudi 28 février : De la férie

Pendant que nous parlons, le temps jaloux s’enfuit.    Horace, Odes.

Pour finir février, mois de 28 jours, parlons de la valeur du temps !- Dans mon église de Carnoules, se trouve un autel des défunts en marbre noir portant un médaillon avec un sablier. Le message est clair : ce que sont les morts nous le seront bientôt, question de temps… Quoi de plus certain que le fin de nos vies ? Première leçon sur le temps : Il s’enfuit, salutaire méditation.

Memento mori (souvient toi que tu vas mourir) aimaient à dire les chrétiens des temps anciens, reprenant la phrase qu’on disait, parait-il, aux généreux romains victorieux. Deuxième leçon : ce temps qui passe nous emmène vers notre mort et fixera notre éternité, sachons nous y préparer !

Carpe Diem (Profites du jour présent), une fois n’est pas coutume, je cite encore ici Horace, poète latin païen qui vécut avant la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais fut beaucoup lu chez les chrétiens. On trouve souvent cette phrase ambigüe sur des cadrans solaires. Que voulait dire Horace ? Bien loin d’une incitation à la débauche, il souhaitait que l’on vive bien, à fond, le moment présent, le seul à notre portée. Et comme cette pensée est chrétienne ! Si le seigneur me donne un jour de plus c’est pour quoi ? Sinon pour me laisser le temps de me convertir…

Pratique : Ne pas perdre de temps

Mercredi 27 février : saint Gabriel de l’Addolorata

le monde passe, et sa concupiscence avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Tiré de l’épitre de la fête de saint Gabriel de l’Addolorata

François Possenti naquit à Assise, le 1er mars 1838, il était le 11ème de 13 enfants ! Sa famille est aisée, mais est bientôt frappée par la tristesse du décès de la mère à 43 ans. Sa mère a éduqué François dans la piété et un grand amour de la sainte Vierge, cependant la première partie de sa vie, sans être gravement mauvaise, conciliait l’amour du monde et du paraître, avec le service de Dieu… Mais bien tôt l’heure de Dieu arrive et s’impose à ce fringuant garçon : Le 22 août 1856, François participe à une procession de la sainte Vierge quand il voit la Madonne de l’image portée en procession le regarder avec tendresse et lui dire : Petit François, le monde n’est plus pour toi, il te faut entrer en religion ! François obéit et rentre dans l’ordre des Passionistes, dévoué à la méditation et la prédication des souffrances du Seigneur. Comme il aime particulièrement la sainte Vierge, son nouveau nom de religieux sera Gabriel de l’Addolorata (de la Vierge des douleurs). En six ans de vie religieuse, son ascension spirituelle sera impressionnante, et il émerveillera tout le monde par la profondeur de sa dévotion à la Vierge des douleurs. Il mourra de la tuberculose, en restant paisible, le 27 février 1862, à l’âge de 24 ans… Il est appelé « le saint du sourire ».

L’amour de la sainte Vierge en aura sauvé des chrétiens ! Pour saint Gabriel ce fut l’ascenseur qui le fit arriver à la sainteté… Croyons-nous vraiment en sa tendresse pour nous ?

Pratique : Penser un moment aux souffrances de la sainte Vierge… pour nous !

Mardi 26 février : De la férie

Au cours de la septuagésime, délicatement, à la manière de ce Dieu qui laisse l’homme libre pour de vrai, l’Eglise nous a mené en face d’une décision. Nous avons constaté l’existence du péché originel dans ce monde et en nous-mêmes. Nous avons vu les terribles ravages causés par ce fléau, toujours actuel. Nous avons enfin saisi que Dieu avait un dessein de miséricorde et de bonté à nous proposer… Alors, quelle est notre réponse ? J’espère : la disponibilité !

C’était l’attitude qu’a prise Adam après sa faute, l’attitude de Noé, d’Abraham, de tous les justes de l’Ancien Testament, de la Vierge Marie, tout particulièrement. Ce sera aussi la bonne disposition des apôtres en face de l’appel de Dieu, et celle des saints du Nouveau Testament. Quand Bernadette entendra Marie lui demander Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant 15 jours ? elle répondra par un oui franc, auquel elle restera fidèle malgré toutes les épreuves.

Dans quelques jours, le carême va commencer et nous entendrons l’appel de l’Eglise à la pénitence des chrétiens. Pour y répondre généreusement, commençons, dés maintenant, à pratiquer la disponibilité. Disponibilité à son conjoint, à ses enfants, à ses parents, à sa paroisse, les occasions ne manquent pas d’assouplir notre volonté et préparer notre offrande au Seigneur !

Pratique : la disponibilité

Lundi 25 février : De la férie

Le troisième tableau de notre temps de la Septuagésime est celui d’Abraham le croyant, et tout spécialement l’épisode du sacrifice de son fils Isaac. Cette page étonnante de la Bible nous révèle les intentions de Dieu sur l’homme pécheur. Dieu dit (à Abraham) : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai… Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! ». L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

A cette époque où se pratiquaient les sacrifices humains rituels, Dieu marque une franche rupture : Lui ne veut pas la destruction des hommes ni le sang versé ! Lui est un Dieu de vie et de bonté ! Puisqu’il faut un sacrifice pour effacer le péché des hommes, un autre sera désigné, un nouvel agneau, qui viendra aussi portant le bois sur son dos et consentira à mourir pour que nous vivions. Voici donc les enseignements décisifs de ce temps de la Septuagésime : Au delà du péché des hommes, la bonté de Dieu brille toujours, le croyons-nous ? Sommes-nous prêts à aller chercher ce salut que le Seigneur nous a préparé ?

Pratique : Offrons au Seigneur nos peines de la journée en réparation de nos fautes.

Dimanche 24 février : dimanche de la Sexagésime

Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, après avoir entendu la parole avec un cœur noble et bon, la gardent et portent du fruit grâce à la constance   Tiré de l’Evangile du dimanche.

En ce dimanche de la sexagésime, la liturgie nous donne à méditer sur la parabole du semeur. Et c’est relâche pour les prédicateurs puisque Jésus explique Lui-même cette parabole ! Ainsi la semence est la parole de Dieu et le terrain représente les cœurs des hommes, plus ou moins bien disposés à recevoir le Seigneur, et qui donnent du fruit en conséquence…

Cette parabole de Notre Seigneur nous permet de comprendre l’histoire du monde, où plutôt les deux histoires du monde : La première histoire est la vie du champ. Elle nous est bien connue, car elle remplit nos journaux et nos livres d’histoire : Les guerres, les renversements de pouvoir, les puissances d’asservissement, de jouissance et de violence. Cette histoire semble d’ailleurs aujourd’hui dominer le monde et y apporte régulièrement son lot de misères… Et puis il y a la deuxième histoire, l’histoire fabuleuse de la graine. Un semeur est venu voici 2000 ans, il était Dieu venu sur terre. La graine qu’Il semé toute simple, discrète, portée par quelques apôtres, a rendu la terre merveilleusement féconde. On verra des hommes changer, abandonner l’appétit de jouissance, de possession, de violence pour se mettre à la suite du divin modèle apparu sur la terre. Les saint Paul, saint Antoine, saint François d’Assise, et tant d’autres, laisseront à ceux qui veulent bien voir, un exemple d’une vie lumineuse et joyeuse. Il n’y a pas que le monde qui soit un champ de bataille, c’est aussi le cas de nos cœurs. Nous qui avons reçu cette graine, qu’allons nous en faire ?

Pratique : Relire l’Evangile de ce dimanche

Samedi 23 février : Saint Pierre Damien

accomplis avec fidélité ton service !  Tiré de l’épitre de la Messe d’un docteur

Saint Pierre Damien fut toute sa vie partagé entre un désir de solitude consacrée à Dieu et le service de l’Eglise. Né à Ravenne l’an 1007, il connut d’abord une enfance difficile marquée de grandes épreuves comme le décès de ses deux parents. Puis il se révéla éminent dans les études devenant un des plus grands écrivains de son temps. Son désir d’intimité avec Dieu le fit entrer au monastère de Fonte-Avellana, monastère regroupant des ermites et connu pour son austérité. Mais voilà qu’en 1057 le Pape le nomme cardinal évêque d’Ostie, il doit donc, avec tristesse, quitter son monastère et collaborer avec le Pape dans son souci de réformer l’Eglise des abus qui s’y étaient répandus. De nombreux succès marqueront son action, jusqu’à sa mort le 22 février 1072, il fut nommé docteur de l’Eglise pour la qualité de ses écrits.

Voulez vous quelques lignes de lui ? Moi aussi, pauvre écrivain, je souffre de ma nature excitable. Souvent la plus petite injure m’enlève la paix de l’âme. Mais quelles que soient les exigences de la colère, qu’elle fasse rage, qu’elle écume, qu’elle grince des dents, je lui refuse mon secours extérieur autant que cela m’est possible. Je ne lui donne pas ma main pour frapper. Je ne remue ni ma langue ni mes lèvres pour qu’elle ne puisse pas exhaler sa bile amère. Qu’on me fasse ce qu’on voudra, je pense ainsi : Je dois conserver en moi la patience, et ce n’est pas de la vertu des autres que je puis attendre ma récompense. Là où aucune attaque n’oblige au combat, il n’y a pas non plus de couronne de victoire. Que lui demander sinon un peu de courage ?

Pratique : Être courageux tout au long de la journée

Vendredi 22 février : Chaire de saint Pierre

Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ! Répété de nombreuses fois pendant la Messe de la chaire de Saint Pierre

L’histoire nous enseigne que dés le 3° siècle les fidèles de Rome, ou les pèlerins venus d’ailleurs, vénéraient la chaire de saint Pierre sur la voie Nomentane. C’est-à-dire un siège où saint Pierre se serait assis et qui symbolisait son autorité qui s’était exercée et fixée à Rome. Au 5° siècle est attestée une chaire de saint Pierre, cette fois au baptistère du Vatican, vénérable siège en bois recouvert de plaques d’ivoire. Cette vénérable relique fut transportée dans l’abside de la basilique saint Pierre, et enfermée à la Renaissance dans l’autel de la basilique par le Bernin !

A travers cette chaire de saint Pierre, nous fêtons l’extraordinaire cadeau de Dieu pour les hommes : l’assistance du Saint-Esprit sur son Église, et à travers saint Pierre et ses successeurs ! Grâce à ce cadeau et en restant unis à l’Église et au Pape, nous sommes sûrs de garder la vraie foi, d’appartenir au Royaume de Dieu, et d’être sous l’influence du Saint-Esprit. Quelle assurance précieuse dans notre monde si instable et souvent si inquiétant !

Pratique : Une prière pour le Pape

Jeudi 21 février : De la férie

Après Adam et la réflexion sur le péché originel, le temps de la septuagésime évoque le patriarche Noé et l’épisode du déluge. Et c’est une histoire d’une violence extrême… et pleine d’enseignements ! Le Seigneur vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal… C’est ainsi que commence l’épisode ! Non seulement le mal est dans le cœur de l’homme, créant méchanceté et malheur, mais ce mal gagne du terrain de jour en jour et augmente en pouvoir néfaste, c’est un cancer ! Voici bien la deuxième leçon à méditer pour nous : le mal en nous, qui n’est pas combattu, se développe, et devient de pire en pire. Terrible loi !

Le récit biblique continue, implacable : … le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur. Et le Seigneur dit: J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. Dans le chapitre des mauvaises nouvelles, en voici une autre : Les péchés des hommes attirent sur eux la colère de Dieu, manifestée par le châtiment qu’ils méritent ! Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur. (Livre de la Genèse ch. 6). Enfin un élément plein d’espérance ! Dieu ne se résout pas à tout ce mal. Ce n’est pas simplement nous qui désirons nous en sortir, le Seigneur va agir !

Aux jours de Noé… les hommes mangeaient, buvaient, et se mariaient, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Puis le déluge arriva, qui les a tous fait mourir… dira plus tard Jésus (Luc, ch. 17) Nous avons compris la leçon… Et sommes prêts a nous bouger pour gagner l’arche et le royaume de Dieu !

Pratique : Réfléchissons sur les efforts que le Seigneur nous indique pour ce carême.

Mercredi 20 février : De la férie

Nous profiterons des quelques jours de férie prochains pour parler de la spiritualité de notre temps : le temps de la septuagésime.

Avec le dimanche de la septuagésime, l’Eglise change de langage : Elle revêt la couleur violette pour les ornements en signe de tristesse, et on supprime l’alléluia, le chant de joie. Pour autant on n’est pas encore entré dans le carême… La liturgie ne parle pas encore de pénitence, mais elle médite d’abord sur le péché d’Adam et Eve et le triste état dans lequel il nous a laissé ! Bien plus grave que les maladies, les catastrophes naturelles et les crises économiques, il y a cette blessure dans le cœur de l’homme, ce péché originel, d’où viennent les meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes au témoignage de notre Seigneur Lui-même… Il nous faudra donc vivre boiteux et dans un monde blessé, marqué par le péché… Pourquoi insister là-dessus, au risque de nous faire tomber dans le cynisme ou la révolte ?

Pour que naisse au fond de nous une grande attente : on ne peut pas en rester là ! Un peu comme la sainte Vierge osait dire à sainte Bernadette, avec un triste visage en regardant la foule : Priez Dieu pour la conversion des pécheurs !

Pratique : Réciter posément un acte de contrition

Mardi 19 février : de la férie

Pour terminer notre série sur Lourdes, voulez-vous quelques chiffres ?

– La sainte Vierge avait demandé un église de pèlerinage, on construira trois basiliques, celle de l’Immaculée-Conception (capacité 700 personnes) qui surplombe la grotte, celle, en-dessous, de Notre Dame du Rosaire (capacité 1500 personnes), et celle, souterraine, de saint Pie X pouvant contenir plus de 10.000 personnes. – le pèlerinage, demandé par Notre-Dame, est toujours vivace, c’est le premier pèlerinage européen à Marie : On compte plus de 6 millions de pèlerins annuels, et plus de 500 kilos de cierge brulés. – Et les miracles ? A Lourdes, la sainte Vierge guérit les âmes, mais aussi les corps ! Devant l’afflux de guérisons extraordinaire, l’autorité religieuse décida de fonder à Lourdes un bureau médical, composé de médecin de toutes croyances, chargé d’enregistrer les guérisons inexplicables sur des critères très stricts. Ce bureau dénombrait, avant 2003, 6.000 déclarations de guérisons. Sur ces guérisons environ 2.000 pouvaient être considérées comme miraculeuses. Cependant, l’église, très prudente, sur cette multitude de cas a reconnu et déclaré officiellement seulement 69 miracles. Le dernier de ces miracles a été attesté en février 2018 !

Pour ceux qui veulent bien voir, l’action de Marie est toujours là dans le monde. Elle continue d’apporter les grâces à nos âmes, l’espoir sur nos routes, et la douceur à nos vies… si, du moins, nous lui ouvrons la porte !

Pratique : Ce que la sainte Vierge nous a demandé bien souvent : prier le chapelet !