Dimanche 20 janvier : 2ème dimanche après l’Epiphanie

Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant !

Cana est l’histoire d’une noce ratée, une noce prête à sombrer dans la tristesse car le vin vient à manquer. Marie le remarque finement, et Elle pousse Notre Seigneur a intervenir. Le Seigneur va alors faire un miracle et changer l’eau en vin.

…Et vous trouvez cela normal, vous ? Mettre ainsi la puissance divine au service d’un simple ennui domestique ! Et pourquoi donc saint Jean nous rapporte-t-il cet épisode mineur, voire mesquin  ? Saint Jean nous répond très clairement quand il écrit : Jésus fit ici son premier signe ! Le miracle de Jésus est donc un signe, une indication importante pour nous… Et le grand signe de Cana c’est le vin ! Ce vin qui manquait si cruellement dans notre monde marqué par la tristesse : tristesse de l’absence de Dieu, tristesse du péché : une vraie flotte ! Maintenant, le vin va couler en abondance (Six jarres, cela fait tout de même quelque 600 litres…) et une joie exubérante sera proposée au monde !

En un mot, discrètement, à Cana Jésus vous invite à ses noces et à goûter son vin nouveau, qu’en dites-vous ? N’apportez rien, un peu d’amour suffira ! L’entrée est libre, le vin à volonté, à consommer sans modération…

Pratique : La confession, au moins mensuelle, est-elle acquise ? Sinon, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Samedi 19 janvier : De la sainte Vierge au samedi.

Puisque nous avons fêté Antoine il y a deux jours, et parlé des apophtegmes, je profiterai d’aujourd’hui pour vous en proposer un autre, venant d’Abba Pambo (Abba est le titre qu’on donnait aux Pères du désert) :

Athanase, l’archevêque d’Alexandrie, supplie Abba Pambo de quitter le désert pour venir à Alexandrie. Alors Abba Pambo descend. Il rencontre une actrice et il se met à pleurer. Ses compagnons lui demandent : Pourquoi pleures-tu ? Abba Pambo répond : Je pleure pour deux raisons : l’une, c’est parce que cette femme est perdue ; l’autre, c’est parce que mon désir de plaire à Dieu est moins brûlant que son désir à elle. En effet, elle cherche beaucoup à plaire aux hommes dépravés.

Inutile, je pense, d’expliquer ce que l’Abba appelait une actrice ! Pambo ne la méprise absolument pas, mais il souffre de voir l’état dans lequel son âme est plongé. Et il pleure… Ce qui faisait pleurer les saints, ce n’était pas la perte d’un triple A dans l’économie, ni une baisse du compte en banque, mais plutôt le mal dans le monde et aussi sa propre tiédeur. Quand donc verrons-nous clairement où sont les vrais drames ? Et quand donc commencerons-nous à aimer Dieu comme Il veut être aimé ?

Pratique : Pensons a réparer par une prière les misères morale que nous croiserons au cours de la journée.

Vendredi 18 janvier : de la férie

Dieu qui corrigez ce qui est erroné, rassemblez ce qui est dispersé, et gardez ce que vous avez réuni, nous vous prions de répandre avec clémence la grâce de votre union sur le peuple chrétien, afin que rejetant la division et s’unissant au vrai Pasteur de votre Église, il puisse dignement vous servir. Oraison de la Messe pour l’unité de l’Église.

Dans le calendrier liturgique traditionnel, nous commençons en ce jour la neuvaine de prières pour l’unité de l’Église. Le sens de cette prière pour l’unité de l’Église est très clair : l’Église catholique demande au Seigneur que tous les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont baptisés et qui reconnaissent Jésus-Christ comme le Sauveur de l’humanité, rejoignent la grande famille catholique. Il ne s’agit pas de « faire du chiffre » pour que l’Église soit plus puissante, mais de souhaiter que les hommes trouvent le vrai royaume de Dieu sur la terre, et aient accès au trésor de grâces qu’il contient.
Nous devons donc faire cette neuvaine :
– par charité : Comment ne pas souhaiter ardemment à nos frères chrétiens de trouver l’Eglise catholique ?
– par vérité : nous avons le devoir de ne pas cacher la vérité, c’est-à-dire que Dieu appelle tous les hommes à entrer librement dans l’Église catholique.
– par esprit de service : l’unité est une grâce de Dieu. Nous l’obtiendrons si nous nous convertissons et devenons des vivants témoins de Jésus-Christ dans notre monde.
Ut unum sint ! Qu’ils soient un ! Ainsi Jésus priait son Père…
Si c’est le souci de son Cœur, c’est aussi le notre !

Pratique : la neuvaine pour l’unité de l’Église. On pourra prendre l’oraison ci-dessus ou encore n’importe quelle prière.

Jeudi 17 janvier : saint Antoine du désert (jour des apparitions de Pontmain en 1871)

Si tu veux être parfait, va et vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres…

Saint Antoine, dit « du désert », vivait en Egypte au 3ème siècle. Il fut l’un des tout premiers, à la suite d’une parole de l’Évangile (Si tu veux être parfait, va et vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres), à se retirer de la société pour vivre dans la solitude du désert, avec Dieu seul. Sa réputation fut telle qu’il attira bientôt à sa suite des milliers d’autres ermites qui peupleront les déserts d’Égypte. On les appellera les « pères du désert », et ils auront une grande postérité spirituelle à travers leurs « apophtegmes » (conseils de sagesse donnés par un ancien) qui nous ont été conservés.

Comment ne pas vous donner aujourd’hui un apophtegme d’Antoine ? Abba Antoine dit : Je vis tous les filets de l’ennemi déployés sur la terre, et je dis en gémissant : Qui donc passe outre ces pièges ? Et j’entendis une voix me répondre : l’humilité ! Puissance médiatique antichrétienne, promotion de la débauche, abandon de la foi, tout comme Antoine, nous pourrions être aujourd’hui effrayés devant la puissance des « filets du diable » ! Qui pourrait oser affronter cela ? Antoine nous réponds : Celui qui est humble ! Si je me méfie du mal, et que je le garde à distance autant que possible. Si, grâce à la prière, j’appuie ma fragilité sur la force de Dieu. En un mot, si je suis humble, alors la victoire est pour moi, et, à la suite d’Antoine, je pourrai faire de ma simple existence une belle louange au Seigneur et une lumière pour mes frères en humanité !

 Pratique : Aujourd’hui veillons à plus écouter les autres qu’à parler nous-mêmes.

Mercredi 16 janvier : saint Marcel 1er

Marcel Ier fut Pape pendant la dernière grande persécution contre l’Église au début du IVème siècle. L’empereur Maxence le combla d’outrages, le forçant à garder les bêtes des écuries impériales dans une grande saleté, ce qui finira par causer sa mort. Le bréviaire nous mentionne que, tout en gardant les bêtes qu’on lui avait attribuées, saint Marcel dirigeait par lettres les paroisses qu’il ne pouvait visiter autrement.

Cette anecdote me plaît bien. Quand je pense qu’on entend souvent dans nos pays occidentaux qu’aujourd’hui il n’y aurait rien à faire, que ce serait difficile de transmettre la foi… Mais qu’est-ce qui nous empêche d’être missionnaires ? Il n’y a pas de kalachnikov pour nous menacer, pas d’empire puissant pour nous persécuter ! Nos barreaux à nous sont malheureusement dans nos têtes et notre faible foi, ce qui est nettement plus ennuyeux… car, comme le disait Gustave Corçao citant Chesterton : Il est plus facile au tigre de quitter les barreaux de sa cage que ceux de sa peau… Marcel convertis-nous !

Pratique : Nous pratiquerons aujourd’hui quelques sacrifices. Car celui qui sait être fidèle dans les petites choses le sera dans les grandes !

Mardi 15 janvier : saint Paul 1er Ermite

Le saint Paul que nous fêtons aujourd’hui naquit en Égypte au 2ème siècle. Devenu orphelin de père et de mère à l’âge de 15 ans, il quitta le monde et se retira dans le désert pour prier Dieu plus profondément. Il persévèrera ainsi jusqu’à sa mort, peut-être le 15 janvier 347, à l’âge de 113 ans ! Malgré son éloignement volontaire, nous connaissons quelques détails de sa vie grâce à la visite que lui rendit saint Antoine du désert peu de temps avant sa mort. Saint Antoine, en effet, était tourmenté par une tentation d’orgueil : n’était-il pas le premier à avoir tout quitté pour suivre Dieu au désert ? Dieu l’envoya alors visiter saint Paul qui l’avait en fait précédé sur ce chemin. La liturgie, pourtant habituellement discrète, décerne donc à saint Paul le titre glorieux de « premier Ermite ». Saint Paul qui devinait sa fin prochaine demanda à saint Antoine la faveur d’être enterré dans la manteau de saint Athanase. Il manifestait ainsi que sa vie de prière avait puissamment servi celui qui avait si vaillamment défendu la foi catholique.

Nous admirons les ermites, ces vaillants athlètes, même s’il n’est pas question, pour la plupart d’entre nous, de suivre leur exemple ! C’est d’ailleurs une vocation très rare… Mais avons nous compris ce qu’ils veulent nous dire ? Que la prière est la nourriture de notre âme ! Allons-nous nous y mettre ? Que la prière fait vivre toute l’Église ! Sommes-nous prêts à y travailler ? Que la prière ouvre la porte du Ciel ! Et si nous entrions ?

Pratique : Un temps de silence au cours de la journée, pour ne pas oublier le regard de Dieu sur nous…

Lundi 14 janvier : saint Hilaire

On peu lire sans aucun risque les livres d’Hilaire. Saint Jérôme.

Saint Hilaire fut un immense évêque de Poitiers au IV° siècle. Très connu pour son admirable éloquence, il fut aussi un des maîtres de saint Martin. La grande œuvre de sa vie fut la lutte contre  les ariens, des hérétiques qui reconnaissaient en Jésus un  homme sublime envoyé de Dieu, mais refusaient de reconnaître sa divinité. Son courage et sa pugnacité lui valurent des persécutions et l’exil, mais il débarrassa la Gaule de l’hérésie.

Enfin, débarrassa… Malheureusement, à chaque époque où la foi s’affaiblit et où le matérialisme avance, on commence à douter de la présence du surnaturel dans le catholicisme, et on voit renaître des nouveaux ariens. Et pour dire vrai, notre époque en est infestée ! Quand, par exemple, on ne témoigne que peu de vénération pour l’Hostie consacrée,  quand on traite l’Église catholique comme une institution sociale comme les autres, et qu’on dit qu’il est inhumain d’imposer le célibat aux prêtres, on est virtuellement arien… Que le Seigneur donne alors à tous ses enfants une foi immense et forte, une confiance totale en Lui qui guidera toujours son Église, et enfin la force de témoigner par leur vie, de la vérité de Dieu venu sur la terre !

Pratique : Soignons nos prières du matin et du soir, celles où l’on met sa journée sous le regard de Dieu.

Dimanche 13 janvier : 1er après l’Épiphanie, fête de la sainte Famille

Je me souviens d’une petite image, toute naïve, montrant l’Enfant-Jésus dans les bras de Marie, avec la légende suivante : C’est si bon d’avoir une maman que le Bon Dieu a voulu en avoir une ! Sans trop vouloir coller à l’actualité, on ajouterait volontiers aussi un papa, d’ailleurs… A travers la naïveté de ce texte, se trouve une vérité immense : la famille est l’école de l’amour. C’est au sein d’une famille qu’on découvre l’amour généreux des parents, la délicatesse des époux, la couleur propre de l’amour masculin et féminin, ces deux facettes de notre humanité, si nécessaires l’un et l’autre pour structurer un petit d’homme. Comme la famille est précieuse ! Pour marquer cette valeur essentielle de la famille et pour la sanctifier aussi, notre Seigneur Jésus-Christ a voulu venir sur la terre au sein d’une famille… Les chrétiens aimeront ainsi, au cours des siècles, imaginer la joie de vivre et la douceur des relations entre Jésus, Marie et Joseph. De cette dévotion est née notre fête de la sainte famille, modèle de toutes nos familles.

Cependant l’Evangile de ce jour (Luc 2) nous rapporte un épisode douloureux de la sainte famille avec la disparition de Jésus et l’inquiétude de ses parents. Jésus conclut l’épisode de manière étonnante : Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Si belles que soient nos familles ici-bas, elles ne sont pas parfaites, mais annoncent une autre famille, une autre maison qui est la notre : la maison du Père, la maison du bonheur parfait. A notre époque de crise de la famille, et de souffrances nombreuses, nous sommes ainsi invité à regarder plus haut, à dépasser ce qui sera toujours trop humains et charnel sur cette terre, pour rejoindre en espérance le Seigneur qui est parti nous préparer là-haut une place…

Pratique : Prions pour toutes les familles, particulièrement pour celles qui sont éprouvées.

Samedi 12 janvier : de la sainte Vierge au Samedi

Puisqu’on ne le fêtera pas dimanche, évoquons l’épisode du baptême de Jésus-Christ. A cette occasion, nous dit l’Évangile, les cieux s’ouvrirent et l’Esprit-Saint descendit sur Jésus sous la forme d’une colombe. L’Esprit-Saint atteste en ce jour que Jésus est Celui qui est envoyé, son ministère public va pouvoir maintenant commencer. Dans l’évangile de la fête, on en parle beaucoup de ce Saint-Esprit : Jésus est Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer… Mais c’est aussi Celui qui baptise dans l’Esprit-Saint… Ceux qui voudront suivre Jésus seront « baptisés dans l’Esprit-Saint », c’est-à-dire lavés, illuminés, renouvelés, par la puissance de ce Saint-Esprit !

Comprenons-nous bien la grâce immense de notre baptême ? Une illumination du Saint-Esprit en notre âme ! Une illumination qui efface le péché originel, donne la grâce de Dieu et rend membre de l’Église, comme le dit le catéchisme. J’aimerais pouvoir expliquer cela à cette immense masse de baptisés indifférents, à ceux aussi qui revendiquent la radiation de leur baptême, aux chrétiens fidèles aussi, qui n’arrivent pas à comprendre la beauté de la vie chrétienne, si enthousiasmante… Comme le soleil qui se lève un matin d’hiver faisant fondre la glace et resplendir la campagne, un jour le Saint-Esprit a illuminé mon âme, l’a fait entrer dans la famille de Dieu et l’a orienté vers le ciel sa vraie patrie… Finalement je crois que je raconterai cette parabole au prochain baptême qu’on me demandera. Je ne sais pas encore ce que je verrai alors dans les yeux des assistants, mais au moins ils auront été ainsi conduits en vérité au pied de la montagne de Dieu…

Pratique : Une prière particulière pour ceux de notre famille qui auraient oublié la grâce de leur baptême.

Vendredi 11 janvier : de la férie

Terminons aujourd’hui nos commentaires sur la vie cachée du Christ. Nous avons parlé du silence du Christ et de son travail, disons un mot de son obéissance : L’Évangile est formel : après que Marie et Joseph aient retrouvé Jésus au temple, ils sont retournés à Nazareth, et là, Jésus leur était soumis (Luc 2, 51)! Saint Bernard, commentant ce passage, s’étrangle presque devant le spectacle insolite du Seigneur Jésus-Christ obéissant à des simples hommes ! Mais aussitôt après, il exhorte les chrétiens à apprendre eux-mêmes à obéir, en suivant le magnifique exemple laissé par le Christ.

Avouons-le ! L’obéissance, ne nous plaît pas beaucoup, à nous qui vivons dans ce monde épris de liberté… A croire que la vieille histoire d’Adam et Eve ne nous a pas rendus sages : Vous serez comme des dieux… nous y croyons encore ! malgré la vue glaçante des malheurs que la désobéissance a causé sur la terre. Jésus Lui, par les actes plus que par les paroles, nous remets sur le bon chemin : celui de l’obéissance à notre Père, et à ceux qui tiennent légitimement sa place pour nous ici-bas.

Ainsi le découvrit le jeune moine Jean Colobos qui était disciple d’Abba Amonas. Un jour, l’Abba planta un bâton dans le sol et demanda à Jean de l’arroser quotidiennement. Ce que fit Jean, et voilà qu’au bout de trois ans le bâton se mit à fleurir à produire un fruit ! le vieil Amonas prit ce fruit, le porta à l’église et dit à tous les frères : Prenez, mangez le fruit de l’obéissance… (rapporté par les anciens textes des Pères du désert). Je ne sais pas si, en obéissant, nos bâtons fleurirons, mais je sais le fruit que nous obtiendrons : la paix de l’âme !

Pratique : Essayer d’agir au cours de notre journée, comme le Seigneur l’aurait fait