Dimanche 11 novembre : 25ème après la Pentecôte, 5ème après l’Épiphanie…

Laissez-les croître jusqu’à la moisson…

C’est un peu fort de café, cette histoire ! Dans l’Évangile de ce jour, une parabole que Notre Seigneur nous raconte pour nous faire comprendre les mystères du Royaume de Dieu, le monde est décrit comme un champ dans lequel ont été répandu de bonnes puis de mauvaises graines. Et quand on demande au Maître du champ, le Seigneur, ce qu’il faut faire de tout cette mauvaise herbe qui menace d’étouffer le froment, Il répond : Laissez-les croître jusqu’à la moisson…

Tout de même ! Que notre monde soit comme un champ bouleversé, un vrai champ de bataille, est assez évident. Que la mauvaise graine soit bien présente et qu’elle étouffe consciencieusement ceux qui veulent le Royaume de Dieu, c’est tous les jours qu’on le constate… Mais qu’il faille laisser tout en l’état en attendant la fin du monde ! Comment accepter une telle parole ?

Et pourtant… si détruire tout le mal parait attrayant, le Seigneur nous a averti du danger de cette tentation fondamentaliste : Vous risqueriez d’arracher le bon grain avec l’ivraie… Avec de tels raisonnements, nous aurions bien vite lapidé sainte Marie-Madeleine et le bon larron, en plus de la femme adultère… Et avec des tels raisonnement qui subsisterait ? qui peut prétendre être absolument un bon grain ? Que les bons supportent donc les méchants , nous dit saint Augustin, mais que les méchants se convertissent et imitent les bons ! … et pour arriver aux jours heureux, ne blasphémons point en traversant les jours malheureux. Alors, est-ce vraiment le grain de bonté, le Royaume de Dieu, qui pousse en nous ?

Pratique : Aujourd’hui, nous veillerons à éviter toute plainte.

Samedi 10 novembre : saint André Avellin

Lancelot Avellin naquit à Castronuovo en Lucanie, en 1521. Après des études de droit, il fut ordonné prêtre, et devint avocat pour les causes ecclésiastiques. Mais, un jour, un léger mensonge lui échappa au cours d’une plaidoirie. Alors, se souvenant du verset de la Bible : La bouche qui ment donne la mort à l’âme, il résolut de quitter une si dangereuse charge, pour se dévouer au salut des âmes, et devint religieux dans un ordre nouvellement fondé et fervent : l’ordre des Théatins. C’est là qu’il prit le nom d’André, et il fut un modèle de fidélité, d’humilité, et de dévotion à la sainte Vierge Marie. Il se dévoua de manière extraordinaire, dans tout le royaume de Naples pour convertir les pécheurs et amener les chrétiens à une vie fervente. Le Seigneur manifesta à tous l’ardente charité de ce prêtre à travers le miracle suivant : un soir de vent et de forte pluie où saint André rentrait d’avoir assisté un mourant, la lumière de sa lanterne s’éteignit… Le corps d’André se mit alors à briller, indiquant le chemin, et, au terme de la route, ni lui ni ses compagnons ne furent mouillés ! Sa mort fut vraiment surprenante : il eut une crise d’apoplexie au début de sa Messe en disant ces paroles : Introibo ad altare Dei ! Je monterai à l’autel de Dieu ! C’était le 10 novembre 1608, et saint André Avellin était âgé de 87 ans.

Dans les ancienne églises, l’autel est souvent surélevé, et la voute au-dessus est abaissée. Les anciens symbolisaient ainsi que sur l’autel se rencontraient le Ciel et la terre ! La mort de saint André Avellin nous rappelle la même chose : la Messe est ce qui nous introduit au Ciel, elle devrait être au cœur de notre vie… Nous le savons bien, mais alors… pourquoi tant d’églises restent vides, et tant de Messes sans grande assistance ? Pas le temps ?… Ou pas l’envie réelle de s’approcher du Seigneur ?

Pratique : Si l’on ne peut assister à la Messe aujourd’hui, on veillera au moins à désirer communier à une Messe qui se célèbre (Ce qu’on appelle la communion spirituelle).

Vendredi 9 novembre : dédicace de l’Archibasilique du Très saint Sauveur

Ce lieu est terrible : c’est la maison de Dieu et la porte du ciel, et on l’appellera la demeure de Dieu. (Introït de la fête de la dédicace)

Cocorico ! C’est aujourd’hui un jour de fierté française, puisqu’on célèbre la dédicace de l’Archibasilique du Très Saint Sauveur, appelée aussi basilique du Latran, à Rome. Fierté disais-je, puisque cette Église, qui se pare de l’auguste titre de Mère et maîtresse de toutes les églises, est spécialement sous protectorat de la France !

Fierté vraiment ? Ne nous le cachons pas… si cette basilique, offerte à l’Église par la piété de l’empereur Constantin, a été mise sous la recommandation de notre pays, c’est en hommage à la mission – habituellement remplie depuis Clovis – de protéger l’Eglise… Qu’en reste-t-il ? Pas grand chose aujourd’hui, puisque notre pays est dominé par une laïcité agressive et une indifférence religieuse crasse… France, fille aînée de l’Eglise, qu’as-tu fait de ton Baptême ?

Fierté toujours ? A voir les églises, oratoires, calvaires, croix de missions, qui parsèment nos contrées, on se dit que le Seigneur a béni la terre de nos ancêtres ! Hélas… tant de ces édifices sont aujourd’hui en ruines, détruits, abandonnés, profanés… quelle honte pour nous, incapables de faire au moins survivre l’héritage de nos pères ! Et nous, avons nous souvent posé des actes publics de foi ? Avons nous jamais pensé a dresser un oratoire, une statue, une Croix, sur nos maisons et nos terrains ? Celui qui aura rougi de moi, le Fils de l’homme rougira de lui quand il viendra dans la gloire… Lc 9,26.

Pratique : Nous veillerons aujourd’hui à bien faire la prière d’action de grâce, avant et après le repas.

Jeudi 8 novembre : de la férie

La nature se pare des couleurs d’automne. La pluie, le vent, la grisaille, tout nous parle du monde qui passe et qui est en quête de renouvellement. La liturgie de l’Église est à l’unisson de la nature, en nous faisant penser aux âmes du purgatoire. Elles aussi sont en quête de renouvellement ! Si nous sommes touchés de leur sort, n’oublions pas ce qui, selon toute la tradition de l’Église, peut leur faire le plus de bien : faire célébrer des Messes !

Dans ses dialogues encore, sainte Grégoire le grand raconte l’histoire du moine Justus qui avait secrètement gardé trois écus d’or, en opposition à son vœu de pauvreté. Grâce à la bonté de son frère Copiosus à qui il avait avoué sa faute, il s’était repenti, mais il mourut peu après. La faute ayant été connue de tout le monastère, saint Grégoire le fit enterrer à l’écart dans une fosse aux immondices avec ses trois écus ! Mais pris de compassion le saint ordonna à l’économe Pretiosus de faire célébrer des Messes pour le repos de son âme. Ce que fit Pretiosus, et, un soir, il eut la surprise de voir son frère Justus lui apparaitre et lui dire qu’il était admis dans la société des saints. On compta les jours où la Messe avait été dite à son intention et on vit qu’au bout de trente jour son âme avait été libérée du purgatoire ! Depuis, dans tous les monastères bénédictins et chez bien des fidèles, on fait célébrer des trentains de Messes pour ceux qui nous ont quittés…

St Jean Bosco, de son coté, raconte l’histoire de ces deux prêtres amis qui avaient fait la promesse de dire une Messe pour le repos de l’âme de celui qui mourrait en premier. Or l’un des deux mourut un soir. Le lendemain matin l’autre célèbre la Messe promise, et il voit son ami partir pour le paradis en lui disant : Mais pourquoi as-tu tant tardé ! …

Pratique : Ne tardons pas à faire célébrer des Messes pour nos défunts.

Mercredi 7 novembre : de la férie

Visite guidée du purgatoire ! Je ne sais pas si les tour-opérateurs, qui recherchent les destinations les plus exotiques ont jamais pensé à celle-là ? Permettez-moi, alors, le temps d’un mot spirituel, de vous emmener dans ce lieu bien mystérieux, guidés par une sainte qui eut des lumières particulières sur la question : sainte Catherine de Gènes.

Dans son traité du purgatoire, elle décrit l’incroyable différence entre la vie de ces âmes et la nôtre. Sans mauvais jeu de mot, on pourrait résumer ainsi sa pensée : au contraire de notre monde, dans le purgatoire, il n’y a pas de tiédeur ! – Ici-bas nous sommes tièdes dans nos idées, ne voyant pas très clairement le vrai et le faux. Dans le purgatoire, les âmes savent parfaitement où est la vérité ; sainte Catherine nous dit qu’elles choisissent elles-mêmes d’aller au purgatoire, car elles ne voient que trop qu’elles ne sont pas prêtes pour la vision de Dieu ! – Ici-bas nous sommes tièdes dans nos résolutions de progrès. Pour les âmes du purgatoire, l’attente de voir Dieu est une immense faim, nous dit notre sainte. – Ici-bas nous sommes inconstants dans les efforts, paresseux pour faire le bien. Dans le purgatoire les âmes souffrent terriblement mais joyeusement, car tous savent que c’est la volonté de Dieu, que le moment de la joie parfaite approche…

Saint Catherine imagine encore la prédication que pourrait nous donner une de ces âmes : Il me vient une envie de crier avec une telle force que sur la Terre tous les hommes en seraient épouvantés. Je leur dirais: « malheureux, pourquoi vous laissez-vous aveugler à ce point par le monde? A cette nécessité si pressante où vous vous trouverez au moment de la mort, vous n’avez aucun souci de vous préparer! Vous vous abritez tous sous l’espérance de la miséricorde divine. Elle est si grande, dites-vous. Mais vous ne voyez pas que cette bonté de Dieu tournera à votre condamnation puisque c’est contre la volonté d’un si bon maître que vous aurez agi. » Et si les âmes du purgatoire nous convertissaient ?

Pratique : continuons nos visites de cimetière pour les défunts.

Mardi 6 novembre : de la férie

Visiter un cimetière nous remplit de sagesse, n’est-ce pas ? Bien des choses que nous désirons fortement, ou au contraire, qui nous paraissent impossibles à supporter, paraissent bien futiles devant une tombe… Nous franchirons un jour nous-mêmes cette mystérieuse porte de la mort, et nous entendrons alors la franche question évangélique : rends compte de ta gestion ! Quelle sera la sentence ? Si d’autres sont au purgatoire, pourquoi y échapperai-je moi-même ?

Impossible de répondre à cette question puisque le Seigneur s’est réservé ce jugement. Mais ce que nous savons, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir fait de grandes choses pour aller tout droit au ciel, mais il faut avoir été fidèle à son devoir quotidien. Saint Grégoire le grand a consacré le quatrième livre de ses dialogues au sort des âmes après la mort. Il nous y raconte l’histoire touchante de Mursa, la petite servante (Dialogues IV, 17) : Celle-ci vit en songe la Vierge Marie entourée de petites filles de son âge. La sainte Vierge lui demanda si cela lui plairait de venir vivre avec Elle. Mursa répondit qu’elle le voulait bien. La Vierge demanda alors, pendant un mois, de ne pas se comporter de façon superficielle, ni perdre son temps. Ce que fit Mursa bien fidèlement. Un mois après, elle tomba malade, puis revit la sainte Vierge qui l’invita à venir auprès d’elle. Mursa mourut en disant ces simples paroles : Volontiers, bienheureuse Vierge, je viens ! Volontiers bienheureuse Vierge, je viens !

Pratique : Aujourd’hui nous éviterons toute superficialité et perte de temps.

Lundi 5 novembre : de la férie

Nous évoquerons aujourd’hui des saintes reliques dont c’est la fête en plusieurs diocèses…

Je pense souvent à mes grands-parents défunts, à leur courage, à la foi qui les habitait, au bien qu’ils ont fait… Un meuble, une image, une photo, tout ce qui me les rappelle m’est précieux. Et moi que laisserai-je derrière moi ? Un bon souvenir ? Une vie qui parlera de grandeur, de beauté, de Dieu… ? Dans ce monde, où nul n’est une ile, mais ou nous sommes responsables les uns des autres, la question mérite d’être posée…

Les saints, proches ou lointains, ont laissé une magnifique lumière au monde, et leurs restes, leurs reliques sont précieuses aux chrétiens. J’aime la minuscule église du St Curé d’Ars, où il a passé des heures à confesser les âmes en quête de lumière. J’aime le cachot insalubre de sainte Bernadette, où elle recevait même les grands de ce monde qui voulaient savoir ce qu’avait dit au monde la belle dame. J’aime aussi les quelques cheveux de sainte Thérèse que j’ai la joie de posséder, ils symbolisent si bien la vie toute donnée de la petite carmélite de Lisieux. Nous qui sommes des êtres de chair, aimons et vénérons pieusement ces souvenirs qui, chacun à leur manière, nous parlent du Royaume de Dieu. D’autres l’ont conquis avant nous !

Pratique : Un pèlerinage, au moins en pensée, auprès de notre saint préféré.

Dimanche 4 novembre : 24° dimanche après la Pentecôte – Textes du 4° dimanche après l’épiphanie

…voici que la mer devint très agitée, au point que la barque était couverte par les vagues : lui cependant dormait.

J’ai toujours été surpris par ce récit de la tempête apaisée tel que nous le rapporte l’évangile de ce jour, le chapitre 8 de saint Matthieu. Imaginez un peu ! Le bateau qui tangue, les apôtres terrorisés, le vent qui souffle en tempête, et Jésus dort !!? J’ai subi autrefois la traversée de la mer d’Irlande par ferryboat sur une mer agitée, je peux vous garantir que personne ne pouvait dormir ni ne dormait ! Et pourtant, l’évangile nous dit que Jésus dort…

N’y a-t-il pas là en vérité une bonne leçon pour les apôtres… et nous-mêmes ? Comme si Jésus criait : Comprenez que vous ne pouvez pas vous sortir des dangers de ce monde sans le Sauveur ! Et c’est une leçon humiliante pour nous : C’est seulement en face des épreuves que nous comprenons cela et que nous commençons à changer ! Combien de fois faudra-t-il nous répéter ces vérités éternelles ? Notre monde qui ne veut pas de Dieu est dans la tourmente ; au bout de quel poids d’épreuves se tournera-t-il vers Dieu ? Notre Eglise ressemble à un bateau en difficulté, comme l’avait rappelé Benoît XVI, jusqu’à quelle extrémité faudra-t-il aller pour que nous nous convertissions ? Si la sagesse pouvait nous venir…

Pratique : Fixer un rythme de prière à garder à l’année

Samedi 3 novembre : de la sainte Vierge au samedi

O Dieu, qui accordez le pardon et qui aimez à sauver les hommes, nous demandons à votre bonté que, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous vos Saints, vous accordiez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes qui sont morts, de parvenir au séjour de la béatitude éternelle. (Oraison pour les 2ème et 3ème Messes du 2 novembre)

Dans l’Église de mon petit village provençal de Carnoules, comme dans bien d’autres églises, on trouve un autel consacré aux âmes du purgatoire… C’est un autel de marbre où le noir domine, surmonté d’une belle statue de la Vierge Marie debout, les bras levés au Ciel, implorant pour les âmes des défunts. Derrière cet autel, il y a un tableau encore plus explicite, où la sainte Vierge, à genoux cette fois, indique au Seigneur portant la Croix, les pauvres âmes du purgatoire. Et, comme Jésus ne peut rien refuser à Marie, un petit ange plonge pour tirer par le poignet l’une d’entre elles pour l’emmener dans le Paradis !

Nos ancêtres avaient une immense tendresse et confiance envers la Vierge Marie… Ils savaient, par exemple, que Marie venait chercher le samedi qui suivrait leur mort tous ceux qui porteraient son scapulaire.  Ils confièrent alors particulièrement à Marie leurs défunts, en l’appelant du doux nom de Notre-Dame de bonne délivrance. Plus près de nous, mais dans le même esprit, une sainte Faustine eut la vision de la sainte Vierge en train de consoler les âmes du purgatoire… Comme il est émouvant de voir que la bonté de Marie s’étend aussi sur cette lugubre partie de l’au-delà ! Prions fidèlement la sainte Vierge pour nos morts…

Pratique : Une visite au cimetière, en priant la Vierge Marie pour les défunts.

Vendredi 2 novembre : Commémoraison de tous les fidèles défunts

Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis ! Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle brille pour eux !

L’usage de célébrer des Messes pour les défunts est très ancien dans l’Église, il est attesté dès le 5ème siècle. Mais c’est saint Odilon, 4ème abbé de Cluny, qui décida en 998 de célébrer le 2 novembre, une commémoraison de tous les fidèles défunts. Grâce à l’immense influence de Cluny, cette fête s’étendit bientôt dans toute la chrétienté. La liturgie des défunts est tout simplement magnifique ! D’abord on ne cesse d’invoquer la miséricorde de Dieu sur ceux qui sont partis : Quia pius es ! Parce que vous êtes bon (Seigneur) ! Ensuite la plupart des textes se réfèrent à l’idée paisible qu’avaient les premiers chrétiens de la mort : un passage vers le repos éternel ! Voila pourquoi cette Messe, bien chantée, apporte autant de paix à ceux arrivent chargés de la tristesse de la séparation.

La liturgie entoure encore la dépouille des défunts d’un grand respect, tout comme dans une famille, dit saint Augustin, on respecte les souvenirs légués par les anciens ! Occasion pour moi de vous inviter à réprouver absolument la coutume barbare de la crémation… Enfin l’Eglise nous demande de penser aux âmes du purgatoire ! Peut-être que des membres de notre famille, des amis que nous avons connus, se trouvent en ce lieu de purification ? Par les indulgences, nos prières ont une merveilleuse puissance pour les délivrer, qu’attendons nous pour leur porter secours ?

Pratique : Nous veillerons aujourd’hui à visiter un cimetière en priant pour les défunts.