Vendredi 24 mars : de la férie

  1. LA PIÉTÉ DE NOTRE SEIGNEUR

Elle devait être magnifique la piété de Jésus ! D’ailleurs saint Luc (ch. 11) rapporte qu’un jour où les disciples cherchaient Jésus, ils le trouvèrent à l’écart en prière. Et c’était tellement beau, tellement profond comme spectacle qu’ils n’osèrent pas le déranger. Une fois sa prière achevée, Jésus se leva, et les disciples alors lui demandèrent : Maître, apprends-nous à prier !

Autant le dire tout de suite, pour Jésus, la prière n’est pas vraiment un sacrifice, c’était sa respiration… Je ne devrais donc pas en parler, en soi, dans cette mini-retraite sur le thème du sacrifice ! Mais j’en parle parce qu’elle est souvent pour nous un sacrifice…

Quand je vois mes enfants du catéchisme les yeux fermés en train de prier de tout leur cœur, je me demande bien quel diable peut quelquefois rendre mes prières d’adulte si distraites ou difficiles ! Mais il est consolant de voir que sainte Thérèse d’Avila, carmélite, faisait souvent, elle aussi, ce qu’elle appelle elle-même l’oraison de la pendule… (c’est-à-dire qu’elle n’arrêtait pas de regarder la pendule pendant l’heure réglementaire de prière !). Donc pas de découragement en la matière ! Juste un peu de foi pour se souvenir que ce sont les moments les plus précieux de la journée, les plus riches. N’attendons pas le Ciel pour le comprendre !

Pratique : Ne pas oublier de prendre un court instant devant Dieu avant chacune de nos prières.

Jeudi 23 mars : de la férie

4. LA PAUVRETÉ DE JÉSUS

Il nous paraît assez évident que Jésus a vécu ce sacrifice de la pauvreté. Le fils de Dieu venu sur terre avait bien autre chose à faire que d’accumuler les deniers ! Mais l’insistance de Notre Seigneur sur la pauvreté est franchement troublante : Il répète qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, que bienheureux sont les pauvres en esprit, qu’il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux… Et ne va-t-il pas jusqu’à dire simplement aux orgueilleux pharisiens : Donnez et tout est pur pour vous ! … L’aumône comme remède universel pour retrouver la pureté du cœur !

Il y a là un mystère spirituel. Je ne prétends pas vous l’expliquer complètement (après tout, il est bon de vous laisser chercher à ce sujet… vous verrez, c’est plus passionnant que les mots croisés et les sudoku ), mais il me semble que celui qui pratique le don et vit la pauvreté commence infailliblement une vraie conversion. On peut jeûner pour des raisons de santé ou de poids ; on peut lutter contre la paresse pour être plus performant, on peut éviter la colère pour ne pas se faire des ennemis, mais se détacher de l’argent et donner aux pauvres (de manière discrète, bien entendu) ne peut être intéressé. C’est un signe du royaume de Dieu ! Tout à fait à notre portée!

Pratique : la générosité.

Mercredi 22 mars : De la férie

  1. LA GENEROSITE DU SEIGNEUR

Au quatrième chapitre de son Évangile, saint Luc raconte que l’apostolat de Jésus en Galilée était couronné de succès. Ces gens auraient voulu Le retenir chez eux, mais Jésus leur répondit :  » Il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j’ai été envoyé pour cela.  » Luc 4, 43.

On devine dans l’Évangile la conduite habituelle de Jésus : Il passait de village en village, guérissant les malades, écoutant les affligés, enseignant la parole de vérité pendant de longues heures. On imagine sans peine les sacrifices de générosité nécessaires pour vivre ainsi ! Mais on peut se demander pourquoi, dans le passage que je viens de citer, Jésus ne reste-t-il pas un peu plus, si sa parole est bien accueillie ? Moi-même si, dans une paroisse, je voyais des fruits admirables, je chercherais certainement à rester et à approfondir le boulot…

La réponse me semble simple : Notre Seigneur voulait agrandir notre cœur au souci de toute l’Église et du monde entier ! Le saint curé d’Ars, ainsi, était tout heureux des foules qui venaient à son confessionnal, bien au-delà de sa modeste paroisse. Ne mettons pas, nous-mêmes, de limite à notre générosité, contentons-nous, selon le conseil de Jésus Lui-même, de rester en tenue de service…

Pratique : Se proposer au Seigneur pour l’œuvre qu’Il voudra…

Mardi 21 mars : de la férie

Continuons de méditer les sacrifices vécus par Notre Seigneur Jésus-Christ.

  1. LES CONTRADICTIONS

Dans le prologue de son Evangile, saint Jean fait un douloureux constat au sujet de Jésus : Les siens ne l’ont pas reçu… C’est ainsi… Bien d’autres lectures de ce temps de Carême nous montrent la dérision et l’hostilité violente d’une partie du peuple juif devant Jésus. Et pourtant, Jésus n’avait-Il pas multiplié les miracles ? N’était-il pas d’une bonté parfaite ? Si, certainement…, mais les cœurs humains sont souvent des barrières plus dures que les roches des montagnes… Jésus affronte tout, cela nous encourage. Et surtout nous manifeste son incroyable amour, plus fort que tout.

Nous connaîtrons aussi ces contradictions, si du moins, nous nous soucions activement du Royaume de Dieu ! Elles ne sont pas de vrais obstacles, mais des occasions pour nous de manifester au monde l’amour fort et merveilleux de Dieu. A notre époque si peu courageuse qui a promu l’éducation sans contrainte, la liberté sexuelle sous toutes ses formes, et finalement les anxiolytiques… proclamons l’amour jusqu’au sacrifice.

Pratique : Dans son examen de conscience quotidien, ne pas oublier les lâchetés et les paresses devant le bien à notre portée.

Lundi 20 mars : Fête de Saint Joseph

La fête de saint Joseph, cette année est transférée au 20 mars à cause du troisième dimanche de Carême !

Saint Joseph est un des rares cas où je suis un peu fâché avec l’art chrétien… On représente en effet la plupart du temps saint Joseph comme un homme déjà âgé et « rangé », souvent mis en annexe et dans un coin. Alors que la Bible raconte exactement le contraire ! D’abord saint Joseph, chef de la sainte famille, la fit courageusement vivre. Ensuite l’ange ne craint pas de lui demander de prendre Jésus et Marie de nuit pour les emmener en Égypte… Joseph était un homme sur qui on pouvait (et on peut toujours) compter…

Ayant la chance d’avoir dans le Var, à 45 minutes de chez moi, le seul lieu d’apparition de saint Joseph dans le monde, permettez-moi de vous en parler un peu… Elle est très simple… Le 7 juin 1660, Gaspard Ricard, un berger, se trouve assoiffé. Il se trouve au lieu dit « Bessillon », non loin de Cotignac. D’un coup, il voit près de lui, sur un rocher, un homme qui lui dit : Je suis Joseph, enlève le rocher et tu boiras. Gaspard bougea le rocher et but, alors que 10 hommes auraient eu peine à bouger un tel rocher… Puis saint Joseph partit…

Saint Joseph, mystérieux et silencieux comme à son habitude, a aidé un simple berger à se désaltérer. Nous pouvons alors bien, nous aussi, invoquer Joseph, ce compagnon attentif et bienfaisant, pour toutes les nécessités de notre vie, causes de bien des soucis. Mais surtout pour trouver Dieu, seul capable d’étancher notre soif d’idéal et d’infini. Et si le secret de Joseph était là ? Faire courageusement le bien et se taire, pour que tous les cœurs se tournent vers le Seigneur…

Pratique : une dévotion particulière à saint Joseph en ce jour !

Dimanche 19 mars : 3ème dimanche de Carême

L’évangile de ce jour comporte deux histoires : d’abord la libération du démon muet, qui provoque le scepticisme des ennemis de Jésus. Et si tous ces prodiges venaient du mauvais ? Jésus regarde ses opposants, voit leur cœur fermé, et les prévient du danger qui les guette : Vous prétendez chercher Dieu, en cela vous avez chassé de votre âme le démon de l’impiété, mais par votre endurcissement, vous risquez une troupe de sept démons bien pire ! L’autre histoire, plus brève, est la louange de cette femme : Quelle chance d’être la mère d’un tel homme ! Jésus, là encore, voit le fond du cœur et répond : La vraie grandeur de l’homme, sa vraie fierté, est d’être disponible à la parole de Dieu…

Ces deux histoires nous montrent que le Seigneur veut surtout voir en nous de la bonne volonté pour son royaume… bon message pour le Carême, pas vrai ? Et plutôt qu’un long discours à ce sujet, je vous offre une parabole écrite par le Père Bro : « Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse qu’il venait d’épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d’un pendu. Mais quand la reine vit le condamné les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle poussa un cri et cacha sa tête dans ses mains. Prends pitié, Seigneur…
Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la Reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. Les consuls répondirent : Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie, la loi veut qu’il soit pendu. Un conseiller du roi intervint et dit que suivant la coutume de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de 1000 ducats. Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces 1000 ducats ?
Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit 800 ducats. La reine chercha dans son aumônière, elle était pauvre : elle n’y trouva que 50 ducats.
N’est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, pour sauver la vie de cet homme que 850 ducats ?
– La loi exige 1000 ducats, répondirent les consuls.
Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats.
997 ducats ! annoncèrent les consuls. Il manque encore 3 ducats.
– Pour 3 ducats cet homme sera-t-il pendu ? s’écria la reine.
– Cet homme sera pendu, répondirent les consuls, et ils firent signe au bourreau.
– Arrêtez ! s’écria la reine. Qu’on fouille ce malheureux. Il a peut-être sur lui trois ducats.
Le bourreau fouilla la culotte du pendu, il en retira trois ducats. Les consuls saluèrent la reine : Madame, cet homme est libre.
Chrétiens, l’homme qu’en ce conte vous avez vu en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité. Au jour du jugement rien ne nous sauvera, ni les 800 ducats de la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté. »        Bernard Bro

Pratique : Reprenons nos résolutions de Carême… avec courage !

Samedi 18 mars : de la férie

Après avoir décrit le sacrifice, et expliqué nos raisons de le pratiquer, nous allons étudier cette semaine le sacrifice à travers l’exemple de la vie de Jésus-Christ. On ne pourra pas tout dire, mais on donnera quelques flashes sur les dispositions intérieures de notre Maître.

  1. LA SOLITUDE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST

Il est très étonnant de remarquer, dans l’Évangile, le décalage qui existait entre Jésus et les hommes qui l’entourent ; et le sacrifice et la solitude que cela créait pour notre Maître… Saint Luc, au chapitre 9, raconte qu’on amena aux apôtres un enfant possédé. Ils essaient leur pouvoir de guérison, peine perdue, rien ne se passe ! Du coup on amène le cas au Seigneur qui s’exclame : Engeance incrédule et perverse, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je ? Et le Seigneur délivrera l’enfant… C’est vrai qu’ils étaient insupportables, ces apôtres, avec leur lourdeur, leur gloriole et leurs jalousies ! Au chapitre 12 de saint Matthieu, on remarquera un décalage semblable : on vient dire à Jésus que sa mère et ses frères veulent le voir. Et Jésus répond que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté du Père…

Chrétiens du 21° siècle, nous connaissons aussi cette solitude, ce décalage pénible entre notre foi en Dieu, et nos contemporains indifférents. Occasion de découragement ? Non ! Occasion de sacrifice et d’héroïsme pour les chrétiens à la suite de notre Seigneur. Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler !  (saint François d’Assise)

Pratique : Pratiquons la douceur avec tous.

Vendredi 17 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (6) ?

  1. POUR GAGNER NOTRE CIEL

Notre Seigneur nous rappelle extrêmement souvent le devoir de faire des efforts pour gagner notre paradis. Par exemple au chapitre 25 de saint Matthieu. On y trouve, entre autres : – la parabole des vierges sages et des vierges folles. Quand le maître reviendra, serons nous prêts pour les noces ? – la parabole des talents : Le maître qui part en voyage en laissant aux serviteurs la gestion de ses biens, mais qui espère les trouver fructifiés à son retour ! Qu’avons-nous fait des qualités que Dieu nous a accordées ? – la description du jugement dernier : d’un coté les brebis, de l’autre les boucs. C’est-à-dire que le Seigneur récompensera ceux qui auront nourri les affamés, accueilli les étrangers, vêtu les indigents, visité les malades et les prisonniers, mais pas les autres qui ne l’auront pas fait… Sommes-nous si sûr d’avoir écouté le Seigneur sur ce point ? Comment ne pas remarquer une telle insistance ?

On raconte, dans la vie des Pères du désert, qu’un d’eux avait établi sa tente à 5 kilomètres de la source où il venait boire chaque matin. Quelques années passant, il se dit en lui-même : Je devrais bien me rapprocher de la source, ainsi j’aurais moins à marcher chaque jour ! Au moment où il allait mettre son plan à exécution, il eut une vision dans le ciel : un ange qui marquait dans un grand livre en lettres d’or chacun des pas qu’il faisait en sacrifice chaque matin. Il médita un bon moment et s’en fut planter sa tente à 10 kilomètres de la source…

Notre livre est en train de s’écrire, ne l’oublions pas…

Pratique : Au moins 5 sacrifices en ce jour.

Jeudi 16 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (5) ?

POUR OBTENIR DES GRACES

Au chapitre 17 de son Évangile, saint Matthieu rapporte qu’un jour on amena aux disciples de Jésus un jeune possédé, mais ils ne purent le guérir. Jésus chassa le diable en un instant, et les disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu le chasser eux-mêmes… Jésus répondit : Ce genre de démon ne peut se chasser que par le jeûne et la prière !

C’était bien le sacrifice qui manquait aux disciples pour obtenir la grâce de Dieu ! De tous temps les saints ont su qu’il fallait faire des sacrifices si l’on tenait vraiment à une grâce importante. Le saint curé d’ars multiplia les sacrifices pour convertir sa paroisse, et à un prêtre qui venait le trouver pour lui parler du peu de fruit de son apostolat, il répondait : Avez-vous jeûné, prié, fait pénitence ? Évidemment, tout dépend de la puissance de notre désir…

Pratique : Un sacrifice pour nos prêtres, ou une personne affligée.

Mercredi 15 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (4) ?

POUR REPARER LES PECHES DU MONDE

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ? Telle fut la demande de la très sainte Vierge Marie aux enfants de Fatima lors de sa première apparition, le 13 mai 1917. C’était un appel – à des enfants ! – à une générosité particulière…

La réparation n’a pas bonne presse à notre époque. On soupçonnerait volontiers le chrétien qui s’y adonne, de se mêler de la liberté des autres, et de se croire meilleur qu’eux… Reste que la sainte Vierge, qui ne s’occupe pas beaucoup de l’avis du monde médiatique ni des opinions dominantes, nous le demande… Nous devrions donc regretter profondément le mal tel qu’il règne dans le monde et, autant qu’il dépend de nous, essayer de réparer, de faire triompher l’amour sur le mal.

Mais ne sommes nous pas un peu trop habitué à ce mal ? Une dame a raconté qu’un jour où elle se confessait au saint curé d’ars, celui-ci redoublait de larmes. Un peu étonnée, elle s’arrêta dans son accusation, et dit : Mon Père, pourquoi pleurez-vous ? Ce ne sont pas vos péchés, ce sont les miens ! Et le saint curé répondit : Je pleure parce que vous ne pleurez pas assez ! Demandons au Seigneur la grâce d’une grande tristesse des péchés de ce monde.

Pratique : Faire dire une Messe, ou au moins dire une prière, en réparation des fautes les plus graves de notre époque, tels l’avortement et la révolte contre Dieu.