Mardi 21 février : de la férie

Nous profiterons des quelques jours prochains pour parler de la spiritualité de notre temps : le temps de la septuagésime.

Avec le dimanche de la septuagésime, l’Eglise change de langage : Elle revêt la couleur violette pour les ornements en signe de tristesse, et on supprime l’alléluia, le chant de joie. Pour autant on n’est pas encore entré dans le carême… La liturgie ne parle pas encore de pénitence, mais elle médite d’abord sur le péché d’Adam et Eve et le triste état dans lequel il nous a laissés ! Bien plus grave que les maladies, les catastrophes naturelles et les crises économiques, il y a cette blessure dans le cœur de l’homme, ce péché originel, d’où viennent les meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes au témoignage de notre Seigneur Lui-même… Il nous faudra donc vivre boiteux et dans un monde blessé, marqué par le péché… Pourquoi insister là-dessus, au risque de nous faire tomber dans le cynisme ou la révolte ?

Pour que naisse au fond de nous une grande attente : on ne peut pas en rester là ! Un peu comme la sainte Vierge osait dire à sainte Bernadette, avec un triste visage en regardant la foule : Priez Dieu pour la conversion des pécheurs !

Pratique : Réciter posément un acte de contrition.

Lundi 20 février : de la férie

Pour terminer notre série sur Lourdes, voulez-vous quelques chiffres?

– La sainte Vierge avait demandé un église de pèlerinage, on construira trois basiliques, celle de l’Immaculée-Conception (capacité 700 personnes) qui surplombe la grotte, celle, en-dessous, de Notre Dame du Rosaire (capacité 1500 personnes), et celle, souterraine, de saint Pie X pouvant contenir plus de 10.000 personnes.

– le pèlerinage, demandé par Notre-Dame, est toujours vivace, c’est le premier pèlerinage européen à Marie : On compte plus de 6 millions de pèlerins annuels, et plus de 500 kilos de cierge brulés.

– Et les miracles ? A Lourdes, la sainte Vierge guérit les âmes, mais aussi les corps ! Devant l’afflux de guérisons extraordinaire, l’autorité religieuse décida de fonder à Lourdes un bureau médical, composé de médecin de toutes croyances, chargé d’enregistrer les guérisons inexplicables sur des critères très stricts. Ce bureau dénombrait, avant 2003, 6.000 déclarations de guérisons. Sur ces guérisons environ 2.000 pouvaient être considérées comme miraculeuses. Cependant, l’église, très prudente, sur cette multitude de cas a reconnu et déclaré officiellement seulement 69 miracles. Le dernier de ces miracles a été attesté en juin 2013 ! Pour ceux qui veulent bien voir, l’action de Marie est toujours là dans le monde. Elle continue d’apporter les grâces à nos âmes, l’espoir sur nos routes, et la douceur à nos vies… si, du moins, nous lui ouvrons la porte !

Pratique : Ce que la sainte Vierge nous a demandé bien souvent : prier le chapelet !

Dimanche 19 février : dimanche de la Sexagésime

Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, après avoir entendu la parole avec un cœur noble et bon, la gardent et portent du fruit grâce à la constance.   Tiré de l’Évangile du dimanche.

En ce dimanche de la sexagésime, la liturgie nous donne à méditer sur la parabole du semeur. Et c’est relâche pour les prédicateurs puisque Jésus explique Lui-même cette parabole ! Ainsi la semence est la parole de Dieu et le terrain représente les cœurs des hommes, plus ou moins bien disposés à recevoir le Seigneur, et qui donnent du fruit en conséquence…

Cette parabole de Notre Seigneur nous permet de comprendre l’histoire du monde, où plutôt les deux histoires du monde. La première histoire est la vie du champ. Elle nous est bien connue, car elle remplit nos journaux et nos livres d’histoire : les guerres, les renversements de pouvoir, les puissances d’asservissement, de jouissance et de violence. Cette histoire semble d’ailleurs aujourd’hui dominer le monde et y apporte régulièrement son lot de misères… Et puis il y a la deuxième histoire, l’histoire fabuleuse de la graine. Un semeur est venu voici 2000 ans, il était Dieu venu sur terre. La graine qu’Il a semée toute simple, discrète, portée par quelques apôtres, a rendu la terre merveilleusement féconde. On verra des hommes changer, abandonner l’appétit de jouissance, de possession, de violence pour se mettre à la suite du divin modèle apparu sur la terre. Les saint Paul, saint Antoine, saint François d’Assise, et tant d’autres, laisseront à ceux qui veulent bien voir, un exemple d’une vie lumineuse et joyeuse. Il n’y a pas que le monde qui soit un champ de bataille, c’est aussi le cas de nos cœurs. Nous qui avons reçu cette graine, qu’allons-nous en faire ?

Pratique : Relire l’Évangile de ce dimanche.

Samedi 18 février : de la sainte Vierge au samedi, en certains lieux, sainte Bernadette

La sainte Vierge s’est servie de moi comme d’un balai !  Parole de sainte Bernadette.

Le 7 janvier 1844 naquit à Lourdes Bernadette Soubirous, un an après le mariage de ses parents. Baptisée deux jours après sa naissance, elle connut dix années de vie joyeuses au moulin de Boly, que faisait tourner ses parents. A partir de 1854 les nuages s’amoncellent sur la famille avec de graves difficultés financières qui les mèneront dans un logement sordide, le cachot, pièce insalubre de 16 m². Bernadette est définitivement touchée par l’asthme. C’est à cette gamine souffreteuse de 14 ans qui ne connait pas son catéchisme que Marie choisira d’apparaître 18 fois entre le 11 février et le 16 juillet 1858. La sainte Vierge lui dira vous et aimera cette simple fille qui lui vouera une fidélité totale. Sainte Bernadette veut être religieuse et comprends que  sa vocation est d’entrer chez les sœurs de la charité de Nevers, ce qu’elle fera le 7 juillet 1866. Quitter Lourdes sera le plus grand sacrifice de sa vie, écrira-t-elle. Pendant 13 ans, sa vie religieuse sera plus semée d’épines que de roses, elle aura toujours en part la vie cachée et humble, mais fidèle. Fin 1878 sa santé décline, elle doit rester dans la chapelle blanche formée par son lit… Elle meurt le 16 avril 1879 à l’âge de 35 ans, son corps, trois fois exhumé, est découvert parfaitement intact. On peut encore le vénérer ainsi dans la chapelle des sœurs de Nevers.

Sainte Bernadette connut une réputation mondiale du fait des apparitions de Lourdes. Sa simplicité proclame encore aujourd’hui à tous que la sainte Vierge ne demande pas grand chose : Notre confiance et notre bonne volonté. Si nous pouvions, nous aussi, devenir des balais de Marie…

Pratique : être de bonne volonté au cours de cette journée.

Vendredi 17 février : de la férie

La petite fille remonte les pentes du gave en courant… Nous sommes le jeudi 25 mars. Ce matin, poussée intérieurement, elle a, par trois fois, demandé son nom à la belle dame : Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes ? Et la Vierge a répondu…, alors Bernadette court, tout en répétant les paroles de la dame, de peur de les oublier : que soy era…, que soy era… Elle se précipite chez le curé, et lui déclare tout de suite : que soy era immaculada counceptiou. Qu’est-ce que tu dis ? dit le curé, déjà énervé. Bernadette répond : La dame a dit : « que soy era immaculada counceptiou ». Le curé a un coup au cœur, il est bouleversé, lui qui est bon prêtre, et qui pousse ses fidèles à la dévotion à leur Mère du ciel. Comment une enfant si jeune et ignorante de son catéchisme peut elle dire une chose pareille ? Parler d’un dogme précisé dans l’Eglise voilà juste quatre ans… Tout était donc vrai ! Et Lourdes va commencer son rayonnement…

Sainte Bernadette décrira le geste de Marie pendant qu’Elle prononçait sa célèbre parole : La sainte Vierge leva les yeux au ciel et joignit les mains à la hauteur de la poitrine. C’est un magnificat, un remerciement au Seigneur de lui avoir tant donné. Savons nous, nous-mêmes, remercier le Seigneur de tout ce qu’Il nous donne, et aussi voir dans la Vierge de Lourdes un reflet du paradis qui nous est promis ?

Pratique : Remercier souvent le Seigneur au cours de la journée.

Jeudi 16 février : de la férie

Ce matin du 2 mars, Bernadette a une apparition brève comme souvent au cours de la quinzaine que lui a demandée la dame. Près de 3000 personnes sont présentes. Sainte Bernadette va trouver M. le curé Peyramale pour lui transmettre ce que veut cette dame, et précisément deux demandes : Vous irez dire aux prêtres de faire bâtir ici une chapelle. Au plus court, quand même elle serait toute petite, et d’y venir en pèlerinage. Cette demande provoquera la colère de M. le curé Peyramale, et l’effroi de Bernadette, peu habituée à parler aux dignitaires ! Décidément, difficile d’être messager de Dieu…

Le mot chapelle employé par Bernadette, capero, signifie une chapelle votive, c’est donc un sanctuaire de pèlerinage que demande la dame. Et le mot proucessiou désigne un pèlerinage plutôt qu’une procession… La sainte Vierge tient à ces pèlerinages, à ces manifestations publiques et ferventes de notre foi. Sur ces points la Vierge a été écoutée et obéie : ce n’est pas simplement une, mais trois basiliques qui seront construites à Massabielle, et les pèlerinages se réalisent toujours… Et nous, de quand date notre dernier pèlerinage à Lourdes ?

Pratique : Faire quelque chose pour la sainte Vierge aujourd’hui.

Mercredi 15 février : de la férie

Les deux messages des 24 et 25 février sont clairement centrés sur la pénitence. Le mercredi 24 février, d’après les témoins, sainte Bernadette écoute les paroles de la sainte Vierge et se met à pleurer. Le message de la Vierge est douloureux : Pénitence, pénitence, pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs ! Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs ! Et Bernadette de baiser la terre, de se tourner vers la foule, et de répéter : Pénitence, pénitence, pénitence ! La foule comprend et se retire. Le jeudi 25 février, Bernadette effraie tous ses fidèles… On la voit baiser la terre et boire de l’eau boueuse du fond de la grotte. Elle en ressort la figure toute barbouillée, et pour finir elle mange de l’herbe. Allez boire à la fontaine, et vous y laver, lui a dit la dame. Bernadette racontera que, ne voyant pas d’eau, elle se dirigera vers le Gave, mais Marie lui indiquera le fond de la grotte ; elle s’y rendra alors, et grattera pour trouver de l’eau bien boueuse avant que la source ne jaillisse clairement. Puis elle sera inspirée intérieurement de manger un peu d’herbe en pénitence pour les pécheurs. Plus tard on dira à Bernadette : Sais-tu qu’on te croit folle pour faire des choses pareilles ? Elle répondra : C’est pour les pécheurs…

Bien des commentateurs de Lourdes ont vu dans l’invitation de la Vierge à boire de l’eau boueuse, une occasion d’humilité pour Bernadette. Je ne le crois pas personnellement, car elle était simple et humble. En revanche, les assistants et nous-mêmes, nous ne le sommes guère… Ce signe est donc bien pour nous qui ne faisons pas pénitence et nous soucions si peu des pécheurs. Si nous pouvions voir les choses comme Marie !

Pratique : Prier et faire pénitence pour les pécheurs…

Mardi 14 février : de la férie, mémoire de saint Valentin

On ne sait presque rien de saint Valentin, prêtre romain, martyr au milieu du 3ème siècle. Une basilique en son honneur fut érigée à Rome au milieu du 4ème siècle, et il devint extrêmement célèbre – et il l’est encore aujourd’hui – comme saint patron des amoureux… qui en ont certainement bien besoin d’un !

Oserai-je vous parler d’amour, moi qui ne suis qu’un curé et qui n’y connais rien, bien entendu, comme tous les curés… Eh bien j’ose ! Et je vous pose la question que j’adresse à tous les couples que je prépare au mariage : Comment pouvez-vous promettre d’aimer toute une vie ? Réfléchissez bien : vu que l’amour ça va et ça vient, ça connaît des éclipses, des changements avec l’âge, sans compter le terrible quotidien qui use tout… cette promesse est-elle honnête ?

Elle l’est, si on comprend bien qu’il y a deux amours en nous : le premier, plus superficiel et très sensible, s’appelle plutôt le sentiment amoureux qui est assez volatil par nature. L’autre est l’amour profond, celui qui s’appelle aussi engagement fidèle quoi qu’il arrive, et don de soi. C’est celui-ci que l’Église nous demande le jour du mariage. C’est celui-ci dont parle Jésus quand il nous dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime… C’est celui qu’a vécu saint Valentin, puisqu’il fut martyr pour rester fidèle au Christ.

Nous en sommes aussi parfaitement capables, si nous le voulons… Mais où en sommes-nous de nos promesses ?

Pratique : Prier pour toutes les familles.

Lundi 13 février : de la férie

Pour les jours de férie à venir, je vous proposerai les différentes paroles de la Vierge Marie lors des apparitions de Lourdes.

Le dimanche 14 février 1858, trois jours après la première visite de Marie (le jeudi d’avant), Bernadette se sent pressée d’aller à la grotte, et viennent avec elle une douzaine de jeunes filles : c’est la deuxième apparition de Lourdes… Elles ont emporté de l’eau bénite, des fois que… Arrivée à la grotte Bernadette s’écrie : Elle y est, Elle y est, la voilà ! Puis elle se met à asperger l’apparition d’eau bénite. Bernadette s’exclame : Elle ne s’en fâche pas, au contraire, elle approuve de la tête et sourit vers nous toutes. Plus je lui en jette, plus elle sourit ! Puis elle tombe en extase environ une heure en contemplant la Vierge. Antoine Nicolau, accouru depuis, sera témoin de la scène et dira : Bernadette était à genoux, blême, les yeux très ouverts, fixés vers la niche, les mains jointes, le chapelet entre les doigts ; les larmes coulaient des deux yeux ; elle souriait et avait un visage plus beau que tous ceux que j’ai vus.

Pas de parole ce jour-là, mais un sourire extraordinaire de Marie qui se plaît à être aspergée d’eau bénite. Notez bien ces deux choses : – L’eau bénite plaît à Marie ! Inutile cependant, la prochaine fois que vous entrerez dans une église, d’asperger partout pour autant… Je ne tiens pas à avoir des problèmes avec votre curé ! Mais ayons une grande foi dans cette eau bénite au nom de l’Église et dont l’utilisation est un geste de foi. – Marie sourit ! Elle sourit de la foi simple de ces enfants, tout comme le ciel sourit certainement à chaque fois qu’un acte de foi et d’amour sort de nos âmes… Si nous pouvions plus souvent provoquer le sourire de Marie sur ce monde…

Pratique : Avez-vous chez vous de l’eau bénite ?

Dimanche 12 février : De la Septuagésime

Ton œil est-il mauvais ?

Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps dit de la Septuagésime, qui marque les 70 jours avant Pâques. La couleur violette des ornements nous prépare au Carême, et l’Évangile de la Messe est celui des ouvriers de la dernière heure. Vous vous souvenez bien de ce texte, je pense ? Ce maître étonnant qui va chercher des ouvriers pour sa vigne à toutes les heures du jour et qui donne à chacun la même chose en fin de journée… N’essayez surtout pas de faire cela en France si vous tenez à la paix sociale !!! Car si je compte bien, la onzième heure sur douze de travail, cela fait une heure par jour. On n’est même plus aux 35 heures, mais à 5 heures de boulot par semaine ! Révolte assurée dans tout le pays !

Et pourtant, c’est ainsi que cela se passe dans le pays de Dieu… Nous tous, à un moment de notre histoire, nous avons entendu son appel : Viens travailler à ma vigne ! Était-ce à notre baptême uni à une éducation chrétienne ? Ou bien plus tard, avec une conversion personnelle ? Ou encore aux derniers instants comme le bon larron ? Peu importe l’heure… si alors nous avons répondu, nous avons reçu le même denier : nous sommes devenus enfant de Dieu et héritier de son Royaume. Quelle grâce ! Cela ne devrait-il pas suffire à nous jeter dans l’émerveillement et la reconnaissance ? Et bien non… au sein même de l’Église, la maison de la charité, se trouvent encore les observations, les jugements, les jalousies… qui nous rendent parfois pires que ceux que nous jugeons… Oh ! levons bien les yeux vers la bonté du Père ! Qu’Il les transforme en regards de bonté.

Pratique : Veillons à éviter toute critique et jalousie.