Samedi 24 décembre : Vigile de Noël

La veillée de Noël.

Aujourd’hui est une des rares occasions de l’année, où nous reprenons l’antique coutume de la veillée, à travers l’assistance à une Messe tardive. On veille quand on accompagne quelqu’un de cher, quand on attend une grande nouvelle, quand une joie immense habite notre âme… Alors comment ne pas veiller ce soir pour célébrer la venue de notre Seigneur ? Heureux ce serviteur que le Maître à son arrivée trouvera veillant, en vérité je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens…

Il y a une autre raison, très spéciale, pour veiller ce soir de Noël ! On remarque dans l’histoire que le Seigneur réserve des grâces très spéciales pour ce jour : Saint Bernard enfant eut la vision de la Naissance de Jésus et il en parla merveilleusement toute sa vie. Paul Claudel, alors incroyant, entre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’heure des vêpres. Au moment du Magnificat, en un instant il sut que Dieu existait. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable ! écrira-t-il plus tard. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus retrouva aussi le jour de Noël, en un instant, la force d’âme qu’elle avait perdue des années auparavant : En cette nuit, où Jésus se fit faible et souffrant pour mon amour, il me rendit forte et courageuse. Elle rentrera au Carmel un peu plus d’un an plus tard ! Et si nous préparions nos cœurs à cette grâce de Noël ?

Tout dans la veillée est vraiment émouvant : les cantiques anciens et populaires, l’enfant placé dans la crèche, jusqu’au repas partagé fraternellement. Chrétiens, réalisons encore cette année cette vraie communauté de charité et de prière qui annonce vraiment le Christ présent au milieu de nous !

Pratique : Aucune rancune ne peut rester dans nos cœurs en cette nuit, donc pardonnons…

Vendredi 23 décembre : de la férie

Notre dernier conte de Noël…

…et les sages de l’orient apportèrent l’or, l’encens et la myrrhe pure. Ainsi, en Danemark, chantent les fidèles, à Noël, sous les voûtes de l’église, et si c’est dans une vieille église que s’élève le chant, on peut voir parfois sur un mur une antique fresque qui représente l’enfant Jésus tenu par sa mère et, devant eux, les trois mages a genoux. Le premier est Gaspar ; il porte son offrande, l’or, un calice. Peut-être un ange s’en servira-t-il sur le Golgotha pour recueillir le sang qui coulera des mains crucifiées. Derrière lui est agenouille Melchior. Son nom rappelle Melchisedech, le prêtre de l’ancienne alliance, le roi-prêtre de Salem, à qui Abraham rendit visite ; Melchisedech, revêtu de ses vêtements ecclésiastiques, monta a l’autel et offrit le saint sacrifice du pain et du vin, que mangea et but le patriarche, par un matin humide de rosée sous les palmiers que le vent agitait. Melchior, dans ses vêtements sacerdotaux, est age­nouillé et balance l’encensoir devant l’Enfant-Jésus; ainsi fait le prêtre devant la monstrance sur l’autel. Mais derrière eux, il y a le maure, le noir Balthazar. Quel soleil t’a rendu si noir, Balthazar, aux cheveux crépus et aux lèvres épaisses ? Viens-tu de l’Inde, du royaume du prêtre Jean où chaque matin l’oiseau rock pond l’oeuf-soleil couleur rouge feu sur la rive de l’océan pacifique? Ou es-tu venu de Saba, comme le fit autrefois ta reine, pour voir celui qui est plus que Salomon ? As-tu traversé les déserts de l’Arabie? As-tu recueilli la myrrhe que tu apportes au pied du Sinaï Pétré, et as-tu pensé alors au jour ou, il y a des siècles de cela, toute la montagne avait fumé et tremblé parce que Jéhovah était descendu sur son sommet et avait parlé a Moïse face à face ? As-tu cueilli la cette myrrhe que Marie conservera sur son cœur jusqu’à l’heure ou elle tendra à son fils, suspendu en croix, pour étancher sa soif, l’eau à laquelle elle l’aura mêlée? Gaspar, Melchior, Balthazar, maintes fois représentés depuis la pauvre fresque de Fjenneslev jusqu’au rayonnant tableau de Gentile da Fabriano de Florence, vos reliques reposent dans la chasse ornée de pierres précieuses de la cathédrale de Cologne, et tous les matins, après la grand-messe, les gros chanoines du chapitre métropolitain vont, en psalmodiant, les vénérer à genoux. Mais une vieille légende raconte que, lorsque vous viviez sur la terre, et que vous fîtes votre pèlerinage à Bethleem, arrivés dans l’étable, vous avez déposé vos trésors devant l’enfant et sa mère, mais que l’enfant ne voulut pas sourire. Marie était honorée par l’encens, qui brûlait comme elle l’avait vu brûler dans le temple de Jérusalem où elle avait passé sa jeunesse, et, les yeux pleins de larmes, elle cacha la myrrhe dans son sein. Mais l’enfant ne tendit pas ses petites mains vers l’or éclatant ; la fumée fit tousser ses petits poumons. Il se détourna de la myrrhe et embrassa les larmes dans les yeux de sa mère. Les trois saints rois se relevèrent et prirent congé, avec le sentiment de gens qui n’ont pas été appréciés selon leur mérite. Mais quand la tête et le cou de leurs dromadaires eurent disparu derrière les montagnes, quand le dernier tintement de leurs harnais eut expiré sur la route de Jérusalem, alors parut le quatrième roi. Sa patrie était le Pays que baigne le golfe persique ; il en avait apporté trois perles précieuses. Il devait les donner au roi qui était né à l’Occident, et dont lui aussi avait vu l’étoile un soir dans la roseraie de Shiraz. Il s’était levé et avait tout abandonné. En vain son sommelier lui versait-il le vin ardent, en vain sanglo­tait le rossignol à l’ombre des rosiers, en vain le jet d’eau pleurait de douces larmes, en vain la Sulejka aux yeux noirs l’enlaçait sur les coussins du divan. Le roi de Perse prit son trésor le plus rare, ses trois perles blanches qui étaient aussi grosses que des œufs de pigeon ; il les mit dans sa ceinture et résolut de chercher le lieu au-dessus duquel brillait l’étoile. Il  le découvrit… Mais il arriva trop tard. Les trois autres rois étaient venus, et ils étaient partis. Il arrivait trop tard… Et les mains vides… Il n’avait plus de perles. Il ouvrit lentement les portes de l’étable sainte ou se trouvaient le fils de Dieu, la mère de Dieu et le père nourricier de Dieu. Le jour tombait, l’étable devenait sombre ; une légère odeur d’encens flottait encore comme dans une église après les vêpres. Saint Joseph retournait la paille de la crèche pour la nuit, l’Enfant-Jésus était sur les genoux de sa mère. Elle le berçait doucement et, à mi-voix, chantait une des ces berceuses qu’on entend le soir quand on se promène dans les rues de Bethleem. Lentement, en hésitant, le roi de Perse s’avança puis il se jeta aux pieds de l’enfant et de sa mère. Lentement, en hésitant, il commença a parler. – Seigneur, dit-il, je viens à part des autres saints rois qui t’ont tous rendu hommage et dont tu as reçu les dons. J’avais aussi une offrande pour toi, trois perles précieuses, grosses comme un œuf de pigeon, trois vraies perles de la mer persique. Je ne les ai plus. Je suis venu à part des trois autres rois. Ils marchaient devant moi sur leurs dro­madaires ; je suis resté en arrière dans une hôtellerie sur le bord du chemin. J’eus tort. Le vin me tentait, un rossignol chantait et me rappela Shiraz… Je décidai d’y passer la nuit. Quand j’entrai dans la salle des voya­geurs, j’aperçus un vieillard tremblant de fièvre étendu sur le banc du poêle. Nul ne savait qui il était. Sa bourse était vide ; il n’avait pas d’argent pour payer le médecin et les soins qui lui étaient nécessaires. Il devait être jeté dehors je lendemain s’il ne mourait auparavant, le pauvre ! Seigneur, c’était un homme très vieux, brun et sec, avec une barbe blanche embroussaillée ; il me rappe­lait mon père. Seigneur, pardonne-moi, j’ai pris une perle dans ma ceinture et l’ai donnée à l’aubergiste, pour qu’il lui procurât un médecin et lui assurât les soins et, s’il mourait, une tombe en terre bénie. Le lendemain je repartis. Je poussai mon âne autant que possible afin de rejoindre les trois autres rois. Leurs dromadaires avançaient lentement, et j’avais l’espoir de les atteindre. Le chemin suivait une vallée déserte ou d’énormes rochers se dressaient épars entre les taillis de térébinthes et de genêts en fleurs d’or. Soudain, j’entendis des cris venant d’un fourré. Je sautai de ma monture et trouvai des soldats qui s’étaient emparés d’une jeune femme et s’apprêtaient a lui faire violence. Ils étaient trop nombreux, je ne pouvais songer à me battre avec eux. Oh  seigneur, pardonne-moi encore cette fois ; je mis la main a ma ceinture, pris ma seconde perle et achetai sa délivrance. Elle me baisa les mains et s’enfuit dans les montagnes avec la rapidité d’un chevreuil. A présent il ne me restait plus qu’une perle, mais au moins je voulais te l’apporter, seigneur ! Il était plus de midi. Avant le soir je pouvais être a Bethleem à tes pieds. Alors je vis une petite ville à laquelle les soldats d’Hérode avaient mis le feu et qui brûlait. On ne pouvait presque pas distinguer les flammes dans l’éclatante lumière du soleil, mais on voyait l’air trem­bler comme il tremble dans le désert. Je m’approchai et trouvai des soldats exécutant les ordres d’Hérode et tuant tous les garçons de deux ans et au-dessous. Près d’une maison en feu, un grand soldat balançait un petit enfant nu qu’il tenait par une jambe. L’enfant criait et se débattait. Le soldat disait : «Maintenant, je le lâche, disait-il à la mère, et il va tomber dans le feu. Il fera un bon rôti de cochon ! » La mère poussa un cri perçant. Seigneur, par­donne-moi  je pris ma dernière perle et la donnai au soldat, pour qu’il rendît l’enfant à sa mère. Il le lui rendit ; elle le saisit, le pressa contre elle, ne dit pas merci, mais s’enfuit, tel un chien qui a trouvé un os. Seigneur, c’est pourquoi me voilà les mains vides. Pardonne-moi, pardonne !

Le silence régna dans l’étable quand le roi eut achevé sa confession. Pendant un instant il resta le front appuyé contre le sol ; enfin il osa lever les yeux. Saint Joseph avait fini de retourner la paille et s’était approché. Marie regardait son fils qui était contre son sein. Dormait-il ? Non. L’Enfant-Jésus ne dormait pas. Lentement, il se tourna vers le roi de Perse. Son visage rayonnait ; Il étendit ses deux petites mains vers les mains vides. Et l’Enfant-Jésus sourit.

Joannes Joergensen

Pratique : lire le conte…

Jeudi 22 décembre : de la férie

Continuons l’examen de nos coutumes catholiques, avec le sapin et la buche de Noël !

Au moyen-âge, on aimait jouer le mystère de la création du mode, du péché originel et de la promesse du Sauveur. Et on mettait ainsi souvent un sapin, chargé de pommes rouges, pour symboliser l’arbre de la connaissance du bien et du mal que Dieu avait interdit de toucher. C’est, semble-t-il, une des origines de notre sapin de Noël. Mais la première mention attestée du sapin de Noël apparaît en 1521 à Sélestat en Alsace. Les sapins de Noël qu’on dresse en Alsace sont munis de pommes, puis viendront bientôt des friandises et de petits personnages. Le sapin verdoyant en plein hiver, et chargé des pommes évoquant le péché originel, était naturellement un symbole de l’Enfant-Jésus. Cette coutume du sapin devint si populaire qu’on pouvait écrire : Là où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël ! En alsace encore, au 19ème siècle, alors que les pommes avaient toute gelées un maître verrier eut l’idée de remplacer les pommes par des boules en verre… et créa ainsi les boules que nous accrochons au Sapin. Aujourd’hui quand nous décorons notre sapin, n’oublions pas au sommet l’étoile qui guida les mages vers l’Enfant-Jésus, et les guirlandes qui sont des « cheveux d’anges » !

De même on mettait autrefois une grosse buche dans la cheminée le soir de Noël, et celle-ci apportait lumière et chaleur pour toute la soirée. Ainsi en dressant un sapin ou en mangeant la buche de Noël, on célèbre en famille le Seigneur venu nous délivrer du péché et qui est la chaleur et la lumière de nos vies… Comme nous devons cultiver et savoir expliquer ces symboles venus des temps anciens ! Ils donnent un air de fête à nos villes et nos maisons, et enchantent notre quotidien. A travers eux, la joie immense de Noël traverse les siècles, et nous rappelle notre vocation au bonheur, à la suite de l’Enfant de la crèche.

Pratique : Penser à décorer la maison pour Noël et à expliquer aux enfants la signification des décorations !

Mercredi 21 décembre : Saint Thomas apôtre

Puisque la liturgie demande aujourd’hui de vénérer saint Thomas, apôtre, alors le mot spirituel sera à son sujet.

Thomas, surnommé Didyme, c’est-à-dire le jumeau, originaire de Galilée, fut appelé très tôt comme apôtre du Seigneur. Après la Pentecôte, il serait allé dans des contrées lointaines pour annoncer l’Évangile, et jusqu’en Inde ! Madras prétend d’ailleurs conserver son tombeau, et n’osez pas dire à un indien que cela est une légende, sinon vous risquez gros… L’épisode le plus frappant de sa vie est sa rencontre avec Jésus après la résurrection. Absent lors de la première apparition de Jésus ressuscité à tous ses apôtres, il se braquera : Si je ne vois pas la marque des clous…, si je ne mets pas ma main dans son coté, je ne croirai pas ! Le dimanche suivant, Jésus apparaît de nouveau, et, cette fois, Thomas est là. Regarde mes mains… mets ton doigt dans mon coté… dit Jésus, et Thomas s’écroule : Mon Seigneur et mon Dieu ! Parce que tu m’as vu, Thomas, tu crois, reprit Jésus, bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu !

Il est rare que le Seigneur se plie à nos caprices. Il le fera pour Thomas, mais avec une reproche évident : Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu…Le Seigneur voudrait tellement voir la foi chez les hommes ! A Noël comme à Pâques, c’est la première chose que Jésus attend de nous. Croire profondément, et bâtir sa vie là-dessus, est-ce si dur pour nous autres ? Pourtant cette béatitude-là est vraiment à notre portée !

Pratique : Faire plusieurs actes de foi dans la journée.

Mardi 20 décembre : de la férie

Un autre conte de Noël : L’enfant qui voulait rester dans la crèche

 C’était un enfant perdu, un orphelin. Le curé du village l’avait recueilli et l’élevait comme un fils. Il allait volontiers à l’église le dimanche, comme d’ailleurs toute la paroisse en ces temps de chrétienté ! Un jour il fut touché par un beau sermon du curé. Le digne pasteur expliquait que Jésus aimait ceux qui restaient auprès de Lui ; alors cette âme simple imagina une grande chose, devinerez-vous laquelle ? Il voulu rester dans la crèche toute la nuit de Noël ! C’était bien facile… Le curé qui prenait de l’âge se couchait tôt. Après la messe de minuit, il partait vite prendre son repos pour se préparer à la première messe matinale du lendemain, la messe de l’aurore. A la fin de la messe, alors que tout le monde se levait, il se cacha dans le confessionnal, et il attendit… Au bout d’un moment, plus un bruit, le sacristain avait rangé l’autel et fermé la lourde porte. Plus rien ne bougeait dans l’église, juste un peu de fumée s’échappait des cierges éteints. L’enfant se lève, frotte une allumette et allume une bougie ; il s’approche de la crèche, dépose son lumignon et prie devant l’Enfant nouveau-né… Tout à coup tout se met à bouger avec grâce et dignité. Le bœuf respire fortement et l’âne cligne des yeux. Les anges virevoltent dans l’espace, chantant de sublimes mélodies comme on peut en entendre dans le ciel. Les moutons des bergers gambadent follement alentour. Saint Joseph, à son habitude, balaye la crèche en silence. Et Marie se tourne vers l’enfant, l’invite à s’approcher de Jésus et à le prendre dans ses bras. Sitôt dit, sitôt fait ! L’enfant prend le poupon et le contemple, ravi de bonheur !… Au petit matin, on ouvre l’église, et le curé et quelques braves paroissiens trouvent dans la crèche l’enfant endormi tenant dans ses bras l’Enfant Jésus. A peine réveillé, il raconte ce qu’il a vu en cette nuit, la sainte famille, les anges ! Tous hochent la tête : « Mon pauvre ami, tu t’es endormi et tu as rêvé tout cela ! » L’enfant ne répond pas. La tête dans ses pensées, il regagne la cure pour prendre son déjeuner. Les grandes personnes ont toujours raison… mais cependant aucune ne pouvait expliquer pourquoi, au milieu de la paille de la crèche, des paillettes d’or brillaient par milliers…

 Pratique : Visiter la crèche de son église.

Lundi 19 décembre : de la férie

Continuons l’examen de nos coutumes catholiques, avec le sapin et la bûche de Noël !

Au Moyen-Âge, on aimait jouer le mystère de la création du monde, du péché originel et de la promesse du Sauveur. Et on mettait ainsi souvent un sapin, chargé de pommes rouges, pour symboliser l’arbre de la connaissance du bien et du mal que Dieu avait interdit de toucher. C’est, semble-t-il, une des origines de notre sapin de Noël. Mais la première mention attestée du sapin de Noël apparaît en 1521 à Sélestat en Alsace. Les sapins de Noël qu’on dresse en Alsace sont munis de pommes, puis viendront bientôt des friandises et de petits personnages. Le sapin verdoyant en plein hiver, et chargé des pommes évoquant le péché originel, était naturellement un symbole de l’Enfant-Jésus. Cette coutume du sapin devint si populaire qu’on pouvait écrire : Là où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël ! En alsace encore, au 19ème siècle, alors que les pommes avaient toute gelées un maître verrier eut l’idée de remplacer les pommes par des boules en verre… et créa ainsi les boules que nous accrochons au sapin. Aujourd’hui quand nous décorons notre sapin, n’oublions pas au sommet l’étoile qui guida les mages vers l’Enfant-Jésus, et les guirlandes qui sont des « cheveux d’anges » ! De même on mettait autrefois une grosse bûche dans la cheminée le soir de Noël, et celle-ci apportait lumière et chaleur pour toute la soirée. Ainsi en dressant un sapin ou en mangeant la bûche de Noël, on célèbre en famille le Seigneur venu nous délivrer du péché et qui est la chaleur et la lumière de nos vies… Comme nous devons cultiver et savoir expliquer ces symboles venus des temps anciens ! Ils donnent un air de fête à nos villes et nos maisons, et enchantent notre quotidien. A travers eux, la joie immense de Noël traverse les siècles, et nous rappelle notre vocation au bonheur, à la suite de l’Enfant de la crèche.

Pratique : Penser à décorer la maison pour Noël et à expliquer aux enfants la signification des décorations !

Dimanche 18 décembre : 4ème dimanche de l’Avent

Que toute colline soit abaissée !

Dans l’Evangile de ce jour, une vérité étonnante apparaît : Dieu prend l’initiative pour annoncer aux hommes la venue prochaine du Messie : La parole de Dieu fut adressée à Jean dans le désert, et il se mit à parcourir le pays et à prêcher un baptême de pénitence. Ce qui était vrai il y a deux mille ans, reste certainement vrai aujourd’hui : Dieu prend l’initiative de nous parler…

J’ai pu constater cela auprès d’une jeune chinoise athée. Elle me disait ne pas croire en Dieu, et qu’elle avait été élevée par des parents athées militants qui évitaient jusqu’au nom de Dieu pour son éducation. Je lui demandais si elle ne s’était cependant jamais posé de question profonde à ce sujet. Elle rougit et me dit : Oui, vers 20 ans je me suis posé beaucoup de questions, mais je n’avais pas envie que Dieu existe… Comme le dit Jean-Baptiste, ce sont toujours les collines trop hautes et les sentiers bien tortueux qui empêchent d’accueillir le Seigneur qui frappe pourtant à la porte de tous les cœurs…

Si mon analyse est bonne, cher ami lecteur, toi et moi, avons dû – en ce temps d’Avent – entendre dans nos cœurs une invitation à la conversion : Rendez droit ses sentiers, que toute colline soit abaissée ! Avons-nous écouté ? Quelle colline bouche alors le passage du Seigneur ? Quel sentier Dieu nous a-t-il désigné ? A quelques jours de Noël, il n’est pas trop tard pour bien faire, pour ouvrir un chemin à l’Enfant qui ne cesse de frapper… attendant qu’on lui ouvre !

Pratique : que nos derniers jours soient parfaitement offerts au Seigneur.

Samedi 17 décembre : Samedi des Quatre-Temps

Ô Orient, splendeur de la Lumière éternelle et Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort !                     Antienne O du 21 décembre.

La liturgie des ces jours nous amène une nouveauté : les grandes antiennes  » O !  » Chaque jour à Vêpres, depuis aujourd’hui jusqu’au 24 décembre, ceux qui récitent le bréviaire disent une courte phrase (une antienne) qui redit l’émerveillement de l’Eglise devant la venue de l’Enfant-Dieu. O Emmanuel… ! O Sagesse… ! O Adonaï… ! Il y a une antienne différente chaque jour mais commençant toujours pas le « O » de l’admiration…

Avons nous bien conservé notre admiration devant le Seigneur ? Voilà quelques années, j’enseignais la foi à un jeune issu d’une famille athée et d’un quartier difficile, et qui se préparait pourtant au baptême. Un jour qu’il était éprouvé, il me dit que depuis qu’il se préparait au baptême, tout allait mal dans sa vie ! Avant il vivait comme il voulait, maintenant il devait faire des efforts contre ses défauts. Son « amie », n’acceptant pas son chemin de foi, l’avait quitté. Il devait encore subir l’incompréhension voire l’hostilité de son milieu professionnel, et les catholiques n’étaient pas toujours fraternels à son égard ! « la totale » comme disent les jeunes aujourd’hui… Je lui demandai alors s’il avait envie de renoncer à son baptême. Immédiatement, il me dit avec conviction : non! et ses yeux exprimaient qu’il n’aurait voulu pour rien au monde abandonner la vérité qu’il avait entrevue, ni renoncer à l’émerveillement qui était le sien devant l’amour du Seigneur pour lui…

A l’approche de Noël, l’esprit d’émerveillement nous gagne. Ce n’est pas tant les cadeaux et les décorations qui sont importants, c’est plutôt la famille, les amis, le sentiment qu’une vraie douceur peut exister dans nos vies. Accueillir cet émerveillement, c’est accueillir le sourire de l’Enfant-Jésus qui se pose sur l’humanité !

Pratique : Prions aujourd’hui pour tous les membres de la famille, surtout les plus isolés et les plus éprouvés.

vendredi 16 décembre : Vendredi des Quatre-Temps

Tout proches de Noël, retrouvons un peu de la magie de l’enfance à travers un conte…

 Elles s’en vont, Ninon, Ninette, Nina, jupette rouge et bonnet pareil, six petits sabots claquant sur la terre gelée. « Vite, vite, les sœurettes, car le jour baisse », dit Ninette, la plus sage. « Vite, vite », répond Ninon, la plus ardente, « car un grand travail nous attend ». « Vite, vite », murmure Nina, la plus douce, « car Mère a dit qu’on ne s’attarde pas ». Et les six petits sabots martèlent en chœur : « Vite, vite, vite, vite, les petites sœurs ». Mais que c’est donc lourd, tout ce qu’elles portent, les sœurettes !… Et encombrant, donc !… Elles en ont plein les poches, et plein le giron, dans les mains, dans les bras et jusque sous le menton… Il y a du gui, de la mousse, du houx, du lierre, de la paille, du foin et du sapin… À peine voit-on, dans toute cette verdure, trois frimousses rondes et rouges comme des pommes d’api, éclairées de blanches quenottes et de petits yeux de souris… « Elle sera belle, notre crèche… Et grande, donc… avec un toit de paille craquante… et des nids de mousse dans le rocher ; un grand sapin derrière, une touffe de houx sur le côté, du lierre qui grimpe jusqu’au toit… Et puis un râtelier de carton pour l’âne de saint Joseph et le gros bœuf rouge et blanc… Ce sera beau ! Ce sera grand ! Jésus sera bien !… » Sur les lèvres mouillées, trois sourires s’accentuent ; et les petits yeux noirs arrêtent un instant leur danse scintillante pour fixer leur rêve… « Hâtons-nous, voyons, petites sœurs !… » Or, les petits sabots, las de tout ce cheminclac… clac… clac…les petits sabots traînent un peu : les sœurettes sont fatiguées… Elles se sont donné tant de mal pour trouver toutes ces choses l’une après l’autre… Mais quel triomphe et quelle joie de les rapporter ce soir… Clac, clac, clac, les petits sabots en reprennent de l’ardeur, et les menottes avides serrent un peu plus ces trésors sur les cœurs.

« S’il vous plaît, mes petites filles, le chemin de la chapelle Saint-Loup ? » Une femme est devant elles, un peu courbée sous la grande cape noire qu’elle tient bien close. « La chapelle Saint-Loup ?… Par là !… »  lance Ninon distraitement, avec un geste de la tête pour montrer le grand chêne et tout ce coin-là… Elle est déjà passée. Elle n’a même pas regardé la femme : elle ne songe qu’à la crèche qu’elle veut faire « plus belle que celle des autres ». Comment donc entendrait-elle l’humble requête de la dame : « Ne sauriez-vous, enfants, me conduire jusque là ?  » Ninette aussi est passée ; mais elle entend encore et se retourne à demi : « C’est impossible, ma pauvre dame : il nous faut rentrer avant la nuit ; et puis nous sommes chargées… et lasses donc… Nous avons couru bien loin pour chercher de quoi faire notre crèche, voyez-vous… et ce soir, il nous faut l’arranger, car cette nuit, c’est Noël, vous savez ». « Je sais… » murmure l’inconnue, « je sais… Mais je suis si lasse, moi aussi… et je ne connais pas le chemin ». Ninette veut bien être polie, mais elle songe à sa crèche et s’impatiente : cette femme, après tout, elle est embêtante… « Si j’avais le temps, je ne demanderais pas mieux, Madame ; mais ce soir, je vous le dis, c’est impossible. » Là-dessus, tournant les talons, sans même la regarder, Ninette l’abandonne et court pour rattraper Ninon : il faut bien qu’elles fassent leur crèche, voyons… Nina, elle, a levé ses beaux yeux pour chercher ceux de la dame ; et elle a vu qu’ils étaient clos… « Oh, pauvre dame, vous n’y voyez plus ! » murmure-t-elle avec compassion, « je vais vous conduire ». Le visage de l’inconnue se détend. « Merci ! » dit-elle doucement. Et elle allonge la main pour chercher à tâtons celle de l’enfant. Alors, Nina-la-plus-douce abandonne sur le chemin tous les trésors qu’elle serrait farouchement sur son cœur et conduit l’aveugle à pas précautionneux, veillant à lui signaler ornières et cailloux. « Tes sœurs vont faire la crèche sans toi !… N’as-tu nul regret, mignonne ? » Une ombre éteint le regard de Nina : elle s’était promis tant de bonheur à faire cette crèche !… Elle voyait déjà où on mettrait la mousse et le houx, et ce petit creux de rocher où glisserait un brin de lierre… Elle voyait si bien !… Elle se promettait tant de plaisir !… Et puis, voilà !… cette femme était passée… Mais avant de répondre elle secoue sa petite tête pour la déli­vrer de cette amertume : « Chut !… dit-elle en souriant, je ne me le suis pas encore demandé, car Maman dit qu’il faut d’abord faire son devoir, et chercher seulement après si cela vous accommode… » Un radieux sourire éclaire le visage de l’aveugle. Cependant, elle se tait et Nina peut lui dire en confidence : « Je garde précieusement deux pervenches trouvées à l’abri d’une haie : j’apporterai tout de même quelque chose à la crèche… » Mais elle n’achève point ; elle ne dit pas que ces deux fleurs, écloses malgré l’hiver, sont précieuses à ses yeux d’enfant comme une terre nouvelle aux yeux de qui la découvre. Elle n’a point le temps de dire ces choses-là, car elle a vu, soudain, l’inconnue ployer sous le poids mystérieux du fardeau qu’elle tient caché sous sa mante… « Donnez, Madame ; confiez-moi votre charge… » La Dame s’est arrêtée : « Saurais-tu le porter, mignonne?  » « Ah ! je suis petite, mais mes bras sont solides. Et puis, ajoute-t-elle avec un léger soupir, s’il le faut, je laisserai bien aussi mes deux pervenches afin d’avoir mes deux mains libres pour vous aider… » Déjà la délicieuse petite fille tend ses deux mains vides, et l’inconnue, doucement, écarte son vêtement… Ses yeux s’ouvrent… son regard tendrement posé sur l’enfant diffuse une lumière caressante… « Noël !… Noël !… » chantent en sourdine les anges, mystérieusement venus des quatre coins de l’horizon. Et, des mains de la Vierge, Nina reçoit l’Enfant-Jésus dans ses bras… Le doux Petit Jésus qui sourit et tient dans ses doigts les deux pervenches de Nina. 

Rose Dar­dennes.

Pratique : lire le conte…

Jeudi 15 décembre : de la férie

Encore la crèche…

 L’idée géniale de saint François d’Assise va faire école dans toute la chrétienté ! Bientôt on dressera la crèche dans toutes les églises avec, pour des raisons évidentes de simplicité, des personnages qui remplaceront les êtres vivants et les animaux. Plus tard, des églises, la crèche va migrer dans les familles. En France, il semble que cette évolution soit due à la Révolution dite Française ! En effet, comme en ce temps-là les crèches, comme toutes les cérémonies catholiques publiques, étaient interdites, les fidèles dressèrent alors chez eux la crèche, et depuis elle y est restée…

Un exemple très typique de notre culture est la crèche provençale qui met auprès de l’Enfant-Jésus les santons (« petits saints », en opposition aux grandes statues d’églises…) : les personnes du village, toutes concernées par Noël… Ainsi le Maire tout comme le Curé, le tambourinaire et le Boumian, sans oublier lou ravi, le simple tout émerveillé de ce qu’il voit, viennent offrir leurs hommages à l’Enfant-Dieu.

Il est touchant de voir que la famille, ce premier et dernier sanctuaire de notre vie, et notre soutien dans les difficultés, a tout naturellement accueilli la crèche. Que Jésus qui voulut naître dans une famille, nous donne de savoir remercier pour nos familles, et travailler à leur bonheur.

Pratique : Faire quelque chose pour notre famille.