Lundi 10 avril : Lundi-Saint

Commentaire liturgique pour le Lundi-Saint :

A Rome, en ce jour, la célébration de la Messe se passe à l’église sainte Praxède, connue pour posséder une relique insigne : la sainte colonne où Notre Seigneur aurait été flagellé. En ce Lundi-Saint, la pensée de la Passion du Christ est ainsi toujours présente, comme en tous les textes. L’Évangile a été choisi parce que saint Jean le place six jours avant la Pâque. Manière de nous encourager à suivre pas à pas Jésus durant tous ces jours saints…

Mot spirituel: le signe du parfum répandu…

L’évènement central de l’Évangile de ce jour est certainement le geste de Marie-Madeleine de répandre du parfum sur les pieds de Jésus. Ce qui fait râler Judas… mais, d’après saint Matthieu et saint Marc, Jésus ajoutera que ce geste sera à la gloire de Marie-Madeleine partout où l’Évangile sera proclamé ! Aujourd’hui encore, la gloire des chrétiens est de donner au Seigneur ce qu’ils ont de plus beau, et tant pis pour les critiques qui ne manqueront pas… C’est vrai pour les vocations, don de toute une vie. C’est vrai aussi, plus humblement, pour les magnifiques églises, vases et ornements liturgiques de toute l’histoire chrétienne qui constituent, encore aujourd’hui, une magnifique couronne de gloire au Seigneur! Les marchands d’ornements à Lyon disaient du saint curé d’Ars: Il y a là un petit curé mal mis, qui achète tout ce qu’il y a de plus beau pour son église ! Le saint Curé était un malin… Il savait qu’on ne perd jamais en donnant au Seigneur avec magnificence…

Pratique : Qu’avons-nous offert au Seigneur ?

Dimanche 9 avril : Dimanche des Rameaux

Avec le dimanche des rameaux, nous entrons maintenant dans la Semaine Sainte. Pour chacun des jours de cette semaine, j’aimerais donner un bref commentaire liturgique suivi du mot spirituel habituel. Votre ferveur me pardonnera certainement d’écrire un peu plus en cette sainte semaine!

Commentaire liturgique:

La cérémonie de ce jour comporte clairement deux parties:
– La bénédiction des rameaux et la procession. Cette cérémonie glorieuse, pratiquée à Jérusalem au 5° siècle, selon le récit d’Ethérie, pèlerine bordelaise, a été conservée jusqu’à nous. Les fidèles sont invités à prendre un rameau dans la main pour signifier qu’ils font partie de ceux qui reconnaissent le Seigneur et veulent le glorifier. Ils garderont ce rameau à la main pendant le récit de la Passion, car ils savent que la gloire de Jésus se manifeste particulièrement là. Et ils muniront les crucifix de leur maisons de ces rameaux pour les protéger et se souvenir que le Seigneur doit être loué toute l’année !
– La Messe et la lecture de la Passion. C’est une cérémonie douloureuse, où l’on veillera à bien écouter le récit de la Passion, tellement marquant. Que ce jour soit l’occasion pour nous de promettre au Seigneur d’accueillir l’amour qu’Il nous indique par son sang versé.

Mot spirituel: S’ils se taisent, les pierres crieront!

L’Évangile racontant l’entrée de Jésus à Jérusalem indique que le Seigneur a voulu notre louange. Jésus, en effet, demande aux apôtres de chercher l’âne symbolique de la royauté, entre publiquement dans la ville sainte, et critique les pharisiens qui voudraient faire taire la louange des disciples. S’ils se taisent, les pierres crieront! dit-Il. Aujourd’hui les pierres de nos cathédrales et de nos milliers d’églises crient ! Elles clament la gloire de Dieu en lieu et place de tant de français qui ne se tournent plus vers Dieu… Veillons, pour nous-mêmes, à ce que notre louange éclate ! Par l’assistance fervente à la Messe, par le témoignage de notre foi dans nos vies et à travers les rameaux de nos habitations!

Pratique : Suivre attentivement la liturgie de ce jour.

Samedi 8 avril : Samedi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe VI : un moment si précieux

Le moment de la mort de Jésus sur la Croix est l’instant suprême. L’instant que Jésus appelait son heure, l’instant qui nous révélerait Dieu comme jamais, l’heure du bouleversement de ce monde marqué par le péché qui va voir un souffle nouveau le parcourir… Quand je serai élevé, j’attirerai tout à moi ! Au moment où les hommes le condamnent, le rejettent, l’insultent et Lui crachent à la figure, ne sortent de la bouche de Notre Seigneur que paroles de bonté, de douceur et de pardon. A l’instant précieux de la mort de Jésus sur la Croix, les fleuves miséricorde descendent du Ciel pour l’humanité entière. Cet instant qui se prolongera dans la Résurrection et l’Ascension du Seigneur était trop précieux pour qu’il ne fût réservé qu’à un moment de l’histoire de l’humanité. C’est pourquoi Dieu a voulu que cet instant soit mystérieusement encore accompli devant nous à chaque Messe célébrée… Tel est le mystère de la Messe !

Si nous avions compris cela, nous devrions assister à la sainte Messe autant que possible ! Chaque sainte Messe entendue avec dévotion produit des merveilleux effets dans nos âmes, des grâces spirituelles et matérielles abondantes que nous ne connaissons même pas… disait Padre Pio Et quand on lui demandait comment bien assister à la Messe, il répondait : Comme la Sainte Vierge et les saintes femmes, avec amour et compassion ! Vivons ces prochains jours saints avec la sainte Vierge, dans l’amour et la compassion…

Pratique : suivre la Messe aujourd’hui, ou au moins s’unir à une Messe célébrée.

Vendredi 7 avril : Vendredi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe V : l’Église vit du Sacrifice de Jésus.

En 304, à Abilène dans le nord de l’Afrique, pendant la persécution de Dioclétien, on vient de capturer des chrétiens… Le préfet leur demande pourquoi ils se sont réunis le dimanche, désobéissant ainsi aux ordres de l’Empereur. Leur réponse est claire : Sine dominico non possumus ! Sans la Messe du dimanche, nous ne pouvons pas vivre ! Le Padre Pio pensait la même chose quand il disait : Il serait plus facile à la terre d’exister sans le soleil que sans le saint Sacrifice de la Messe ! Et Mère Térésa, de son coté, se refusait d’envoyer ses religieuses dans un endroit où il n’y avait pas de prêtre ni de Messe… comment se donner sans la force du Seigneur ?

Dirions-nous la même chose ? Avons-nous compris l’enseignement de ces saints ? Alors nous devrions revoir la belle coutume des époques de ferveur : rechercher la Messe quotidienne autant que possible…

Pratique: Avons-nous pensé à offrir une Messe pour nos grandes intentions ?

Jeudi 6 avril : Jeudi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe IV: Un sacrifice qui change les cœurs.

Il est clair dans l’Évangile que la Croix agit. N’est-ce pas à coté de la Croix que le bon larron se convertit ? N’est-ce pas au pied de la Croix que le centurion reconnaît Jésus comme Fils de Dieu ? Saint Luc nous fait aussi remarquer qu’après la Passion beaucoup redescendaient en se frappant la poitrine… Saint Pierre, quand à lui, convertira 5000 personnes le jour de la Pentecôte en rappelant aux auditeurs qu’ils ont crucifié le Seigneur ! Rien de cela ne doit nous étonner : le Cœur du Christ est plein de bonté, comme le manifestent ses dernières paroles : Père, pardonne-leur ! Père, entre tes mains, je remets mon esprit ! Ce soir, avec moi tu seras dans le Paradis ! … Sur la Croix se réalise le triomphe de cette bonté sur le mal et le péché, et les cœurs sont alors touchés, ils commencent à espérer et à changer…

Relisons le récit de la Passion en ces jours et surtout assistons à la Messe pour faire gagner cette bonté dans nos cœurs !

Pratique : Quand nous assistons à la Messe, pensons à partager les soucis du Christ sur la Croix.

Mercredi 5 avril : Mercredi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe III : un sacrifice si douloureux

Tout ce qu’on peut savoir de précis sur la Passion de Jésus nous montre une terrible souffrance. Que ce soit l’étude du professeur Barbey sur les crucifixions selon le chirurgien : le clou qui touchait le nerf du bras… Ou le témoignage du saint Suaire (plus de 120 coup de fouet dénombrés et plus de 600 blessures sur le corps). Et encore la lecture précise de l’Evangile (La sueur de sang, la couronne d’épines, et le Seigneur mort bien avant les larrons…), tout nous montre un paroxysme dans la souffrance. Le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ illustre parfaitement cette intensité. Pourquoi tout cela ? se sont demandé les chrétiens, il y a des siècles déjà. Deux réponses sont nées de leurs méditations : – d’abord le Seigneur voulait nous montrer la gravité du péché. – Il voulait aussi nous prouver à quel point Il nous aimait. Méditons sincèrement ces deux raisons…

La Messe aussi, à sa manière, essaye de nous enseigner l’amour infini de Dieu et l’horreur du péché. Mais comprenons-nous bien ce message?

Pratique : Revenons souvent, dans la journée, sur la pensée de la Passion douloureuse.

Mardi 4 avril : Mardi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe II : l’agonie

Le récit de la Passion commence par l’agonie de Jésus au jardin des oliviers. Le mot agonie vient d’un mot grec qui veut dire combat. En méditant l’agonie de Jésus, avec son accablement, l’envie de partir qui L’étreint, et la sueur de sang, on comprend que notre Seigneur livre un formidable combat, qu’Il porte un poids infini : celui du péché du monde entier… On comprend aussi qu’Il n’est pas ici comme une victime des événements politiques : aucun soldat ne le contraint à ce moment… Il est l’acteur et le combattant de ce qui va suivre. On comprend alors que le supplice qui s’approche n’est pas une fatalité, mais un choix libre du Seigneur : c’est un sacrifice qui va s’accomplir ! Le Seigneur le veut !

Nous admirons le courage et l’offrande de notre Sauveur. Nous voudrions L’imiter, mais nous sommes si faibles…. sauf si nous savons puiser au courage même du Seigneur, à la Messe où nous sont transmis sa force et son Esprit ! La consigne de Notre Seigneur en cet instant, à ses apôtres et à nous-mêmes est : Veillez et priez !

Pratique : Tâchons d’assister à la sainte Messe le plus possible au cours de cette semaine et la suivante !

Lundi 3 avril : Lundi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe I.

Dans ce temps de la Passion, et puisque notre mini-retraite est consacrée au sacrifice, nous allons maintenant parler du grand sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix. Nous parlerons aussi de la Messe qui est ce même sacrifice « continué et répandu » jusqu’à nous.

Remarquons d’abord aujourd’hui que tout au long de son chemin parmi nous, Jésus était tendu vers ce moment de son Sacrifice : – Plusieurs fois dans l’Évangile, Jésus annonce à ses disciples qu’il va être mis à mort. – Plusieurs fois Jésus parle de son heure qui arrive, cette heure exceptionnelle entre toutes, où il va donner un puissant témoignage au monde. – Plusieurs fois Jésus dira qu’à partir de ce moment-là tout changera merveilleusement…

L’immense sagesse du christianisme n’est pas toujours bien reçue, encore moins la morale. Mais celui qui comprend que son grand message est de proclamer que Jésus, le Fils de Dieu, a donné sa vie pour nous, que peut-il encore répondre, sinon se taire, réfléchir, et peut-être s’ouvrir à la grâce ? … Ces prochains jours, pensons souvent aux souffrances de Jésus pour nous. N’oublions pas non plus que, pour nous aussi, nos actes de charité, ont tellement plus de poids que nos paroles…

Pratique : Ne pas oublier de lire les textes des Messes du jour pendant le temps de la Passion.

Dimanche 2 avril : Dimanche de la Passion

Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps de la Passion, temps où nous méditons particulièrement les souffrances du Seigneur. Et l’Église parle, elle s’exprime à travers les magnifiques symboles de la liturgie : Ainsi, selon une ancienne coutume, on voile de violet les statues des saints et les Croix, mais on laisse apparentes les stations du chemin de la Croix. On retire aussi dans les offices les gloria Patri, manifestation explicite de la gloire de Dieu, voilée en ces jours. Selon la belle expression de Dom Pius Parsch, l’Église prend le voile des veuves… Mais pourquoi voiler les Croix me direz-vous ? Ces Croix voilées viennent d’un temps où les Croix étaient souvent d’or, sans Christ, garnies de pierres précieuses. Ces Croix glorieuses évoquaient le triomphe du Seigneur, d’où la nécessité de les voiler en ce temps dramatique…

L’Évangile de la Messe de ce jour (et aussi de toutes les Messes de la semaine que je vous invite à parcourir) montre l’hostilité terrible qui monte entre Jésus et les principaux du peuple juif : Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? … vous n’écoutez point, parce que vous n’êtes pas de Dieu ! dit Jésus. Réponse : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé du démon ? Jésus reprend : …J’honore mon Père ; et vous, vous me déshonorez… Réponse effroyable : Ils prirent donc des pierres, pour les jeter sur lui… A travers ce récit brutal, l’Evangile nous invite – tout comme le fait le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ – à méditer jusqu’où peut aller la violence humaine, notre violence : vouloir tuer le Fils de Dieu ! Et, comme le souligne l’Introït de la Messe, supplions le Seigneur de nous séparer de l’homme de péché, méchant et trompeur…

Pratique : Lire, chaque jour de la semaine, le texte de la Messe.

Samedi 1er Avril : de la férie

Nous terminerons l’évocation des sacrifices dans la vie des saints, par saint Maximilien Kolbe, le martyr de la charité : Maximilien, encore enfant, avait eu une vision de Marie lui tendant deux couronnes, une blanche (symbole de la virginité) et une rouge (symbole du martyre), et lui demandant de choisir. L’enfant répondit : Je choisis toutes les deux ! C’est ce qui arrivera en 1941… Le Père Kolbe est arrêté par la Gestapo et emmené à Auschwitz. Là-bas un prisonnier s’est échappé. En représailles douze détenus sont choisis parmi les prisonniers pour mourir dans un bunker sans aucune nourriture ni boisson. Un de ceux qui sont choisis, le sergent François Gajowniczek, s’écroule en pensant à sa femme et ses enfants. Alors un homme sort des rangs, c’est le Père Kolbe. Il se propose pour le remplacer ! Le Père Kolbe mourra dans ce bunker, ayant offert sa vie pour son frère, immense icône de la charité et de la valeur profonde du sacrifice de soi-même.

Sans forcément avoir le destin de saint Maximilien Kolbe, n’oublions pas qu’un jour aussi nous aurons à remettre notre vie au Seigneur. Que notre esprit de sacrifice quotidien nous y prépare !

Pratique : Prions pour la grâce d’une bonne mort.