Samedi 29 mars : De la férie

6. LES BEATITUDES

Pour finir cette semaine, parlons du discours-programme de Jésus : Les béatitudes. Bienheureux les pauvres, les affligés, les doux, les affamés, les miséricordieux, les cœurs purs, les pacifiques, les persécutés… Vous m’accorderez que cela ne ressemble pas beaucoup aux promesses des hommes politiques en général ! Vraiment seul le Seigneur pouvait se permettre de parler ainsi… Mais alors, quel est le sens exact de ces béatitudes ? Il m’a toujours semblé qu’elles décrivaient l’itinéraire de celui qui monte vers la maison du Père. Si nous montons vers Dieu, alors : – comment s’attacher aux choses de la terre ? Nous entrons dans une démarche de pauvreté. – comment échapper à la persécution des ennemis du Seigneur ? Nous serons persécutés. – comment se laisser prendre par la violence et la haine ? Ce serait s’égarer… – comment ne pas souhaiter ardemment la sainteté ? C’est notre but ! – comment ne pas être large avec les fautes de nos frères ? Elles sont nôtres si souvent… – comment partir dans l’impureté ? Ce n’est pas ce plaisir que nous cherchons. – comment ne pas goûter la paix ? Elle annonce notre maison. – comment ne pas se battre ?  Pour gagner la perle d’un grand prix ! Le sacrifice est le compagnon obligé de notre chemin d’enfants de Dieu. Rien de négatif en cela : ce sacrifice, disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, rend le chant de notre vie plus beau et mélodieux… Si du moins nous marchons vraiment vers le Seigneur !

Pratique : ne pas se plaindre

Vendredi 28 mars : De la férie

5. LA PIETE DE NOTRE SEIGNEUR

Elle devait être magnifique la piété de Jésus ! D’ailleurs saint Luc (ch. 11) rapporte qu’un jour où les disciples cherchaient Jésus, ils le trouvèrent à l’écart en prière. Et c’était tellement beau, tellement profond comme spectacle qu’ils n’osèrent pas le déranger. Une fois sa prière achevée, Jésus se leva, et les disciples alors lui demandèrent : Maître, apprends-nous à prier ! Autant le dire tout de suite, pour Jésus, la prière n’est pas vraiment un sacrifice, c’était sa respiration… Je ne devrais donc pas en parler, en soi, dans cette mini-retraite sur le thême du sacrifice ! Mais j’en parle parce qu’elle est souvent pour nous un sacrifice… Quand je vois mes enfants du catéchisme les yeux fermés en train de prier de tout leur cœur, je me demande bien quel diable peut quelque fois rendre mes prières d’adultes si distraites ou difficiles ! Mais il est consolant de voir que sainte Thérèse d’Avila, carmélite, faisait souvent, elle aussi, ce qu’elle appelle elle-même l’oraison de la pendule… (C’est-à-dire qu’elle n’arrêtait pas de regarder la pendule pendant l’heure réglementaire de prière !). Donc pas de découragement en la matière ! Juste un peu de foi pour se souvenir que ce sont les moments les plus précieux de la journée, les plus riches. N’attendons pas le ciel pour le comprendre !

Pratique : Ne pas oublier de prendre un court instant devant Dieu avant chacune de nos prières

Jeudi 27 mars : De la férie

4. LA PAUVRETE DE JESUS

Il nous paraît assez évident que Jésus a vécu ce sacrifice de la pauvreté. Le fils de Dieu venu sur terre avait bien autre chose à faire que d’accumuler les deniers ! Mais l’insistance de Notre Seigneur sur la pauvreté est franchement troublante : Il répète qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, que bienheureux sont les pauvres en esprit, qu’il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux… Et ne va-t-il pas jusqu’à dire simplement aux orgueilleux pharisiens : Donnez et tout est pur pour vous ! L’aumône comme remède universel pour retrouver la pureté du cœur ! Il y a là un mystère spirituel. Je ne prétends pas vous l’expliquer complètement (après tout, il est bon de vous laisser chercher à ce sujet… vous verrez, c’est plus passionnant que les mots croisés et les sudoku !), mais il me semble que celui qui pratique le don et vit la pauvreté commence une vraie conversion. On peut jeûner pour des raisons de santé ou de poids ; on peut lutter contre la paresse pour être plus performant, on peut éviter la colère pour ne pas se faire des ennemis, mais donner aux pauvres ne peut être intéressé. C’est un signe du royaume de Dieu ! Et il est à notre portée!

Pratique : la générosité

Mercredi 26 mars : De la férie

3. LA GENEROSITE DU SEIGNEUR

Au quatrième chapitre de son Evangile, saint Luc raconte que l’apostolat de Jésus en Galilée était couronné de succès. Ces gens auraient voulu Le retenir chez eux, mais Jésus leur répondit :  » Il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j’ai été envoyé pour cela. « Luc 4, 43. On devine dans l’Evangile la conduite habituelle de Jésus : Il passait de village en village, guérissant les malades, écoutant les affligés, enseignant la parole de vérité pendant de longues heures. On imagine sans peine les sacrifices de générosité nécessaires pour vivre ainsi ! Mais on peut se demander pourquoi, dans le passage que je viens de citer, Jésus ne reste-t-il pas un peu plus, si sa parole est bien accueillie ? Moi-même si, dans une paroisse, je voyais des fruits admirables, je chercherais certainement à rester et à approfondir le boulot… La réponse me semble simple : Notre Seigneur voulait agrandir notre cœur au souci de toute l’Eglise et du monde entier ! Le saint curé d’Ars, ainsi, était tout heureux des foules qui venaient à son confessionnal, bien au-delà de sa modeste paroisse. Ne mettons pas, nous-mêmes de limite à notre générosité, contentons nous, selon le conseil de Jésus Lui-même, de rester en tenue de service…

Pratique : Se proposer au Seigneur pour l’œuvre qu’Il voudra…

Mardi 25 mars : Fête de l’Annonciation

Je vous salue, Marie, pleine de grâces !

Le récit tout simple de l’Annonciation a plu à toutes les générations de chrétiens. Il faut dire qu’il est tellement touchant ! Parmi eux, saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’Ave Maria, a remarqué cette chose extraordinaire : Jamais dans la Bible, on ne voit un ange saluer avec une telle déférence une créature humaine ! En effet, explique-t-il : l’ange est plus proche de Dieu que les hommes, lui qui est saint dans le Ciel. Il est aussi plus parfait et plus beau tant par nature que par grâce… Alors il n’a pas à s’incliner devant une créature mortelle ! Et pourtant l’Evangile est formel, ici c’est l’archange Gabriel qui s’incline devant Marie ! C’est que Marie est plus proche de Dieu que lui ! Elle est aussi plus parfaite et plus belle.

L’ange sait tout cela, et dit, en s’inclinant, que Marie est remplie de la grâce de Dieu, que le Seigneur est particulièrement avec Elle, et qu’Il la bénit plus que toutes les femmes. Comprenons-nous l’extraordinaire cadeau que Jésus nous fait, avec Marie ? Cultivons-nous une très grande dévotion, prière et amitié avec Elle ? Si vous ne vouliez pas croire la théologie, les enseignements du Magistère et les paroles des saints, qui vous y poussent, suivez au moins l’exemple de l’ange ! Demandons souvent l’aide de Celle qui a pour nous un cœur de Mère ! Pensons à répandre, comme une rosée bienfaisante, nos prières à Marie tout au long de la journée ! Je vous salue, Marie, pleine de grâces !

Pratique : Ornons de fleurs une statue de la sainte Vierge de chez nous

Lundi 24 mars : De la férie

 Après avoir décrit le sacrifice, et expliqué nos raisons de le pratiquer, nous allons étudier cette semaine le sacrifice à travers l’exemple de la vie de Jésus-Christ. On ne pourra pas tout dire, mais on donnera quelques flashes sur les dispositions intérieures de notre Maître.

1. LA SOLITUDE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Il est très étonnant de remarquer, dans l’Evangile, le décalage qui existait entre Jésus et les hommes qui l’entourent ; et le sacrifice et la solitude que cela créait pour notre Maître… Saint Luc, au chapitre 9, raconte qu’on amena aux apôtres un enfant possédé. Ils essaient leur pouvoir de guérison, peine perdue, rien ne se passe ! Du coup on amène le cas au Seigneur qui s’exclame : Engeance incrédule et perverse, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je ? Et le Seigneur délivrera l’enfant… C’est vrai qu’ils étaient insupportables ces apôtres avec leur lourdeur, leur gloriole et leurs jalousies ! Au chapitre 12 de saint Matthieu, on remarquera un décalage semblable : On vient dire à Jésus que sa mère et ses frères veulent le voir. Et Jésus répond que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté du Père… Chrétiens du 21° siècle, nous connaissons aussi cette solitude, ce décalage pénible entre notre foi en Dieu, et nos contemporains indifférents. Occasion de découragement ? Non ! Occasion de sacrifice et d’héroïsme pour les chrétiens à la suite de notre Seigneur. Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler ! (saint François d’Assise)

Pratique : Pratiquons la douceur avec tous

Dimanche 23 mars : 3° dimanche de Carême

Tout royaume divisé contre lui-même part à sa ruine… Tiré de l’Evangile du jour.

Cela vous paraîtra sans doute bizarre, mais j’ai un peu pitié de ces pharisiens de l’Evangile. Qu’est ce qu’ils se font ramasser par notre Seigneur ! Ils viennent avec leurs sourires mielleux, tordus dans leurs pensées, échafaudent des mauvais coups, et espèrent vraiment mettre Jésus dans l’embarras ! Mais vous savez à qui vous parlez, là ? C’est le Fils de Dieu, la deuxième personne de la sainte Trinité, qui est devant vous ! Il voit le fond de vos cœurs comme en plein jour, et possède toute la sagesse du monde. C’est vraiment plié d’avance… D’ailleurs ces attaques n’auront qu’un temps, viendra vite le moment, comme le dit avec sobriété l’Evangile, où personne n’osait plus l’interroger…

Profitons de l’impudence de ces pharisiens pour méditer la réponse de Jésus, si pleine de sagesse. Tout royaume divisé contre lui-même part à sa ruine… Comme c’est bien vu ! Pays, famille, communauté… partout où s’installe la division, les guerres fratricides, la perte du bien commun, c’est l’explosion qui est bien vite à prévoir. Mais au fait, n’est-ce pas vrai également pour ces pharisiens et pour chacun d’entre nous ? Ne sommes nous pas des êtres divisés ? Divisés entre la bonté et le péché, entre l’envie d’héroïsme et le rappel de nos misères, entre notre désir d’aimer Dieu, et nos sombres compromissions avec le diable… Alors nous sommes en danger de ruine, nous aussi, l’avons nous compris ? Avons nous compris que nous avons absolument besoin d’un homme fort, de Jésus, notre espérance ? Que nous avons besoin de la prière, de la confession, de la communion ? si nous pouvions comprendre, durant ce carême que tout royaume divisé contre lui-même part à sa ruine…

Pratique : Prions pour tous les malades de l’épidémie de coronavirus

Samedi 22 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices ? 5. POUR GAGNER NOTRE CIEL

Notre Seigneur nous rappelle extrêmement souvent le devoir de faire des efforts pour gagner notre paradis. Par exemple au chapitre 25 de saint Matthieu. On y trouve, entre autres : – la parabole des vierges sages et des vierges folles. Quand le maître reviendra, serons nous prêts pour les noces ? – la parabole des talents : Le maître qui part en voyage en laissant aux serviteurs la gestion de ses biens, mais qui espère les trouver fructifiés à son retour ! Qu’avons-nous fait des qualités que Dieu nous a accordées ? – la description du jugement dernier : D’un coté les brebis, de l’autre les boucs. C’est-à-dire que le Seigneur récompensera ceux qui auront nourri les affamés, accueilli les étrangers, vêtu les indigents, visités les malades et les prisonniers, mais pas les autres qui ne l’auront pas fait… sommes-nous si sûr d’avoir écouté le Seigneur sur ce point ? Comment ne pas remarquer une telle insistance ? On raconte, dans la vie des pères du désert, qu’un d’eux avait établi sa tente à 5 kilomètres de la source où il venait boire chaque matin. Quelques années passant, il se dit en lui-même : Je devrais bien me rapprocher de la source, ainsi j’aurais moins à marcher chaque jour ! Au moment où il allait mettre son plan à exécution, il eût une vision dans le ciel : un ange qui marquait dans un grand livre en lettres d’or chacun des pas qu’il faisait en sacrifice chaque matin. Il médita un bon moment et s’en fut planter sa tente à 10 kilomètres de la source… Notre livre est en train de s’écrire, ne l’oublions pas…

Pratique : Au moins 5 sacrifices en ce jour.

Vendredi 21 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices (4) ? POUR OBTENIR DES GRACES

Au chapitre 17 de son Evangile, saint Matthieu rapporte qu’un jour on amena aux disciples de Jésus un jeune possédé, mais ils ne purent le guérir. Jésus chassa le diable en un instant, et les disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu le chasser eux-mêmes… Jésus répondit : Ce genre de démon ne peut se chasser que par le jeûne et la prière ! C’était bien le sacrifice qui manquait aux disciples pour obtenir la grâce de Dieu ! De tous temps les saints ont su qu’il fallait faire des sacrifices si l’on tenait vraiment à une grâce importante. Le saint curé d’ars multiplia les sacrifices pour convertir sa paroisse, et à un prêtre qui venait le trouver pour lui parler du peu de fruit de son apostolat, il répondait : Avez-vous jeûné, prié, fait pénitence ? Evidemment, tout dépend de la puissance de notre désir…

Pratique : Un sacrifice pour nos prêtres, ou une personne affligée.

Jeudi 20 mars : De la férie

Pourquoi faire des sacrifices ? 3. POUR EXPIER SES PECHES

La Bible raconte l’histoire de Judas Macchabée : Celui-ci, après un rude combat, ayant trouvé des idoles sur les corps des combattants juifs morts au combat, fit offrir des sacrifices à Jérusalem pour que ces soldats soient purifiés de leurs péchés. Dés l’Ancien Testament, on savait donc qu’il fallait expier pour les péchés commis. Beaucoup de fidèles ignorent la doctrine catholique sur ce point : Un péché est une offense à Dieu, cela nous le savons. Mais il est aussi une déviation plus ou moins grande, qui nous charge d’une certaine responsabilité devant Dieu ! Si nous nous confessons, l’offense à Dieu est pleinement pardonnée. La responsabilité, elle, est plus ou moins remise en fonction de notre regret, de nos bonnes œuvres. Et le purgatoire est là pour purifier les fautes qui ne l’ont pas été suffisamment sur terre. L’image la plus saisissante de cette vérité dans l’art chrétien, était la représentation de saint Michel en train de peser les âmes : le bien l’emportait-il ou le mal ? Nous-mêmes, avons-nous pensé à expier les fautes de notre vie ? Sommes-nous prêts à paraître devant Dieu ? Le saint curé d’Ars demandait à son évêque un peu de temps pour pleurer sa pauvre vie, comme il disait… Heureux est-il d’avoir veillé au triomphe du bien dans son âme ! Heureux celui qui purifie son âme par le sacrifice !

Pratique : Un examen de conscience s’impose