Mercredi 5 mars : Mercredi des Cendres

Souviens-toi, Homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ! Formule par laquelle le prêtre impose les cendres.

Nous y voici ! Le carême commence bien aujourd’hui, en ce jour du mercredi des Cendres. Et il commence fort, par un jour de jeûne obligatoire pour tous de 18 à 60 ans… Jeûner – faut-il le rappeler ? – consiste à prendre un repas par jour, sans viande. On peut prendre un liquide le matin avec un peu de pain, et une légère collation au moment de l’autre repas (au séminaire nous prenions une soupe avec un peu de pain…). Autrefois tous les jours de carême étaient des jours de jeûne, mais suite aux adoucissements de la discipline antique, il n’en reste plus que deux obligatoires aujourd’hui, le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, raison de plus pour bien les observer !
Ce qui marque tout le monde, en ce jour, c’est le rite de l’imposition des cendres. Détail pratique : on n’est absolument pas obligé de garder la marque des cendres sur le front après la Messe ! Encore enfant, je n’osais pas toucher aux traces des cendres sur mon front, j’aurais eu l’impression de renier le Christ… Il y a plus de mille ans que ce geste d’imposition des cendres se pratique dans l’Eglise. Depuis le 4° siècle, on les imposait aux pécheurs publics qui devaient faire pénitence pendant quarante jours, et être réconciliés le Jeudi-Saint. Bientôt, de pieux fidèles – qui se reconnaissaient aussi pécheurs – se mêlèrent par humilité aux pécheurs publics, et la cérémonie s’étendit à tous. Recevoir les cendres, c’est donc affirmer publiquement que nous avons décidé d’entrer dans la pénitence du carême !
Souviens- toi, Homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ! Telle est la vérité ! Souviens-toi que tu es une créature ! Souviens- toi que tu es un pécheur ! Souviens -toi que Dieu t’appelle à purifier ton âme et à t’orienter vers Lui. Quelle que soit ton histoire passée, Dieu t’attend…

Pratique : Recevoir les cendres et (re)lire les belles oraisons de bénédiction.

Mardi 4 mars : Saint Casimir

O Dieu, qui, au milieu des délices royales et des attraits du monde, avez doué saint Casimir de la vertu
de force et de constance, nous vous demandons que, grâce à son intercession, vos fidèles méprisent les biens de la terre et aspirent toujours à ceux du ciel. 
Oraison de la Messe

Saint Casimir, prince de Pologne et roi élu de Hongrie, naquit en 1458 au sein d’une famille privilégiée. Son Père était roi de Pologne et sa mère de la famille royale d’Autriche. Mais dés son enfance, bien loin de profiter des avantages de sa position familiale, il pratiquait une sévère pénitence et une prière intense, n’hésitant pas à se priver de sommeil pour implorer la miséricorde de Dieu en pleine nuit. Assister à la sainte Messe était aussi pour lui un moment particulièrement précieux, tout comme veiller sur les pauvres et les indigents. Plus âgé, il seconda son père dans la défense et la propagation de la foi catholique en combattant notamment le schisme des Ruthènes. Il mourut encore jeune (à 25 ans) le 4 mars 1484. Dés sa mort des miracles entourèrent son tombeau, et quand, en 1604, on l’ouvrit, on retrouva son corps intact !

De nombreux saints rois ont été entourés de ferveur populaire. D’abord parce qu’ils avaient montré un magnifique exemple en préférant l’amour du Christ aux avantages de la terre. Et aussi parce que ces peuples chrétiens espéraient que ces saints rois continueraient du haut du Ciel les bienfaits qu’ils avaient pratiqués sur la terre. Au début de ce carême, demandons un peu de leur courage pour suivre le Christ par dessus tout…

Pratique : Une prière au Seigneur pour nous donner du courage !

Lundi 3 mars : De la férie

Changeons de vêtement contre la cendre et le cilice ; jeûnons et pleurons devant le Seigneur car notre Dieu est plein de miséricorde pour pardonner nos péchés. Antienne du mercredi des Cendres

Après les baptisés la liturgie du carême parle aussi aux pécheurs, et plus spécialement aux pécheurs publics… Qui étaient ils ? Des baptisés qui avaient gravement et publiquement désobéi à la loi de Dieu : Les apostats, hérétiques, meurtriers ou adultères… Ces pécheurs qui voulaient réintégrer la communauté des fidèles devaient alors recevoir les cendres au début du carême, mettre des vêtements grossiers, rester à la porte de l’église pendant les offices, et jeûner en une longue pénitence avant d’être pardonné le jeudi saint par l’évêque en personne. Les Messes des jeudis de Carême s’adressent particulièrement à eux, savez-vous pourquoi ? Tout simplement le jeudi était un jour de fête pour les païens, et longtemps l’Eglise ne célébrait pas la Messe ce jour là pour se différentier des païens et de leurs fêtes idolâtriques voire licencieuses… Mais avec la disparition progressive du paganisme on s’est mit à dire la Messe aussi les jeudis de carême à une époque ou il y avait nettement moins de catéchumènes et d’avantage de pécheurs publics repentants…

Les récit des Pères du désert racontent qu’un jour abba Bessarion vit un frère qui avait commis un péché chassé de l’église par le prêtre. Alors abba Bessarion se leva et sortit avec lui en disant : Moi aussi, je suis un pécheur ! Tout comme abba Bessarion, les chrétiens fidèles, devant l’exemple des pénitents, se mirent à les imiter par humilité et charité, et la pénitence devint générale chez tous les chrétiens pendant le carême. Qu’il en soit de même pour nous !

Pratique : N’oublions pas de pratiquer la bonté en ce Carême.

Dimanche 2 mars : dimanche de la Quinquagésime

Seigneur, que je voie ! Tiré de l’Evangile du jour.

Nous avons tous vu des mendiants, ils ne manquent pas dans nos villes ! Habillés misérablement, munis d’un petit carton indiquant le motif de leur détresse, ils vous demande votre aide d’un air suppliant… S’ils arrivent à nous inspirer de la pitié, ils recevront sans doute une petite pièce ou même un billet ! L’aveugle Bartimée qui fait la manche à la sortie de Jéricho connaît le métier, et quand Il apprend que Jésus passe tout prêt, il se met à crier, Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! On a beau lui dire de se taire, il s’en moque et continue à crier pour qu’on aie pitié de lui et qu’il obtienne ce qu’il demande. Seigneur, que je voie ! Et Jésus va le guérir.

Mes chers frères, retenons cette première leçon de l’Evangile, Dieu écoute toute nos prières n’ayons aucun doute là-dessus. Mais pourrions nous manifester un peu de persévérance dans nos demandes ? Sainte Geneviève pria toute une nuit pour protéger Paris des Huns, et sainte Monique pria vingt ans pour obtenir la conversion de son fils Augustin. Nous voulons obtenir quelque chose de Dieu ? Sachons y mettre le prix ! L’autre leçon de l’Evangile, c’est qu’une fois notre aveugle guéri, il se met à suivre Jésus en glorifiant Dieu ! Combien de fois je rencontre des gens qui me demandent de prier pour qu’ils obtiennent un travail, un conjoint, ou une augmentation ! Mais souvent ils m’avouent prier peu eux-mêmes, ne pas pratiquer la Messe le dimanche, ni suivre la vie chrétienne. Ah on voudrait tellement recevoir de Dieu, mais que donne-t-on en échange ? En ce dimanche nous devrions bien nous-mêmes reprendre la prière de l’aveugle de Jéricho : Seigneur, faites que je voie ! Que je voie ce qui vous attriste en moi ! Que je voie ce qui vous plairait que je fasse ! Je suis prêt à le faire !

Pratique : Demander à Dieu ce qu’Il souhaite de nous pendant ce carême

Samedi 1er mars : De la sainte Vierge au samedi

L’histoire liturgique nous apprend que le carême à été institué en premier lieu pour préparer les catéchumènes au baptême. Imaginez un peu cela : Dans les premiers temps de l’Eglise, on voyait arriver chaque année de nombreux païens qui voulaient devenir chrétiens. Quelle ambiance spirituelle ! Alors pendant tout le carême on les réunissait presque quotidiennement pour les préparer à cette nuit de Pâques où ils seraient baptisés. Nos missels, de liturgie romaine, nous indiquent souvent quelle était l’église à Rome (qu’on appelait la station) où se faisait chaque jour de carême ce rassemblement de tous les chrétiens… On priait pour eux, on les enseignait, on faisait des exorcismes aussi.. Et tout le monde était concerné, l’évêque en tête, le clergé et les fidèles aussi… Comme elle est touchante cette sollicitude maternelle de l’Eglise ! Comme nous devrions prier pour les non-baptisés, pour qu’ils reçoivent la lumière et l’appel de Dieu… Aujourd’hui où on approcha les 50% d’enfants non baptisés dans notre France, quelle grande intention missionnaire !

Pratique : Une prière pour que les enfants non baptisés reçoivent cette grâce

Vendredi 28 février : De la férie

Profitons des jours de férie prochains pour parler de l’esprit du carême à venir. A observer la liturgie du carême on voit que l’Eglise indique clairement qu’il est un temps de combat spirituel ! Dés la matines du premier dimanche de carême, saint Léon le grand, pape de 440 à 461 nous encourage à ce combat : La Providence divine nous a ménagé une institution salutaire afin qu’un entraînement de quarante jours nous procure un remède pour restaurer la pureté de nos âmes. Pendant ces jours, les fautes des autres temps sont rachetées par les œuvres de miséricorde et consumées par des jeûnes rigoureux. Mais pourquoi se battre ? Aurions nous des ennemis ? Bien entendu que nous en avons, et ils sont nombreux ! D’abord nos défauts et nos addictions qui nous tirent vers le bas et cela s’aggrave si on ne s’y oppose pas. Ensuite l’esprit mondain de la société dans lequel nous baignons qui ne cesse de nous répéter : Fais toujours ce qu’il te plait… Enfin le diable, le plus redoutable de tous qui, comme le dit saint Pierre comme un lion rugissant, tourne autour de nous cherchant qui dévorer… Si l’on refuse d’affronter ces ennemis puissants, c’est qu’on a déjà capitulé et qu’ils ont vaincu. Le Père Lorenzo scupoli écrivit en 1589 un magnifique petit livre intitulé « le combat spirituel ». Je vous le recommande, spécialement en carême ! Il explique que la base du combat spirituel c’est de se méfier de soi et d’avoir toujours confiance en Dieu. Ainsi équipé, à nous de passer à l’attaque !

Pratique : Prenons l’habitude, chaque soir, de notre examen de conscience

Jeudi 27 février : Saint Gabriel de l’Addolorata

le monde passe, et sa concupiscence avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Tiré de l’épitre de la fête de saint Gabriel de l’Addolorata

François Possenti naquit à Assise, le 1er mars 1838, il était le 11ème de 13 enfants ! Sa famille est aisée, mais est bientôt frappée par la tristesse du décès de la mère à 43 ans. Sa mère a éduqué François dans la piété et un grand amour de la sainte Vierge, cependant la première partie de sa vie, sans être gravement mauvaise, conciliait l’amour du monde et du paraître, avec le service de Dieu… Mais bien tôt l’heure de Dieu arrive et s’impose à ce fringuant garçon : Le 22 août 1856, François participe à une procession de la sainte Vierge quand il voit la Madonne de l’image portée en procession le regarder avec tendresse et lui dire : Petit François, le monde n’est plus pour toi, il te faut entrer en religion ! François obéit et rentre dans l’ordre des Passionistes, dévoué à la méditation et la prédication des souffrances du Seigneur. Comme il aime particulièrement la sainte Vierge, son nouveau nom de religieux sera Gabriel de l’Addolorata (de la Vierge des douleurs). En six ans de vie religieuse, son ascension spirituelle sera impressionnante, et il émerveillera tout le monde par la profondeur de sa dévotion à la Vierge des douleurs. Il mourra de la tuberculose, en restant paisible, le 27 février 1862, à l’âge de 24 ans… Il est appelé « le saint du sourire ».

L’amour de la sainte Vierge en aura sauvé des chrétiens ! Pour saint Gabriel ce fut l’ascenseur qui le fit arriver à la sainteté… Croyons-nous vraiment en sa tendresse pour nous ?

Pratique : Penser un moment aux souffrances de la sainte Vierge… pour nous !

Mercredi 26 février : De la férie

Le troisième tableau de notre temps de la Septuagésime est celui d’Abraham le croyant, et tout spécialement l’épisode du sacrifice de son fils Isaac. Cette page étonnante de la Bible nous révèle les intentions de Dieu sur l’homme pécheur. Dieu dit (à Abraham) : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai… Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! ». L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. A cette époque où se pratiquaient les sacrifices humains rituels, Dieu marque une franche rupture : Lui ne veut pas la destruction des hommes ni le sang versé ! Lui est un Dieu de vie et de bonté ! Puisqu’il faut un sacrifice pour effacer le péché des hommes, un autre sera désigné, un nouvel agneau, qui viendra aussi portant le bois sur son dos et consentira à mourir pour que nous vivions. Voici donc les enseignements décisifs de ce temps de la Septuagésime : Au delà du péché des hommes, la bonté de Dieu brille toujours, le croyons-nous ? Sommes-nous prêts à aller chercher ce salut que le Seigneur nous a préparé ?

Pratique : Offrons au Seigneur nos peines de la journée en réparation de nos fautes.

Mardi 25 février : De la férie

Après Adam et la réflexion sur le péché originel, le temps de la septuagésime évoque le patriarche Noé et l’épisode du déluge. Et c’est une histoire d’une violence extrême… et pleine d’enseignements ! Le Seigneur vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal… C’est ainsi que commence l’épisode ! Non seulement le mal est dans le cœur de l’homme, créant méchanceté et malheur, mais ce mal gagne du terrain de jour en jour et augmente en pouvoir néfaste, c’est un cancer ! Voici bien la deuxième leçon à méditer pour nous : le mal en nous, qui n’est pas combattu, se développe, et devient de pire en pire. Terrible loi ! Le récit biblique continue, implacable : … le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur. Et le Seigneur dit: J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir fait. Dans le chapitre des mauvaises nouvelles, en voici une autre : Les péchés des hommes attirent sur eux la colère de Dieu, manifestée par le châtiment qu’ils méritent ! Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur. (Livre de la Genèse ch. 6) Enfin un élément plein d’espérance ! Dieu ne se résout pas à tout ce mal. Ce n’est pas simplement nous qui désirons nous en sortir, le Seigneur va agir ! Aux jours de Noé… les hommes mangeaient, buvaient, et se mariaient, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Puis le déluge arriva, qui les a tous fait mourir… dira plus tard Jésus (Luc, ch. 17) Nous avons compris la leçon… Et sommes prêts a nous bouger pour gagner l’arche et le royaume de Dieu !

Pratique : Réfléchissons sur les efforts que le Seigneur nous indique pour ce carême.

Lundi 24 février : Saint Matthias

le sort tomba sur Mathias, et il fut associé aux onze Apôtres. tiré de l’épître de la Messe.

On ignore tout de la vie de saint Mathias, à l’exception du récit de son élection au premier chapitre des Actes des apôtres (c’est l’épitre de la Messe d’aujourd’hui). Mais celui-ci est vraiment riche d’enseignements ! Nous sommes Juste après l’Ascension, et avant que se produise la Pentecôte… Saint Pierre fait un discours à plus de cent frères, leur demandant de choisir un successeur au malheureux apôtre Judas, pour être témoin de la Résurrection de Jésus… On en trouve deux qui pourraient remplir la charge, le premier s’appelle Joseph, et est surnommé le juste, le second est notre Mathias. On se met en prière et on tire au sort l’élu du Seigneur et c’est Mathias qui est désigné pour remplacer Judas. On notera, en souriant, que le nom « Matthias » signifie « don de Dieu », et qu’il fut choisi par Dieu alors qu’il était le deuxième choix, au jugement des hommes, derrière le « juste » Joseph…

ça ne vous est jamais arrivé à vous, d’être déçu de ce que le Seigneur vous réservait dans sa Providence ? Déçu par un conjoint, un ami, un membre de sa famille, un prêtre, un évêque, et même, osons le dire sans crainte, par le Pape ? Moi, oui, pour être parfaitement honnête ! Et après… une déception est-ce la fin du monde ? Non, c’est plutôt une indication divine ! On trouve merveilleux Mère Térésa affrontant la pauvreté totale, le Padre Pio souffrant pour le salut des âmes, et le saint Curé d’Ars cloué des heures à son confessionnal ? Et on s’étonne d’avoir à porter sa part ? Are you serious ? comme disent les Américains…

Pratique : Aujourd’hui nous serons particulièrement disponibles à ceux que nous rencontrerons