Vendredi 5 janvier : De la férie

Il y a quelque chose à détordre en nous, vous savez quoi ? La rapacité ! Par rapacité, je veux dire cette tendance violente en tout homme à conquérir l’argent, la gloire, la victoire sur ses ennemis, la tranquillité de vie… Que de conflits ont pour origine cette rapacité !

Dans le mystère de Noël, l’Enfant-Jésus essaye, avec douceur et pédagogie, de guérir nos âmes de cette maladie : Il naît dans la pauvreté de la crèche… Sa pauvreté choisie, rayonnante et heureuse, est un vrai baume capable de guérir cette rapacité de nos cœurs. Grâce à la pauvreté que le Seigneur a voulu dans sa crèche, nous comprenons que les choses essentielles de la vie ne sont pas celles que nous poursuivons trop souvent… N’aimons pas l’argent ! Que notre force et notre générosité soit tournée vers les vraies richesses : Chercher le Royaume de Dieu, et la bonté avec notre prochain autant qu’il dépend de nous.

C’est en méditant cette nuit-là (de Noël 1853) sur la pauvreté de Notre Seigneur, que j’ai décidé de vivre le plus pauvrement possible. C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti.   Père Chevrier. Saurons-nous cette année nous laisser prendre par la grâce de Noël ?

Pratique : Choisir une occasion de dévouement pour l’année qui commence.

Jeudi 4 janvier : de la férie

Les jours prochains sont des jours de férie du temps de Noël, profitons-en pour parler de la spiritualité propre à Noël !

On raconte qu’il y eut, au 19° siècle, une discussion entre un prêtre catholique, et le grand rabbin de Carlstadt. Quand le prêtre demanda au rabbin pourquoi il ne croyait pas que le Messie fut venu, le grand rabbin se leva et ouvrit la fenêtre, puis il dit : Parce que je ne vois pas que le monde ait changé ! C’est sûr que, dans la Bible, Isaïe décrit le temps de la venue du Messie de manière étonnante : Un temps où les montagnes couleront de lait et de miel ; une époque où le lion habitera avec l’agneau, où l’enfant s’endormira en paix sur le trou de la vipère, et où les hommes utiliseront leurs armes pour en faire des faucilles et des socs de charrue… Mais je crois que le rabbin avait tout de même mal regardé ! Sinon il aurait bien vu sur la terre cette abondance extraordinaire et cette paix profonde !

N’y avait-il pas une extraordinaire abondance dans cette crèche où le Dieu du ciel nous est offert sous la forme d’un enfant ? Quelle douceur ! Plus que le lait et le miel… La certitude d’être aimés de Dieu coule bien, depuis ce moment, sur tout notre monde et dans nos cœurs. Et d’où nous vient la vraie paix, sinon d’avoir Dieu présent parmi nous ? Encore aujourd’hui il suffit d’entrer dans une Église auprès du Seigneur qui est là et qui nous attend, pour goûter une paix vraie et profonde… Et nous, avons-nous changé ? Peut-être… si nous avons su regarder la crèche et garder le message de Noël dans nos âmes !

Pratique : Se rappeler que nous sommes les ambassadeurs de la douceur de Dieu.

Mercredi 3 janvier : De la férie, en France, sainte Geneviève

O pieuse épouse de Dieu, aurore des affligés, vierge de France, ô vierge pleine de douceur, écoutez ceux qui crient vers vous, ne dédaignez pas ceux qui vous prient.   Graduel de la Messe de sainte Geneviève.

Sainte Geneviève eut une grande influence dans l’histoire de France. Elle vivait en banlieue parisienne, à Nanterre, plus exactement. Mais c’était au 5° siècle, et la vie y était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui ! Vers 7 ans elle croisa l’évêque saint Germain d’Auxerre qui perçut en elle une vocation et l’encouragea à la vie consacrée ce qu’elle réalisa plus tard. Quand Attila assiégea Paris en 451, Geneviève, à 28 ans, se dressa pour secourir la ville. Elle exhortera les parisiens à rester ferme, promettant de prier pour obtenir la sauvegarde de Paris, ce qui arrivera. Elle protègera encore Paris à d’autres reprises, et s’attirera l’affection et l’admiration du roi Clovis, de sa femme Clotilde, de tous les Parisiens, et jusqu’en Orient on la vénérait ! Paris conserve encore, dans l’Église sainte Geneviève à deux pas du Panthéon, le tombeau de sa sainte patronne, vide, car les reliques ont été brûlées à la révolution française.

Geneviève nous rappelle ce que peut faire une âme fidèle à Dieu : plus que tous les rois et les puissants de ce monde ! Hier comme aujourd’hui, la vraie solution des crises de ce monde se trouve dans la sainteté. Et si nous nous y mettions ?

Pratique : Aujourd’hui nous prierons pour toute nécessités que nous rencontrerons.

Mardi 2 janvier : Fête du saint Nom de Jésus

il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. Parole de saint Pierre, d’après l’épitre de ce jour.

Après un saint Bernard qui parla avec tant de douceur de la bonté du Nom du Seigneur, c’est au 14° et 15° siècle, sous l’influence des Franciscains en général et de saint Bernardin de Sienne en particulier, que se popularisa la dévotion au saint Nom de Jésus. On prit alors l’habitude de mettre partout les lettres IHS dans un soleil, en gage de bénédiction. On en trouve encore souvent de nos jours…

Dans la Bible, le  nom n’est pas lié à un goût ou une mode, mais à une mission profonde qui est donnée par Dieu. Abraham est appelé ainsi par Dieu car il doit devenir le Père d’un grand nombre de nation, et Simon est surnommé Pierre puisque sur lui sera édifiée l’Église. Quand à lui, le nom de Jésus, indiqué par l’ange à Marie et à Joseph, signifie littéralement : Dieu sauve. Ainsi nous est révélé la mission essentielle du Seigneur sur la terre : nous sauver !

Comme nous devrions alors veiller à nous incliner avec amour au Nom sacré de Jésus comme nous y invite la liturgie ! Le propre des pays chrétiens était de chercher glorifier Jésus autant que possible, et c’est la pauvreté de notre époque de vouloir confiner la dévotion aux sacristies et aux options purement personnelles et intimes. Évitons pour nous cet esprit laïciste ! Manifestons publiquement notre respect pour le Nom sacré de notre Sauveur, et puisque Jésus est tout salut, pensons alors à l’invoquer souvent

Pratique : plusieurs invocations du nom de Jésus

Lundi 1er janvier : Octave de la Nativité du Seigneur

En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.        Évangile de la fête.

Il est parfois difficile d’être catéchiste… Je crois m’en être tiré assez correctement pour expliquer aux chères têtes blondes la Conception de Jésus sans l’intervention d’un homme, mais pour ce qui est de la circoncision du Seigneur, c’est vraiment mission impossible ! Quand à vous, je ne sais pas si vous avez eu des lacunes à ce sujet dans votre éducation à la foi, mais je profiterai de ce que nous soyons entre adultes, pour en dire un mot aujourd’hui :

Dans l’Ancien Testament, la circoncision était le signe de l’alliance avec Dieu. L’enfant qui était circoncis entrait dans le peuple de Dieu, la grande famille de ceux qui étaient fidèles à Dieu et adhéraient à sa promesse de salut sur le monde. Jésus n’avait évidement personnellement aucun besoin d’être circoncis ! Il a voulu l’être pour dire la valeur de cette cérémonie de l’Ancien Testament, et aussi pour manifester son appartenance – très particulière dans son cas – à ce peuple de Dieu. Précisons tout de même qu’après la venue de Jésus Christ, ce n’est plus la circoncision mais le baptême qui réalise cette appartenance…

Nous ne sommes plus circoncis de chair, mais sommes-nous des circoncis… de cœur, comme le demande saint Paul aux Romains ? De ceux qui ne sont pas simplement baptisés, mais qui vivent la fidélité à Dieu et travaillent, là où ils ont été placés, à bâtir le royaume de Dieu ? A ceux-là, toujours d’après saint Paul, le Seigneur donnera la vraie paix ! Tels seront mes vœux pour vous en 2013 !

Pratique : Nous ne manquerons pas de réciter le Veni Creator pour demander la bénédiction sur l’année nouvelle.

Dimanche 31 décembre : Dimanche dans l’octave de Noël

Tandis que tout reposait dans le silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux du trône royal.              Introït de la Messe.

Au temps de Noël, la liturgie de l’Église nous décrit tous les adorateurs de l’Enfant : Elle a parlé des bergers le jour de Noël, Elle parlera bientôt des mages à l’épiphanie, Elle évoque aujourd’hui Siméon et Anne. Et ils ne sont certainement pas les moindres des adorateurs ! Pendant que les bergers gardaient leur troupeau, et les mages étudiaient les étoiles, Siméon attendait la consolation d’Israël et Anne ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière… Alors pour leurs cœurs si droits, pas besoin d’ange ni d’étoile, c’est le Saint-Esprit qui leur chuchote l’incroyable vérité : Cet Enfant que personne ne remarque au milieu du brouhaha du Temple est le Sauveur attendu, la lumière des nations et la gloire d’Israël !

La leçon est belle pour nous, ne trouvez-vous pas ? Nous qui prenons tant d’importance à ce qui se voit, à notre réussite et notre réputation, nous négligeons trop souvent la vie de prière et l’attention à l’Esprit-Saint… Pourtant c’est bien là que se joue en vérité tout le destin de l’humanité. Comme le dit l’Introït de la Messe, c’est dans le silence de la nuit que la parole toute-puissante est descendue sur la terre… et seulement dans le silence de notre prière que nous pourrons l’accueillir. Il manque tellement de Siméon et d’Anne de nos jours… Essayons du moins à leur suite d’être de vraies âmes de prières, de ces petits à qui le Seigneur révèle les secrets qu’Il cache aux sages et aux puissants !

Pratique : réciter le Te Deum en action de grâces pour l’année passée.

Samedi 30 décembre : de la férie

Après l’intervention du premier ange, c’est toute une troupe qui proclame : Sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté !

Oui, oui, je sais… La traduction exacte de la parole des anges serait plutôt : paix sur la terre aux hommes qu’Il aime… Mais si on a traduit depuis des centaines d’années selon première version, et qu’on la garde dans la liturgie, c’est qu’elle correspond bien à la foi, et qu’elle a quelque chose à nous dire ! Et pour tout vous dire, elle me plaît bien…

Un homme de bonne volonté, à votre avis, c’est quoi ? Quelqu’un d’honnête intérieurement ! Il ne triche pas avec la vérité quand il la voit. Quelqu’un de généreux dans sa vie ! Il ne compte pas ses efforts devant le bien à accomplir. Quelqu’un enfin qui favorise la paix autour de lui. Bref un vrai gibier d’Évangile ! Il suffit de lui expliquer la parole de Dieu, pour qu’il s’ouvre rapidement à sa lumière. Bien des missionnaires ont ainsi raconté que, faisant le catéchisme dans des endroits reculés, ils ont trouvé de ces âmes de bonne volonté, qui leur disaient avoir toujours cru en grande partie ce qu’ils enseignaient.

Ce qui est vrai de ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ, reste vrai pour les baptisés… On a beau être baptisé, si on n’est pas un homme de bonne volonté, il y a fort à parier que l’Évangile provoquera en nous des tensions, des lâchetés, des trahisons. Alors, sommes-nous des hommes de bonne volonté ? Du moins…, nous efforçons-nous de le devenir ?

Pratique : Veiller à être généreux aujourd’hui

Vendredi 29 décembre : De la férie

J’ai déjà eu l’occasion de le dire : on a toujours intérêt à scruter les paroles des anges ! En effet ces purs esprits comprennent les mystères de Dieu bien mieux que nous autres, pauvres hommes. Et quand ils disent quelque chose, il y a pour nous une grande lumière ! Revenons alors, pour ces jours de férie, sur les paroles des anges de Noël…

Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David.

La joie est donc le résumé du mystère de la Nativité ! Et même une joie universelle puisque tout le peuple sera concerné… Il faut dire que Dieu a « mis le paquet » : Le Sauveur attendu depuis des millénaires arrive, ce qui n’est pas rien. Mais de plus, ce Sauveur n’est pas n’importe qui, mais le Christ Seigneur (manière pour l’ange d’indiquer que le Messie est Dieu Lui-même), et, comble d’admiration… Il vient partager nos existences ! Les anges s’extasient devant le cadeau royal de Noël, celui de l’amour intense de Dieu pour les hommes, et qui devrait les remplir d’une joie profonde. A-t-on jamais entendu parler d’un Dieu qui se soit fait aussi proche des hommes? remarquait finement saint Thomas d’ Aquin… Ah, si tous les hommes, malgré la lourdeur de leurs cœurs, pouvaient s’ouvrir à cette annonce et  recevoir la joie qui leur est si largement proposée !

Pratique : Une visite au saint Sacrement dans une église.

Jeudi 28 décembre : Fête des saints Innocents

Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés.             Offertoire de la Messe des saints Innocents.

Les saints Innocents sont ces enfants du coin de Bethléem massacrés par Hérode en lieu et place de Jésus-Christ. Pour avoir donné leur vie à cause de Notre-Seigneur, leur drame s’est changé en récompense : ils ont reçu la palme du martyre. Le premier témoignage de leur fête en Occident est au 5ème siècle. En leur honneur il était coutume, au Moyen-âge, d’admettre les enfants en ce jour dans le chœur des cathédrales. Dans les couvents, bien souvent, les novices commandent aujourd’hui aux anciens !

Les saints Innocents nous rappellent le drame de ce monde : alors que le Seigneur vient à Noël comme un enfant, plein de bonté et de douceur, le monde n’est pas près à le recevoir et son aversion se changera en violence et en haine… A travers Hérode, on voit donc le perpétuel combat entre la lumière et les ténèbres, entre la vie généreuse et l’égoïsme. L’histoire continue de nos jours à travers les nouveaux innocents persécutés… Je veux parler de tous ces enfants que l’avortement prive de la vie, et à toutes ces blessures aussi que les parents connaissent à travers ce drame. Que les saints Innocents nous obtiennent notre conversion, le pardon de Dieu, et nous donnent l’amour de toute vie humaine.

Pratique : Prier pour toutes les victimes de l’avortement, enfants et parents.

Mercredi 27 décembre : Saint Jean

Celui-ci est Jean, qui se reposa pendant la cène sur la poitrine du Seigneur : bienheureux Apôtre, à qui furent révélés de célestes secrets !    Antienne des vêpres de la fête de saint Jean.

Saint Jean était un apôtre de premier plan… Cousin du Seigneur, membre du cercle restreint des intimes à qui le Seigneur révélait ses plus grands secrets, il s’appellera lui-même : Celui que Jésus aimait ! Il reposera sur sa poitrine le soir du jeudi saint, sera présent au pied de la Croix, et recevra Marie comme Mère, et pour nous tous. Il écrivit le quatrième évangile, qui proclame très clairement la divinité de Jésus-Christ…

Saint Jérôme rapporte qu’à la fin de sa vie, Jean ne cessait de répéter aux chrétiens Aimez vous les uns les autres ! Au point que les fidèles, lassés de ce radotage, lui demandèrent pourquoi il répétait toujours la même chose. Saint Jean répondit : C’est la parole du Seigneur et elle suffit !

Je me garderai bien de reprocher à saint Jean de répéter cela… Je crois au contraire qu’il faudrait nous le redire tous les jours ! Quand donc, nous autres chrétiens, poursuivrons nous vraiment cette charité comme l’idéal de vie qui nous est demandé ? Quand donc serons-nous un peuple rempli de l’amour des autres ? Ce jour là, la crise dans l’Église ne sera plus qu’un lointain souvenir pour historiens… Allez, aujourd’hui, on commence !

Pratique : La charité tout au long de la journée…