Jeudi 20 décembre : de la férie

Continuons l’examen de nos coutumes catholiques, avec le sapin et la buche de Noël !

Au moyen-âge, on aimait jouer le mystère de la création du mode, du péché originel et de la promesse du Sauveur. Et on mettait ainsi souvent un sapin, chargé de pommes rouges, pour symboliser l’arbre de la connaissance du bien et du mal que Dieu avait interdit de toucher. C’est, semble-t-il, une des origines de notre sapin de Noël. Mais la première mention attestée du sapin de Noël apparaît en 1521 à Sélestat en Alsace. Les sapins de Noël qu’on dresse en Alsace sont munis de pommes, puis viendront bientôt des friandises et de petits personnages. Le sapin verdoyant en plein hiver, et chargé des pommes évoquant le péché originel, était naturellement un symbole de l’Enfant-Jésus. Cette coutume du sapin devint si populaire qu’on pouvait écrire : Là où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël ! En Alsace encore, au 19ème siècle, alors que les pommes avaient toute gelées un maître verrier eut l’idée de remplacer les pommes par des boules en verre… et créa ainsi les boules que nous accrochons au Sapin. Aujourd’hui quand nous décorons notre sapin, n’oublions pas au sommet l’étoile qui guida les mages vers l’Enfant-Jésus, et les guirlandes qui sont des « cheveux d’anges » ! De même on mettait autrefois une grosse buche dans la cheminée le soir de Noël, et celle-ci apportait lumière et chaleur pour toute la soirée.

Ainsi en dressant un sapin ou en mangeant la buche de Noël, on célèbre en famille le Seigneur venu nous délivrer du péché et qui est la chaleur et la lumière de nos vies… Comme nous devons cultiver et savoir expliquer ces symboles venus des temps anciens ! Ils donnent un air de fête à nos villes et nos maisons, et enchantent notre quotidien. A travers eux, la joie immense de Noël traverse les siècles, et nous rappelle notre vocation au bonheur, à la suite de l’Enfant de la crèche.

Pratique : Penser à décorer la maison pour Noël et à expliquer aux enfants la signification des décorations !

Mercredi 19 décembre : de la férie

Encore la crèche… 

L’idée géniale de saint François d’Assise va faire école dans toute la chrétienté ! Bientôt on dressera la crèche dans toutes les églises avec, pour des raisons évidentes de simplicité, des personnages qui remplaceront les êtres vivants et les animaux. Plus tard, des églises, la crèche va migrer dans les familles. En France, il semble que cette évolution soit due à la Révolution dite Française ! En effet, comme en ce temps-là les crèches, comme toutes les cérémonies catholiques publiques, étaient interdites, les fidèles dressèrent alors chez eux la crèche, et depuis elle y est restée… Un exemple très typique de notre culture est la crèche provençale qui met auprès de l’Enfant-Jésus les santons (« petits saints », en opposition aux grandes statues d’églises…) : les personnes du village, toutes concernées par Noël… Ainsi le Maire tout comme le Curé, le tambourinaire et le Boumian, sans oublier lou ravi, le simple tout émerveillé de ce qu’il voit, viennent offrir leurs hommages à l’Enfant-Dieu.

Il est touchant de voir que la famille, ce premier et dernier sanctuaire de notre vie, et notre soutien dans les difficultés, a tout naturellement accueilli la crèche. Que Jésus qui voulut naître dans une famille, nous donne de savoir remercier pour nos familles, et travailler à leur bonheur.

Pratique : Faire quelque chose pour notre famille.

Mardi 18 décembre : de la férie

La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonitide, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; au temps des grands prêtres Anne et Caïphe… Luc, chapitre 3.

J’anticipe un peu, avec ce passage de l’Evangile du quatrième dimanche de l’Avent, pour évoquer le troisième avènement du Seigneur : sa venue sur la terre la nuit de Noël. Cela faisait des millénaires qu’on l’attendait… Depuis Adam, le premier péché et la promesse, en passant par les patriarches, les juges, les prophètes, et toute la longue histoire d’Israël. Au jour choisi par le Père, à un moment de notre histoire et en un lieu précis, l’envoyé de Dieu, le Messie, va venir parmi nous, nous allons pouvoir le découvrir. Et ce sera l’émerveillement de Noël !

Nous avons gardé la marque de cet émerveillement à travers la tradition des crèches. C’est à l’exceptionnelle sensibilité de saint François d’Assise que nous devons ces crèches. Il avait bien lu l’Évangile qui disait que le soir de Noël, l’enfant Jésus qui venait de naître fut couché dans une crèche parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Luc 2. Une pauvre mangeoire pour accueillir le Seigneur venu sur la terre ! D’après Celano, son biographe, il disait : Je veux évoquer le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dés son enfance. Je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin entre un bœuf et un âne. Il réalisa donc la première crèche vivante le 24 décembre 1223 à Greccio en Italie. C’est François qui prêcha à la Messe ce soir là, parlant avec tendresse du Bambino de Bethleem, et émerveillant tout le monde. Un assistant crût alors voir un enfant endormi dans la crèche se réveiller à l’approche de François. Et Celano de remarquer : L’Enfant Jésus était, de fait endormi dans l’oubli au fond de bien des cœurs…

François avait l’intelligence des saints. Il savait que nous avions besoin de voir… Il savait aussi qu’en faisant cette crèche, nous comprendrions de suite que le Seigneur était venu dans la réalité de notre monde, et pour chacun de nous. Et qu’alors, sans doute, les cœurs s’ouvriraient à la tendresse de Dieu…

Pratique : Lire le chapitre 2 de saint Luc (jusqu’au verset 20), devant une crèche.

Lundi 17 décembre : de la férie

Ô Orient, splendeur de la Lumière éternelle et Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort!                     Antienne O du 21 décembre

La liturgie des ces jours nous amène une nouveauté : les grandes antiennes  » O ! « . Chaque jour à Vêpres, depuis aujourd’hui jusqu’au 24 décembre, ceux qui récitent le bréviaire disent une courte phrase (une antienne) qui redit l’émerveillement de l’Église devant la venue de l’Enfant-Dieu. O Emmanuel… ! O Sagesse… ! O Adonaï… ! Il y a une antienne différente chaque jour mais commençant toujours pas le « O » de l’admiration…

Avons nous bien conservé notre admiration devant le Seigneur ? Voilà quelques années, j’enseignais la foi à un jeune issu d’une famille athée et d’un quartier difficile, et qui se préparait pourtant au baptême. Un jour qu’il était éprouvé, il me dit que depuis qu’il se préparait au baptême, tout allait mal dans sa vie ! Avant il vivait comme il voulait, maintenant il devait faire des efforts contre ses défauts. Son « amie », n’acceptant pas son chemin de foi, l’avait quitté. Il devait encore subir l’incompréhension voire l’hostilité de son milieu professionnel, et les catholiques n’étaient pas toujours fraternels à son égard ! « la totale » comme disent les jeunes aujourd’hui… Je lui demandait alors s’il avait envie de renoncer à son baptême. Immédiatement, il me dit avec conviction : non! et ses yeux exprimaient qu’il n’aurait voulu pour rien au monde abandonner la vérité qu’il avait entrevue, ni renoncer à l’émerveillement qui était le sien devant l’amour du Seigneur pour lui…

A l’approche de Noël, l’esprit d’émerveillement nous gagne. Ce n’est pas tant les cadeaux et les décorations qui sont importants, c’est plutôt la famille, les amis, le sentiment qu’une vraie douceur peut exister dans nos vies. Accueillir cet émerveillement, c’est accueillir le sourire de l’Enfant-Jésus qui se pose sur l’humanité !

Pratique : Prions aujourd’hui pour tous les membres de la famille, surtout les plus isolés et les plus éprouvés.

Dimanche 16 décembre : 3ème dimanche de l’Avent

Et vous, comment faites-vous ? Moi, à chaque fois que je vais me confesser, je dis la phrase rituelle : Bénissez moi mon Père, parce que j’ai péché ! Sans voir – jusqu’à peu de temps – combien elle est incongrue… Pécher n’est déjà pas terrible, mais demander une bénédiction pour cela, c’est un vrai scandale ! Je crois qu’il n’y a qu’en Jésus-Christ, et dans l’Esprit Saint, qu’on peut dire cette phrase en vérité…

Gaudete ! Gaudete ! nous dit la liturgie de ce dimanche, réjouissez-vous en tous temps, chrétiens ! Pourquoi ? Parce que Jésus est venu sur cette terre, et qu’il nous a sauvés. Un océan d’amour et de pardon est maintenant au-dessus de nos têtes, à disposition. Et comme de paisibles rentiers aux comptes bien remplis, nous savons que l’amour du Seigneur est inépuisable et que son pardon est déjà acquis à celui qui veut se donner la peine de le chercher… Si je sais cela, alors je peux confesser l’amour de Dieu avant de confesser mes péchés, et dire en vérité : bénissez-moi, mon Père parce que j’ai péché ! Apportez-moi l’amour et le pardon que le Seigneur m’a gagné ! Le monde païen était celui de la crainte : les mythes anciens s’interrogent fiévreusement sur la destinée humaine… L’ancien monde juif était dans l’espérance : un Sauveur doit venir, mais cela restait futur… Le monde chrétien est celui du salut et de la joie. Ne l’avons-nous pas oublié par habitude ?

 Pratique : Penser à sourire aujourd’hui…

Samedi 15 décembre : de la Férie

Voici un conte pour préparer Noël !      …et les sages de l’orient apportèrent l’or, l’encens et la myrrhe pure.

…Une vieille légende raconte que, lorsque les Rois mages vivaient sur la terre, et qu’ils fîrent leur pèlerinage à Bethleem, arrivés dans l’étable, ils ont déposé leurs trésors devant l’enfant et sa mère, mais que l’enfant ne voulut pas sourire. Marie était honorée par l’encens, qui brûlait comme elle l’avait vu brûler dans le temple de Jérusalem ou elle avait passé sa jeunesse, et, les yeux pleins de larmes, elle cacha la myrrhe dans son sein. Mais l’enfant ne tendit pas ses petites mains vers l’or éclatant ; la fumée fit tousser ses petits poumons. Il se détourna de la myrrhe et embrassa les larmes dans les yeux de sa mère. Les trois saints rois se relevèrent et prirent congé, avec le sentiment de gens qui n’ont pas été appréciés selon leur mérite. Mais quand la tète et le cou de leurs dromadaires eurent disparu derrière les montagnes, quand le der­nier tintement de leurs harnais eut expiré sur la route de Jérusalem, alors parut le quatrième roi. Sa patrie était le Pays que baigne le golfe persique il en avait apporté trois perles précieuses. Il devait les donner au roi qui était né à l’Occident, et dont lui aussi avait vu l’étoile un soir dans la roseraie de Shiraz. Il s’était levé et avait tout abandonné. En vain son sommelier lui versait-il le vin ardent, en vain sanglo­tait le rossignol à l’ombre des rosiers, en vain le jet d’eau pleurait de douces larmes, en vain la Sulejka aux yeux noirs l’enlaçait sur les coussins du divan. Le roi de Perse prit son trésor le plus rare, ses trois perles blanches qui étaient aussi grosses que des œufs de pigeon ; il les mit dans sa ceinture et résolut de chercher le lieu au-dessus duquel brillait l’étoile. Il le découvrit… Mais il arriva trop tard. Les trois autres rois étaient venus, et ils étaient partis. Il arri­vait trop tard… Et les mains vides… Il n’avait plus de perles. Il ouvrit lentement les portes de l’étable sainte ou se trouvaient le fils de Dieu, la mère de Dieu et le père nourricier de Dieu. Le jour tombait, l’étable devenait sombre ; une légère odeur d’encens flottait encore comme dans une église après les vêpres. Saint joseph retournait la paille de la crèche pour la nuit, l’Enfant-Jésus était sur les genoux de sa mère. Elle le berçait doucement et, à mi-voix, chantait une des ces berceuses qu’on entend le soir quand on se promène dans les rues de Bethleem. Lentement, en hésitant, le roi de Perse s’avança puis il se jeta aux pieds de l’enfant et de sa mère. Lentement, en hésitant, il commença a parler. – Seigneur, dit-il, je viens à part des autres saints rois qui t’ont tous rendu hommage et dont tu as reçu les dons. J’avais aussi une offrande pour toi, trois perles précieuses, grosses comme un œuf de pigeon, trois vraies perles de la mer persique. Je ne les ai plus. Je suis venu a part des trois autres rois. Ils marchaient devant moi sur leurs dro­madaires ; je suis resté en arrière dans une hôtellerie sur le bord du chemin. J’eus tort. Le vin me tentait, un rossignol chantait et me rappela Shiraz… Je décidai d’y passer la nuit. Quand j’entrai dans la salle des voya­geurs, j’aperçut un vieillard tremblant de fièvre étendu sur le banc du poêle. Nul ne savait qui il était. Sa bourse était vide ; il n’avait pas d’argent pour payer le médecin et les soins qui lui étaient nécessaires. Il devait être jeté dehors je lendemain s’il ne mourait auparavant, le pauvre ! Seigneur, c’était un homme très vieux, brun et sec, avec une barbe blanche embroussaillée ; il me rappe­lait mon père. Seigneur, pardonne-moi, j’ai pris une perle dans ma ceinture et l’ai donnée a l’aubergiste, pour qu’il lui procurât un médecin et lui assurât les soins et, s’il mourait, une tombe en terre bénie. Le lendemain je repartis. Je poussai mon âne autant que possible afin de rejoindre les trois autres rois. Leurs dromadaires avançaient lentement, et j’avais l’espoir de les atteindre. Le chemin suivait une vallée déserte ou d’énormes rochers se dressaient épars entre les taillis de térébinthes et de genets en fleurs d’or. Soudain, j’entendis des cris venant d’un fourré. Je sautai de ma monture et trouvai des soldats qui s’étaient empares d’une jeune femme et s’apprêtaient a lui faire violence. Ils étaient trop nombreux, je ne pouvais songer a me battre avec eux. Oh  seigneur, pardonne-moi encore cette fois; je mis la main a ma ceinture, pris ma seconde perle et achetai sa délivrance. Elle me baisa les mains et s’enfuit dans les montagnes avec la rapidité d’un chevreuil. A présent il ne me restait plus qu’une perle, mais au moins je voulais te l’apporter, seigneur ! Il était plus de midi. Avant le soir je pouvais être a Bethleem à tes pieds. Alors je vis une petite ville a laquelle les soldats d’Hérode avaient mis le feu et qui brûlait. On ne pouvait presque pas distinguer les flammes dans l’éclatante lumière du soleil, mais on voyait l’air trem­bler comme il tremble dans le désert. Je m’approchai et trouvai des soldats exécutant les ordres d’Hérode et tuant tous les garçons de deux ans et au-dessous. Près d’une maison en feu, un grand soldat balançait un petit enfant nu qu’il tenait par une jambe. L’enfant criait et se débattait. Le soldat disait : «Maintenant, je le lâche, disait-il a la mère, et il va tomber dans le feu. Il fera un bon rôti de cochon! ». La mère poussa un cri perçant. Seigneur, par­donne-moi  je pris ma dernière perle et la donnai au soldat, pour qu’il rendit l’enfant a sa mère. Il le lui rendit ; elle le saisit, le pressa contre elle, ne dit pas merci, mais s’enfuit, tel un chien qui a trouve un os. Seigneur, c’est pourquoi me voilà les mains vides. Pardonne-moi, pardonne ! Le silence régna dans l’étable quand le roi eut achevé sa confession. Pendant un instant il resta le front appuyé contre le sol ; enfin il osa lever les yeux. Saint joseph avait fini de retourner la paille et s’était approché. Marie regardait son fils qui était contre son sein. Dormait-il? Non. L’Enfant-Jésus ne dormait pas. Lentement, il se tourna vers le roi de Perse. Son visage rayonnait ; Il étendit ses deux petites mains vers les mains vides. Et l’Enfant-Jésus sourit.      Joannes Joergensen

 

 

Vendredi 14 décembre : de la férie

En cette deuxième semaine de l’Avent, parlons de la venue de Jésus-Christ dans nos âmes.

C’est un sujet bien mystérieux pour la majorité des chrétiens… Tout le monde comprend facilement le bien et le mal, le jugement après la mort… Mais que le Seigneur habite en nos cœurs, que nous puissions être intime avec lui… cela est bien mystérieux, et fait même peur… Beaucoup pensent aussi que c’est là une chose réservée aux mystiques, et qui ne correspond pas à nos conditions de vie quotidienne. Cependant le Seigneur disait à tous dans l’Évangile : Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte derrière toi, et prie ton Père dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra ! N’attend-il pas justement cette intimité avec nous ?

Si vous voulez vivre cette intimité avec Dieu, pas d’autre solution que d’apprendre à prier personnellement ! Comme le saint curé d’Ars l’enseignait… à ses paysans : Vous avez un petit cœur, mais la prière l’élargit et le rend capable d’aimer Dieu…
Ce ne sont ni les longues, ni les belles prières que le bon Dieu regarde, mais celles qui se font du fond du cœur, avec un grand respect et un véritable désir de plaire à Dieu…
Combien un petit quart d’heure que nous dérobons à nos occupations, à quelques inutilités, pour prier, lui est agréable…    Osez honnêtement me dire que vous n’en êtes pas capables ! A la prière, jointe à la pratique des sacrements, ajoutez aussi un peu de retrait du monde par le silence et la lecture de bons livres (la vie des saints, par exemple), et vous aurez tous les ingrédients d’une vraie vie spirituelle. Vous vivrez alors un vrai Avent : l’ouverture de votre âme au Seigneur si souvent délaissé sur cette terre… Ah, une dernière chose : c’est le premier pas qui coûte !

Pratique : un temps de prière personnelle

Jeudi 13 décembre : sainte Lucie

Sainte Lucie est une vierge sicilienne de la ville de Syracuse, morte martyre au 3ème siècle, sans doute lors de la persécution de Dioclétien. Le bréviaire nous rapporte qu’après avoir obtenu la guérison de sa mère, elle distribua ses grands biens aux pauvres. Apprenant cela, celui à qui on l’avait fiancée contre son gré la dénonça comme chrétienne. On la persécuta alors longuement pour qu’elle renonce à sa foi, mais elle resta fidèle et mourut d’un coup d’épée…

Cependant, il faut remarquer que les enseignements du bréviaire reposent sur les Actes de sainte Lucie, lesquels semblent de peu de valeur historique… En revanche, son culte est attesté très anciennement : nous la prions au Canon romain dans une suite de vierges martyres : Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile et Anastasie… ce qui indique l’immense popularité de ces vierges martyres auprès des premiers chrétiens.

Et connaissez-vous la raison de cette dévotion ? C’est que les premiers chrétiens étaient émerveillés de voir des femmes, réputées fragiles et soumises, tenir tête aux plus durs traitements pour rester fidèles à la foi en Jésus-Christ ! Ils voyaient à travers elles le signe de la naissance d’un monde nouveau, caractérisé par la force de l’Esprit-saint et la liberté intérieure des enfants de Dieu. Las ! Aujourd’hui, il nous est trop souvent donné de voir des baptisés vivant exactement comme des païens, et rejeter toute obligation morale prêchée par l’Église… Lucie, reviens ! Reviens expliquer aux chrétiens d’aujourd’hui le triste esclavage qu’ils risquent, et la fierté d’être des baptisés !

Pratique : Aujourd’hui faisons notre devoir quotidien avec courage.

Mercredi 12 décembre : de la férie

Puisqu’aujourd’hui c’est le jour de sa fête, nous parlerons de Notre Dame de Guadalupe.

Nous sommes au Mexique, un samedi 9 décembre 1531. Un indien pauvre de 57 ans, Juan Diego, baptisé quelques année auparavant, se rendait de Tolpetlac, où il logeait, à Mexico pour y fréquenter l’église et suivre son cours de catéchisme. Il arrive près de la colline de Tepeyac, au nord-ouest de Mexico quand il entendit une musique ravissante venant de la colline. Il se dirige vers le sommet de la colline et voit une dame resplendissante de lumière qui lui dit : Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi.  J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines…

Juan Diego doit aller porter ce message à l’évêque… lequel ne se presse pas d’obéir ! La sainte Vierge renverra Juan Diego à l’évêque trois fois encore, et pour la dernière apparition, le 12 décembre, elle lui demandera, comme preuve, de prendre dans son Tilma (habit pauvre) des magnifiques roses qui fleurissaient là miraculeusement en plein hiver. Quand Juan Diego ouvrit son Tilma devant l’évêque, les fleurs tombèrent à terre et on vit apparaitre l’image de la dame du Ciel sur le pauvre vêtement… Après les apparitions il y eut un formidable mouvement de conversion : 10 ans plus tard, 9 millions d’indiens sur 12 étaient devenus catholiques ! La chapelle demandée fut bâtie, et accueille encore chaque année quelque 10 millions de pèlerins, ce qui en fait le premier sanctuaire marial au monde. elle conserve le Tilma de Juan Diego, miraculeusement conservé 481 ans après les faits, et arborant toujours l’image de la Vierge dont l’impression sur le tissu défie toute explication scientifique…

 En ce temps de l’Avent, prions beaucoup la sainte Vierge. Qu’Elle nous conduise à Jésus !

 

Pratique : Aujourd’hui nous veillerons à prier Notre-Dame de Guadalupe

Mardi 11 décembre : saint Damase

Celui qui met un frein à la fureur des flots, Dont la force donne la vie à la graine qui sommeille,  Qui délivra Lazare des chaînes de la mort, Et rendit son frère à Marthe au bout de quatre jours.  Le Christ, c’est là ma foi sincère, me ressuscitera des morts, moi Damase. Epitaphe composée pour lui-même par le pape saint Damase

Damase naquit à Rome au début du 4ème siècle. Après avoir longtemps servi la papauté, il fut lui-même élu pape en 366 et il règnera jusqu’en 384. l’époque de Damase est celle de la paix pour l’Église après trois siècles de persécution. Damase se révèlera un grand travailleur au service du rayonnement de l’Église ! Il luttera tout d’abord contre l’hérésie arienne, puissante à son époque. Ensuite il voudra établir un texte sûr pour les saintes Écritures, et il chargera saint Jérôme de ce travail qui aboutira à la célèbre Vulgate latine toujours utilisée de nos jours. La liturgie de l’Église devait être aussi particulièrement soignée ! Damase fixera qu’on dise le Gloria Patri à la fin de chaque psaume, qu’on chante ces mêmes psaumes en deux chœurs alternés, et il introduira l’Alleluia à la Messe. Enfin il entoura de soin les dépouilles des martyrs, recherchant leurs dépouilles, les faisant ensevelir dans dignes tombeaux, et ornant de vers leurs sépultures. Il mourut presque octogénaire et fut enseveli dans l’Eglise saint Laurent in Damaso, construite par ses soins.

Le culte des martyrs est aussi ancien que l’Église, et un saint Damase a profondément vénéré ces chrétiens impressionnants qui donnaient leur vie plutôt que de renier leur Seigneur… J’ai eu la chance de croiser récemment la route de chrétiens de ce calibre : des catholiques chinois qui me racontaient simplement qu’ils allaient bientôt rentrer chez eux et qu’ils risquaient la prison car ils appartenaient à l’Église clandestine… Ils s’étonnaient de voir en France des catholiques peu solidaires les uns des autres, et qu’il fallait presque forcer pour assister à la Messe, alors que chez eux on demandaient aux catholiques de n’assister qu’à une Messe pour laisser la place aux autres… Si de tels exemples pouvaient nous convertir !

Pratique : Soyons particulièrement fidèles à nos résolutions de prières de ce temps de l’Avent.