Lundi 8 janvier : De la férie

Profitons des jours de férie à venir pour parler encore des rois mages…

Dom Guillerand fait remarquer qu’ils ont du vivre une épreuve assez terrible dans leur quête du roi des juifs. En effet après des journées voire des mois de voyage, ils arrivent enfin proche de la terre sainte, et là… plus d’étoile ! Ils se rendent donc à Jérusalem, la capitale, pour avoir des nouvelles. Et là, Hérode et toute la ville, nous dit l’Évangile, furent troublés de leur venue ! Les mages avaient parcouru un long chemin, mais là, à Jérusalem, personne n’avait l’air de se soucier du grand roi qui venait de naître… Ressortant de Jérusalem pour aller sur Bethléem, ils revirent l’étoile qu’ils avaient vu en Orient, et furent rempli d’une très grande joie, nous dit encore l’Évangile.

L’épreuve des mages et bien encore la notre aujourd’hui. Nous cherchons le Seigneur au milieu d’une multitude qui ne s’intéresse guère à Celui qui est venu pour les sauver ! Bien loin de nous accabler, cette épreuve doit être prise  pour nous aujourd’hui comme une mission : rester fidèles dans un monde difficile et moqueur, et porter témoignage à temps et à contretemps. Cette épreuve aboutira un jour à la joie : joie du pionnier, du précurseur qui voit le royaume de Dieu naître grâce à son témoignage ; et aussi joie future du ciel promise aux bons et fidèles serviteurs.

Pratique : Offrons au Seigneur nos épreuves et peines de la journée.

Dimanche 7 janvier : 1er dimanche après l’Épiphanie, fête de la sainte Famille, en France, solennité de l’Épiphanie

En France on solennise aujourd’hui l’Épiphanie, mais comme j’en ai déjà parlé hier, je dirai un mot, aujourd’hui, de la sainte famille…

Je me souviens d’une petite image, toute naïve, montrant l’Enfant-Jésus dans les bras de Marie, avec la légende suivante : C’est si bon d’avoir une maman que le Bon Dieu a voulu en avoir une ! Sans trop vouloir coller une l’actualité récente, on ajouterait volontiers aussi un papa, d’ailleurs…

A travers la naïveté de ce texte, se trouve une vérité immense : la famille est l’école de l’amour. C’est au sein d’une famille qu’on découvre l’amour généreux des parents, la délicatesse des époux, la couleur propre de l’amour masculin et féminin, ces deux facettes de notre humanité, si nécessaires l’un et l’autre pour structurer un petit d’homme. Comme la famille est précieuse ! Pour marquer cette valeur essentielle de la famille et pour la sanctifier aussi, notre Seigneur Jésus-Christ a voulu venir sur la terre au sein d’une famille… Les chrétiens aimeront ainsi, au cours des siècles, imaginer la joie de vivre et la douceur des relations entre Jésus, Marie et Joseph. De cette dévotion est née notre fête de la sainte famille, modèle de toutes nos familles.

Cependant l’Évangile de ce jour (Luc 2) nous rapporte un épisode douloureux de la sainte famille avec la disparition de Jésus et l’inquiétude de ses parents. Jésus conclut l’épisode de manière étonnante : Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Si belles que soient nos familles ici-bas, elles ne sont pas parfaites, mais annoncent une autre famille, une autre maison qui est la notre : la maison du Père, la maison du bonheur parfait. A notre époque de crise de la famille, et de souffrances nombreuses, nous sommes ainsi invité à regarder plus haut, à dépasser ce qui sera toujours trop humains et charnel sur cette terre, pour rejoindre en espérance le Seigneur qui est parti nous préparer là-haut une place dans notre vraie maison…

Pratique : Prions pour toutes les familles, particulièrement pour celles qui sont éprouvées.

Samedi 6 Janvier : Fête de l’Épiphanie

O Dieu, qui avez révélé en ce jour votre Fils unique aux païens par l’apparition d’une étoile : faites dans votre miséricorde que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons amenés à vous contempler dans l’éclat de votre majesté.           oraison de la fête de l’Épiphanie. 

Quand j’étais petit, je me souviens que l’on dressait toujours la crèche à la maison ! On sortait du papier journal tous les santons, dont les trois rois mages et leur chameau. Mais il ne fallait pas mettre le chameau et les rois dans la crèche ! Ils étaient exilés quelques mètres plus loin, car il fallait attendre le jour de l’Épiphanie pour qu’ils puissent se joindre aux adorateurs de Jésus… Des années plus tard… ces mages me semblent toujours autant fascinants.

Mais avant de parler d’eux, évoquons brièvement la fête liturgique d’aujourd’hui : La fête de l’Épiphanie (qui signifie en grec : manifestation) est bien plus ancienne que la fête de Noël. Elle est d’ailleurs restée, en Orient, le jour où l’on fête la venue de Notre Seigneur sur la terre. A l’Épiphanie, nous fêtons particulièrement l’appel universel du Seigneur à tous les hommes, y compris païens, à venir l’adorer. La fête de l’Épiphanie est encore populaire dans notre France, c’est le jour de la galette où nous cherchons la fève (symbole du Christ), et celui qui la trouve devient… roi.

Revenons à nos mages : Ce qui est fascinant chez eux, c’est leurs pieds ! Car ils marchent… et ils sont venus de loin pour voir le roi des juifs que leur indiquait l’étoile. Ils étaient mages, ils étaient riches, ils possèdent des maisons agréables et de nombreux trésors, et pourtant ils sont allés à la recherche du Seigneur nouveau-né ! Alors que Jésus dira plus tard dans l’Évangile qu’il est difficile à des riches d’entrer dans le royaume de Dieu, ici des nantis l’ont cherché en vérité, et ils l’ont trouvé. Ne sont-ils pas un magnifique exemple de vie ?

L’Enfant-Jésus est-Il assez important pour nous amener à changer nos habitudes ? Assez grand pour que nous donnions de notre temps et de notre argent ? Assez magnifique pour constituer notre idéal de vie ?

Pratique : En mettant nos rois mages dans la crèche, n’oublions pas – comme eux -de prier un moment l’Enfant-Jésus.

Vendredi 5 janvier : De la férie

Il y a quelque chose à détordre en nous, vous savez quoi ? La rapacité ! Par rapacité, je veux dire cette tendance violente en tout homme à conquérir l’argent, la gloire, la victoire sur ses ennemis, la tranquillité de vie… Que de conflits ont pour origine cette rapacité !

Dans le mystère de Noël, l’Enfant-Jésus essaye, avec douceur et pédagogie, de guérir nos âmes de cette maladie : Il naît dans la pauvreté de la crèche… Sa pauvreté choisie, rayonnante et heureuse, est un vrai baume capable de guérir cette rapacité de nos cœurs. Grâce à la pauvreté que le Seigneur a voulu dans sa crèche, nous comprenons que les choses essentielles de la vie ne sont pas celles que nous poursuivons trop souvent… N’aimons pas l’argent ! Que notre force et notre générosité soit tournée vers les vraies richesses : Chercher le Royaume de Dieu, et la bonté avec notre prochain autant qu’il dépend de nous.

C’est en méditant cette nuit-là (de Noël 1853) sur la pauvreté de Notre Seigneur, que j’ai décidé de vivre le plus pauvrement possible. C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti.   Père Chevrier. Saurons-nous cette année nous laisser prendre par la grâce de Noël ?

Pratique : Choisir une occasion de dévouement pour l’année qui commence.

Jeudi 4 janvier : de la férie

Les jours prochains sont des jours de férie du temps de Noël, profitons-en pour parler de la spiritualité propre à Noël !

On raconte qu’il y eut, au 19° siècle, une discussion entre un prêtre catholique, et le grand rabbin de Carlstadt. Quand le prêtre demanda au rabbin pourquoi il ne croyait pas que le Messie fut venu, le grand rabbin se leva et ouvrit la fenêtre, puis il dit : Parce que je ne vois pas que le monde ait changé ! C’est sûr que, dans la Bible, Isaïe décrit le temps de la venue du Messie de manière étonnante : Un temps où les montagnes couleront de lait et de miel ; une époque où le lion habitera avec l’agneau, où l’enfant s’endormira en paix sur le trou de la vipère, et où les hommes utiliseront leurs armes pour en faire des faucilles et des socs de charrue… Mais je crois que le rabbin avait tout de même mal regardé ! Sinon il aurait bien vu sur la terre cette abondance extraordinaire et cette paix profonde !

N’y avait-il pas une extraordinaire abondance dans cette crèche où le Dieu du ciel nous est offert sous la forme d’un enfant ? Quelle douceur ! Plus que le lait et le miel… La certitude d’être aimés de Dieu coule bien, depuis ce moment, sur tout notre monde et dans nos cœurs. Et d’où nous vient la vraie paix, sinon d’avoir Dieu présent parmi nous ? Encore aujourd’hui il suffit d’entrer dans une Église auprès du Seigneur qui est là et qui nous attend, pour goûter une paix vraie et profonde… Et nous, avons-nous changé ? Peut-être… si nous avons su regarder la crèche et garder le message de Noël dans nos âmes !

Pratique : Se rappeler que nous sommes les ambassadeurs de la douceur de Dieu.

Mercredi 3 janvier : De la férie, en France, sainte Geneviève

O pieuse épouse de Dieu, aurore des affligés, vierge de France, ô vierge pleine de douceur, écoutez ceux qui crient vers vous, ne dédaignez pas ceux qui vous prient.   Graduel de la Messe de sainte Geneviève.

Sainte Geneviève eut une grande influence dans l’histoire de France. Elle vivait en banlieue parisienne, à Nanterre, plus exactement. Mais c’était au 5° siècle, et la vie y était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui ! Vers 7 ans elle croisa l’évêque saint Germain d’Auxerre qui perçut en elle une vocation et l’encouragea à la vie consacrée ce qu’elle réalisa plus tard. Quand Attila assiégea Paris en 451, Geneviève, à 28 ans, se dressa pour secourir la ville. Elle exhortera les parisiens à rester ferme, promettant de prier pour obtenir la sauvegarde de Paris, ce qui arrivera. Elle protègera encore Paris à d’autres reprises, et s’attirera l’affection et l’admiration du roi Clovis, de sa femme Clotilde, de tous les Parisiens, et jusqu’en Orient on la vénérait ! Paris conserve encore, dans l’Église sainte Geneviève à deux pas du Panthéon, le tombeau de sa sainte patronne, vide, car les reliques ont été brûlées à la révolution française.

Geneviève nous rappelle ce que peut faire une âme fidèle à Dieu : plus que tous les rois et les puissants de ce monde ! Hier comme aujourd’hui, la vraie solution des crises de ce monde se trouve dans la sainteté. Et si nous nous y mettions ?

Pratique : Aujourd’hui nous prierons pour toute nécessités que nous rencontrerons.

Mardi 2 janvier : Fête du saint Nom de Jésus

il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. Parole de saint Pierre, d’après l’épitre de ce jour.

Après un saint Bernard qui parla avec tant de douceur de la bonté du Nom du Seigneur, c’est au 14° et 15° siècle, sous l’influence des Franciscains en général et de saint Bernardin de Sienne en particulier, que se popularisa la dévotion au saint Nom de Jésus. On prit alors l’habitude de mettre partout les lettres IHS dans un soleil, en gage de bénédiction. On en trouve encore souvent de nos jours…

Dans la Bible, le  nom n’est pas lié à un goût ou une mode, mais à une mission profonde qui est donnée par Dieu. Abraham est appelé ainsi par Dieu car il doit devenir le Père d’un grand nombre de nation, et Simon est surnommé Pierre puisque sur lui sera édifiée l’Église. Quand à lui, le nom de Jésus, indiqué par l’ange à Marie et à Joseph, signifie littéralement : Dieu sauve. Ainsi nous est révélé la mission essentielle du Seigneur sur la terre : nous sauver !

Comme nous devrions alors veiller à nous incliner avec amour au Nom sacré de Jésus comme nous y invite la liturgie ! Le propre des pays chrétiens était de chercher glorifier Jésus autant que possible, et c’est la pauvreté de notre époque de vouloir confiner la dévotion aux sacristies et aux options purement personnelles et intimes. Évitons pour nous cet esprit laïciste ! Manifestons publiquement notre respect pour le Nom sacré de notre Sauveur, et puisque Jésus est tout salut, pensons alors à l’invoquer souvent

Pratique : plusieurs invocations du nom de Jésus

Lundi 1er janvier : Octave de la Nativité du Seigneur

En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.        Évangile de la fête.

Il est parfois difficile d’être catéchiste… Je crois m’en être tiré assez correctement pour expliquer aux chères têtes blondes la Conception de Jésus sans l’intervention d’un homme, mais pour ce qui est de la circoncision du Seigneur, c’est vraiment mission impossible ! Quand à vous, je ne sais pas si vous avez eu des lacunes à ce sujet dans votre éducation à la foi, mais je profiterai de ce que nous soyons entre adultes, pour en dire un mot aujourd’hui :

Dans l’Ancien Testament, la circoncision était le signe de l’alliance avec Dieu. L’enfant qui était circoncis entrait dans le peuple de Dieu, la grande famille de ceux qui étaient fidèles à Dieu et adhéraient à sa promesse de salut sur le monde. Jésus n’avait évidement personnellement aucun besoin d’être circoncis ! Il a voulu l’être pour dire la valeur de cette cérémonie de l’Ancien Testament, et aussi pour manifester son appartenance – très particulière dans son cas – à ce peuple de Dieu. Précisons tout de même qu’après la venue de Jésus Christ, ce n’est plus la circoncision mais le baptême qui réalise cette appartenance…

Nous ne sommes plus circoncis de chair, mais sommes-nous des circoncis… de cœur, comme le demande saint Paul aux Romains ? De ceux qui ne sont pas simplement baptisés, mais qui vivent la fidélité à Dieu et travaillent, là où ils ont été placés, à bâtir le royaume de Dieu ? A ceux-là, toujours d’après saint Paul, le Seigneur donnera la vraie paix ! Tels seront mes vœux pour vous en 2013 !

Pratique : Nous ne manquerons pas de réciter le Veni Creator pour demander la bénédiction sur l’année nouvelle.

Dimanche 31 décembre : Dimanche dans l’octave de Noël

Tandis que tout reposait dans le silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux du trône royal.              Introït de la Messe.

Au temps de Noël, la liturgie de l’Église nous décrit tous les adorateurs de l’Enfant : Elle a parlé des bergers le jour de Noël, Elle parlera bientôt des mages à l’épiphanie, Elle évoque aujourd’hui Siméon et Anne. Et ils ne sont certainement pas les moindres des adorateurs ! Pendant que les bergers gardaient leur troupeau, et les mages étudiaient les étoiles, Siméon attendait la consolation d’Israël et Anne ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière… Alors pour leurs cœurs si droits, pas besoin d’ange ni d’étoile, c’est le Saint-Esprit qui leur chuchote l’incroyable vérité : Cet Enfant que personne ne remarque au milieu du brouhaha du Temple est le Sauveur attendu, la lumière des nations et la gloire d’Israël !

La leçon est belle pour nous, ne trouvez-vous pas ? Nous qui prenons tant d’importance à ce qui se voit, à notre réussite et notre réputation, nous négligeons trop souvent la vie de prière et l’attention à l’Esprit-Saint… Pourtant c’est bien là que se joue en vérité tout le destin de l’humanité. Comme le dit l’Introït de la Messe, c’est dans le silence de la nuit que la parole toute-puissante est descendue sur la terre… et seulement dans le silence de notre prière que nous pourrons l’accueillir. Il manque tellement de Siméon et d’Anne de nos jours… Essayons du moins à leur suite d’être de vraies âmes de prières, de ces petits à qui le Seigneur révèle les secrets qu’Il cache aux sages et aux puissants !

Pratique : réciter le Te Deum en action de grâces pour l’année passée.

Samedi 30 décembre : de la férie

Après l’intervention du premier ange, c’est toute une troupe qui proclame : Sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté !

Oui, oui, je sais… La traduction exacte de la parole des anges serait plutôt : paix sur la terre aux hommes qu’Il aime… Mais si on a traduit depuis des centaines d’années selon première version, et qu’on la garde dans la liturgie, c’est qu’elle correspond bien à la foi, et qu’elle a quelque chose à nous dire ! Et pour tout vous dire, elle me plaît bien…

Un homme de bonne volonté, à votre avis, c’est quoi ? Quelqu’un d’honnête intérieurement ! Il ne triche pas avec la vérité quand il la voit. Quelqu’un de généreux dans sa vie ! Il ne compte pas ses efforts devant le bien à accomplir. Quelqu’un enfin qui favorise la paix autour de lui. Bref un vrai gibier d’Évangile ! Il suffit de lui expliquer la parole de Dieu, pour qu’il s’ouvre rapidement à sa lumière. Bien des missionnaires ont ainsi raconté que, faisant le catéchisme dans des endroits reculés, ils ont trouvé de ces âmes de bonne volonté, qui leur disaient avoir toujours cru en grande partie ce qu’ils enseignaient.

Ce qui est vrai de ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ, reste vrai pour les baptisés… On a beau être baptisé, si on n’est pas un homme de bonne volonté, il y a fort à parier que l’Évangile provoquera en nous des tensions, des lâchetés, des trahisons. Alors, sommes-nous des hommes de bonne volonté ? Du moins…, nous efforçons-nous de le devenir ?

Pratique : Veiller à être généreux aujourd’hui