Vendredi 29 décembre : De la férie

J’ai déjà eu l’occasion de le dire : on a toujours intérêt à scruter les paroles des anges ! En effet ces purs esprits comprennent les mystères de Dieu bien mieux que nous autres, pauvres hommes. Et quand ils disent quelque chose, il y a pour nous une grande lumière ! Revenons alors, pour ces jours de férie, sur les paroles des anges de Noël…

Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David.

La joie est donc le résumé du mystère de la Nativité ! Et même une joie universelle puisque tout le peuple sera concerné… Il faut dire que Dieu a « mis le paquet » : Le Sauveur attendu depuis des millénaires arrive, ce qui n’est pas rien. Mais de plus, ce Sauveur n’est pas n’importe qui, mais le Christ Seigneur (manière pour l’ange d’indiquer que le Messie est Dieu Lui-même), et, comble d’admiration… Il vient partager nos existences ! Les anges s’extasient devant le cadeau royal de Noël, celui de l’amour intense de Dieu pour les hommes, et qui devrait les remplir d’une joie profonde. A-t-on jamais entendu parler d’un Dieu qui se soit fait aussi proche des hommes? remarquait finement saint Thomas d’ Aquin… Ah, si tous les hommes, malgré la lourdeur de leurs cœurs, pouvaient s’ouvrir à cette annonce et  recevoir la joie qui leur est si largement proposée !

Pratique : Une visite au saint Sacrement dans une église.

Jeudi 28 décembre : Fête des saints Innocents

Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés.             Offertoire de la Messe des saints Innocents.

Les saints Innocents sont ces enfants du coin de Bethléem massacrés par Hérode en lieu et place de Jésus-Christ. Pour avoir donné leur vie à cause de Notre-Seigneur, leur drame s’est changé en récompense : ils ont reçu la palme du martyre. Le premier témoignage de leur fête en Occident est au 5ème siècle. En leur honneur il était coutume, au Moyen-âge, d’admettre les enfants en ce jour dans le chœur des cathédrales. Dans les couvents, bien souvent, les novices commandent aujourd’hui aux anciens !

Les saints Innocents nous rappellent le drame de ce monde : alors que le Seigneur vient à Noël comme un enfant, plein de bonté et de douceur, le monde n’est pas près à le recevoir et son aversion se changera en violence et en haine… A travers Hérode, on voit donc le perpétuel combat entre la lumière et les ténèbres, entre la vie généreuse et l’égoïsme. L’histoire continue de nos jours à travers les nouveaux innocents persécutés… Je veux parler de tous ces enfants que l’avortement prive de la vie, et à toutes ces blessures aussi que les parents connaissent à travers ce drame. Que les saints Innocents nous obtiennent notre conversion, le pardon de Dieu, et nous donnent l’amour de toute vie humaine.

Pratique : Prier pour toutes les victimes de l’avortement, enfants et parents.

Mercredi 27 décembre : Saint Jean

Celui-ci est Jean, qui se reposa pendant la cène sur la poitrine du Seigneur : bienheureux Apôtre, à qui furent révélés de célestes secrets !    Antienne des vêpres de la fête de saint Jean.

Saint Jean était un apôtre de premier plan… Cousin du Seigneur, membre du cercle restreint des intimes à qui le Seigneur révélait ses plus grands secrets, il s’appellera lui-même : Celui que Jésus aimait ! Il reposera sur sa poitrine le soir du jeudi saint, sera présent au pied de la Croix, et recevra Marie comme Mère, et pour nous tous. Il écrivit le quatrième évangile, qui proclame très clairement la divinité de Jésus-Christ…

Saint Jérôme rapporte qu’à la fin de sa vie, Jean ne cessait de répéter aux chrétiens Aimez vous les uns les autres ! Au point que les fidèles, lassés de ce radotage, lui demandèrent pourquoi il répétait toujours la même chose. Saint Jean répondit : C’est la parole du Seigneur et elle suffit !

Je me garderai bien de reprocher à saint Jean de répéter cela… Je crois au contraire qu’il faudrait nous le redire tous les jours ! Quand donc, nous autres chrétiens, poursuivrons nous vraiment cette charité comme l’idéal de vie qui nous est demandé ? Quand donc serons-nous un peuple rempli de l’amour des autres ? Ce jour là, la crise dans l’Église ne sera plus qu’un lointain souvenir pour historiens… Allez, aujourd’hui, on commence !

Pratique : La charité tout au long de la journée…

Mardi 26 décembre : Saint Étienne

Étienne fut choisi par les apôtres pour le délicat service de la charité, service qui suscitait des jalousies dans l’Église primitive (les choses ont-elles tant changé ?). Et il est doué pour la parole ! Au cours d’une magnifique apologie du Christianisme devant des pharisiens, Étienne le diacre a une vision de Jésus dans la gloire auprès de son Père, qu’il décrit avec simplicité. Ses auditeurs, furieux de ce qu’ils prennent pour un blasphème, le lapident aussitôt, c’est le premier à donner sa vie à la suite de Jésus, et pour lui être fidèle. Je retiens de lui ses merveilleuses paroles avant de mourir : Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! Et puis : Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! Comme c’est plein de charité et d’esprit apostolique !… Le futur saint Paul se trouvait là, approuvant le meurtre nous dit la Bible, et c’est la prière de Saint Étienne qui lui vaudra sa conversion future…

Aujourd’hui il y a urgence. Urgence que les chrétiens – comme saint Étienne – prennent au sérieux leur rôle d’évangélisateurs. Nous venons de goûter la joie de Noël, et nous n’aurions pas envie de la porter à d’autres ?

Pratique : En mémoire de Saint Étienne, veillons à avoir aujourd’hui le cœur d’un apôtre.

Lundi 25 décembre : Fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ

Joyeux Noël à vous tous !!

Ce soir, nous sommes tous des bergers ! On nous a dit que le Sauveur était né, et que nous allions le reconnaître à ce signe : un enfant couché dans une crèche ! Alors courrons découvrir ce grand mystère cette année encore… Que voyons-nous ? Arrivant de loin, nous remarquons une première chose : Autour, tout est noir, mais la crèche, elle, est lumineuse. C’est le premier message de Noël : l’Enfant, qu’on nous a promis, apporte aux hommes la lumière sur leur route et la chaleur pour leur vie. Approchons nous un peu plus : Comme tout est pauvre, simple, mais qu’il y a de l’amour et de la joie ! C’est la marque de cet enfant : l’amour vrai, et nos âmes se dilatent devant cette prédication, c’est bien ainsi que nous voudrions vivre… Mais je regarde maintenant de tout près : Que cet enfant est beau, et quelle atmosphère de prière dans cette étable ! En regardant Marie et Joseph, en un instant nous comprenons : Ils vénèrent l’Enfant qui est là ! Et cet envoyé de Dieu, chanté par les anges, c’est Dieu Lui-même venu sur notre terre se donner à nous ! Alors adorons à notre tour un Dieu qui s’est fait si proche, et qui ne veut, dans le fond, que notre amitié…

Je vous annonce une grande joie pour tout le peuple ! Un enfant nous est donné… Quelle nuit merveilleuse !

Pratique : Cultiver la joie toute la journée.

Dimanche 24 décembre : Vigile de Noël

La veillée de Noël.

Aujourd’hui est une des rares occasions de l’année, ou nous reprenons l’antique coutume de la veillée, à travers l’assistance à une Messe tardive. On veille quand on accompagne quelqu’un de cher, quand on attend une grande nouvelle, quand une joie immense habite notre âme… Alors comment ne pas veiller ce soir pour célébrer la venue de notre Seigneur ? Heureux ce serviteur que le Maître à son arrivée trouvera veillant, en vérité je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens…

Il y a une autre raison, très spéciale, pour veiller ce soir de Noël ! On remarque dans l’histoire que le Seigneur réserve des grâces très spéciales pour ce jour : Saint Bernard enfant eut la vision de la Naissance de Jésus et il en parla merveilleusement toute sa vie. Paul Claudel, alors incroyant, entre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’heure des vêpres. Au moment du Magnificat, en un instant il sut que Dieu existait. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable! écrira-t-il plus tard. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus retrouva aussi le jour de Noël, en un instant, la force d’âme qu’elle avait perdu des années auparavant : En cette nuit, où Jésus se fit faible et souffrant pour mon amour, il me rendit forte et courageuse. Elle rentrera au Carmel un peu plus d’un an plus tard ! Et si nous préparions nos cœurs à cette grâce de Noël ?

Tout dans la veillée est vraiment émouvant : les cantiques anciens et populaires, l’enfant placé dans la crèche, jusqu’au repas partagé fraternellement. Chrétiens, réalisons encore cette année cette vraie communauté de charité et de prière qui annonce vraiment le Christ présent au milieu de nous !

Pratique : Aucune rancune ne peut rester dans nos cœurs en cette nuit, donc pardonnons…

Samedi 23 décembre : Samedi des Quatre-temps d’Avent

Notre dernier conte de Noël !

 L’enfant qui voulait rester dans la crèche

 C’était un enfant perdu, un orphelin. Le curé du village l’avait recueilli et l’élevait comme un fils. Il allait volontiers à l’Église le dimanche, comme d’ailleurs toute la paroisse en ces temps de chrétienté ! Un jour il fut touché par un beau sermon du curé. Le digne pasteur expliquait que Jésus aimait ceux qui restaient auprès de Lui ; alors cette âme simple imagina une grande chose, devinerez vous laquelle ? Il voulu rester dans la crèche toute la nuit de Noël ! C’était bien facile… Le curé qui prenait de l’âge se couchait tôt. Après la messe de minuit, il partait vite prendre son repos pour se préparer à la première messe matinale du lendemain, la messe de l’aurore. A la fin de la messe, alors que tout le monde se levait, il se cacha dans le confessionnal, et il attendit… Au bout d’un moment, plus un bruit, le sacristain avait rangé l’autel et fermé la lourde porte. Plus rien ne bougeait dans l’Église, juste un peu de fumée s’échappait des cierges éteints. L’enfant se lève, frotte une allumette et allume une bougie ; il s’approche de la crèche, dépose son lumignon et prie devant l’enfant nouveau-né… Tout à coup tout se met à bouger avec grâce et dignité. Le bœuf respire fortement et l’âne cligne des yeux. Les anges virevoltent dans l’espace chantant de sublimes mélodies comme on peut en entendre dans le ciel. Les moutons des bergers gambadent follement alentour. St Joseph, à son habitude, balaye la crèche en silence. Et Marie se tourne vers l’Enfant, l’invite à s’approcher de Jésus et à le prendre dans ses bras. Sitôt dit, sitôt fait ! L’enfant prend le poupon et le contemple, ravi de bonheur ! …

 Au petit matin, on ouvre l’Église, et le curé et quelques braves paroissiens trouvent dans la crèche  l’enfant endormi tenant dans ses bras l’Enfant Jésus. A peine réveillé, il raconte ce qu’il a vu en cette nuit, la sainte famille, les anges ! Tous hochent la tête : « Mon pauvre ami tu t’es endormi et tu a rêvé tout cela ! » L’enfant ne répond pas. La tête dans ses pensées, il regagne la cure pour prendre son déjeuner. Les grandes personnes ont toujours raison… mais cependant aucune ne pouvait expliquer pourquoi, au milieu de la paille de la crèche, des paillettes d’or brillaient par milliers…

 Pratique : Visiter les crèches de ses églises.

Vendredi 22 décembre : Vendredi des quatre-temps d’Avent

Continuons l’examen de nos coutumes catholiques, avec le sapin et la buche de Noël !

Au moyen-âge, on aimait jouer le mystère de la création du mode, du péché originel et de la promesse du Sauveur. Et on mettait ainsi souvent un sapin, chargé de pommes rouges, pour symboliser l’arbre de la connaissance du bien et du mal que Dieu avait interdit de toucher. C’est, semble-t-il, une des origines de notre sapin de Noël. Mais la première mention attestée du sapin de Noël apparaît en 1521 à Sélestat en Alsace. Les sapins de Noël qu’on dresse en Alsace sont munis de pommes, puis viendront bientôt des friandises et de petits personnages. Le sapin verdoyant en plein hiver, et chargé des pommes évoquant le péché originel, était naturellement un symbole de l’Enfant-Jésus. Cette coutume du sapin devint si populaire qu’on pouvait écrire : Là où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël ! En Alsace encore, au 19ème siècle, alors que les pommes avaient toute gelées un maître verrier eut l’idée de remplacer les pommes par des boules en verre… et créa ainsi les boules que nous accrochons au Sapin. Aujourd’hui quand nous décorons notre sapin, n’oublions pas au sommet l’étoile qui guida les mages vers l’Enfant-Jésus, et les guirlandes qui sont des « cheveux d’anges » !

De même on mettait autrefois une grosse buche dans la cheminée le soir de Noël, et celle-ci apportait lumière et chaleur pour toute la soirée. Ainsi en dressant un sapin ou en mangeant la buche de Noël, on célèbre en famille le Seigneur venu nous délivrer du péché et qui est la chaleur et la lumière de nos vies… Comme nous devons cultiver et savoir expliquer ces symboles venus des temps anciens ! Ils donnent un air de fête à nos villes et nos maisons, et enchantent notre quotidien. A travers eux, la joie immense de Noël traverse les siècles, et nous rappelle notre vocation au bonheur, à la suite de l’Enfant de la crèche.

Pratique : Penser à décorer la maison pour Noël et à expliquer aux enfants la signification des décorations !

Jeudi 21 décembre : Saint Thomas, apôtre

Puisque la liturgie demande aujourd’hui de vénérer saint Thomas, apôtre, alors le mot spirituel sera à son sujet.

Thomas, surnommé Didyme, c’est-à-dire le jumeau, originaire de Galilée, fut appelé très tôt comme apôtre du Seigneur. Après la Pentecôte, il serait allé dans des contrées lointaines pour annoncer l’Évangile, et jusqu’en Inde ! Madras prétend d’ailleurs conserver son tombeau, et n’osez pas dire à un indien que cela est une légende, sinon vous risquez gros… L’épisode le plus frappant de sa vie est sa rencontre avec Jésus après la résurrection. Absent lors de la première apparition de Jésus ressuscité à tous ses apôtres, il se braquera : Si je ne vois pas la marque des clous…, si je ne mets pas ma main dans son coté, je ne croirai pas ! Le dimanche suivant, Jésus apparaît de nouveau, et, cette fois, Thomas est là. Regarde mes mains… mets ton doigt dans mon coté… dit Jésus, et Thomas s’écroule : Mon Seigneur et mon Dieu ! Parce que tu m’as vu, Thomas, tu crois, reprit Jésus, bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu !

Il est rare que le Seigneur se plie à nos caprices. Il le fera pour Thomas, mais avec une reproche évident : Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu… Le Seigneur voudrait tellement voir la foi chez les hommes ! A Noël comme à Pâques, c’est la première chose que Jésus attend de nous. Croire profondément, et bâtir sa vie là-dessus, est-ce si dur pour nous autres ? Pourtant cette béatitude-là est vraiment à notre portée !

Pratique : Faire plusieurs actes de foi dans la journée.

Mercredi 20 décembre : Mercredi des quatre-temps de l’Avent

Encore la crèche…

L’idée géniale de saint François d’Assise va faire école dans toute la chrétienté ! Bientôt on dressera la crèche dans toutes les églises avec, pour des raisons évidentes de simplicité, des personnages qui remplaceront les êtres vivants et les animaux. Plus tard, des églises, la crèche va migrer dans les familles. En France, il semble que cette évolution soit due à la Révolution dite Française ! En effet, comme en ce temps-là les crèches, comme toutes les cérémonies catholiques publiques, étaient interdites, les fidèles dressèrent alors chez eux la crèche, et depuis elle y est restée…

Un exemple très typique de notre culture est la crèche provençale qui met auprès de l’Enfant-Jésus les santons (« petits saints », en opposition aux grandes statues d’églises…) : les personnes du village, toutes concernées par Noël… Ainsi le Maire tout comme le Curé, le tambourinaire et le Boumian, sans oublier lou ravi, le simple tout émerveillé de ce qu’il voit, viennent offrir leurs hommages à l’Enfant-Dieu.

Il est touchant de voir que la famille, ce premier et dernier sanctuaire de notre vie, et notre soutien dans les difficultés, a tout naturellement accueilli la crèche. Que Jésus qui voulut naître dans une famille, nous donne de savoir remercier pour nos familles, et travailler à leur bonheur.

Pratique : Faire quelque chose pour notre famille.