Vendredi 13 janvier : fête du Baptême de Notre-Seigneur

A l’occasion du baptême de Jésus, nous dit l’Evangile, les cieux s’ouvrirent et l’Esprit-Saint descendit sur Jésus sous la forme d’une colombe. L’Esprit-Saint atteste en ce jour que Jésus est Celui qui est envoyé, son ministère public va pouvoir maintenant commencer. Dans l’évangile de la fête, on en parle beaucoup de ce Saint-Esprit : Jésus est Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer… Mais c’est aussi Celui qui baptise dans l’Esprit-Saint… Ceux qui voudront suivre Jésus seront « baptisés dans l’Esprit-Saint », c’est-à-dire lavés, illuminés, renouvelés, par la puissance de ce Saint-Esprit !

Comprenons-nous bien la grâce immense de notre baptême ? Une illumination du Saint-Esprit en notre âme ! Une illumination qui efface le péché originel, donne la grâce de Dieu et rend membre de l’Église, comme le dit le catéchisme. J’aimerais pouvoir expliquer cela à cette immense masse de baptisés indifférents, à ceux aussi qui revendiquent la radiation de leur baptême, aux chrétiens fidèles aussi, qui n’arrivent pas à comprendre la beauté de la vie chrétienne, si enthousiasmante…

Comme le soleil qui se lève un matin d’hiver faisant fondre la glace et resplendir la campagne, un jour le Saint-Esprit a illuminé mon âme, l’a fait entrer dans la famille de Dieu et l’a orientée vers le ciel sa vraie patrie… Finalement je crois que je raconterai cette parabole au prochain baptême qu’on me demandera. Je ne sais pas encore ce que je verrai alors dans les yeux des assistants, mais au moins ils auront été ainsi conduits en vérité au pied de la montagne de Dieu…

Pratique : Une prière particulière pour ceux de notre famille qui auraient oublié la grâce de leur baptême.

Jeudi 12 janvier : de la férie

Terminons aujourd’hui nos commentaires sur la vie cachée du Christ.

Nous avons parlé du silence du Christ et de son travail, disons un mot de son obéissance : l’Evangile est formel : après que Marie et Joseph ont retrouvé Jésus au temple, ils sont retournés à Nazareth, et là, Jésus leur était soumis (Luc 2, 51) ! Saint Bernard, commentant ce passage, s’étrangle presque devant le spectacle insolite du Seigneur Jésus-Christ obéissant à de simples hommes ! Mais aussitôt après, il exhorte les chrétiens à apprendre eux-mêmes à obéir, en suivant le magnifique exemple laissé par le Christ.

Avouons-le ! L’obéissance ne nous plaît pas beaucoup, à nous qui vivons dans ce monde épris de liberté… A croire que la vieille histoire d’Adam et Eve ne nous a pas rendus sages : Vous serez comme des dieux… nous y croyons encore ! malgré la vue glaçante des malheurs que la désobéissance a causés sur la terre. Jésus, Lui, par les actes plus que par les paroles, nous remet sur le bon chemin : celui de l’obéissance à notre Père, et à ceux qui tiennent légitimement sa place pour nous ici-bas.

Ainsi le découvrit le jeune moine Jean Colobos qui était disciple d’Abba Amonas. Un jour, l’Abba planta un bâton dans le sol et demanda à Jean de l’arroser quotidiennement. Ce que fit Jean, et voilà qu’au bout de trois ans le bâton se mit à fleurir à produire un fruit ! Le vieil Amonas prit ce fruit, le porta à l’église et dit à tous les frères : Prenez, mangez le fruit de l’obéissance… (rapporté par les anciens textes des Pères du désert). Je ne sais pas si, en obéissant, nos bâtons fleuriront, mais je sais le fruit que nous obtiendrons : la paix de l’âme !

Pratique : Essayer d’agir au cours de notre journée, comme le Seigneur l’aurait fait.

Mercredi 11 janvier : de la férie

Une deuxième chose nous surprendra dans la vie cachée du Seigneur : Il a travaillé, et travaillé de ses mains ! L’Evangile de Marc indique le témoignage des ennemis du Christ : N’est-il pas le charpentier ? Mc 6, 3. Ainsi Jésus pratiquait donc le même travail que son père adoptif Joseph. Et pourtant je ne connais pas d’artistes chrétiens qui aient osé représenter Jésus travaillant seul et humblement… Cela est réservé à saint Joseph !

Dans la Bible, le travail est à la fois une belle chose : la participation des hommes à la création de Dieu ; et aussi une punition pour le péché originel (Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front !). Dans tous ces cas, il est pour nous de grand profit… tant que nous n’en faisons pas une idole ! La « France qui se lève tôt », avec courage et détermination, ne gagnera pas forcément beaucoup d’argent par les temps qui courent, mais pourrait bien recevoir en cadeau une grande sagesse de vie et un cœur droit qui prépare à recevoir le Seigneur… Après tout, c’est en travaillant que les bergers reçurent la visite des anges, et c’est aussi en travaillant que les mages virent l’étoile !

Pratique : travaillons aujourd’hui avec conscience et courage, comme le Seigneur le fit.

Mardi 10 janvier : de la férie

Profitons des trois prochains jours de Férie après l’Epiphanie, pour parler de la période entre la naissance et la vie publique de Jésus-Christ : ce qu’on appelle la vie cachée du Seigneur.

Et une première remarque s’impose : entre le moment de la naissance et le moment où Jésus va parler aux foules, il se passe plus de trente ans ! Quand le monde attend le Sauveur depuis des millénaires, quand le péché règne si fortement, quand on a tant de choses à dire et à apporter au monde, pourquoi attendre si longtemps ? Le silence de Dieu, quel mystère !

La grande erreur des  hommes, quand Dieu se tait, est soit de se révolter, soit de désespérer. Alors que le Seigneur emploie souvent cette méthode du silence pour nous parler… Quand Il se tait, nous arrêtons de parler, notre cœur s’inquiète et s’ouvre, et le tourbillon de la vie cesse un moment de nous emporter. Son silence, si nous l’acceptons humblement, nous fait alors grandir. La vie cachée du Seigneur nous enseigne alors à prendre le temps de prier avant d’agir, à vérifier sérieusement si notre vie est remplie ou non de charité, à savoir regarder l’essentiel en face, avec les yeux grands ouverts. C’est alors que nous voyons clairement les progrès que le Seigneur attend de nous en cette année nouvelle…

Pratique : Prendre la résolution que le Seigneur attend de nous pour 2017.

Lundi 9 janvier : de la férie

…ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mt chapitre 2

Le mot Epiphanie, qui signifie manifestation, correspond vraiment bien à notre fête ! A Noël, en effet, le Seigneur se révèle simplement aux bergers qui appartiennent au peuple juif, et sont des personnes humbles et discrètes. L’écho de cette annonce n’avait sans doute guère retenti plus loin que Bethléem… Mais lors de l’Epiphanie, c’est à des païens et à des savants que se manifeste le Seigneur, et bientôt tout Jérusalem et des peuples entiers seront au courant de la naissance du Roi attendu depuis les siècles ! L’Epiphanie manifeste donc avec éclat, que Jésus est le Sauveur de tous les hommes ! Toute à l’esprit cette glorieuse manifestation du Seigneur, l’Eglise ajoute d’ailleurs dans sa liturgie l’évocation de deux autres manifestations rayonnantes de Dieu – que nous verrons plus tard – le baptême de Jésus et les noces de Cana…

L’Evangile indique qu’après avoir vu l’Enfant, les mages offrirent spontanément de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils ont vu le Seigneur et leur cœur change, devient généreux ! C’est le signe qu’ils ont reçu la grâce particulière attachée à la venue de Dieu sur terre !

Et nous, l’avons nous reçue cette grâce ? Sommes-nous devenus plus généreux ? Si nous sommes maintenant plus tournés vers la prière et l’étude de la foi, nous offrons au Seigneur un encens bien parfumé…. Si nous devenons généreux avec nos biens, spécialement pour soutenir l’Eglise et sa mission, nous Lui donnons un or splendide ! Et si nous veillons à mieux supporter les peines de la vie, et à soulager les pauvres autour de nous, nous apportons une myrrhe précieuse au cœur de l’Enfant.

Serions-nous devenus d’authentiques rois mages ?

Pratique : Penser aujourd’hui à offrir au Seigneur un peu d’encens, d’or et de myrrhe.

Dimanche 8 janvier : premier dimanche après l’Épiphanie, fête de la Sainte Famille

Puisque j’ai déjà abordé l’Epiphanie, je dirai un mot, aujourd’hui, de la Sainte Famille… Je me souviens d’une petite image, toute naïve, montrant l’Enfant-Jésus dans les bras de Marie, avec la légende suivante : C’est si bon d’avoir une maman que le Bon Dieu a voulu en avoir une ! A travers la naïveté de ce texte, se trouve une vérité immense : la famille est l’école de l’amour. C’est au sein d’une famille qu’on découvre l’amour généreux des parents, la délicatesse des époux, la couleur propre de l’amour masculin et féminin, ces deux facettes de notre humanité, si nécessaires l’un et l’autre pour structurer un petit d’homme. Comme la famille est précieuse ! Pour marquer cette valeur essentielle de la famille et pour la sanctifier aussi, notre Seigneur Jésus-Christ a voulu venir sur la terre au sein d’une famille… Les chrétiens aimeront ainsi, au cours des siècles, imaginer la joie de vivre et la douceur des relations entre Jésus, Marie et Joseph. De cette dévotion est née notre fête de la Sainte Famille, modèle de toutes nos familles.

Cependant l’Évangile de ce jour (Luc 2) nous rapporte un épisode douloureux de la Sainte Famille avec la disparition de Jésus et l’inquiétude de ses parents. Jésus conclut l’épisode de manière étonnante : Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Si belles que soient nos familles ici-bas, elles ne sont pas parfaites, mais annoncent une autre famille, une autre maison qui est la notre : la maison du Père, la maison du bonheur parfait. A notre époque de crise de la famille, et de souffrances nombreuses, nous sommes ainsi invités à regarder plus haut, à dépasser ce qui sera toujours trop humain et charnel sur cette terre, pour rejoindre en espérance le Seigneur qui est parti nous préparer là-haut une place dans notre vraie maison…

Pratique : Prions pour toutes les familles, particulièrement pour celles qui sont éprouvées.

Samedi 7 janvier : de la férie

Reprenons, aujourd’hui encore, nos sympathiques rois mages. Dom Guillerand fait remarquer qu’ils ont dû vivre une épreuve assez terrible dans leur quête du roi des juifs. En effet après des journées voire des mois de voyage, ils arrivent enfin proches de la Terre Sainte, et là… plus d’étoile ! Ils se rendent donc à Jérusalem, la capitale, pour avoir des nouvelles. Et là, Hérode et toute la ville, nous dit l’Évangile, furent troublés de leur venue ! Les mages avaient parcouru un long chemin, mais là, à Jérusalem, personne n’avait l’air de se soucier du grand roi qui venait de naître… Ressortant de Jérusalem pour aller sur Bethléem, ils revirent l’étoile qu’ils avaient vue en Orient, et furent remplis d’une très grande joie, nous dit encore l’Évangile.

L’épreuve des mages est bien encore la nôtre aujourd’hui. Nous cherchons le Seigneur au milieu d’une multitude qui ne s’intéresse guère à Celui qui est venu pour les sauver ! Bien loin de nous accabler, cette épreuve doit être prise pour nous aujourd’hui comme une mission : rester fidèles dans un monde difficile et moqueur, et porter témoignage à temps et à contretemps. Cette épreuve aboutira un jour à la joie : joie du pionnier, du précurseur qui voit le royaume de Dieu naître grâce à son témoignage ; et aussi joie future du Ciel promise aux bons et fidèles serviteurs.

Pratique : Offrons au Seigneur nos épreuves et peines de la journée.

Vendredi 6 janvier : Épiphanie

O Dieu, qui avez révélé en ce jour votre Fils unique aux païens par l’apparition d’une étoile : faites dans votre miséricorde que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons amenés à vous contempler dans l’éclat de votre majesté.           Oraison de la fête de l’Épiphanie.

Quand j’étais petit, je me souviens que l’on dressait toujours la crèche à la maison ! On sortait du papier journal tous les santons, dont les trois rois mages et leur chameau. Mais il ne fallait pas mettre le chameau et les rois dans la crèche ! Ils étaient exilés quelques mètres plus loin, car il fallait attendre le jour de l’Épiphanie pour qu’ils puissent se joindre aux adorateurs de Jésus… Des années plus tard… ces mages me semblent toujours autant fascinants.

Mais avant de parler d’eux, évoquons brièvement la fête liturgique d’aujourd’hui : la fête de l’Épiphanie (qui signifie en grec : manifestation) est bien plus ancienne que la fête de Noël. Elle est d’ailleurs restée, en Orient, le jour où l’on fête la venue de Notre Seigneur sur la terre. A l’Épiphanie, nous fêtons particulièrement l’appel universel du Seigneur à tous les hommes, y compris païens, à venir l’adorer. La fête de l’Épiphanie est encore populaire dans notre France, c’est le jour de la galette où nous cherchons la fève (symbole du Christ), et celui qui la trouve devient… roi. Revenons à nos mages : ce qui est fascinant chez eux, c’est leurs pieds ! Car ils marchent… et ils sont venus de loin pour voir le roi des juifs que leur indiquait l’étoile. Ils étaient mages, ils étaient riches, ils possèdent des maisons agréables et de nombreux trésors, et pourtant ils sont allés à la recherche du Seigneur nouveau-né ! Alors que Jésus dira plus tard dans l’Évangile qu’il est difficile à des riches d’entrer dans le royaume de Dieu, ici des nantis l’ont cherché en vérité, et ils l’ont trouvé.

Ne sont-ils pas un magnifique exemple de vie ? L’Enfant-Jésus est-Il assez important pour nous amener à changer nos habitudes ? Assez grand pour que nous donnions de notre temps et de notre argent ? Assez magnifique pour constituer notre idéal de vie ?

Pratique : En mettant nos rois mages dans la crèche, n’oublions pas – comme eux -de prier un moment l’Enfant-Jésus.

Jeudi 5 janvier : de la férie

Il y a quelque chose à détordre en nous, vous savez quoi ? La rapacité ! Par rapacité, je veux dire cette tendance violente en tout homme à conquérir l’argent, la gloire, la victoire sur ses ennemis, la tranquillité de vie… Que de conflits ont pour origine cette rapacité !

Dans le mystère de Noël, l’Enfant-Jésus essaye, avec douceur et pédagogie, de guérir nos âmes de cette maladie : Il naît dans la pauvreté de la crèche… Sa pauvreté choisie, rayonnante et heureuse, est un vrai baume capable de guérir cette rapacité de nos cœurs. Grâce à la pauvreté que le Seigneur a voulue dans sa crèche, nous comprenons que les choses essentielles de la vie ne sont pas celles que nous poursuivons trop souvent… N’aimons pas l’argent ! Que notre force et notre générosité soit tournée vers les vraies richesses : Chercher le Royaume de Dieu, et la bonté avec notre prochain autant qu’il dépend de nous.

C’est en méditant cette nuit-là (de Noël 1853) sur la pauvreté de Notre Seigneur, que j’ai décidé de vivre le plus pauvrement possible. C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti.   Père Chevrier

Saurons-nous cette année nous laisser prendre par la grâce de Noël ?

Pratique : Choisir une occasion de dévouement pour l’année qui commence.

Mercredi 4 janvier : de la férie

Pour les prochaines féries du temps de Noël, parlons de la spiritualité propre à Noël !

On raconte qu’il y eut, au 19° siècle, une discussion entre un prêtre catholique et le grand rabbin de Carlstadt. Quand le prêtre demanda au rabbin pourquoi il ne croyait pas que le Messie fût venu, le grand rabbin se leva et ouvrit la fenêtre, puis il dit : Parce que je ne vois pas que le monde ait changé ! C’est sûr que, dans la Bible, Isaïe décrit le temps de la venue du Messie de manière étonnante : Un temps où les montagnes couleront de lait et de miel ; une époque où le lion habitera avec l’agneau, où l’enfant s’endormira en paix sur le trou de la vipère, et où les hommes utiliseront leurs armes pour en faire des faucilles et des socs de charrue… Mais je crois que le rabbin avait tout de même mal regardé ! Sinon il aurait bien vu sur la terre cette abondance extraordinaire et cette paix profonde !

N’y avait-il pas une extraordinaire abondance dans cette crèche où le Dieu du ciel nous est offert sous la forme d’un enfant ? Quelle douceur ! Plus que le lait et le miel… La certitude d’être aimés de Dieu coule bien, depuis ce moment, sur tout notre monde et dans nos cœurs. Et d’où nous vient la vraie paix, sinon d’avoir Dieu présent parmi nous ? Encore aujourd’hui il suffit d’entrer dans une église auprès du Seigneur qui est là et qui nous attend, pour goûter une paix vraie et profonde…

Et nous, avons-nous changé ? Peut-être… si nous avons su regarder la crèche et garder le message de Noël dans nos âmes !

Pratique : Se rappeler que nous sommes les ambassadeurs de la douceur de Dieu.