Mardi 21 mars : de la férie

Continuons de méditer les sacrifices vécus par Notre Seigneur Jésus-Christ.

  1. LES CONTRADICTIONS

Dans le prologue de son Evangile, saint Jean fait un douloureux constat au sujet de Jésus : Les siens ne l’ont pas reçu… C’est ainsi… Bien d’autres lectures de ce temps de Carême nous montrent la dérision et l’hostilité violente d’une partie du peuple juif devant Jésus. Et pourtant, Jésus n’avait-Il pas multiplié les miracles ? N’était-il pas d’une bonté parfaite ? Si, certainement…, mais les cœurs humains sont souvent des barrières plus dures que les roches des montagnes… Jésus affronte tout, cela nous encourage. Et surtout nous manifeste son incroyable amour, plus fort que tout.

Nous connaîtrons aussi ces contradictions, si du moins, nous nous soucions activement du Royaume de Dieu ! Elles ne sont pas de vrais obstacles, mais des occasions pour nous de manifester au monde l’amour fort et merveilleux de Dieu. A notre époque si peu courageuse qui a promu l’éducation sans contrainte, la liberté sexuelle sous toutes ses formes, et finalement les anxiolytiques… proclamons l’amour jusqu’au sacrifice.

Pratique : Dans son examen de conscience quotidien, ne pas oublier les lâchetés et les paresses devant le bien à notre portée.

Lundi 20 mars : Fête de Saint Joseph

La fête de saint Joseph, cette année est transférée au 20 mars à cause du troisième dimanche de Carême !

Saint Joseph est un des rares cas où je suis un peu fâché avec l’art chrétien… On représente en effet la plupart du temps saint Joseph comme un homme déjà âgé et « rangé », souvent mis en annexe et dans un coin. Alors que la Bible raconte exactement le contraire ! D’abord saint Joseph, chef de la sainte famille, la fit courageusement vivre. Ensuite l’ange ne craint pas de lui demander de prendre Jésus et Marie de nuit pour les emmener en Égypte… Joseph était un homme sur qui on pouvait (et on peut toujours) compter…

Ayant la chance d’avoir dans le Var, à 45 minutes de chez moi, le seul lieu d’apparition de saint Joseph dans le monde, permettez-moi de vous en parler un peu… Elle est très simple… Le 7 juin 1660, Gaspard Ricard, un berger, se trouve assoiffé. Il se trouve au lieu dit « Bessillon », non loin de Cotignac. D’un coup, il voit près de lui, sur un rocher, un homme qui lui dit : Je suis Joseph, enlève le rocher et tu boiras. Gaspard bougea le rocher et but, alors que 10 hommes auraient eu peine à bouger un tel rocher… Puis saint Joseph partit…

Saint Joseph, mystérieux et silencieux comme à son habitude, a aidé un simple berger à se désaltérer. Nous pouvons alors bien, nous aussi, invoquer Joseph, ce compagnon attentif et bienfaisant, pour toutes les nécessités de notre vie, causes de bien des soucis. Mais surtout pour trouver Dieu, seul capable d’étancher notre soif d’idéal et d’infini. Et si le secret de Joseph était là ? Faire courageusement le bien et se taire, pour que tous les cœurs se tournent vers le Seigneur…

Pratique : une dévotion particulière à saint Joseph en ce jour !

Dimanche 19 mars : 3ème dimanche de Carême

L’évangile de ce jour comporte deux histoires : d’abord la libération du démon muet, qui provoque le scepticisme des ennemis de Jésus. Et si tous ces prodiges venaient du mauvais ? Jésus regarde ses opposants, voit leur cœur fermé, et les prévient du danger qui les guette : Vous prétendez chercher Dieu, en cela vous avez chassé de votre âme le démon de l’impiété, mais par votre endurcissement, vous risquez une troupe de sept démons bien pire ! L’autre histoire, plus brève, est la louange de cette femme : Quelle chance d’être la mère d’un tel homme ! Jésus, là encore, voit le fond du cœur et répond : La vraie grandeur de l’homme, sa vraie fierté, est d’être disponible à la parole de Dieu…

Ces deux histoires nous montrent que le Seigneur veut surtout voir en nous de la bonne volonté pour son royaume… bon message pour le Carême, pas vrai ? Et plutôt qu’un long discours à ce sujet, je vous offre une parabole écrite par le Père Bro : « Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse qu’il venait d’épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d’un pendu. Mais quand la reine vit le condamné les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle poussa un cri et cacha sa tête dans ses mains. Prends pitié, Seigneur…
Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la Reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. Les consuls répondirent : Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie, la loi veut qu’il soit pendu. Un conseiller du roi intervint et dit que suivant la coutume de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de 1000 ducats. Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces 1000 ducats ?
Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit 800 ducats. La reine chercha dans son aumônière, elle était pauvre : elle n’y trouva que 50 ducats.
N’est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, pour sauver la vie de cet homme que 850 ducats ?
– La loi exige 1000 ducats, répondirent les consuls.
Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats.
997 ducats ! annoncèrent les consuls. Il manque encore 3 ducats.
– Pour 3 ducats cet homme sera-t-il pendu ? s’écria la reine.
– Cet homme sera pendu, répondirent les consuls, et ils firent signe au bourreau.
– Arrêtez ! s’écria la reine. Qu’on fouille ce malheureux. Il a peut-être sur lui trois ducats.
Le bourreau fouilla la culotte du pendu, il en retira trois ducats. Les consuls saluèrent la reine : Madame, cet homme est libre.
Chrétiens, l’homme qu’en ce conte vous avez vu en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité. Au jour du jugement rien ne nous sauvera, ni les 800 ducats de la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté. »        Bernard Bro

Pratique : Reprenons nos résolutions de Carême… avec courage !

Samedi 18 mars : de la férie

Après avoir décrit le sacrifice, et expliqué nos raisons de le pratiquer, nous allons étudier cette semaine le sacrifice à travers l’exemple de la vie de Jésus-Christ. On ne pourra pas tout dire, mais on donnera quelques flashes sur les dispositions intérieures de notre Maître.

  1. LA SOLITUDE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST

Il est très étonnant de remarquer, dans l’Évangile, le décalage qui existait entre Jésus et les hommes qui l’entourent ; et le sacrifice et la solitude que cela créait pour notre Maître… Saint Luc, au chapitre 9, raconte qu’on amena aux apôtres un enfant possédé. Ils essaient leur pouvoir de guérison, peine perdue, rien ne se passe ! Du coup on amène le cas au Seigneur qui s’exclame : Engeance incrédule et perverse, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je ? Et le Seigneur délivrera l’enfant… C’est vrai qu’ils étaient insupportables, ces apôtres, avec leur lourdeur, leur gloriole et leurs jalousies ! Au chapitre 12 de saint Matthieu, on remarquera un décalage semblable : on vient dire à Jésus que sa mère et ses frères veulent le voir. Et Jésus répond que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté du Père…

Chrétiens du 21° siècle, nous connaissons aussi cette solitude, ce décalage pénible entre notre foi en Dieu, et nos contemporains indifférents. Occasion de découragement ? Non ! Occasion de sacrifice et d’héroïsme pour les chrétiens à la suite de notre Seigneur. Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler !  (saint François d’Assise)

Pratique : Pratiquons la douceur avec tous.

Vendredi 17 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (6) ?

  1. POUR GAGNER NOTRE CIEL

Notre Seigneur nous rappelle extrêmement souvent le devoir de faire des efforts pour gagner notre paradis. Par exemple au chapitre 25 de saint Matthieu. On y trouve, entre autres : – la parabole des vierges sages et des vierges folles. Quand le maître reviendra, serons nous prêts pour les noces ? – la parabole des talents : Le maître qui part en voyage en laissant aux serviteurs la gestion de ses biens, mais qui espère les trouver fructifiés à son retour ! Qu’avons-nous fait des qualités que Dieu nous a accordées ? – la description du jugement dernier : d’un coté les brebis, de l’autre les boucs. C’est-à-dire que le Seigneur récompensera ceux qui auront nourri les affamés, accueilli les étrangers, vêtu les indigents, visité les malades et les prisonniers, mais pas les autres qui ne l’auront pas fait… Sommes-nous si sûr d’avoir écouté le Seigneur sur ce point ? Comment ne pas remarquer une telle insistance ?

On raconte, dans la vie des Pères du désert, qu’un d’eux avait établi sa tente à 5 kilomètres de la source où il venait boire chaque matin. Quelques années passant, il se dit en lui-même : Je devrais bien me rapprocher de la source, ainsi j’aurais moins à marcher chaque jour ! Au moment où il allait mettre son plan à exécution, il eut une vision dans le ciel : un ange qui marquait dans un grand livre en lettres d’or chacun des pas qu’il faisait en sacrifice chaque matin. Il médita un bon moment et s’en fut planter sa tente à 10 kilomètres de la source…

Notre livre est en train de s’écrire, ne l’oublions pas…

Pratique : Au moins 5 sacrifices en ce jour.

Jeudi 16 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (5) ?

POUR OBTENIR DES GRACES

Au chapitre 17 de son Évangile, saint Matthieu rapporte qu’un jour on amena aux disciples de Jésus un jeune possédé, mais ils ne purent le guérir. Jésus chassa le diable en un instant, et les disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu le chasser eux-mêmes… Jésus répondit : Ce genre de démon ne peut se chasser que par le jeûne et la prière !

C’était bien le sacrifice qui manquait aux disciples pour obtenir la grâce de Dieu ! De tous temps les saints ont su qu’il fallait faire des sacrifices si l’on tenait vraiment à une grâce importante. Le saint curé d’ars multiplia les sacrifices pour convertir sa paroisse, et à un prêtre qui venait le trouver pour lui parler du peu de fruit de son apostolat, il répondait : Avez-vous jeûné, prié, fait pénitence ? Évidemment, tout dépend de la puissance de notre désir…

Pratique : Un sacrifice pour nos prêtres, ou une personne affligée.

Mercredi 15 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (4) ?

POUR REPARER LES PECHES DU MONDE

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ? Telle fut la demande de la très sainte Vierge Marie aux enfants de Fatima lors de sa première apparition, le 13 mai 1917. C’était un appel – à des enfants ! – à une générosité particulière…

La réparation n’a pas bonne presse à notre époque. On soupçonnerait volontiers le chrétien qui s’y adonne, de se mêler de la liberté des autres, et de se croire meilleur qu’eux… Reste que la sainte Vierge, qui ne s’occupe pas beaucoup de l’avis du monde médiatique ni des opinions dominantes, nous le demande… Nous devrions donc regretter profondément le mal tel qu’il règne dans le monde et, autant qu’il dépend de nous, essayer de réparer, de faire triompher l’amour sur le mal.

Mais ne sommes nous pas un peu trop habitué à ce mal ? Une dame a raconté qu’un jour où elle se confessait au saint curé d’ars, celui-ci redoublait de larmes. Un peu étonnée, elle s’arrêta dans son accusation, et dit : Mon Père, pourquoi pleurez-vous ? Ce ne sont pas vos péchés, ce sont les miens ! Et le saint curé répondit : Je pleure parce que vous ne pleurez pas assez ! Demandons au Seigneur la grâce d’une grande tristesse des péchés de ce monde.

Pratique : Faire dire une Messe, ou au moins dire une prière, en réparation des fautes les plus graves de notre époque, tels l’avortement et la révolte contre Dieu.

Mardi 14 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (3) ?

  1. POUR EXPIER SES PECHES

La Bible raconte l’histoire de Judas Macchabée : celui-ci, après un rude combat, ayant trouvé des idoles sur les corps des combattants juifs morts au combat, fit offrir des sacrifices à Jérusalem pour que ces soldats soient purifiés de leurs péchés. Dès l’Ancien Testament, on savait donc qu’il fallait expier pour les péchés commis.

Beaucoup de fidèles ignorent la doctrine catholique sur ce point : un péché est une offense à Dieu, cela nous le savons. Mais il est aussi une déviation plus ou moins grande, qui nous charge d’une certaine responsabilité devant Dieu ! Si nous nous confessons, l’offense à Dieu est pleinement pardonnée. La responsabilité, elle, est plus ou moins remise en fonction de notre regret, de nos bonnes œuvres. Et le purgatoire est là pour purifier les fautes qui ne l’ont pas été suffisamment sur terre. L’image la plus saisissante de cette vérité dans l’art chrétien, était la représentation de saint Michel en train de peser les âmes : qu’en est-il du bien et du mal ?

Nous-mêmes, avons-nous pensé à expier les fautes de notre vie ? Sommes-nous prêts à paraître devant Dieu ? Le saint curé d’Ars demandait à son évêque un peu de temps pour pleurer sa pauvre vie, comme il disait… Heureux est-il d’avoir veillé au triomphe du bien dans son âme ! Heureux celui qui purifie son âme par le sacrifice !

Pratique : Un examen de conscience s’impose.

Lundi 13 mars : de la férie

Pourquoi faire des sacrifices (2) ?

  1. POUR CORRIGER SES DEFAUTS

En parlant de défauts, une histoire de la Bible me fait toujours sourire : celle d’Ananie le peureux. Vous en souvenez-vous ? C’est celui que le Seigneur appelle pour venir baptiser saint Paul ! Saul (le futur saint Paul) est d’abord un violent persécuteur des chrétiens et le Seigneur le renverse de son cheval pour le convertir, et le rend aveugle. Conduit par la main jusqu’à Damas, Saul attend ce que le Seigneur veut pour lui. Le Seigneur apparaît alors à Ananie dans une vision et lui dit d’aller imposer les mains à Saul pour qu’il recouvre la vue. Réponse d’Ananie : Seigneur, j’ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu’il a fait à tes saints à Jérusalem. Et il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom… En un mot, il est mort de trouille !

Le Seigneur lui dit alors : Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites ! En termes clairs : Accepte le sacrifice que je te demande… Ananie s’y rend, et, entrant devant saint Paul, il dit : Saul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint… Toujours pas rassuré, le gaillard… Mais il guérira bien saint Paul ! Le Seigneur a bien mené Ananie à lutter contre son défaut…

Retenons ceci : que ce soit par la manière douce pour Ananie, ou la manière forte pour saint Paul, le Seigneur veut aussi voir disparaître les défauts de nos âmes ! Ceux-ci nous empêchent de monter vers Lui et de devenir des enfants de lumière. Alors un sacrifice de temps en temps, là où il y a besoin, et le fil qui nous retenait à terre se brisera, et nous volerons auprès du Seigneur…

Pratique : Ciblons un bon défaut et prenons une résolution pour tout le Carême !

 

PS : pour ceux qui n’auraient pas d’idée et vivraient en famille (ou en communauté), les autres peuvent vous renseigner sur l’effort à faire…

Dimanche 12 Mars : 2ème dimanche de Carême

Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui…    tiré de l’Evangile du jour

L’Evangile d’aujourd’hui, le récit de la transfiguration, est d’une grande profondeur : Jésus se rend sur une montagne, et est transfiguré devant ses apôtres. Moïse et Elie sont avec Lui, une nuée recouvre tout le monde, et la voix du Père se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le !

Pour comprendre l’Evangile d’aujourd’hui, on doit revenir sur le thème de l’Alliance… L’Exode raconte comment Moïse était monté, lui aussi, sur une montagne, le mont Sinaï, pour conclure entre Dieu et le peuple juif une authentique Alliance. Le Ciel s’était manifesté, une nuée avait couvert la montagne, et le peuple juif était devenu le Peuple de Dieu. Plus tard les Juifs seront souvent infidèles à cette Alliance promise, comme au temps des Rois, où vivait le prophète Elie. Le Seigneur demanda alors à Elie de marcher jusqu’à la montagne de l’Horeb. Là-bas, Dieu se manifesta puissamment, et rappela qu’Il était miséricordieux et toujours fidèle – Lui – à l’alliance qu’Il avait conclue.

Lors de la Transfiguration, la présence de Moïse et Elie, ainsi que la voix du Père, indiquent que Jésus est celui qui vient proposer l’alliance parfaite et définitive avec les hommes, l’alliance nouvelle et éternelle, comme dira Jésus. Sommes-nous prêts à conclure une alliance d’amour et de fidélité avec Notre-Seigneur ? Pour être son peuple et qu’Il soit notre Dieu ? Même si nous avons été infidèles tout au long de l’année, en ce temps de Carême, l’amour miséricordieux du Seigneur nous invite à reprendre notre alliance avec Lui…

Pratique : Penser à se confesser pour être fervent tout au long de ce Carême.