Lundi 3 avril : Lundi de la Passion

Le sacrifice de Jésus et la Messe I.

Dans ce temps de la Passion, et puisque notre mini-retraite est consacrée au sacrifice, nous allons maintenant parler du grand sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix. Nous parlerons aussi de la Messe qui est ce même sacrifice « continué et répandu » jusqu’à nous.

Remarquons d’abord aujourd’hui que tout au long de son chemin parmi nous, Jésus était tendu vers ce moment de son Sacrifice : – Plusieurs fois dans l’Évangile, Jésus annonce à ses disciples qu’il va être mis à mort. – Plusieurs fois Jésus parle de son heure qui arrive, cette heure exceptionnelle entre toutes, où il va donner un puissant témoignage au monde. – Plusieurs fois Jésus dira qu’à partir de ce moment-là tout changera merveilleusement…

L’immense sagesse du christianisme n’est pas toujours bien reçue, encore moins la morale. Mais celui qui comprend que son grand message est de proclamer que Jésus, le Fils de Dieu, a donné sa vie pour nous, que peut-il encore répondre, sinon se taire, réfléchir, et peut-être s’ouvrir à la grâce ? … Ces prochains jours, pensons souvent aux souffrances de Jésus pour nous. N’oublions pas non plus que, pour nous aussi, nos actes de charité, ont tellement plus de poids que nos paroles…

Pratique : Ne pas oublier de lire les textes des Messes du jour pendant le temps de la Passion.

Dimanche 2 avril : Dimanche de la Passion

Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps de la Passion, temps où nous méditons particulièrement les souffrances du Seigneur. Et l’Église parle, elle s’exprime à travers les magnifiques symboles de la liturgie : Ainsi, selon une ancienne coutume, on voile de violet les statues des saints et les Croix, mais on laisse apparentes les stations du chemin de la Croix. On retire aussi dans les offices les gloria Patri, manifestation explicite de la gloire de Dieu, voilée en ces jours. Selon la belle expression de Dom Pius Parsch, l’Église prend le voile des veuves… Mais pourquoi voiler les Croix me direz-vous ? Ces Croix voilées viennent d’un temps où les Croix étaient souvent d’or, sans Christ, garnies de pierres précieuses. Ces Croix glorieuses évoquaient le triomphe du Seigneur, d’où la nécessité de les voiler en ce temps dramatique…

L’Évangile de la Messe de ce jour (et aussi de toutes les Messes de la semaine que je vous invite à parcourir) montre l’hostilité terrible qui monte entre Jésus et les principaux du peuple juif : Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? … vous n’écoutez point, parce que vous n’êtes pas de Dieu ! dit Jésus. Réponse : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé du démon ? Jésus reprend : …J’honore mon Père ; et vous, vous me déshonorez… Réponse effroyable : Ils prirent donc des pierres, pour les jeter sur lui… A travers ce récit brutal, l’Evangile nous invite – tout comme le fait le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ – à méditer jusqu’où peut aller la violence humaine, notre violence : vouloir tuer le Fils de Dieu ! Et, comme le souligne l’Introït de la Messe, supplions le Seigneur de nous séparer de l’homme de péché, méchant et trompeur…

Pratique : Lire, chaque jour de la semaine, le texte de la Messe.

Samedi 1er Avril : de la férie

Nous terminerons l’évocation des sacrifices dans la vie des saints, par saint Maximilien Kolbe, le martyr de la charité : Maximilien, encore enfant, avait eu une vision de Marie lui tendant deux couronnes, une blanche (symbole de la virginité) et une rouge (symbole du martyre), et lui demandant de choisir. L’enfant répondit : Je choisis toutes les deux ! C’est ce qui arrivera en 1941… Le Père Kolbe est arrêté par la Gestapo et emmené à Auschwitz. Là-bas un prisonnier s’est échappé. En représailles douze détenus sont choisis parmi les prisonniers pour mourir dans un bunker sans aucune nourriture ni boisson. Un de ceux qui sont choisis, le sergent François Gajowniczek, s’écroule en pensant à sa femme et ses enfants. Alors un homme sort des rangs, c’est le Père Kolbe. Il se propose pour le remplacer ! Le Père Kolbe mourra dans ce bunker, ayant offert sa vie pour son frère, immense icône de la charité et de la valeur profonde du sacrifice de soi-même.

Sans forcément avoir le destin de saint Maximilien Kolbe, n’oublions pas qu’un jour aussi nous aurons à remettre notre vie au Seigneur. Que notre esprit de sacrifice quotidien nous y prépare !

Pratique : Prions pour la grâce d’une bonne mort.

Vendredi 31 mars : de la férie

– Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
– Oui, nous voulons.
– Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

Vous aurez reconnu l’incroyable dialogue entre Marie, la Reine du Ciel, et trois petits enfants du Portugal à Fatima en 1917…. Notez bien que Jacinthe, la plus jeune, n’avait que 7 ans à l’époque des apparitions ! Inutile d’expliquer les apparitions de Fatima avec la sagesse et la mesure humaine, tout est plein de surnaturel et d’un idéal énorme… Les enfants – c’est sans doute la grâce des enfants – prendront cela très au sérieux. Lucie nous racontera les sacrifices étonnants des petits voyants : se priver de boire lors d’une chaleur torride, dormir avec une corde, prier pendant des heures (le petit François disait habituellement neuf chapelets par jour…). Ils obtinrent ainsi des grâces extraordinaires.

Méditons bien ce que ces enfants nous enseignent, ils disent la vérité ! Nous avons tous, à notre place, cette capacité de travailler à la conversion des hommes par nos efforts et sacrifices, qu’en avons-nous fait ?

Pratique : recommander à la sainte Vierge une personne en grande nécessité spirituelle.

Jeudi 30 mars : de la férie

Après un religieux et un prêtre, parlons d’un saint laïc. Et j’ai choisi monsieur Martin, le père de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Louis Martin fut canonisé, en compagnie de son épouse, le 18 octobre 2015 à Rome, non pas parce qu’il était le père de sainte Thérèse (ce qui n’est pas rien…) mais parce qu’il a vraiment mené une vie sainte. Louis était horloger de profession, il se maria et fut père de neuf enfants (quatre mourront en bas âge). Avec sa femme Zélie, il se rendait à la Messe de 5h30 tous les matins, et accueillait et aidait largement les pauvres de l’endroit. Il refusait d’ouvrir sa boutique le dimanche, renonçant ainsi à des profits certains. Sa femme mourut jeune encore, lui laissant la charge de tous les enfants, dont il s’occupera totalement. Il donnera au bon Dieu toutes ses filles… Quand Thérèse, sa préférée, demandera à rentrer au Carmel à 15 ans, il l’acceptera aussitôt. Mgr Hugonin, à qui il fallait demander une dispense pour entrer aussi jeune en religion, fit remarquer devant lui que Thérèse pourrait patienter quelques années et s’occuper de son père âgé. A ces mots, monsieur Martin se leva et dit à Monseigneur Hugonin, avec une immense foi, que le bon Dieu lui faisait un immense honneur de lui prendre ses filles, ce qui impressionna beaucoup l’évêque. Il fut atteint sur la fin de sa vie par une maladie mentale qui le conduisit à l’hospice. Dans ses moments de lucidité, il disait qu’il fallait bien qu’il ait une humiliation à porter dans sa vie…

Retenons cette image magnifique d’un chrétien dans le monde qui avait mis le sacrifice au cœur de sa vie ! Le Bon Dieu m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre, écrivit sainte Thérèse. Cette phrase, qui vaut bien une canonisation, montre bien que la sainteté est possible à tous et partout !

Pratique : Prier pour que des vocations naissent dans nos familles.

Mercredi 29 mars : de la férie

Le saint curé d’Ars est bien justement le patron des curés du monde entier, car il été exceptionnel dans le souci de sa paroisse. Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans ce village, vous en mettrez ! avait dit le vicaire général, monsieur Courbon, à Lyon. Jean-Marie Vianney prit cette demande au pied de la lettre et multiplia les sacrifices pour y arriver… Dans l’église de son minuscule village, il passait de longues heures à prier dés quatre heures du matin : Seigneur, convertissez ma paroisse ! ne cessait-il de répéter. Les paysans qui voyaient leur curé si donné à sa mission, étaient impressionnés… Mais cela prendra du temps et des larmes ! Il y aura des plaintes contre ce prêtre trop strict, trop exigeant, interdisant tout travail du dimanche ; des critiques des autres curés contre ce prêtre que tout le monde suivait parce qu’il était ignorant, bien entendu.. ; et les attaques du diable, furieux de ce prêtre trop zélé. Et puis, au fur et à mesure des années, les paroissiens reprennent le chemin de l’église, sont subjugués par ce prêtre qui pleure en chaire en parlant de l’amour de Dieu, présent dans l’Hostie au milieu d’eux. Et c’est un véritable pèlerinage qui se mettra en place pour venir se confesser et se convertir auprès de ce bon pasteur…

Pour nous, retenons que le sacrifice convertit vraiment les âmes et, avec la prière  obtient infailliblement les grâces de Dieu.

Pratique : quelques sacrifices pour un intention qui nous est chère.

Mardi 28 mars : de la férie

Saint François d’Assise est le prototype même du converti. Il profita bien de la première partie de sa vie, comme on dirait maintenant ! Fêtes, alcool, vie argentée et facile, pourquoi se priver ? Mais voilà que le Seigneur l’attendait à travers une suite de sacrifices… Un jour qu’il allait à cheval il croisa un lépreux. Plutôt que de se boucher le nez, comme il en avait l’habitude, il embrassa le lépreux et lui fit l’aumône. Le Seigneur récompensa son sacrifice en lui montrant la vanité de sa vie et en l’attirant vers une vie plus sainte. Un jour qu’il entendait l’Evangile : Proclamez le Royaume de Dieu… ne prenez ni or, ni argent… Il choisit alors de suivre le Christ dans l’imitation parfaite de sa pauvreté. Ayant pris le choix radical du sacrifice de la pauvreté, il eut un amour extraordinaire du Seigneur, un rayonnement incroyable, et une joie profonde. Dieu imprima en sa chair les marques de la Passion du Christ, pour celui qui avait voulu l’imiter parfaitement ici-bas.

Retenons ceci : le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité ! Un simple sacrifice que nous faisons ici-bas, et c’est une récompense incroyable qui vient du Ciel. Si seulement nous savions ouvrir nos cœurs plus souvent !

Pratique : Pensons à faire quelque chose pour quelqu’un de pauvre ou affligé dans notre entourage.

Lundi 27 mars : de la férie

Une image vaut mieux que cent mille mots ! dit un proverbe chinois bien connu… Ainsi, après l’exemple de Notre Seigneur, nous allons voir concrètement cette semaine la pratique du sacrifice chez ses meilleurs disciples : les saints !

Et commençons par la plus grande de tous : la très sainte Vierge Marie. Son enfance – autant qu’on peut la deviner dans l’évangile – ne fut pas facile : Elle dut tout d’abord connaître une vie pauvre et laborieuse dans la bourgade de Nazareth. Mais cela se corsa singulièrement avec la visite de l’ange Gabriel, porteur de la plus incroyable des missions : devenir la Mère de celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Marie répond : Je suis la servante du Seigneur ! Vu la vie et le travail d’une servante à l’époque, on pèsera facilement le dévouement total et actif de Marie au Seigneur !

La mission, reçue et acceptée par la Vierge Marie, comportera un volet profondément douloureux : le Glaive qui transpercera son cœur, c’est-à-dire être associée à la mort de son Fils pour le salut du monde. Et après la mort de son Fils, Marie restera de longues années sur la terre pour aider l’Église primitive…

Une vie vraiment donnée, tel un beau sacrifice… c’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voyait la vie de Marie : Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime, et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui. Aimer c’est tout donner et se donner soi-même. Tu voulus le prouver en restant notre appui. Le Sauveur connaissait ton immense tendresse, il savait les secrets de ton cœur maternel ; refuge des pêcheurs, c’est à toi qu’il nous laisse quand il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

Pratique : Garder, comme mot d’ordre au long de la journée : Je suis la servante du Seigneur !

Dimanche 26 mars : 4° dimanche de Carême

Avez-vous remarqué ce qu’indique saint Jean dans l’Évangile d’aujourd’hui ?

– Jésus était suivi d’une grande foule. – La Pâque était proche –  Jésus gravit une montagne – Tout un peuple n’avait pas de quoi manger, et la nourriture est multipliée. Tout cela ne vous rappelle rien ? Si vous étiez juif, ou bon connaisseur de l’Ancien Testament, vous auriez immédiatement compris l’enthousiasme de la foule…

A l’époque de Jésus-Christ, tout le monde s’attendait à voir le Messie. Et l’approche de Pâques faisait revivre à tous le souvenir de l’exode du peuple juif dans le désert jusqu’à la montagne de l’Horeb. Or, pendant la pérégrination dans le désert, les hébreux avait manqué de nourriture, et le Seigneur avait fait descendre du ciel une nourriture merveilleuse : la Manne. Imaginez alors la foule des Juifs en voyant la nourriture se multiplier, non pas en venant du ciel, mais des mains de Jésus-Christ ! Ils exultent devant ce signe : le Messie est là !

Se pourrait-il qu’après deux mille ans de catholicisme nous soyons moins enthousiastes que ces Juifs ? Où en est notre soif de Jésus dans l’Eucharistie ? Pourquoi le petit Hermann Wijns se rendait-il tous les jours à la Messe même par -20° ? Pourquoi sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus bien malade descendait-elle en tremblant l’escalier de son couvent ? Ce n’est pas trop souffrir pour gagner une communion ! disait-elle… En ce dimanche de laetare, l’Église nous rappelle notre grande joie de la terre : la grâce immense de pouvoir communier et recevoir notre Seigneur. Pensons alors à bien préparer notre communion pascale.

Pratique : Essayons de communier le plus possible durant ce Carême.

Samedi 25 mars : Fête de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie

Le récit tout simple de l’Annonciation a plu à toutes les générations de chrétiens.

Parmi eux, saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’Ave Maria, remarque cette chose extraordinaire : Jamais dans la Bible, on ne voit un ange saluer avec une telle déférence une créature humaine ! En effet, explique-t-il : l’ange est plus proche de Dieu que les hommes, lui qui est saint dans le Ciel. Il est aussi plus parfait et plus beau tant par sa nature que par sa grâce… Alors il n’a pas à s’incliner devant une créature mortelle.

Et pourtant l’Évangile est formel, ici c’est l’archange Gabriel qui s’incline devant Marie ! C’est que Marie est plus proche de Dieu que lui. Elle est aussi plus parfaite et plus belle. L’ange sait tout cela puisqu’il précise que Marie est remplie de la grâce de Dieu, que le Seigneur est particulièrement avec Elle, et qu’Il la bénit plus que toutes les femmes.

Comprenons-nous l’extraordinaire cadeau que Jésus nous fait, avec Marie ? Cultivons-nous une très grande dévotion, prière et amitié avec Marie ? Si vous ne vouliez pas croire la théologie, les enseignements du Magistère et les paroles des saints, suivez au moins l’exemple de l’ange et priez beaucoup celle qui a pour nous un cœur de Mère dans le ciel !

Pratique : Offrons toute notre vie à Marie en ce jour…