Jeudi 10 janvier : de la férie

Une deuxième chose nous surprendra dans la vie cachée du Seigneur : Il a travaillé, et travaillé de ses mains ! L’Évangile de Marc indique le témoignage des ennemis du Christ : N’est-il pas le charpentier ? Mc 6, 3. Ainsi Jésus pratiquait donc le même travail que son Père adoptif Joseph. Et pourtant je ne connais pas d’artistes chrétiens qui aient osé représenter Jésus travaillant seul et humblement… Cela est réservé à saint Joseph !

Dans la Bible, le travail est à la fois une belle chose : la participation des hommes à la création de Dieu ; et aussi une punition pour le péché originel (Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front !). Dans tous ces cas, il est pour nous de grand profit… tant que nous n’en faisons pas une idole ! La « France qui se lève tôt », avec courage et détermination, ne gagnera pas forcément beaucoup d’argent par les temps qui courent, mais pourrait bien recevoir en cadeau une grande sagesse de vie et un cœur droit qui prépare à recevoir le Seigneur… Après tout, c’est en travaillant que les bergers reçurent la visite des anges, et c’est aussi en travaillant que les mages virent l’étoile !

Pratique : travaillons aujourd’hui avec conscience et courage, comme le Seigneur le fit.

Mercredi 9 janvier : de la férie

Profitons des trois prochains jours de Férie après l’épiphanie, pour parler de la période entre la naissance et la vie publique de Jésus-Christ : ce qu’on appelle la vie cachée du Seigneur.

Et une première remarque s’impose : Entre le moment de la naissance et le moment ou Jésus va parler aux foules, il se passe plus de trente ans ! Quand le monde attend le Sauveur depuis des millénaires, quand le péché règne si fortement, quand on a tant de choses à dire et à apporter au monde, pourquoi attendre si longtemps ? Le silence de Dieu, quel mystère !

La grande erreur des  hommes, quand Dieu se tait, est, soit de se révolter, soit de désespérer. Alors que le Seigneur emploie souvent cette méthode du silence pour nous parler… Quand Il se tait, nous arrêtons de parler, notre cœur s’inquiète et s’ouvre, et le tourbillon de la vie cesse un moment de nous emporter. Son silence, si nous l’acceptons humblement, nous fait alors grandir. La vie cachée du Seigneur nous enseigne alors à prendre le temps de prier avant d’agir, à vérifier sérieusement si notre vie est remplie ou non de charité, à savoir regarder l’essentiel en face, avec les yeux grands ouverts. C’est alors que nous voyons clairement les progrès que le Seigneur attend de nous en cette année nouvelle…

Pratique : Prendre la résolution que le Seigneur attend de nous pour 2019.

Mardi 8 janvier : de la férie

…ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mt chapitre 2

Le mot Épiphanie, qui signifie manifestation, correspond vraiment bien à notre fête ! A Noël, en effet, le Seigneur se révèle simplement aux bergers qui appartiennent au peuple juif, et sont des personnes humbles et discrètes. L’écho de cette annonce n’avait sans doute guère retenti plus loin que Bethléem… Mais lors de l’Épiphanie, c’est à des païens et à des savants que se manifeste le Seigneur, et bientôt tout Jérusalem et des peuples entiers seront au courant de la naissance du Roi attendu depuis les siècles ! L’Épiphanie manifeste donc avec éclat, que Jésus est le Sauveur de tous les hommes ! Toute à l’esprit cette glorieuse manifestation du Seigneur, l’Église ajoute d’ailleurs dans sa liturgie, l’évocation de deux autres manifestations rayonnantes de Dieu – que nous verrons plus tard – les baptême de Jésus et les noces de Cana…

L’Évangile indique qu’après avoir vu l’Enfant, les mages offrirent spontanément de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils ont vu le Seigneur et leur cœur change, devient généreux ! C’est le signe qu’ils ont reçu la grâce particulière attachée à la venue de Dieu sur terre ! Et nous, l’avons nous reçue cette grâce ? Sommes-nous devenus plus généreux ? Si nous sommes maintenant plus tournés vers la prière et l’étude de la foi, nous offrons au Seigneur un encens bien parfumé…. Si nous devenons généreux avec nos biens, spécialement pour soutenir l’Église et sa mission, nous Lui donnons un or splendide ! Et si nous veillons à mieux supporter les peines de la vie, et à soulager les pauvres autour de nous, nous apportons une myrrhe précieuse au cœur de l’Enfant. Serions-nous devenus d’authentiques rois mages ?

Pratique : Penser aujourd’hui à offrir au Seigneur un peu d’encens, d’or et de myrrhe.

Lundi 07 janvier : de la férie

Reprenons, aujourd’hui encore, nos sympathiques rois mages. Dom Guillerand fait remarquer qu’ils ont du vivre une épreuve assez terrible dans leur quête du roi des juifs. En effet après des journées voire des mois de voyage, ils arrivent enfin proche de la terre sainte, et là… plus d’étoile ! Ils se rendent donc à Jérusalem, la capitale, pour avoir des nouvelles. Et là, nous dit l’évangile, Hérode et toute la ville furent troublés de leur venue ! Les mages avaient parcouru un long chemin, mais là, à Jérusalem, personne n’avait l’air de se soucier du grand roi qui venait de naître… Ressortant de Jérusalem pour aller sur Bethléem, ils revirent l’étoile qu’ils avaient vu en Orient, et furent rempli d’une très grande joie, nous dit encore l’Évangile.

L’épreuve des mages et bien encore la notre aujourd’hui. Nous cherchons le Seigneur au milieu d’une multitude qui ne s’intéresse guère à Celui qui est venu pour les sauver ! Bien loin de nous accabler, cette épreuve doit être prise  pour nous aujourd’hui comme une mission : rester fidèles dans un monde difficile et moqueur, et porter témoignage à temps et à contretemps. Cette épreuve aboutira un jour à la joie : joie du pionnier, du précurseur qui voit le royaume de Dieu naître grâce à son témoignage ; et aussi joie future du ciel promise aux bons et fidèles serviteurs.

Pratique : Offrons au Seigneur nos épreuves et peines de la journée.

Dimanche 6 janvier : solennité de l’Epiphanie

O Dieu, qui avez révélé en ce jour votre Fils unique aux païens par l’apparition d’une étoile : faites dans votre miséricorde que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons amenés à vous contempler dans l’éclat de votre majesté.           oraison de la fête de l’Épiphanie.

 Quand j’étais petit, je me souviens que l’on dressait toujours la crèche à la maison ! On sortait du papier journal tous les santons, dont les trois rois mages et leur chameau. Mais il ne fallait pas mettre le chameau et les rois dans la crèche ! Ils étaient exilés quelques mètres plus loin, car il fallait attendre le jour de l’Épiphanie pour qu’ils puissent se joindre aux adorateurs de Jésus. Des années plus tard… ces mages me semblent toujours autant fascinants.

Mais avant de parler d’eux, évoquons brièvement la fête liturgique d’aujourd’hui : La fête de l’Épiphanie (qui signifie en grec : manifestation) est bien plus ancienne que la fête de Noël. Elle est d’ailleurs restée, en Orient, le jour où l’on fête la venue de Notre Seigneur sur la terre. A l’Épiphanie, nous fêtons particulièrement l’appel universel du Seigneur à tous les hommes, y compris païens, à venir l’adorer. La fête de l’Épiphanie est encore populaire dans notre France, c’est le jour de la galette où nous cherchons la fève (symbole du Christ), et celui qui la trouve devient… roi.

Revenons à nos mages : Ce qui est fascinant chez eux, c’est leurs pieds ! Car ils marchent… et ils sont venus de loin pour voir le roi des juifs que leur indiquait l’étoile. Ils étaient mages, ils étaient riches, ils possèdent des maisons agréables et de nombreux trésors, et pourtant ils sont allés à la recherche du Seigneur nouveau-né ! Alors que Jésus dira plus tard dans l’Évangile qu’il est difficile à des riches d’entrer dans le royaume de Dieu, ici des nantis l’ont cherché en vérité, et ils l’ont trouvé. Ne sont-ils pas un magnifique exemple de vie ? L’Enfant-Jésus est-Il assez important pour nous amener à changer nos habitudes ? Assez grand pour que nous donnions de notre temps et de notre argent ? Assez magnifique pour constituer notre idéal de vie ?

Pratique : En mettant nos rois mages dans la crèche, n’oublions pas – comme eux -de prier un moment l’Enfant-Jésus.

Samedi 5 janvier : de la férie

Il y a quelque chose à détordre en nous, vous savez quoi ? La rapacité ! Par rapacité, je veux dire cette tendance violente en tout homme à conquérir l’argent, la gloire, la victoire sur ses ennemis, la tranquillité de vie… Que de conflits ont pour origine cette rapacité ! Dans le mystère de Noël, l’Enfant-Jésus essaye, avec douceur et pédagogie, de guérir nos âmes de cette maladie : Il naît dans la pauvreté de la crèche… Sa pauvreté choisie, rayonnante et heureuse, est un vrai baume capable de guérir cette rapacité de nos cœurs. Grâce à la pauvreté que le Seigneur a voulu dans sa crèche, nous comprenons que les choses essentielles de la vie ne sont pas celles que nous poursuivons trop souvent…

N’aimons pas l’argent ! Que notre force et notre générosité soit tournée vers les vraies richesses : Chercher le Royaume de Dieu, et la bonté avec notre prochain autant qu’il dépend de nous. C’est en méditant cette nuit-là (de Noël 1853) sur la pauvreté de Notre Seigneur, que j’ai décidé de vivre le plus pauvrement possible. C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti.   Père Chevrier. Saurons-nous cette année nous laisser prendre par la grâce de Noël?

Pratique : Choisir une occasion de dévouement pour l’année qui commence.

Vendredi 4 janvier : de la férie

Les jours prochains sont des jours de férie du temps de Noël, profitons-en pour parler de la spiritualité propre à Noël !

On raconte qu’il y eut, au 19° siècle, une discussion entre un prêtre catholique, et le grand rabbin de Carlstadt. Quand le prêtre demanda au rabbin pourquoi il ne croyait pas que le Messie fut venu, le grand rabbin se leva et ouvrit la fenêtre, puis il dit : Parce que je ne vois pas que le monde ait changé ! C’est sûr que, dans la Bible, Isaïe décrit le temps de la venue du Messie de manière étonnante : Un temps où les montagnes couleront de lait et de miel ; une époque où le lion habitera avec l’agneau, où l’enfant s’endormira en paix sur le trou de la vipère, et où les hommes utiliseront leurs armes pour en faire des faucilles et des socs de charrue… Mais je crois que le rabbin avait tout de même mal regardé ! Sinon il aurait bien vu sur la terre cette abondance extraordinaire et cette paix profonde ! N’y avait-il pas une extraordinaire abondance dans cette crèche où le Dieu du ciel nous est offert sous la forme d’un enfant ? Quelle douceur ! Plus que le lait et le miel… La certitude d’être aimés de Dieu coule bien, depuis ce moment, sur tout notre monde et dans nos cœurs. Et d’où nous vient la vraie paix, sinon d’avoir Dieu présent parmi nous ? Encore aujourd’hui il suffit d’entrer dans une Église auprès du Seigneur qui est là et qui nous attend, pour goûter une paix vraie et profonde…

Et nous, avons-nous changé ? Peut-être… si nous avons su regarder la crèche et garder le message de Noël dans nos âmes !

Pratique : Se rappeler que nous sommes les ambassadeurs de la douceur de Dieu.

Jeudi 3 janvier : En France, sainte Geneviève

O pieuse épouse de Dieu, aurore des affligés, vierge de France, ô vierge pleine de douceur, écoutez ceux qui crient vers vous, ne dédaignez pas ceux qui vous prient.   Graduel de la Messe de sainte Geneviève.

Sainte Geneviève eut une grande influence dans l’histoire de France. Elle vivait en banlieue parisienne, à Nanterre, plus exactement. Mais c’était au 5° siècle, et la vie y était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui ! Vers 7 ans elle croisa l’évêque saint Germain d’Auxerre qui perçut en elle une vocation et l’encouragea à la vie consacrée ce qu’elle réalisa plus tard. Quand Attila assiégea Paris en 451, Geneviève, à 28 ans, se dressa pour secourir la ville. Elle exhortera les parisiens à rester ferme, promettant de prier pour obtenir la sauvegarde de Paris, ce qui arrivera. Elle protègera encore Paris à d’autres reprises, et s’attirera l’affection et l’admiration du roi Clovis, de sa femme Clotilde, de tous les Parisiens, et jusqu’en Orient on la vénérait ! Paris conserve encore, dans l’Église sainte Geneviève à deux pas du Panthéon, le tombeau de sa sainte patronne, vide, car les reliques ont été brûlées à la révolution française.

Geneviève nous rappelle ce que peut faire une âme fidèle à Dieu : plus que tous les rois et les puissants de ce monde ! Hier comme aujourd’hui, la vraie solution des crises de ce monde se trouve dans la sainteté. Et si nous nous y mettions ?

Pratique : Aujourd’hui nous prierons pour toute nécessités que nous rencontrerons.

Mercredi 2 janvier : saint Nom de Jésus

il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. Parole de saint Pierre, d’après l’épitre de ce jour.

Après un saint Bernard qui parla avec tant de douceur de la bonté du Nom du Seigneur, c’est au 14° et 15° siècle, sous l’influence des Franciscains en général et de saint Bernardin de Sienne en particulier, que se popularisa la dévotion au saint Nom de Jésus. On prit alors l’habitude de mettre partout les lettres IHS dans un soleil, en gage de bénédiction. On en trouve encore souvent de nos jours…

Dans la Bible, le  nom n’est pas lié à un goût ou une mode, mais à une mission profonde qui est donnée par Dieu. Abraham est appelé ainsi par Dieu car il doit devenir le Père d’un grand nombre de nation, et Simon est surnommé Pierre puisque sur lui sera édifiée l’Église. Quand à lui, le nom de Jésus, indiqué par l’ange à Marie et à Joseph, signifie littéralement : Dieu sauve. Ainsi nous est révélé la mission essentielle du Seigneur sur la terre : nous sauver ! Comme nous devrions alors veiller à nous incliner avec amour au Nom sacré de Jésus comme nous y invite la liturgie ! Le propre des pays chrétiens était de chercher glorifier Jésus autant que possible, et c’est la pauvreté de notre époque de vouloir confiner la dévotion aux sacristies et aux options purement personnelles et intimes. Evitons pour nous cet esprit laïciste ! Manifestons publiquement notre respect pour le Nom sacré de notre Sauveur, et puisque Jésus est tout salut, pensons alors à l’invoquer souvent.

Pratique : plusieurs invocations du nom de Jésus

Mardi 1er janvier : Octave de la Nativité du Seigneur

En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.        Évangile de la fête.

Il est parfois difficile d’être catéchiste… Je crois m’en être tiré assez correctement pour expliquer aux chères têtes blondes la Conception de Jésus sans l’intervention d’un homme, mais pour ce qui est de la circoncision du Seigneur, c’est vraiment mission impossible ! Quand à vous, je ne sais pas si vous avez eu des lacunes à ce sujet dans votre éducation à la foi, mais je profiterai de ce que nous soyons entre adultes, pour en dire un mot aujourd’hui :

Dans l’Ancien Testament, la circoncision était le signe de l’alliance avec Dieu. L’enfant qui était circoncis entrait dans le peuple de Dieu, la grande famille de ceux qui étaient fidèles à Dieu et adhéraient à sa promesse de salut sur le monde. Jésus n’avait évidement personnellement aucun besoin d’être circoncis ! Il a voulu l’être pour dire la valeur de cette cérémonie de l’Ancien Testament, et aussi pour manifester son appartenance – très particulière dans son cas – à ce peuple de Dieu. Précisons tout de même qu’après la venue de Jésus Christ, ce n’est plus la circoncision mais le baptême qui réalise cette appartenance…

Nous ne sommes plus circoncis de chair, mais sommes-nous des circoncis… de cœur, comme le demande saint Paul aux Romains ? De ceux qui ne sont pas simplement baptisés, mais qui vivent la fidélité à Dieu et travaillent, là où ils ont été placés, à bâtir le royaume de Dieu ? A ceux-là, toujours d’après saint Paul, le Seigneur donnera la vraie paix ! Tels seront mes vœux pour vous en 2019 !

Pratique : Nous ne manquerons pas de réciter le Veni Creator pour demander la bénédiction sur l’année nouvelle.